(photo d'illustration, crédit : Star21) Vingt trackers d'activité comme celui-ci seront donnés à 10 familles d'un quartier de Tahiti. Au bout de cinq semaines la famille la plus active recevra des cadeaux et le projet se rendra dans un nouveau quartier.
PAPEETE, le 20 octobre 2016 - Pour répondre à un appel d'offres du Contrat de ville, des bénévoles se sont réunis une journée en juillet afin de créer plusieurs projets innovants. Trois mois plus tard, l'un d'eux a été retenu et est financé : un défi dans les quartiers avec un tracker d'activité.
Comment lutter contre le surpoids ? Un groupe de bénévoles accros au numérique a imaginé un concours où des trackers d'activité sont donnés aux familles d'un quartier pour suivre leurs efforts physiques au quotidien. L'objectif : 10 000 pas par jour minimum, l'activité recommandée par l'Organisme mondial pour la santé. Les familles s'affrontent en une compétition amicale diffusée en direct sur Facebook. Un bénévole passe régulièrement relever les compteurs d'activité, coacher les participants et mettre à jour le Facebook de la compétition… Au bout de cinq semaines, la famille qui a le plus bougé reçoit une série de cadeaux : des plants d'arbres fruitiers, des recharges internet et des cours de cuisine. Les bénévoles passent suite au quartier suivant.
Ce projet très original va bel et bien devenir une réalité : il va recevoir des subventions du Contrat de ville, de la CPS et de la direction de la Santé. Une première étape pour les bénévoles rassemblés par l'association Silicon Fenua et par Patricia Gallot-Lavallee, entrepreneuse du numérique. Le projet a émergé du premier Hackathon pour la santé organisé en Polynésie…
UN HACKATHON CONTRE… L'OBÉSITÉ
Hybride entre le brainstorming et la culture de l'économie collaborative, le hackathon est devenu en quelques années un format extrêmement populaire pour faire émerger des projets originaux. Le concept est né dans la Silicon Valley en 1999, et rassemblait au départ des programmeurs et des électroniciens.
L'idée est de réunir des bénévoles ou entrepreneurs qui ne se connaissent pas mais qui ont des compétences complémentaires. On leur donne un thème de travail et on leur laisse quelques jours pour trouver des solutions logicielles ou matérielles originales pour des problèmes concrets.
Patricia Gallot-Lavallee est justement une experte du format. Elle en a organisé un grand nombre en métropole, et "mentoré" d'autres entrepreneurs qui en ont organisés. Elle nous assure que le format est tellement puissant qu'il s'adapte à de très nombreux domaines, même si le lien avec le numérique peut être lointain.
Elle en a donc organisé un en juillet dernier sur le thème de la lutte contre l'obésité. "Le but est de répondre à un appel à projets venant du Contrat de ville, de la CPS et de la direction de la Santé. Ils mettent 35 millions de francs sur la table pour des projets visant à promouvoir une activité physique saine, et manger sainement en Polynésie française. Je crois qu'ils s'attendaient plus à des programmes de fitness, des cours de nutrition… Mais moi je me suis dit que le numérique pourrait vraiment aider. Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir associer le pouvoir multiplicateur du numérique aux francs dépensés…"
7 PROJETS NUMÉRIQUES POUR MANGER SAIN ET BOUGER
Comment lutter contre le surpoids ? Un groupe de bénévoles accros au numérique a imaginé un concours où des trackers d'activité sont donnés aux familles d'un quartier pour suivre leurs efforts physiques au quotidien. L'objectif : 10 000 pas par jour minimum, l'activité recommandée par l'Organisme mondial pour la santé. Les familles s'affrontent en une compétition amicale diffusée en direct sur Facebook. Un bénévole passe régulièrement relever les compteurs d'activité, coacher les participants et mettre à jour le Facebook de la compétition… Au bout de cinq semaines, la famille qui a le plus bougé reçoit une série de cadeaux : des plants d'arbres fruitiers, des recharges internet et des cours de cuisine. Les bénévoles passent suite au quartier suivant.
Ce projet très original va bel et bien devenir une réalité : il va recevoir des subventions du Contrat de ville, de la CPS et de la direction de la Santé. Une première étape pour les bénévoles rassemblés par l'association Silicon Fenua et par Patricia Gallot-Lavallee, entrepreneuse du numérique. Le projet a émergé du premier Hackathon pour la santé organisé en Polynésie…
UN HACKATHON CONTRE… L'OBÉSITÉ
Hybride entre le brainstorming et la culture de l'économie collaborative, le hackathon est devenu en quelques années un format extrêmement populaire pour faire émerger des projets originaux. Le concept est né dans la Silicon Valley en 1999, et rassemblait au départ des programmeurs et des électroniciens.
L'idée est de réunir des bénévoles ou entrepreneurs qui ne se connaissent pas mais qui ont des compétences complémentaires. On leur donne un thème de travail et on leur laisse quelques jours pour trouver des solutions logicielles ou matérielles originales pour des problèmes concrets.
