L'association Moorea Coral Gardeners souhaite redonner de la couleur et de la vie aux récifs coralliens.
PAPEETE, 5 juillet 2017 - Ils ont entre 15 et 24 ans et sont surfeurs, pêcheurs et amoureux de l'océan. Une dizaine de jeunes originaires de Moorea ont monté une association pour financer des programmes de replantation du corail sur l'île sœur : Moorea Coral Gardeners.
"S'il n'y a plus de récif, il n'y a plus d'animaux marins, il n'y a plus de perles, il n'y a plus de touristes. Ce serait la fin de notre paradis dont nous sommes les chanceux héritiers". Titouan Bernicot a 19 ans. Il est le président de l'association Moorea Coral Gardeners, qu'il a créée avec des amis l'an dernier.
Le but de l'organisation est de sensibiliser le public sur l'état de santé des coraux. Le jeune homme s'est lancé dans cette aventure pour tenter de sauver le corail. "Je suis né à Ahe, où j'ai vécu jusqu'à mes trois ans. Mes parents avaient une ferme perlière. J'ai toujours été en contact avec l'océan et j'ai conscience du fait que l'océan m'a tout donné", raconte l'étudiant en commerce. Une rencontre va alors accélérer cette prise de conscience.
"S'il n'y a plus de récif, il n'y a plus d'animaux marins, il n'y a plus de perles, il n'y a plus de touristes. Ce serait la fin de notre paradis dont nous sommes les chanceux héritiers". Titouan Bernicot a 19 ans. Il est le président de l'association Moorea Coral Gardeners, qu'il a créée avec des amis l'an dernier.
Le but de l'organisation est de sensibiliser le public sur l'état de santé des coraux. Le jeune homme s'est lancé dans cette aventure pour tenter de sauver le corail. "Je suis né à Ahe, où j'ai vécu jusqu'à mes trois ans. Mes parents avaient une ferme perlière. J'ai toujours été en contact avec l'océan et j'ai conscience du fait que l'océan m'a tout donné", raconte l'étudiant en commerce. Une rencontre va alors accélérer cette prise de conscience.
Bouturer du corail, comme des plantes
En 2014, Titouan Bernicot découvre le travail du biologiste Mathieu Kerneur. Le scientifique montre au jeune garçon la technique du bouturage de corail. "A l'époque, je ne savais pas que l'on pouvait replanter du corail, comme on le fait avec les plantes". Un an plus tard, Titouan Bernicot réalise un récif artificiel dans le lagon de Moorea, là où travaille le biologiste. "Nous avons sauvé une cinquantaine de coraux. Nous prenions les coraux cassés sur le sable et nous leur avons donné une seconde chance. Nous les avons nettoyé, nous leur avons retiré la partie qui était morte et replanté sur le récif endommagé".
Encouragé par cette première expérience, il décide d'aller plus loin. En 2016, entouré de ses amis de l'île, il créé l'association Moorea Coral Gardeners. "J'avais en tête de vouloir faire quelque chose à plus grande échelle", ajoute le président assis aux côtés du vice-président de l'association Thibaud Gaudard.
Pour ces jeunes surfeurs et pêcheurs, les coraux sont les poumons de l'océan et le garde-manger de plusieurs centaines d'espèces. "Ce ne sont pas des cailloux. Il faut que les gens comprennent que les coraux sont des animaux, ce sont des êtres vivants…", explique les deux amis de concert.
L'initiative a séduit des habitants de l'île de Moorea mais aussi des métropolitains, collègues de classe de Titouan Bernicot. Ensemble, ils tentent de faire passer le message sur la santé des milieux marins. "Selon les scientifiques, il n'y aura plus aucun corail sur terre à l'horizon 2050 si on ne fait rien", lâche comme un cri d'alarme ce natif de Ahe, avant que Thibaud Gaudard, 17 ans, ajoute : "Ce n'est pas parce qu'on est des jeunes qu'on ne peut rien faire !"
Encouragé par cette première expérience, il décide d'aller plus loin. En 2016, entouré de ses amis de l'île, il créé l'association Moorea Coral Gardeners. "J'avais en tête de vouloir faire quelque chose à plus grande échelle", ajoute le président assis aux côtés du vice-président de l'association Thibaud Gaudard.
