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Parole d’expert : La Polynésie numérique de demain


PAPEETE, le 1er juillet 2014 – Installer des câbles sous-marin, tirer de la fibre jusque chez l’habitant, multiplier les antennes 3G et bientôt 4G, tout ça c’est très bien… Mais en pratique, ça sert à quoi ? Nicolas Beaufort, spécialiste des réseaux, partage avec nous sa vision de la Cité numérique de demain.


On nous parle d’infrastructures, de nouveaux services. Mais quels véritables enjeux cela cache-t-il ?

Effectivement, la ‘’révolution numérique’’ est en marche : les enjeux de l’économie numérique pour les citoyens peuvent se décomposer ainsi :
- Transparence de la démocratie locale, en renforçant les échanges et l’interactivité entre les collectivités, le territoire et les citoyens (sites web municipal, diffusion des conseils municipaux, mise en ligne des délibérations, forum électronique, e-consultation…)
- Démarches administratives simplifiées, 7j/7 et 24h/24 : téléprocédures, centre d’appels, guichet interactif, paiement en ligne…
- Rompre l’isolement géographique et social (pour les îles éloignées mais également pour les personnes à mobilité réduite ou n’ayant pas les moyens de se déplacer)
- Informations en temps réel sur les sites Internet, par application mobile ou directement par SMS : accidents, bouchons, retards des bus…
Ainsi, on assistera à une formidable évolution des comportements en se réappropriant une maîtrise du temps qui nous échappait : fini les longues files d’attente, de se précipiter pour prendre le bus ou d’être piégé dans la voiture…

Nous rentrons donc dans une nouvelle ère ?

Oui, on peut commencer à évoquer la cité numérique de demain. Accompagner la politique de la ville et du bien-être dans la cité par des réalisations concrètes : sécurité des personnes, des biens et des transports (vidéosurveillance, systèmes de prévention, alertes SMS vers la population), informations pratiques (panneaux à messages variables, guidage dynamique, géolocalisation), réseaux techniques (bornes escamotables pour les accès réservés, gestion technique centralisée, mise en lumière des monuments). L’objectif est que les citoyens que nous sommes se réapproprient l’espace et le temps.

Et quels enjeux pour les Professionnels?

Au niveau des sociétés privées, les enjeux sont également très importants. Pour le développement local il s’agit de démontrer l’attractivité du Pays ainsi que de favoriser l’émergence de zones d’activités par l’implantation de nouvelles entreprises et la création d’emplois. Ces nouveaux réseaux permettront aussi de stimuler la concurrence en favorisant la création d’opérateurs commerciaux sur des offres ciblées, ou la multiplication de l’offre et la demande pour optimiser les coûts). Avec l’émergence des nouvelles technologies associées (comme le cloud ou dans un autre domaine comme la domotique), on assistera également à une évolution des usages (type plateformes collaboratives) et à l’arrivée de nouveaux métiers liées à la compétence numérique (comme les ‘’community manager’’). La formation et l’accompagnement dans ces nouveaux métiers auront une importance primordiale. Enfin, on pourra évoquer les multiples possibilités qu’offre le numérique dans des domaines comme par exemple le commerce en ligne ou l’artisanat, en ouvrant au monde des objets, collections ou services jusqu’alors confidentiels. Imaginons un instant une galerie d’art Marquisien virtuelle basée à Taiohae ou un perlicuteur de Rikitea présentant sa récolte…

Cette révolution numérique permettra ainsi de s’inscrire pleinement dans l’économie mondiale tout en restant ‘’local’’ et en partageant des valeurs de développement durable

Et quels enjeux pour les Particuliers?

Le numérique peut bouleverser un certain nombre d’habitudes et accroître des comportements, comme l’achat sur Internet. Mais au niveau local, le développement des e-services – e-administration, e-santé, e-éducation… – permettront paradoxalement de recréer un lien personnalisé, certes virtuel, avec la société pour ceux qui sont les plus éloignés, voir les plus démunis. A ce sujet, en s’inspirant des actions menées sur d’autres continents, on pourrait espérer sur le territoire une offre sociale dédiée permettant un accès gratuit aux services cités précédemment : postes informatiques en libre accès au niveau de la mairie ou bornes d’informations reliées à Internet permettant de naviguer librement sur des sites sélectionnés.
En conclusion et s’il fallait retenir une chose de cette révolution du numérique, il s’agirait de l’intérêt passionné qu’elle génère, le numérique s’auto-développant : l’usager devient le créateur d’usage et de contenus, et l’administration devient consommatrice des données créées par ses administrés !

Nicolas Beaufort, chef d’entreprise, Cegelec Polynésie

Chez Cegelec, Nicolas Beaufort est en charge des métiers liés aux infrastructures (énergies, eaux et télécoms sous la marque Graniou Pacifique Sud) depuis 2009. Il s’est initié au « FTTH » dès 2007 lors des premiers déploiements des opérateurs hexagonaux (Free, SFR). Nicolas Beaufort participait alors, en tant que représentant d’un opérateur, aux premières discussions de l’ARCEP afin de définir les règles de déploiement du FTTH. Il a également participé à de nombreux colloques à l’international sur les problématiques rencontrées par les opérateurs ou les collectivités locales dans l’élaboration de leurs schémas directeurs de déploiement.

http://www.open.pf/
http://www.open.pf/

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 30 Juin 2014 à 10:00 | Lu 4754 fois