Avec l'avènement du numérique, la production photographique mondiale s'est accrue de façon exponentielle pour atteindre des chiffres astronomiques: 1,5 milliard de photos prises chaque jour. Photo : AFP
Paris, France | samedi 21/03/2015. Face au flot incessant des photos diffusées sur internet, les garants de notre mémoire collective que sont les bibliothèques et les musées sont submergés. Aussi sommes-nous de plus en plus invités à partager nos images en ligne, sans certitude toutefois sur la pérennité de ce stockage.
Avec l'avènement du numérique, la production photographique mondiale s'est accrue de façon exponentielle pour atteindre des chiffres astronomiques: 1,5 milliard de photos prises chaque jour, dont 500 millions partagées sur internet via diverses plateformes d'échanges, Facebook et Instagram en tête.
Dans cette avalanche continue d'images, comment savoir celles qui méritent de passer à la postérité? Comment faire le tri, hiérarchiser, conserver? Et surtout, comment être sûr que ces archives seront accessibles aux générations futures?
Une table ronde abordera ces sujets, lundi, en clôture du Salon du livre de Paris.
"Nous sommes ici sur des échelles qui dépassent l'entendement et personne sur la planète n'est aujourd'hui en mesure de répondre à ces questions", explique à l'AFP Jean Kempf, spécialiste de sociologie de la photographie et professeur à Lyon II.
Signe de l'ampleur incommensurable de la tâche, et de l'incertitude digitale devant laquelle nous nous trouvons, l'Institut américain de la préservation de l'image vient de recommander aux photographes de réaliser des tirages papier de leurs clichés les plus précieux. On ne sait jamais...
Un conseil relayé il y a quelques jours par le vice-président du géant d'internet Google, Vinton Cerf, pour qui "nous sommes en train de jeter nos données, sans même nous en rendre compte, dans ce qui pourrait devenir un trou noir de l'information". Un comble à l'heure des disques durs et autres "clouds", ces dispositifs de sauvegarde censés nous préserver de l'amnésie collective.
Autrefois à la charge de grandes institutions publiques - comme la Bibliothèque nationale (BNF) en France -, le travail essentiel de conservation des documents, écrits ou photos, dépasse aujourd'hui leurs capacités de stockage.
"Il nous faut accepter l'idée que l'on ne pourra pas tout collecter. Aussi nous efforçons-nous d'être au plus près des différents types d'images qui sont publiées en ligne. Nous sommes davantage dans le représentatif que dans l'exhaustif", explique à l'AFP, Dominique Versavel, chef du service photographie à la BNF.
- "Problèmes légaux et éthiques" -
A l'ère du web, des réseaux sociaux et de l'instantanéité, un nouveau modèle reste à inventer, estiment les experts.
Une solution pourrait venir des démarches collaboratives qui se multiplient, où chacun est invité à partager ses images en ligne. A l'instar de la grande collecte organisée auprès des Français à l'occasion des commémorations du centenaire de la Grande Guerre.
Autre initiative, celle lancée par l'agence de communication Rampazzo & Associés avec la plateforme "francaisenphotos.fr", qui propose de partager les photos de son choix, qu'elles soient sorties d'une boîte à chaussures, d'un ordinateur ou d'un smartphone.
"C'est une idée moderne que de proposer aux gens de faire le tri eux-mêmes, de faire en sorte que chacun devienne juge de sa production et de donner une chance à ses images de passer d'un statut privé à un statut public, voire de passer à la postérité", explique à l'AFP le publicitaire Nicolas Bordas, l'un des invités de la table-ronde.
Selon lui, "l'intérêt de la plateforme collaborative est de recréer une forme de hiérarchie de valeurs, non plus décrétée par des experts mais par la communauté elle-même".
Ambitieux programme que celui d'inviter la collectivité à faire don de ses souvenirs pour faire œuvre de mémoire, mais qui soulève aussi de nombreuses interrogations.
"Nous sommes face à des problèmes légaux et éthiques qu'il conviendrait de résoudre avant même de procéder à ce type de collecte", avance Jean Kempf.
