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Palais du Luxembourg: Nos sénateurs ont fait leur rentrée


Paris, le 12 Mai 2015: Lana Tetuanui, la « fille des îles », et Nuihau Laurey, « l’enfant de Papeete », ont fait leurs premiers pas dans l’hémicycle du palais du Luxembourg. Une première journée, sous les dorures de la République, chargée en émotions.

Ce mardi ensoleillé avait des airs de rentrée sénatoriale. Impressionnés par le faste des décors, Lana Tetuanui et Nuihau Laurey, élus il y a dix jours, sont en période de rodage. Comme deux élèves qui découvrent leur nouvel établissement,
D’abord, il faut déjà s’y retrouver dans le labyrinthe des couloirs. « Il ne vaut mieux pas passer par l’entrée principale ? , demande la première au second avant de faire son entrée dans l’hémicycle. Il faut peut-être demander. »

A peine installés à leur place, certains collègues viennent les saluer. « On est les nouveaux », constate Nuihau Laurey. Mais ils ne sont pas les seuls dans ce cas. « Bonjour, je remplace Jean-René Lecerf, je suis en place depuis dix jours », leur annonce un élu du Nord.
Nuihau Laurey avait déjà visité quelques bureaux du Sénat mais n’était jamais entré dans l’hémicycle. « Le décorum est imposant, dit-il d’une voix douce. On sent le poids de l’histoire, une tradition républicaine ancienne. » Lui, l’enfant de Papeete, n’en revient toujours pas d’être ici. « Si quelqu’un m’avait dit il y a quelques années que je siègerais dans cet hémicycle, j’aurais pensé que cette personne est atteinte de démence, plaisante-t-il. On voit des vedettes de la politique nationale débattre de sujets qui concernent l’Etat. Et nous, petits Polynésiens, nous participons à ce travail. On ne s’y fait pas encore mais ça va venir. »

A l’ouverture de la séance, Gérard Larcher, avec qui ils ont déjeuné la veille, leur souhaite la bienvenue depuis le plateau où siège le président du Sénat.
Lana Tetuanui, la « fille des îles », comme elle se présentait elle-même durant la campagne, n’imaginait « pas du tout » siéger un jour au Sénat à Paris. « On se rend compte de la lourdeur de la tache qui nous attend. C’est quand même le summum de l’Etat, un endroit où on fait et on défait les lois », constate-t-elle. De ce parcours, elle tire une grande « fierté » mais elle ressent en même temps la responsabilité de sa fonction : « Il faut être à la hauteur. »

Suspension de séance. Les sénateurs se dirigent vers la grande salle des conférences pour un premier vote. Moquette rouge, au sol, dorures et peintures recouvrant les murs. Lana Tetuanui et Nuihau Laurey votent pour la loi portée par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, comme le reste du groupe UDI.

Nuihau Laurey se passionne déjà pour ce texte qui ne s’appliquera pas à la Polynésie française. « On peut toujours s’en inspirer », explique-t-il, décrivant le Sénat comme une boîte à outils dans laquelle le fenua pourra puiser selon ses besoins. Les premiers contacts se nouent. Un sénateur raconte à Nuihau Laurey quelques anecdotes sur l’histoire du bâtiment. « On est très bien accueillis. Ils sont très sympas avec nous », constate Lana Tetuanui.

A bien y regarder, après cette première séance, elle ne voit finalement pas une grande différence entre le comportement des élus nationaux et les représentants polynésiens : « Quand je vois les petites piques qu’ils se lancent entre eux, je m’y retrouve. Je me suis toujours dis que ça n’existait pas ici, mais apparemment si. J’ai retrouvé un peu l’ambiance de Tarahoi. »

La répartition des rôles entre les deux sénateurs polynésiens est connue. Nuihau Laurey siègera dans la commission des Finances et suivra les textes financiers et budgétaires. Lana Tetuanui siègera au sein de la commission des Lois et s’intéressera à la loi concernant l’outre-mer que vient de présenter la ministre George Pau-Langevin, et qui doit notamment modifier le mode de scrutin des communes associées et le statut du personnel communal.

Lana Tetuanui s’imagine-t-elle déjà prononcer un discours à la tribune ? « Oui, quand arriveront des projets de loi qui concernent la Polynésie. » Et d’ajouter, dans un sourire plein de gourmandise : « J’ai hâte. »






Rédigé par Serge Massau le Mercredi 13 Mai 2015 à 06:47 | Lu 1079 fois