Patricia Gallot-Lavallee est justement une experte du format. Elle en a organisé un grand nombre en métropole, et "mentoré" d'autres entrepreneurs qui en ont organisés. Elle nous assure que le format est tellement puissant qu'il s'adapte à de très nombreux domaines, même si le lien avec le numérique peut être lointain.
Elle en a donc organisé un en juillet dernier sur le thème de la lutte contre l'obésité. "Le but est de répondre à un appel à projets venant du Contrat de ville, de la CPS et de la direction de la Santé. Ils mettent 35 millions de francs sur la table pour des projets visant à promouvoir une activité physique saine, et manger sainement en Polynésie française. Je crois qu'ils s'attendaient plus à des programmes de fitness, des cours de nutrition… Mais moi je me suis dit que le numérique pourrait vraiment aider. Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir associer le pouvoir multiplicateur du numérique aux francs dépensés…"
7 PROJETS NUMÉRIQUES POUR MANGER SAIN ET BOUGER
Cette quinzaine de bénévoles a élaboré 7 projets numériques pour promouvoir l'activité physique et une alimentation saine.
C'est ainsi qu'elle a rassemblé une quinzaine de bénévoles sur deux demi-journées, les 22 et 23 juillet derniers. Les profils étaient particulièrement variés, avec un urbaniste, une biologiste, un médecin spécialisé en nutrition, des profils techniques (webmaster, community manager, infographiste, digital entrepreneur), une psychologue clinicienne, une illustratrice et un musicien expert dans la création de jingles.
Au fil des discutions et des idées, de nombreux projets ont émergé. Certains pour l'appel d'offre, d'autres simplement comme des projets citoyens qui ne nécessitent pas de budget :
Présentés au contrat de ville :
- des vidéos de recettes "healthy" pour la communauté de Tahiti Smeal (20 000 fans en Polynésie)
- "Roadtrip avec Mahana" : l'idée était de suivre Mahana dans son coaching au jour le jour de ses clients et de publier le tout sur Facebook. Mahana a perdu 35 kg suite à la mort de sa grand-mère du diabète
- des Live Facebook "la cuisine avec les Miss qui viennent d'avoir un bébé"
- une application d'hypnose
- des trackers de l'activité physique dans les quartiers
- un gros projet voulant rester secret (ils n'ont pas réussi à déposer le dossier cette année)
Hors demande de subvention :
- une participante a créé un groupe Facebook pour trouver des revendeurs de fruits et légumes locaux
- un projet de jeu vidéo éducatif pour politiciens : un shooter de sel et sucre qui calcule si le politicien a fait baisser le nombre de carnets rouges nécessaires dans 20 ans…
Finalement, seul le projet "Tracker d'activité physique" sera financé. Pour Patricia, "Tracker d'activité a été sélectionné car il est très ancré dans les quartiers prioritaires. Le numérique apporte aussi un avantage que les autres projets ne savent pas ou peu faire : mesurer l'amélioration". Le hackathon a aussi été un succès sur un autre plan : "le marathon créatif et les professionnels de santé présents ont surtout établi que nous vivions dans un environnement obésogène. La biologiste a proposé de déposer une pétition numérique "pour un environnement non obésogène"." Bref, les bénévoles sont loin d'avoir épuisé leurs idées…
Au fil des discutions et des idées, de nombreux projets ont émergé. Certains pour l'appel d'offre, d'autres simplement comme des projets citoyens qui ne nécessitent pas de budget :
Présentés au contrat de ville :
- des vidéos de recettes "healthy" pour la communauté de Tahiti Smeal (20 000 fans en Polynésie)
- "Roadtrip avec Mahana" : l'idée était de suivre Mahana dans son coaching au jour le jour de ses clients et de publier le tout sur Facebook. Mahana a perdu 35 kg suite à la mort de sa grand-mère du diabète
- des Live Facebook "la cuisine avec les Miss qui viennent d'avoir un bébé"
- une application d'hypnose
- des trackers de l'activité physique dans les quartiers
- un gros projet voulant rester secret (ils n'ont pas réussi à déposer le dossier cette année)
Hors demande de subvention :
- une participante a créé un groupe Facebook pour trouver des revendeurs de fruits et légumes locaux
- un projet de jeu vidéo éducatif pour politiciens : un shooter de sel et sucre qui calcule si le politicien a fait baisser le nombre de carnets rouges nécessaires dans 20 ans…
Finalement, seul le projet "Tracker d'activité physique" sera financé. Pour Patricia, "Tracker d'activité a été sélectionné car il est très ancré dans les quartiers prioritaires. Le numérique apporte aussi un avantage que les autres projets ne savent pas ou peu faire : mesurer l'amélioration". Le hackathon a aussi été un succès sur un autre plan : "le marathon créatif et les professionnels de santé présents ont surtout établi que nous vivions dans un environnement obésogène. La biologiste a proposé de déposer une pétition numérique "pour un environnement non obésogène"." Bref, les bénévoles sont loin d'avoir épuisé leurs idées…
Patricia Gallot-Lavallee, organisatrice du Marathon créatif santé
C'est la magie de ce format que d'arriver à rassembler des gens qu'on a du mal à se faire rencontrer"
Comment est né ce projet ?