"Quel est le statut d'une photo de famille dès lors qu'elle sort du cercle familial? La loi n'est pas encore claire sur ce point et personne n'avait imaginé que les photos de famille pourraient circuler aussi rapidement et simplement partout dans le monde", argumente l'historien.
Avec l'avènement du numérique, la production photographique mondiale s'est accrue de façon exponentielle pour atteindre des chiffres astronomiques: 1,5 milliard de photos prises chaque jour, dont 500 millions partagées sur internet via diverses plateformes d'échanges, Facebook et Instagram en tête.
Dans cette avalanche continue d'images, comment savoir celles qui méritent de passer à la postérité? Comment faire le tri, hiérarchiser, conserver? Et surtout, comment être sûr que ces archives seront accessibles aux générations futures?
Une table ronde abordera ces sujets, lundi, en clôture du Salon du livre de Paris.
"Nous sommes ici sur des échelles qui dépassent l'entendement et personne sur la planète n'est aujourd'hui en mesure de répondre à ces questions", explique à l'AFP Jean Kempf, spécialiste de sociologie de la photographie et professeur à Lyon II.
Signe de l'ampleur incommensurable de la tâche, et de l'incertitude digitale devant laquelle nous nous trouvons, l'Institut américain de la préservation de l'image vient de recommander aux photographes de réaliser des tirages papier de leurs clichés les plus précieux. On ne sait jamais...
Un conseil relayé il y a quelques jours par le vice-président du géant d'internet Google, Vinton Cerf, pour qui "nous sommes en train de jeter nos données, sans même nous en rendre compte, dans ce qui pourrait devenir un trou noir de l'information". Un comble à l'heure des disques durs et autres "clouds", ces dispositifs de sauvegarde censés nous préserver de l'amnésie collective.
Autrefois à la charge de grandes institutions publiques - comme la Bibliothèque nationale (BNF) en France -, le travail essentiel de conservation des documents, écrits ou photos, dépasse aujourd'hui leurs capacités de stockage.
"Il nous faut accepter l'idée que l'on ne pourra pas tout collecter. Aussi nous efforçons-nous d'être au plus près des différents types d'images qui sont publiées en ligne. Nous sommes davantage dans le représentatif que dans l'exhaustif", explique à l'AFP, Dominique Versavel, chef du service photographie à la BNF.
- "Problèmes légaux et éthiques" -
A l'ère du web, des réseaux sociaux et de l'instantanéité, un nouveau modèle reste à inventer, estiment les experts.
Une solution pourrait venir des démarches collaboratives qui se multiplient, où chacun est invité à partager ses images en ligne. A l'instar de la grande collecte organisée auprès des Français à l'occasion des commémorations du centenaire de la Grande Guerre.
Autre initiative, celle lancée par l'agence de communication Rampazzo & Associés avec la plateforme "francaisenphotos.fr", qui propose de partager les photos de son choix, qu'elles soient sorties d'une boîte à chaussures, d'un ordinateur ou d'un smartphone.
"C'est une idée moderne que de proposer aux gens de faire le tri eux-mêmes, de faire en sorte que chacun devienne juge de sa production et de donner une chance à ses images de passer d'un statut privé à un statut public, voire de passer à la postérité", explique à l'AFP le publicitaire Nicolas Bordas, l'un des invités de la table-ronde.
Selon lui, "l'intérêt de la plateforme collaborative est de recréer une forme de hiérarchie de valeurs, non plus décrétée par des experts mais par la communauté elle-même".
Ambitieux programme que celui d'inviter la collectivité à faire don de ses souvenirs pour faire œuvre de mémoire, mais qui soulève aussi de nombreuses interrogations.
"Nous sommes face à des problèmes légaux et éthiques qu'il conviendrait de résoudre avant même de procéder à ce type de collecte", avance Jean Kempf.
"Quel est le statut d'une photo de famille dès lors qu'elle sort du cercle familial? La loi n'est pas encore claire sur ce point et personne n'avait imaginé que les photos de famille pourraient circuler aussi rapidement et simplement partout dans le monde", argumente l'historien.