PAPEETE, 29 avril 2014 – Les éditions Au vent des îles publient l’ouvrage Généalogie et histoire de Tahiti et des îles de la Société. Une thèse de doctorat en langues et civilisations océaniennes, soutenue à Paris, à l’Institut national des langues et civilisation orientales en 2009 et distinguée par la mention Très honorable et les félicitations unanimes du jury.
"Son sujet est important, à la fois pour la connaissance de l’aire culturelle tahitienne des temps anciens mais aussi pour contribuer à résoudre des problèmes et éclairer des débats très contemporains au sujet de l’ensemble tahitien", note l’anthropologue Bruno Saura qui préface cet ouvrage. Les généalogies rapportées par l’auteur sont l’histoire d’un peuple. Elles prennent naissance dans le temps de la mythologie et des dieux et se développent jusqu’à la fin du 19e siècle.
Près de trente ans après l’ouvrage de Maiarii Cadousteau, (Généalogies des arii de Tahiti et des îles de la Société, 1987), Bernard Pichevin prend aussi le parti de se pencher sur les familles issues d’ancêtres prestigieux, renversant l’approche commune qui s’attache, des temps pré-européens jusqu’à la fin du 19e siècle, à mettre en scène des arii.
Ce choix de l’auteur de se pencher en détail sur cet aspect généalogique conduit Bruno Saura à estimer que l’ouvrage a "toutes les chances de faire son entrée dans les foyers les plus humbles" : "toute la population à Tahiti, et particulièrement aux îles-sous-le-vent, est dans la descendance des arii", considère-t-il.
Les généalogies rapportées par Bernard Pichevin sont surtout le fruit d’un travail de recherche, de synthèse et de réflexions comparatives auquel l’auteur, passionné et méticuleux, aura consacré près de 20 ans de son existence.
Bernard Pichevin : Né en 1930, l’auteur est amiral retraité. Marié à Marinella Pomare, il effectue plusieurs séjours en Polynésie, entre 1957 et 1987. Afin d’approfondir les connaissances acquises de la langue, de l’histoire et de la culture polynésiennes, il s’inscrit à l’INALCO où son cursus universitaire s’est achevé en 2009 par une thèse de doctorat dont est tiré l’ouvrage Généalogie et histoire de Tahiti et des îles de la Société.
Le livre : Première édition, préfacé par Bruno Saura : 304 pages, format 190 x 240 cm, couverture souple avec rabats. Editions Au Vent des îles dans la collection Culture Océanienne. Prix : 4 500 Fcfp (38 euros)
"Son sujet est important, à la fois pour la connaissance de l’aire culturelle tahitienne des temps anciens mais aussi pour contribuer à résoudre des problèmes et éclairer des débats très contemporains au sujet de l’ensemble tahitien", note l’anthropologue Bruno Saura qui préface cet ouvrage. Les généalogies rapportées par l’auteur sont l’histoire d’un peuple. Elles prennent naissance dans le temps de la mythologie et des dieux et se développent jusqu’à la fin du 19e siècle.
Près de trente ans après l’ouvrage de Maiarii Cadousteau, (Généalogies des arii de Tahiti et des îles de la Société, 1987), Bernard Pichevin prend aussi le parti de se pencher sur les familles issues d’ancêtres prestigieux, renversant l’approche commune qui s’attache, des temps pré-européens jusqu’à la fin du 19e siècle, à mettre en scène des arii.
Ce choix de l’auteur de se pencher en détail sur cet aspect généalogique conduit Bruno Saura à estimer que l’ouvrage a "toutes les chances de faire son entrée dans les foyers les plus humbles" : "toute la population à Tahiti, et particulièrement aux îles-sous-le-vent, est dans la descendance des arii", considère-t-il.
Les généalogies rapportées par Bernard Pichevin sont surtout le fruit d’un travail de recherche, de synthèse et de réflexions comparatives auquel l’auteur, passionné et méticuleux, aura consacré près de 20 ans de son existence.
Bernard Pichevin : Né en 1930, l’auteur est amiral retraité. Marié à Marinella Pomare, il effectue plusieurs séjours en Polynésie, entre 1957 et 1987. Afin d’approfondir les connaissances acquises de la langue, de l’histoire et de la culture polynésiennes, il s’inscrit à l’INALCO où son cursus universitaire s’est achevé en 2009 par une thèse de doctorat dont est tiré l’ouvrage Généalogie et histoire de Tahiti et des îles de la Société.
