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Moorea, terre de recherche et agricole


Le Criobe  a présenté son travail de recherche sur les requins pointe noire. L'objectif est de connaître l'impact de la hausse de la température des océans sur ces animaux.
Le Criobe a présenté son travail de recherche sur les requins pointe noire. L'objectif est de connaître l'impact de la hausse de la température des océans sur ces animaux.
MOOREA, le 23 février 2016. La ministre des Outre-mer George Pau-Langevin est allée à Moorea ce mardi. Au menu : visite du Criobe (Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement), du lycée agricole de Opunohu et de l'usine Rotui.


Le Criobe (Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement) est à Moorea depuis 1971. C'est le premier centre européen de recherche dans le domaine des récifs coralliens. Leur travail a été présenté ce mardi à la ministre des Outre-mer et au gouvernement local. Ces observations depuis plus de 30 ans lui permettent d'avoir un précieux recul sur l'état de santé de nos récifs. Au cours des dernières décennies, nos coraux ont dû faire face à des invasions de taramea ou des passages de cyclone. Pour Serge Planes, directeur du Criobe, ces événements sont "restructurants" et non "destructeurs". Ils font en effet partie du cycle naturel.

En revanche, les coraux ne sont pas armés pour faire face au prédateur qu'est l'homme. Le Criobe a, en effet, constaté une dégradation du nombre de coraux, "en premier lieu liée à l'activité humaine". "L'activité humaine se développe sur le littoral, on coupe ainsi certaines continuités entre la partie terrestre et le lagon, et certaines parties du lagon sont parfois dégradées", explique Serge Planes. "L'activité due au changement climatique est visible mais vient se surimposer et est beaucoup moins impactante rapidement. L'activité humaine locale est celle qui est le plus impactante rapidement".
Serge Planes prend ainsi l'exemple de Moorea. En à peine 26 ans, l'île sœur a perdu une grande partie de ses plages de sable blanc. Ainsi, en 1993, les plages de sable blanc représentaient 33% du pourtour de l'île contre 20.6 % en 2009. Pendant ce temps, les murets et remblais ont gagné du terrain En 1993, ils représentaient 33% du pourtour de l'île contre 54.6% en 2009. Cela fait plusieurs kilomètres du littoral qui sont devenus des murets ou remblais !
Ce changement de morphologie a un impact sur la vie maritime. En effet, la bande littorale et les fonds peu profonds sont des lieux privilégiés pour être des nurseries pour les juvéniles.

Etude sur les requins et anguilles

Le Criobe accueille chaque année de nombreux chercheurs. Beaucoup d'entre eux travaillent sur l'impact du changement climatique. Manon Amiguet a ainsi présenté son travail à la ministre des Outre-mer. Devant elle étaient placés trois grands bacs. Chacun contient un petit requin pointe noire. "Ils ont été capturés dans les nurseries autour de l'ile de Moorea", décrit-elle. "On les ramène ici pour une dizaine de jours pour les soumettre à des expériences liées à une hausse de la température et à l'acidification de l'eau, liée à une augmentation du taux de CO2. On a placé des capteurs dans le bac qui va mesurer la consommation en oxygène des requins. Elle va refléter l'état du métabolisme des requins et leur capacité à survivre."
Le Criobe étudie aussi la vie de nos rivières. Une étude est actuellement en cours sur les anguilles pour connaître l'impact des barrages hydroélectriques. Le résultat sera très attendu par les détracteurs du projet de barrage dans la vallée de la Vaiiha qui craignent que ce projet porte atteinte à la biodiversité du site.



Usine Jus de fruits de Moorea : "On importe à peu près le double des fruits que l'on transforme localement"

Près de 50 personnes travaillent à l'usine de Jus de fruits de Moorea.
Près de 50 personnes travaillent à l'usine de Jus de fruits de Moorea.
La ministre des Outre-mer et le gouvernement ont visité l'usine Jus de fruits de Moorea. En 2015, la société avait dû faire face à une pénurie d'ananas. "Certains planteurs ont arrêté leurs activités l'an dernier. El Niño s'est aussi mis de la partie en modifiant les temps de floraison. On a dû faire face à quelques difficultés en fruits qui, je pense, vont être résolues puisque le Pays a accordé une quinzaine d'hectares aux planteurs d'ananas pour augmenter leur production, ce qui permettra de stabiliser les besoins de l'usine et des consommateurs du grand Papeete", explique Jean-Pierre Foucard, P-dg de la Brasserie de Tahiti. "Le problème auquel on fait face est qu'il n'y a pas assez de plantation pour approvisionner les besoins du marché du frais et de l'usine. Aujourd'hui, nous transformons 100 tonnes de pamplemousse. Avec la papaye, la goyave et le noni, c'est entre 25 et 30 tonnes par an qui sont transformées. Mais on pourrait transformer plus s'il y en avait. On importe à peu près le double des fruits que l'on transforme localement."

Le lycée agricole de Opunohu tourné vers les pays étrangers

210 élèves étudient actuellement au lycée agricole de Opunohu. Ils peuvent être formés pour l'aménagement paysager, les productions horticoles ou la vente de produits. Petit plus, dans le cadre de son projet d’établissement, le lycée professionnel agricole développe la coopération régionale et internationale en organisant des voyages d’études et stages au bénéfice des étudiants. Le dossier de candidature Eramus + déposé par le lycée a été accepté. C'est ainsi plusieurs élèves qui peuvent partir chaque année à l'étranger pour étoffer leur formation. Tokia Rua a ainsi effectué un stage l'an dernier en Nouvelle-Zélande. Parti pour deux mois de stage, il a prolongé son séjour de deux mois pour travailler plus longtemps sur l'exploitation qui l'avait reçu. "J'ai pu améliorer mon anglais et acquérir de nouvelles compétences", confie le jeune homme. "Je suis très satisfait de cette expérience. Je compte y retourner car j'ai eu une proposition d'embauche."

Une dizaine de jeunes sont en service civique à Moorea. Ce dispositif a été mis en place par l'Etat en 2011 sur le fenua pour aider les jeunes à trouver un emploi. Ils suivent une formation rémunérée sur huit mois afin de faciliter leur réinsertion professionnelle par la suite.
Une dizaine de jeunes sont en service civique à Moorea. Ce dispositif a été mis en place par l'Etat en 2011 sur le fenua pour aider les jeunes à trouver un emploi. Ils suivent une formation rémunérée sur huit mois afin de faciliter leur réinsertion professionnelle par la suite.

Les enfants de l'école Afareaitu ont chanté La Marseillaise en présence de George Pau-Langevin mardi matin.
Les enfants de l'école Afareaitu ont chanté La Marseillaise en présence de George Pau-Langevin mardi matin.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 23 Février 2016 à 17:45 | Lu 2207 fois