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Ouverture de la conférence du PLG sur le thème des changements climatiques


PAPEETE, 15 juillet 2015 - Le Président de la Polynésie française, Edouard Fritch, accompagné des membres de son gouvernement, a reçu mercredi matin, à la Présidence, les représentants des Etats membres du groupe des dirigeants polynésiens (PLG) qui participent à la conférence sur le changement climatique, en présence également du Haut-commissaire, Lionel Beffre, de l’ambassadeur, Secrétaire permanent pour le Pacifique, Christian Lechervy, de la conseillère à la Présidence de la République pour les négociations internationales climat et environnement, Marie-Hélène Aubert, et du conseiller à la Présidence de la République pour l’Outre-mer, Marc Vizy.

"Nous sommes aujourd’hui réunis pour débattre d’un sujet vital pour l’avenir de nos îles et de nos populations. Je veux parler du changement climatique et des menaces qu’il fait peser à la fois sur notre environnement, notre cohésion sociale et nos perspectives de développement économique", a indiqué le Président Edouard Fritch dans son allocution.

L’objectif de cette conférence est en effet de permettre aux membres du Polynesian Leaders Group (PLG) d’adopter une position commune sur les enjeux et les défis du changement climatique, et de la relayer au plus haut niveau lors de la 21ème session de la Conférence des Parties (COP21) à la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, programmée du 30 novembre au 11 décembre 2015, à Paris. "L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’aboutir à un accord permettant de contenir le réchauffement global de la planète en deçà de 2°C à l’horizon 2100", a précisé Edouard Fritch.

Le « Polynesian Leaders Group » a été créé le 17 novembre 2011, à Apia. Ce groupe régional de dialogue et de coopération, rassemble les peuples et les pays polynésiens. Les dirigeants fondateurs sont le Premier ministre de Samoa, le Premier ministre des îles Cook, ainsi que le Premier de Niue, aujourd’hui président en exercice.

"Vous avez eu raison de fonder le ‘Polynesian Leaders Group’ car la diplomatie est aussi une affaire de sensibilité humaine et culturelle. Mais, je crois que nous avons surtout la volonté de rapprocher nos peuples, de partager nos expériences et nos éventuels soucis et, comme je l’espère, de porter des projets en commun", a déclaré le Président Fritch.

Un symposium scientifique sur la vulnérabilité des îles polynésiennes, qui s’est tenu à Papeete du 30 juin au 2 juillet dernier, a permis au Pays de disposer des derniers éléments scientifiques sur les impacts du changement climatique, plus particulièrement sur les îles basses et les espaces côtiers de la Polynésie. Les conclusions les plus saillantes de ce symposium et ses principales recommandations devaient être présentées ce matin par Tamatoa Bambridge, directeur de recherche au Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l'Environnement (CRIOBE). D’autres interventions sont prévues tout au long de la journée.

Les participants à la conférence se rendront jeudi à Bora Bora, puis à Raiatea, avec la signature de la déclaration du Groupe des dirigeants polynésiens (Polynesian P.A.C.T) prévue au marae de Taputapuatea. Ce lieu est particulièrement symbolique puisque le marae est le centre du triangle polynésien et qu’il fait l’objet d’une procédure d’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO.

ALLOCUTION DE MONSIEUR EDOUARD FRITCH
PRESIDENT DE LA POLYNESIE FRANCAISE


Monsieur le Premier de Niue, Président du Groupe des dirigeants polynésiens, cher Toke,
Monsieur le Premier ministre de Samoa,
Monsieur le Premier ministre des îles Cook,
Monsieur le Premier ministre de Tuvalu,
Monsieur le Premier ministre de Tonga,
Monsieur le Ulu de Tokelau,
Monsieur le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française,
Monsieur le Vice-Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie,
Monsieur le Sénateur de Wallis-et-Futuna,
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Madame la Sénatrice de la Polynésie française,
Monsieur le Sénateur, Vice-président de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement de la Polynésie française,
Monsieur l’Ambassadeur, Secrétaire Permanent pour le Pacifique,
Monsieur le Président du Conseil économique, social et culturel,
Madame et Monsieur les Conseillers auprès du Président de la République,
Monsieur le directeur général du Programme Régional Océanien de l’Environnement,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Chers amis,


C’est un honneur et un privilège pour moi que de vous accueillir et de vous souhaiter la bienvenue, ici, à la présidence de la Polynésie française, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence des Leaders polynésiens consacrée au changement climatique.

La Polynésie française est heureuse et fière de recevoir ses amis et frères du « Polynesian Leaders Group ».

Je sais que vous avez tous fait de grands efforts pour vous rendre disponibles et venir à Tahiti, au milieu d’une actualité régionale particulièrement chargée, entre une réunion des ministres des Affaires étrangères du Forum à Sydney et la clôture des XVèmes Jeux du Pacifique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Je vous remercie tous du fond du cœur d’être venus.