Le livre : Première édition, préfacé par Bruno Saura : 304 pages, format 190 x 240 cm, couverture souple avec rabats. Editions Au Vent des îles dans la collection Culture Océanienne. Prix : 4 500 Fcfp (38 euros)
Bruno Saura : "Toute la population à Tahiti est dans la descendance des arii"
Bruno Saura a participé, en 2009 aux langues O’, l’Institut national des langues et civilisation orientales à Paris, au jury de thèse chargé d’apprécier le travail de Bernard Pichevin, un doctorant passionné de 79 ans, amiral retraité, devenu expert sur la question de la généalogie des familles des îles de la Société, des temps immémoriaux à la fin du 19e siècle.
Sa thèse de doctorat que publient aujourd’hui les éditions Au Vent des îles est un travail sur lequel l’anthropologue Saura, Maître de conférences en civilisation polynésienne, "est sans réserve". Interview :
Sur quoi Bernard Pichevin appuie-t-il sa recherche ?
Ce n’est pas une enquête. Il s’appuie sur des sources archivées au Musée de Tahiti et des îles, des documents publiés par les premiers navigateurs. Egalement sur les ouvrages qui traitent du sujet : les Mémoires de Marau Ta’aroa-Salmon, l’ouvrage de Raoul Teissier, celui de Maiarii Cadousteau ou Tahiti aux temps anciens. Il s’appuie sur des sources écrites, qu’il compare.
Qu’apporte-t-il de plus par rapport aux travaux que vous évoquez ?
Il réalise un vrai travail critique. Certains auteurs ont écrit des ouvrages très engagés. Les mémoires de la reine Marau Ta’aroa-Salmon soutiennent l’idée générale que sa famille est "La" famille royale de Tahiti. Celle d’où sortent toutes les autres lignées de Tahiti, alors que son propre frère, sa mère, n’écrivaient pas les choses comme cela : c’est un ouvrage militant à la gloire des Teva. Bernard Pichevin ne milite pour personne. Il montre que nous connaissons mal les généalogies de Tahiti ; il montre certaines contradictions dans les généalogies des Teva. On est bien plus sûr des généalogies des îles-sous-le-vent.
Cet ouvrage est l’un des premiers avec Raoul Teissier à s’interroger sur les trous dans les généalogies, les incohérences. Il réalise un vrai travail scientifique, très réfléchi. Cela le conduit parfois jusqu’aux îles Cook, notamment lorsqu’il évoque Hiro. Et même au-delà, puisque les ancêtres de Hiro sont samoa.
Ce parti pris d’en venir à une origine mythologique des lignées polynésiennes. Qu’est-ce ça veut dire ?
Ca veut dire que les lignées polynésiennes commencent par des dieux : les arii des temps anciens étaient sacrés, divins même s’ils vivaient sur terre. Les premiers échelons de la généalogie relèvent de la croyance. Aux origines on est complètement dans le mythe. Bernard Pichevin se demande à quel moment on bascule dans l’histoire. Le personnage de Hiro est intéressant à ce titre. Il a existé ; c’était probablement un grand navigateur : il est daté du 12e ou du 13e siècle. Au-delà de trente générations ont est clairement dans le mythe.
Pourquoi écrivez-vous, dans la préface, que cet ouvrage intéressera probablement les classes populaires ?
Parce que les classes populaires qui habitent les lotissements sociaux de Totioro, Tipaerui et d’ailleurs sont des descendants des arii. On en trouve souvent avec des noms de famille très longs, très nobles, très sacrés. Rien ne nous dit, à part leur nom pour celui qui connait la généalogie, que ces gens sont de haute noblesse. (…) Toute la population à Tahiti et particulièrement aux îles-sous-le-vent est dans la descendance des arii. Au 19e siècle, les arii ont cessé de se marier entre eux et ont fait alliance avec des gens du commun. Et puis, si on considère les arii par leurs branches cadettes, on se retrouve très rapidement avec des gens du commun.
Ce livre peut-il être utile dans les affaires de terre ?
