De gauche à droite : général Paul Fouilland, contrôleur général de l'armée en charge des travaux de rénovation de Telsite à Moruroa ; Bernard Dupraz, délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection ; docteur Frédéric Poirrier, chef de département de suivi des centres d'expérimentation nucléaire de la direction générale de l'armement.
PAPEETE, le 29 mai 2015. La grand'messe, mardi dernier, de la première réunion de la commission d'information sur le nucléaire en Polynésie a fait un état des lieux des risques radiologique et géomécanique de l'atoll de Moruroa. Tout est sous contrôle, affirment les services de l'Etat.
Il y a deux ans, lors de sa dernière visite en Polynésie, Bernard Dupraz le délégué à la sûreté nucléaire avait fait le même numéro. A l'entendre, les risques radiologique et géomécanique à Moruroa sont quasi nuls. La surveillance géomécanique, pour mesurer les déplacements du sol de l'atoll n'est maintenue, à grands renforts d'investissements, juste parce que "même si la probabilité d'un glissement de terrain est faible, on ne peut totalement l'écarter".
Cette hypothèse qui affole les populations, depuis le rapport signé par le prédécesseur de M. Dupraz, est celle d'un tsunami qui serait provoqué par l'effondrement de plusieurs centaines de millions de m3 de roches coralliennes dans l'océan. La cause de ces potentiels glissements de terrain ? Des mouvements de terrain naturels, nous dit-on, propres à la structure même des atolls, faite de compilation de couches de calcaire (carbonate) déposées sur un ancien volcan. Une structure géologique pour le moins instable "naturellement" par conséquent, mais au sein de laquelle néanmoins, on n'a pas hésité à pratiquer des centaines 147 essais nucléaires souterrains durant de 1975 à 1996.
Des mouvements de terrain essentiellement naturels, donc. Pourtant à lire le dernier rapport sur la surveillance géomécanique effectué en 2013, il est écrit que depuis la fin des essais nucléaires en 1996, les mouvements de terrain provoqués par les tirs s'estompent peu a peu, mais sont encore perceptibles. Le rapport conclut sur la nécessité de poursuivre la surveillance car, "le mouvement des couches géologiques de la zone nord de cet atoll connaît un ralentissement progressif depuis la fin des essais, mais reste mesurable".
Enfin pour corroborer, que les mouvements de terrain de Moruroa sont en grande partie naturels, une comparaison avec l'atoll de Rangiroa a été décidée en 2014 en adaptant les équipements des stations de surveillances sismiques existants déjà sur place depuis les années 2000. Il ressort des données des sismographes de Rangiroa que "des événements sismiques peuvent se produire sur d'autres atolls que les anciens sites d'expérimentation, mais avec une très faible occurrence".
On peut s'interroger aussi sur les informations officielles, rassurantes, livrées année après année par les autorités sur le risque radiologique de l'atoll. Les données auxquelles se réfère sans cesse le délégué à la sûreté nucléaire, sont des expertises internationales, certes, mais qui ont près de 20 ans d'âge. Au sujet de la radioactivité, présente aujourd'hui sur l'atoll, où vont travailler en permanence plus de 120 personnes, elle n'existe pas. Il y a bien deux zones interdites dans le lagon "qui contiennent des dépôts radioactifs dans les sédiments", mais "sur la partie terrestre il n'y a aucune contrainte ou restriction". Pour parer à toute critique néanmoins, des prélèvements par aérosols atmosphériques et une dosimétrie d'ambiance seront réalisés régulièrement pendant les travaux de Telsite 2. En dépit de la présence de trois puits souterrains contenants, confinés, des déchets radioactifs, quand bien même un effondrement géant se produirait à Moruroa, il n'y a aucune inquiétude à formuler disent les autorités. "La radioactivité qui serait alors libérée dans l'océan a été modélisée à un millième de millisieverts, soit la dose maximale admise par le public. L'essentiel de la radioactivité resterait confinée dans la partie volcanique de l'atoll" affirme Bernard Dupraz.
Bref, à Moruroa tout va bien. Il n'y a du positif à voir l'Etat s'engager à dépenser 12 milliards de Fcfp en travaux de rénovation du dispositif Telsite, juste "pour permettre de vivre normalement à Tureia et assurer la sécurité des personnes déployées sur Moruroa". Dans le même temps, ces travaux permettent aussi "la protection du secret : il y a des données issues des essais qu'on ne veut pas que les gens récupèrent" admet le général Fouilland, contrôleur général des armées en charge des travaux du dispositif Telsite. Là, on comprend mieux.
Pour lire l'intégralité des rapports de surveillance radiologique et géomécanique de l'atoll de Moruroa, CLIQUER ICI
Il y a deux ans, lors de sa dernière visite en Polynésie, Bernard Dupraz le délégué à la sûreté nucléaire avait fait le même numéro. A l'entendre, les risques radiologique et géomécanique à Moruroa sont quasi nuls. La surveillance géomécanique, pour mesurer les déplacements du sol de l'atoll n'est maintenue, à grands renforts d'investissements, juste parce que "même si la probabilité d'un glissement de terrain est faible, on ne peut totalement l'écarter".
