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Les pro-Fritch sur le point d'accueillir deux nouveaux représentants à l'assemblée


Frédéric Riveta et René Temeharo pourraient annoncer jeudi leur démission du gouvernement Fritch et leur retour sur les bancs de l’assemblée.
Frédéric Riveta et René Temeharo pourraient annoncer jeudi leur démission du gouvernement Fritch et leur retour sur les bancs de l’assemblée.
PAPEETE, 7 octobre 2015 - Frédéric Riveta et René Temeharo pourraient annoncer jeudi leur démission du gouvernement Fritch et leur retour sur les bancs de l’assemblée. Le gouvernement doit pouvoir compter rapidement sur le soutien d’une majorité parlementaire alors que débute la session budgétaire 2015.

Sur le principe, l’option est évoquée depuis cinq mois. L’idée est de gonfler un peu plus les rangs du groupe Tapura Huiraatira et idéalement de lui garantir à l’assemblée le soutien d’une majorité absolue de représentants.
Pour l’heure, Edouard Fritch est dépositaire depuis une quinzaine de jours de lettres de démission signées par le ministre de la Jeunesse et des Sport et son homologue de l’Agriculture. S’il devait aujourd’hui accepter de les recevoir, Frédéric Riveta et René Temeharo ne serait en mesure de rejoindre les rangs du groupe Tapura Huiraatira qu’à partir du 8 novembre prochain, compte tenu du délai de carence de 30 jours qu’impose le statut d’autonomie. Cette descente dans l’hémicycle des ministres permettrait à terme de gonfler de deux nouveaux représentants les soutiens du gouvernement, tout en diminuant l’effectif du groupe Tahoera’a à 20 élus. Par le jeu des chaises musicales, en regagnant l’assemblée Frédéric Riveta et René Temeharo en font sortir les élus orange Fernand Tahiata et Evans Haumani.
L’autre solution serait que ces deux représentants orange décident de quitter le Tahoera’a pour rejoindre les pro-Fritch. Mais cette seconde option semble peu probable. Quoi qu’il en soit, la nouvelle donne doit être révélée par le Président, lors d’une conférence de presse, en début d’après-midi jeudi.

En marge du compte rendu des travaux du Conseil des ministres, Jean-Christophe Bouissou a en effet annoncé, mercredi, la tenue le lendemain à 14 heures, d’une conférence de presse "extraordinaire" donnée par le Président Fritch. Des informations ont filtré mercredi matin par le biais des ondes de Radio de Polynésie 1ère affirmant que le remaniement était envisagé le jour-même.

Interrogé à propos de l’objet de ce point presse "extraordinaire" donné jeudi après-midi par Edouard Fritch, le porte-parole du gouvernement garde le mystère, avec un art consommé pour la langue de bois : "Lui seul pourra délivrer la consistance des éléments d’information qu’il souhaite donner au travers des médias, au travers de vous. Si c’est une conférence de presse extraordinaire, vous comprenez l’aspect extraordinaire de la ou des informations qu’il sera amené à vous donner", a brodé Jean-Christophe Bouissou. "Jusqu’à l’heure où nous parlons, c’est-à-dire 13 heures, mercredi, aucune décision n’a été prise", a-t-il aussi dit avant de préciser, un peu agacé par les questions de la presse au sujet de ce fameux remaniement ministériel : "Vous savez, s’il y a bien une personne qui à la légitimité pour conduire les affaires du Pays, c’est bien Edouard Fritch aujourd’hui".
Problème : le gouvernement ne peut guère s’appuyer aujourd’hui que sur une majorité relative de 24, à l’assemblée. C’est-à-dire les huit représentants du groupe A Ti’a Porinetia et les 16 ex-Tahoera’a du Tapura Huiraatira. Et c’est loin d’être suffisant pour conduire les affaires du Pays. Et la réalité de cette faiblesse s’exprime sans cesse en séance à l’assemblée : durant les deux dernières séances de la session administrative, début juillet, puis durant l’intersession et dès la première séance régulière de travail de la session budgétaire, le 1er octobre dernier. Systématiquement les groupes UPLD et Tahoera’a Huiraatira ont uni leurs forces pour retirer de l’ordre du jour plusieurs textes dont l’examen était jugé urgent par le gouvernement (projets de loi du Pays sur les transports interinsulaires ou encore sur les avantages en nature soumis à cotisation) ou pour voter dernièrement en faveur de la création d’une commission chargée d’enquêter sur des réformes encore à l’étude. A chaque fois, les 33 élus de l’opposition "autonosouverainiste" ont eu le dernier mot. Et à chaque fois, les 11 voix du groupe indépendantiste ont été déterminantes.
L’idée aujourd’hui est d’éviter que cette situation ne perdure jusqu’au vote du budget primitif 2016.

Interrogé par nos confrères de Tahiti Pacifique Hebdo, début septembre, Edouard Fritch était clair sur ce point : "Les représentants ont tous envie de faire quelque chose, ils sont conscients de la mission qu’il leur a été donné en 2013 : reconstruire le Pays, remettre les choses à leur place, créer de l’emploi... C’est la raison pour laquelle, lorsque vous faites le tour, ils sont un peu moins d’une dizaine au Tahoera’a à me dire : le budget sera voté, pas de souci, ne t’inquiète pas. Et ils me font la promesse. Mais je dois avouer aujourd’hui que cette promesse ne me suffit pas. Je me dis que si on se présente au budget à 24, voire 26, parce que c’est les moyens dont je dispose en descendant mes deux ministres, on va au-devant de graves difficultés. Les élus auront, eux, l’impression qu’effectivement ils auront obtenu le radier du coin, le bétonnage de leur route, le financement des agriculteurs mais ils vont me foutre en l’air l’équilibre du budget et surtout ils vont me foutre en l’air les priorités que le gouvernement aura choisi".

Or, qu’il s’agisse d’un remaniement tactique ou de l’accueil de deux transfuges du Tahoera’a, le groupe des pro-Fritch ne sera encore que de 26 représentants et ne disposera toujours pas d’une majorité absolue (29).

Depuis leurs groupes respectifs, la Tahoera’a Isabelle Sachet et l’UPLD Joëlle Frébault ont déjà montré qu’elles étaient en position de déroger aux consignes de vote de leur groupe, en leur "âme et conscience" de même que Fernand Tahiata. Charles Fong Loi serait pressé par les piliers de Taatira No Te Hau, notamment Robert Tanseau, de rejoindre le groupe Tapura. Interrogé mercredi, "je suis toujours partenaire du Tahoera’a. Rien n’a changé", s’est-il borné à répondre.

Selon une rumeur, Jacques Raioha pourrait rejoindre le groupe Tapura mais, cornaqué par son beau-père, Michel Yip, ce ne serait qu’à la seule condition qu’il lui apporte sa précieuse et très sonnante 29e voix.

La création du parti politique d’Edouard Fritch, courant décembre, changera certainement un peu la donne. Le premier souci de nombreux élus de Tarahoi est d’abord d’être réélu en 2018. Et pour cela il faut être soutenu par un appareil politique. Mais en attendant, 26 soutiens sur les 57 représentants de l’assemblée, c’est encore trop juste et fort peu confortable pour le gouvernement.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 7 Octobre 2015 à 15:28 | Lu 110081 fois