J’étais moi-même au couronnement du roi de Tonga le 4 juillet dernier et je tiens ici à vous réitérer, Monsieur le Premier ministre Akilisi Pohiva, nos félicitations les plus chaleureuses et nos vœux les meilleurs pour Sa Majesté le roi Tupou VI.

Je souhaite également féliciter le Premier ministre de Samoa pour le superbe match de rugby contre les All Blacks. Malheureusement les Manu Samoa n’ont pas battu à plate couture les All Blacks. Mais ils ont réussi un score honorable…peut-être parce que nous n’étions pas là pour soutenir les soutenir.

Je voudrais également saluer la présence, en tant qu’observateurs, de nos collectivités sœurs de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna, respectivement représentées M. Jean-Louis d’Anglebermes, vice-président du gouvernement, et Frère Robert Laufaoulu, sénateur.

Surtout, je souhaite ici remercier le Président de la République, Monsieur François Hollande, de nous faire l’honneur de la participation de son ambassadeur, Secrétaire permanent pour le Pacifique, Son Excellence M. Christian Lechervy, de sa conseillère pour les négociations internationales climat et environnement, Mme Marie-Hélène Aubert, et de son conseiller pour l’Outre-Mer, M. Marc Vizy.

Enfin, je tiens également à remercier de sa présence le directeur général du PROE, M. David Sheppard, qui représente l’organisation de référence du Pacifique pour les négociations climatiques internationales.

A tous, je vous dis très chaleureusement IA ORANA, MAEVA E MANAVA.


Nous sommes aujourd’hui réunis pour débattre d’un sujet vital pour l’avenir de nos îles et de nos populations. Je veux parler du changement climatique et des menaces qu’il fait peser à la fois sur notre environnement, notre cohésion sociale et nos perspectives de développement économique.

L’objectif de notre conférence est de permettre aux membres du PLG d’adopter une position commune sur les enjeux et les défis du changement climatique, et de la relayer au plus haut niveau en fin d’année à Paris, à la 21ème session de la conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique.

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’aboutir à un accord permettant de contenir le réchauffement global de la planète en deçà de 2°C à l’horizon 2100

Les pays et territoires polynésiens sont tous confrontés, de manières distinctes et à différentes échelles, aux menaces du changement climatique. Il était dès lors naturel qu’ils unissent leurs efforts et parlent d’une même voix pour défendre leur vision et leurs préoccupations face aux dangers qui pèsent sur eux.

Et quoi de plus naturel que d’exprimer leur message à travers le « Groupe des Leaders Polynésiens » dont la mission, selon son texte fondateur, est de « promouvoir et de protéger les cultures, traditions et langues polynésiennes et de parvenir à un développement et une prospérité durables, en travaillant ensemble dans un esprit de compréhension mutuelle et de coopération ».


Je tiens ici à rendre hommage à ceux qui ont créé le 17 novembre 2011 à Apia ce groupe régional de dialogue et de coopération, rassemblant les peuples et les pays polynésiens, et dont je reconnais autour de cette table certains des dirigeants fondateurs. Monsieur le Premier ministre de Samoa, Monsieur le Premier ministre des îles Cook, Monsieur le Premier de Niue, qui est aujourd’hui notre président en exercice, merci pour cet acte fondateur.

Vous avez eu raison de fonder le « Polynesian Leaders Group » car la diplomatie est aussi une affaire de sensibilité humaine et culturelle. Nous respirons le même air, nous partageons le même océan, nous partageons souvent les mêmes pluies et parfois les mêmes cyclones. Mais, je crois que nous avons surtout la volonté de rapprocher nos peuples, de partager nos expériences et nos éventuels soucis et, comme je l’espère, de porter des projets en commun.

Nous partageons un patrimoine commun au travers de Havaiki. C’est pour cette raison que demain, nous irons sur cette île de Havaiki, au marae de Taputapuatea, pour signer notre déclaration du PACT polynésien : le « Polynesia Against Climate Threats ». Ce marae est au centre de gravité du triangle polynésien et fait l’objet à l’UNESCO d’une procédure d’inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité. C’est sur ce site sacré polynésien que nous scellerons notre volonté commune de sauver nos populations et nos îles.

Nos ADN sont les mêmes. La Polynésie française a toujours pratiqué l’ouverture envers ses frères du Pacifique. Dans la mesure de nos moyens et compte tenu de notre situation privilégiée au sein de la République française, nous avons toujours souhaité être solidaires des différents peuples du Pacifique, surtout lorsqu’ils traversent des épreuves difficiles. Je me souviens qu’en début d’année 2004, à la suite du cyclone Heta qui avait dévasté Niue, nous avons participé à la reconstruction d’une partie de ce pays. Dans le cadre d’un soutien humanitaire, nous avons aussi été présents aux côtés des îles Cook, de Tonga et encore tout récemment du Vanuatu.

Aujourd’hui, malgré la crise économique qui nous frappe, nous voulons continuer à dialoguer avec nos voisins et à nous impliquer dans des projets d’envergure communs, d’autant que nous vivons dans un monde globalisé et que cette globalisation s’impose désormais à tous les pays du monde.