Cette hypothèse qui affole les populations, depuis le rapport signé par le prédécesseur de M. Dupraz, est celle d'un tsunami qui serait provoqué par l'effondrement de plusieurs centaines de millions de m3 de roches coralliennes dans l'océan. La cause de ces potentiels glissements de terrain ? Des mouvements de terrain naturels, nous dit-on, propres à la structure même des atolls, faite de compilation de couches de calcaire (carbonate) déposées sur un ancien volcan. Une structure géologique pour le moins instable "naturellement" par conséquent, mais au sein de laquelle néanmoins, on n'a pas hésité à pratiquer des centaines 147 essais nucléaires souterrains durant de 1975 à 1996.
Des mouvements de terrain essentiellement naturels, donc. Pourtant à lire le dernier rapport sur la surveillance géomécanique effectué en 2013, il est écrit que depuis la fin des essais nucléaires en 1996, les mouvements de terrain provoqués par les tirs s'estompent peu a peu, mais sont encore perceptibles. Le rapport conclut sur la nécessité de poursuivre la surveillance car, "le mouvement des couches géologiques de la zone nord de cet atoll connaît un ralentissement progressif depuis la fin des essais, mais reste mesurable".
Enfin pour corroborer, que les mouvements de terrain de Moruroa sont en grande partie naturels, une comparaison avec l'atoll de Rangiroa a été décidée en 2014 en adaptant les équipements des stations de surveillances sismiques existants déjà sur place depuis les années 2000. Il ressort des données des sismographes de Rangiroa que "des événements sismiques peuvent se produire sur d'autres atolls que les anciens sites d'expérimentation, mais avec une très faible occurrence".
On peut s'interroger aussi sur les informations officielles, rassurantes, livrées année après année par les autorités sur le risque radiologique de l'atoll. Les données auxquelles se réfère sans cesse le délégué à la sûreté nucléaire, sont des expertises internationales, certes, mais qui ont près de 20 ans d'âge. Au sujet de la radioactivité, présente aujourd'hui sur l'atoll, où vont travailler en permanence plus de 120 personnes, elle n'existe pas. Il y a bien deux zones interdites dans le lagon "qui contiennent des dépôts radioactifs dans les sédiments", mais "sur la partie terrestre il n'y a aucune contrainte ou restriction". Pour parer à toute critique néanmoins, des prélèvements par aérosols atmosphériques et une dosimétrie d'ambiance seront réalisés régulièrement pendant les travaux de Telsite 2. En dépit de la présence de trois puits souterrains contenants, confinés, des déchets radioactifs, quand bien même un effondrement géant se produirait à Moruroa, il n'y a aucune inquiétude à formuler disent les autorités. "La radioactivité qui serait alors libérée dans l'océan a été modélisée à un millième de millisieverts, soit la dose maximale admise par le public. L'essentiel de la radioactivité resterait confinée dans la partie volcanique de l'atoll" affirme Bernard Dupraz.
Bref, à Moruroa tout va bien. Il n'y a du positif à voir l'Etat s'engager à dépenser 12 milliards de Fcfp en travaux de rénovation du dispositif Telsite, juste "pour permettre de vivre normalement à Tureia et assurer la sécurité des personnes déployées sur Moruroa". Dans le même temps, ces travaux permettent aussi "la protection du secret : il y a des données issues des essais qu'on ne veut pas que les gens récupèrent" admet le général Fouilland, contrôleur général des armées en charge des travaux du dispositif Telsite. Là, on comprend mieux.
Pour lire l'intégralité des rapports de surveillance radiologique et géomécanique de l'atoll de Moruroa, CLIQUER ICI
Les études sanitaires attendront
Les études épidémiologiques sur les excès constatés, dans deux rapports de l'INSERM, des cancers de la thyroïde chez les femmes polynésiennes sont coûteuses et seront longues à mener. Donc ce n'est pas pour tout de suite. On attend, pour le courant 2016, une étude préliminaire qui ne sera que la bibliographie du sujet. Une sorte d'état des lieux de la science sur les effets ionisants subis par des populations exposées. Bref on parlera d'Hiroshima, de Tchernobyl, de Fukushima, mais de Moruroa pas encore.
Les études épidémiologiques sur les excès constatés, dans deux rapports de l'INSERM, des cancers de la thyroïde chez les femmes polynésiennes sont coûteuses et seront longues à mener. Donc ce n'est pas pour tout de suite. On attend, pour le courant 2016, une étude préliminaire qui ne sera que la bibliographie du sujet. Une sorte d'état des lieux de la science sur les effets ionisants subis par des populations exposées. Bref on parlera d'Hiroshima, de Tchernobyl, de Fukushima, mais de Moruroa pas encore.