Pour ces jeunes surfeurs et pêcheurs, les coraux sont les poumons de l'océan et le garde-manger de plusieurs centaines d'espèces. "Ce ne sont pas des cailloux. Il faut que les gens comprennent que les coraux sont des animaux, ce sont des êtres vivants…", explique les deux amis de concert.
L'initiative a séduit des habitants de l'île de Moorea mais aussi des métropolitains, collègues de classe de Titouan Bernicot. Ensemble, ils tentent de faire passer le message sur la santé des milieux marins. "Selon les scientifiques, il n'y aura plus aucun corail sur terre à l'horizon 2050 si on ne fait rien", lâche comme un cri d'alarme ce natif de Ahe, avant que Thibaud Gaudard, 17 ans, ajoute : "Ce n'est pas parce qu'on est des jeunes qu'on ne peut rien faire !"
Adopter un corail
L'ambition de ces jeunes coûte cher. Pour collecter des fonds, Titouan Bernicot et son équipe ont lancé une campagne de financement participatif sur le net. Pour 25 euros, les donateurs pouvaient parrainer un corail. "Les gens décident de parrainer un corail et lui donne un nom. Nous, on le replante, on leur envoie un certificat et un bracelet. Aussi, nous filmons l'évolution du corail pour leur en rendre compte", détaille Titouan Bernicot. L'association avait pour objectif de récolter 2500 euros.
Aidés par leurs ambassadeurs, dont Florent Manaudou, les jeunes de Moorea Coral Gardeners ont finalement reçu près du double. "Je pense qu'avec cette somme, nous allons pouvoir replanter de 300 à 400 coraux dans le lagon de Moorea, au Sofitel." Les travaux pour cette grande entreprise devraient commencer dans quelques semaines. "Nous allons travailler comme dans une pépinière. Après avoir ramassé et trié le corail, nous allons lui fixer une cheville en bambou et l'insérer dans les porites (NDLR : les patates) qui sont en train de mourir. Ainsi, nous allons pouvoir leur donner une seconde vie".
Une autre campagne de financement pourrait avoir lieu dans les prochains mois. Moorea Coral Gardeners espère ainsi pouvoir organiser des conférences et des journées de sensibilisation dans les écoles. "On aimerait aussi s'étendre sur Moorea et pourquoi pas à Tahiti. Nous aimerions planter des coraux avec des jeunes qui aiment ça et qui sont attachés à l'océan."
Aidés par leurs ambassadeurs, dont Florent Manaudou, les jeunes de Moorea Coral Gardeners ont finalement reçu près du double. "Je pense qu'avec cette somme, nous allons pouvoir replanter de 300 à 400 coraux dans le lagon de Moorea, au Sofitel." Les travaux pour cette grande entreprise devraient commencer dans quelques semaines. "Nous allons travailler comme dans une pépinière. Après avoir ramassé et trié le corail, nous allons lui fixer une cheville en bambou et l'insérer dans les porites (NDLR : les patates) qui sont en train de mourir. Ainsi, nous allons pouvoir leur donner une seconde vie".
Une autre campagne de financement pourrait avoir lieu dans les prochains mois. Moorea Coral Gardeners espère ainsi pouvoir organiser des conférences et des journées de sensibilisation dans les écoles. "On aimerait aussi s'étendre sur Moorea et pourquoi pas à Tahiti. Nous aimerions planter des coraux avec des jeunes qui aiment ça et qui sont attachés à l'océan."
Trois questions à Mathieu Kerneur, biologiste marin
"Le plus important à mes yeux est de protéger avant de restaurer"
Mathieu Kerner a orienté ses travaux sur les coraux depuis 10 ans et travaille au Sofitel de Moorea depuis 7 ans, au Hilton et sur l’atoll de Nukutepipi. Avec ses partenaires, il a mis au point un" label corail", Ecoreef, qui regroupe des actions environnementales dans les lagons : bouturage, création de jardins coralliens, de sentiers sous-marins… Il est aujourd’hui le partenaire, l’ami et le conseiller technique des membres de l’association de Moorea Coral Gardeners.
Quel est l’état de santé du corail en Polynésie ?
