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Municipales : l’avenir d'Arue passe par la reconquête des terrains militaires


FICHE D’IDENTITE ARUE

9 537 habitants
7 406 électeurs
2 050 hectares
29 conseillers municipaux à élire
Maire sortant : Philip Schyle

De sa proximité avec Papeete, Arue tire des avantages et quelques inconvénients. L’avantage c’est que la commune a réussi à attirer sur son tout petit territoire quelques grosses entreprises qui apportent de l’emploi local et également des finances à la ville. L’inconvénient, c’est qu’Arue donne parfois l’impression, surtout à ceux qui n’y résident pas, de n’être qu’un bandeau de route long de moins de 5 km. Au point que chacun des trois candidats déclarés à la mairie d’Arue, pour les prochaines municipales, insistent, chacun à leur manière, sur le bien-être, le vivre ensemble et refusent que leur commune soit considérée comme une cité dortoir.

Effectivement, Arue a des atouts, naturels d’abord comme la plage Lafayette et son sable noir scintillant, la vue époustouflante en haut du col du Taharaa et la montagne qui compose 85% de son territoire. Arue a aussi des atouts patrimoniaux : la maison de James Norman Hall, le tombeau du roi (Pomare V, dernier roi de Tahiti) et même sa mairie La Saintonge, construite en 1842 est un vestige rare du style colonial. Enfin, et c’est une originalité parfois méconnue, la compétence administrative de la commune d’Arue se prolonge à 65 km au large, sur l’atoll de Tetiaroa où va s’ouvrir prochainement l’hôtel The Brando.

Mais Arue est aussi une ville de garnison qui a du mal à se remettre du départ de l’armée. L’histoire de la commune est très liée à celle du Rimapp (régiment d’infanterie de marine Pacifique-Polynésie). C’est l’implantation de ce régiment qui va contribuer au développement de la commune. Aussi, l’annonce en 2008 du démantèlement de ce régiment provoque de grandes inquiétudes. Une étude d’impact réalisée par la municipalité rappelle que le Rimapp ce sont alors plus de cent familles installées sur la commune, une quarantaine de maisons louées, une centaine d’enfants scolarisés. Les dépenses de ces familles de militaires à Arue, en 2008, ont été estimées à 445 millions de Fcfp. Le départ des militaires n’est pas sans conséquence sur la vie de la commune.

La compensation promise, c’est que la commune puisse bénéficier de la rétrocession des terrains militaires : 3 hectares disponibles au cœur même de la ville pour un euro symbolique, ce n’est pas rien. Aussitôt des projets sont lancés avec zone industrielle, zone commerciale et un centre de vie pour donner enfin à Arue un air de petite ville. Mais les années passent, et cette rétrocession des terrains militaires en Polynésie, se heurte à des obstacles juridiques sans fin. Le prochain tavana devra nécessairement faire avancer ce dossier, le développement d’Arue passe forcément par là.
En 2013, le budget primitif 2013 d’Arue était de 2,1 milliards de Fcfp dont 527 millions de Fcfp d’investissement.

LES CANDIDATS:

Philip Schyle
-Tapura Philip Schyle-

52 ans. Maire sortant.

La mairie d’Arue, Philip Schyle la connaît comme sa poche, il est élu au sein du conseil municipal d’Arue depuis 1989. Il est également l’un des élus du groupe ATP à l’assemblée de Polynésie. Tavana depuis 2002 (succédant à Boris Léontieff dont il fut un des adjoints pendant 13 ans), iI met en avant la bonne gestion des finances de sa commune, soulignée en 2011, par un rapport de la Chambre territoriale des comptes. De son bilan comme maire, il retient l’ouverture de la première épicerie solidaire du territoire et des jardins partagés ; la prise en compte des problèmes d’emploi avec l’organisation d’un forum pour l’emploi à l’échelle communale, mais aussi la mise en place du premier chenil communal. Philip Schyle est satisfait également de l’avancée de la propreté sur sa commune, récompensée de six tortues d’or. Ses projets pour ce nouveau mandat ? Poursuivre le combat, dont il assure régulièrement le leadership, pour que les communes polynésiennes concernées par la rétrocession des terrains militaires obtiennent satisfaction ; avancer sur l’ouverture d’une maison d’accueil de jour pour les personnes âgées, dont le terrain est déjà acheté. Il annonce enfin un projet de création de marina avec un véritable espace ouvert sur la mer à proximité du complexe sportif.


Teura Iriti
-Arue Ville d’avenir-

49 ans. Représentante à l’assemblée de Polynésie

Si elle démarre sa carrière politique par un siège territorial où elle est élue depuis 2004, Teura Iriti se porte candidate aux élections municipales de sa ville d’Arue en 2008 où sa liste arrive en seconde position et obtient cinq sièges au conseil municipal. «Le contexte était très différent à l’époque» explique-t-elle. Sur la bonne gestion des finances communales présentée par l’équipe sortante, Teura Iriti est critique. Elle note dans le rapport 2011 de la Chambre territoriale des comptes que les «réalisations de la section d’investissement sont médiocres». La candidate souhaite donc amener du changement dans sa commune et promet d’investir plus que par le passé. Au-delà des obligations légales que sont l’eau, l’assainissement, les écoles et les routes, Teura Iriti voit la municipalité en facilitatrice de création de petits emplois pour ses administrés les plus fragiles. Elle souhaite dynamiser le marché d’Arue, en faire un lieu de rencontre de la population de la commune et d’ailleurs. Enfin, dans son programme, il y a le projet d’une «route d’Arue » sur le modèle de la route du Monoï avec des arrêts successifs sur les sites patrimoniaux les plus importants de la commune.

Richard Tuheiava
-Arue, vivre ensemble-

Sénateur depuis 2008 (son mandat arrive à échéance en septembre prochain), élu représentant de l’assemblée de Polynésie en mai 2013, Richard Tuheiava part à la conquête de la mairie d’Arue dont il est conseiller municipal depuis 2008 avec l’intention de devenir tavana. Il a toutefois annoncé dès le mois de novembre dernier que s’il devenait maire, il démissionnerait immédiatement de son mandat parlementaire. Une mise en œuvre anticipée en quelque sorte de la loi sur le non cumul des mandats.
Cette bataille des municipales, Richard Tuheiava -qui fut souvent émissaire de la cause de l’indépendance de la Polynésie à l’ONU, l’an dernier- entend la mener en faisant abstraction de son appartenance au parti souverainiste. Aucune référence donc au Tavini ou à l’UPLD. Son slogan : «mieux vivre ensemble vers un destin commun» affirme la volonté de réunir les forces vives des différents quartiers d’Arue en misant également sur la jeunesse puisque sa liste est composée pour moitié de personnes âgées de moins de 40 ans. Le programme électoral de la liste Arue vivre ensemble pour les six ans du mandat municipal est décliné en six axes dont le coût est estimé à environ 1 milliard de Fcfp.

Rédigé par () le Vendredi 28 Février 2014 à 09:28 | Lu 1912 fois