Oui. Souvent ici, hélas, les gens s’intéressent à leur généalogie pour régler des affaires de terre. (…) L’Etat civil apparait dans nos îles au milieu du 19e siècle, tout comme les titres de propriété à Tahiti et aux îles-sous-le-vent. Tout cela est récent finalement. Avant, seule la généalogie permettait de savoir ce qu’il en était.
Bruno Saura a participé, en 2009 aux langues O’, l’Institut national des langues et civilisation orientales à Paris, au jury de thèse chargé d’apprécier le travail de Bernard Pichevin, un doctorant passionné de 79 ans, amiral retraité, devenu expert sur la question de la généalogie des familles des îles de la Société, des temps immémoriaux à la fin du 19e siècle.
Sa thèse de doctorat que publient aujourd’hui les éditions Au Vent des îles est un travail sur lequel l’anthropologue Saura, Maître de conférences en civilisation polynésienne, "est sans réserve". Interview :
Sur quoi Bernard Pichevin appuie-t-il sa recherche ?
Ce n’est pas une enquête. Il s’appuie sur des sources archivées au Musée de Tahiti et des îles, des documents publiés par les premiers navigateurs. Egalement sur les ouvrages qui traitent du sujet : les Mémoires de Marau Ta’aroa-Salmon, l’ouvrage de Raoul Teissier, celui de Maiarii Cadousteau ou Tahiti aux temps anciens. Il s’appuie sur des sources écrites, qu’il compare.
Qu’apporte-t-il de plus par rapport aux travaux que vous évoquez ?
Il réalise un vrai travail critique. Certains auteurs ont écrit des ouvrages très engagés. Les mémoires de la reine Marau Ta’aroa-Salmon soutiennent l’idée générale que sa famille est "La" famille royale de Tahiti. Celle d’où sortent toutes les autres lignées de Tahiti, alors que son propre frère, sa mère, n’écrivaient pas les choses comme cela : c’est un ouvrage militant à la gloire des Teva. Bernard Pichevin ne milite pour personne. Il montre que nous connaissons mal les généalogies de Tahiti ; il montre certaines contradictions dans les généalogies des Teva. On est bien plus sûr des généalogies des îles-sous-le-vent.
Cet ouvrage est l’un des premiers avec Raoul Teissier à s’interroger sur les trous dans les généalogies, les incohérences. Il réalise un vrai travail scientifique, très réfléchi. Cela le conduit parfois jusqu’aux îles Cook, notamment lorsqu’il évoque Hiro. Et même au-delà, puisque les ancêtres de Hiro sont samoa.
Ce parti pris d’en venir à une origine mythologique des lignées polynésiennes. Qu’est-ce ça veut dire ?
Ca veut dire que les lignées polynésiennes commencent par des dieux : les arii des temps anciens étaient sacrés, divins même s’ils vivaient sur terre. Les premiers échelons de la généalogie relèvent de la croyance. Aux origines on est complètement dans le mythe. Bernard Pichevin se demande à quel moment on bascule dans l’histoire. Le personnage de Hiro est intéressant à ce titre. Il a existé ; c’était probablement un grand navigateur : il est daté du 12e ou du 13e siècle. Au-delà de trente générations ont est clairement dans le mythe.
Pourquoi écrivez-vous, dans la préface, que cet ouvrage intéressera probablement les classes populaires ?
Parce que les classes populaires qui habitent les lotissements sociaux de Totioro, Tipaerui et d’ailleurs sont des descendants des arii. On en trouve souvent avec des noms de famille très longs, très nobles, très sacrés. Rien ne nous dit, à part leur nom pour celui qui connait la généalogie, que ces gens sont de haute noblesse. (…) Toute la population à Tahiti et particulièrement aux îles-sous-le-vent est dans la descendance des arii. Au 19e siècle, les arii ont cessé de se marier entre eux et ont fait alliance avec des gens du commun. Et puis, si on considère les arii par leurs branches cadettes, on se retrouve très rapidement avec des gens du commun.
Ce livre peut-il être utile dans les affaires de terre ?
Oui. Souvent ici, hélas, les gens s’intéressent à leur généalogie pour régler des affaires de terre. (…) L’Etat civil apparait dans nos îles au milieu du 19e siècle, tout comme les titres de propriété à Tahiti et aux îles-sous-le-vent. Tout cela est récent finalement. Avant, seule la généalogie permettait de savoir ce qu’il en était.