Je ne peux pas rendre compte de données exactes sur l'état de santé du corail en Polynésie. Mais je sais que cela est très variable selon que tu te trouves dans une ile habitée ou sur un atoll désert. A Tahiti et Moorea, le corail dans le lagon est probablement le plus abimés de toute la Polynésie car la pression humaine y est forte. L'agriculture, les terrassements pour construire, les problèmes d'assainissement participent à la destruction des coraux.
Comment fonctionne le bouturage ?
Le bouturage du corail est très simple. Nous ramassons des coraux cassés ou abimés dans le lagon ( cassés par des phénomènes naturels comme les tempêtes mais surtout par les hommes : piétinés dans les hôtels, cassés par les palmes des promeneurs en apnée...). Nous coupons en petits morceaux ces coraux que nous mettons en élevage sur des chevilles de bambou sur des tables suspendues chez nos partenaires hôteliers. La croissance des boutures est variable selon l'espèce mais aussi selon le milieu d'élevage. Le résultat est incroyable car il n'y a quasiment aucune mortalité (moins de 1%). Lorsque les boutures ont poussé, souvent après deux à trois mois d'élevage, nous les réinstallons dans les lagons sur différents supports. Nous orientons nos travaux sur la restauration récifale c’est-à-dire la remise en vie de partie de lagon mortes ou abimées. C'est très gratifiant de redonner vie au corail.
Combien de temps cala va-t-il prendre pour améliorer la santé du corail ?
Le but de notre action n'est pas restaurer l'ensemble du lagon de Moorea. Le plus important à mes yeux est de protéger avant de restaurer. Il faut prendre des mesures strictes pour valoriser ce milieu dont nous dépendons grandement en Polynésie. Le bouturage est un excellent moyen de communiquer. La preuve avec l'association Moorea dont l'opération de financement des actions écologiques à dépassées toutes les espérances !
Mathieu Kerner a orienté ses travaux sur les coraux depuis 10 ans et travaille au Sofitel de Moorea depuis 7 ans, au Hilton et sur l’atoll de Nukutepipi. Avec ses partenaires, il a mis au point un" label corail", Ecoreef, qui regroupe des actions environnementales dans les lagons : bouturage, création de jardins coralliens, de sentiers sous-marins… Il est aujourd’hui le partenaire, l’ami et le conseiller technique des membres de l’association de Moorea Coral Gardeners.
Quel est l’état de santé du corail en Polynésie ?
Je ne peux pas rendre compte de données exactes sur l'état de santé du corail en Polynésie. Mais je sais que cela est très variable selon que tu te trouves dans une ile habitée ou sur un atoll désert. A Tahiti et Moorea, le corail dans le lagon est probablement le plus abimés de toute la Polynésie car la pression humaine y est forte. L'agriculture, les terrassements pour construire, les problèmes d'assainissement participent à la destruction des coraux.
Comment fonctionne le bouturage ?
Le bouturage du corail est très simple. Nous ramassons des coraux cassés ou abimés dans le lagon ( cassés par des phénomènes naturels comme les tempêtes mais surtout par les hommes : piétinés dans les hôtels, cassés par les palmes des promeneurs en apnée...). Nous coupons en petits morceaux ces coraux que nous mettons en élevage sur des chevilles de bambou sur des tables suspendues chez nos partenaires hôteliers. La croissance des boutures est variable selon l'espèce mais aussi selon le milieu d'élevage. Le résultat est incroyable car il n'y a quasiment aucune mortalité (moins de 1%). Lorsque les boutures ont poussé, souvent après deux à trois mois d'élevage, nous les réinstallons dans les lagons sur différents supports. Nous orientons nos travaux sur la restauration récifale c’est-à-dire la remise en vie de partie de lagon mortes ou abimées. C'est très gratifiant de redonner vie au corail.
Combien de temps cala va-t-il prendre pour améliorer la santé du corail ?
Le but de notre action n'est pas restaurer l'ensemble du lagon de Moorea. Le plus important à mes yeux est de protéger avant de restaurer. Il faut prendre des mesures strictes pour valoriser ce milieu dont nous dépendons grandement en Polynésie. Le bouturage est un excellent moyen de communiquer. La preuve avec l'association Moorea dont l'opération de financement des actions écologiques à dépassées toutes les espérances !