Dans cet esprit, il me tiendrait ainsi à cœur que nous puissions, à l’occasion d’une prochaine rencontre, discuter de la manière dont nous pourrions renforcer nos moyens d’échanges et de communication. A ce sujet, permettez-moi juste d’évoquer rapidement deux sujets de réflexion possibles :

- Tout d’abord, un projet de câble sous-marin qui relierait l’Asie à l’Amérique du Sud en passant par nos îles du Pacifique, dans l’intérêt de nos populations qui souhaitent, aujourd’hui, être connectées avec leurs amis, leurs familles, leurs entreprises, être au fait immédiat de l’actualité et accéder aux connaissances fournies par le web.

Parler des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’est pas s’éloigner du sujet qui nous réunit tous aujourd’hui : le changement climatique. En effet, la technologie joue un rôle majeur et grandissant dans nos sociétés et il va de soi que les TIC apporteront des approches innovantes pour nous préparer, nous adapter et accompagner le changement climatique et ses effets.

- Je fais le même constat concernant le transport aérien. Pour beaucoup l’avion est un objet polluant. Pour nous insulaires, il est un formidable outil d’adaptation. Les experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) précisent que notre vulnérabilité au changement climatique est exacerbée du fait de notre isolement et de notre éloignement. Vous comprendrez tous qu’avec une desserte aérienne améliorée entre nos îles, nous nous sentirions moins loin et moins isolés. J’ai le rêve que nous puissions, tous ensemble avec le soutien de nos compagnies aériennes régionales et internationales recréer la « Route du Corail » qui a relié nos îles jusque dans les années 80.

Mes chers amis, les idées de projets ne manquent pas et ne manqueront pas. C’est la solidité de nos liens et la confiance mutuelle qui nous permettront de jeter les bases d’une plus grande coopération et de construire une partie de notre chemin et de notre prospérité ensemble, pour le bien-être de nos générations futures.


Pour l’heure, nous sommes rassemblés à Papeete, pour témoigner, ensemble et d’une seule voix, de notre souci de protéger nos populations face au changement climatique. Cette rencontre s’inscrit dans l’une des phases de préparation au grand rassemblement de la COP21 à Paris.

Comme je l’ai dit au Président de la République française, à Nouméa en novembre dernier au siège de la Communauté du Pacifique, il est important que les petites nations insulaires en développement - petites par leur superficies terrestres mais grandes par la place qu’elles occupent sur l’océan - et en particulier les populations fragiles qui y vivent, soient au centre de l’attention des grandes puissances, et en particulier de celle de la France qui peut apporter un soutien déterminant à nos pays océaniens, et à travers elle de toute l’Union européenne. Les petites nations insulaires sont et seront toujours les premières victimes de la désinvolture environnementale du monde moderne.

Il était à mon sens important que nous puissions parler d’une même voix, nous exprimer avec une même foi, dire haut et fort notre inquiétude pour nos frères et sœurs océaniens qui seront malgré eux, les premiers à payer le prix fort des inconséquences de la communauté internationale.

Mais le changement climatique ne doit pas seulement nous mettre sur la défensive et nous positionner en tant que victimes. Il doit aussi être l’occasion de mettre en avant nos formidables atouts et capacités d’adaptation. Nous sommes le « peuple de la pirogue » qui a traversé de bout en bout le plus grand Océan de la planète, et nous n’avons pas peur de relever les défis qui se posent à nous. Le changement climatique présente de nouvelles opportunités de développement durable, que nous devons saisir.

Afin de préparer au mieux notre réunion ainsi que notre participation à la COP21, nous avons ainsi souhaité disposer des derniers éléments scientifiques sur les impacts du changement climatique, particulièrement sur les îles basses et les espaces côtiers de la Polynésie. C’est dans cette optique que nous avons été à l’initiative, avec le concours de la France, du symposium scientifique sur la vulnérabilité des îles polynésiennes, qui s’est tenu à Papeete du 30 juin au 2 juillet dernier. Les conclusions les plus saillantes de ce symposium et ses principales recommandations vous seront présentées dans le courant de la matinée par M. Tamatoa Bambridge, directeur de recherche au CRIOBE que je souhaite remercier.

Je forme le vœu que la Déclaration que nous allons officiellement adopter à l’issue de notre conférence sur le marae de Taputauatea soit entendue au plus niveau de la Communauté internationale et trouve une concrétisation dans l’accord des Parties à la COP 21 à Paris.

Enfin, je ne voudrais pas terminer mon allocution sans remercier le pasteur John Doom pour sa belle prière d’ouverture. Elle saura, j’en suis sûr, nous garder dans la fraternité et dans la recherche du bien commun pour l’ensemble de nos populations.

Je vous souhaite à tous un excellent séjour en Polynésie française et que Dieu vous apporte sa paix et sa bénédiction.

Mauruuru.

Rédigé par Communiqué de la Présidence le Mercredi 15 Juillet 2015 à 13:36 | Lu 1163 fois