Alors, je suis incubée par l'association Silicon Fenua, qui agit pour l'innovation en Polynésie française. À l'origine nous avons vu qu'il y avait cet appel à projet du Contrat de ville, et il fallait répondre en association, c'est là que je me suis associée avec eux. Ils ont été très efficaces et pertinents, je suis super contente de travailler avec eux.
D'où viennent ces idées originales ?
Nous avons organisé un Marathon Créatif Santé pour élaborer plusieurs projets, et c'est le tracker d'activité qui a retenu l'attention du jury. Le Marathon Créatif Santé, c'était deux demi-journées pour rassembler des gens d'origines bien différentes, pour qu'ils puissent échanger ensemble, prendre des décisions rapidement et imaginer des projets. On s'est donné très peu de temps pour rédiger les projets pour le contrat de ville. En deux jours tout était fini.
En fait c'est copié sur les "Hackathon" de code, comme on en voit à San Francisco ou à Paris. J'aime bien ce format, parce que c'est toujours assez difficile de rassembler ces profils différents. Par exemple là nous avions une biologiste de Taravao, un musicien qui fait des jingles, un responsable réseaux sociaux, une psychologue clinicienne… Ce sont des gens qui sont salariés ou qui gèrent leur activité, ils ne peuvent pas tous se libérer sur plusieurs jours, donc on n'arriverait pas à les faire travailler longtemps ensemble. En revanche, travailler sur deux demi-journées dont un samedi matin, ils se disent "oui, je peux arriver à trouver ça sur mon temps". C'est la magie de ce format que d'arriver à rassembler des gens qu'on a du mal à se faire rencontrer.
Comment fonctionne concrètement le format du hackathon ?
En fait on joue beaucoup avec le temps. J'en ai organisé beaucoup en France, et j'ai été mentor d'autres organisés par des tiers. Donc quelques conseils, déjà c'est de communiquer sa feuille de route avec l'heure d'arrivée des participants, ce qu'on attend d'eux et les heures auxquelles on attend de grandes choses.
Dans les hackathon on travaille aussi beaucoup sur l'aspect informel, sur le moment où les choses vont se passer. C'est comme ça que là j'ai réussi à avoir OPEN pour sponsoriser le goûter et le café. Ça aurait été encore mieux d'avoir le budget pour un ma'a complet, parce que ça aide vraiment les gens à se rencontrer, à parler, à créer un esprit de groupe rapidement. Les gens ne se connaissaient pas le matin, mais il faut que le soir ils aient des projets ensemble.
Là vous étiez une quinzaine de personnes, combien de projets peuvent émerger en seulement deux demi-journées ?
Nous avons 7 projets, dont certains ne nécessitent pas énormément de budget. On n'est pas obligé de faire de grosses équipes, c'est souvent plus efficace avec des équipes de trois ou quatre plutôt que des équipes à six personnes. Une personne peut participer à plusieurs équipes…
On a aussi pu utiliser des ressources extérieures, des personnes qui n'étaient pas présentes mais veulent aider, peuvent faire des devis, etc. Après, dans les hackathon on va généralement essayer d'avoir directement toutes les ressources nécessaires à disposition. Parfois ce sont des objets, par exemple pour un hackathon sur les objets connectés, il faut fournir beaucoup d'électronique, d'objets divers et les profils qu'il faut.
On ne sait jamais en avance ce qu'on aura à la fin d'un hackathon ?
C'est vraiment le gros doute, avant l'événement on est un petit peu en période de stress, en se dit "j'espère qu'il va y avoir quelque chose d'intéressant qui va émerger de tout ça !" Mais comme dirait Julien Dorra, un enfant de la Polynésie qui travaille à créer des hackathons dans les musées à travers le monde, "c'est la magie du format, et à un moment ça émerge."
Alors, je suis incubée par l'association Silicon Fenua, qui agit pour l'innovation en Polynésie française. À l'origine nous avons vu qu'il y avait cet appel à projet du Contrat de ville, et il fallait répondre en association, c'est là que je me suis associée avec eux. Ils ont été très efficaces et pertinents, je suis super contente de travailler avec eux.
D'où viennent ces idées originales ?
Nous avons organisé un Marathon Créatif Santé pour élaborer plusieurs projets, et c'est le tracker d'activité qui a retenu l'attention du jury. Le Marathon Créatif Santé, c'était deux demi-journées pour rassembler des gens d'origines bien différentes, pour qu'ils puissent échanger ensemble, prendre des décisions rapidement et imaginer des projets. On s'est donné très peu de temps pour rédiger les projets pour le contrat de ville. En deux jours tout était fini.
En fait c'est copié sur les "Hackathon" de code, comme on en voit à San Francisco ou à Paris. J'aime bien ce format, parce que c'est toujours assez difficile de rassembler ces profils différents. Par exemple là nous avions une biologiste de Taravao, un musicien qui fait des jingles, un responsable réseaux sociaux, une psychologue clinicienne… Ce sont des gens qui sont salariés ou qui gèrent leur activité, ils ne peuvent pas tous se libérer sur plusieurs jours, donc on n'arriverait pas à les faire travailler longtemps ensemble. En revanche, travailler sur deux demi-journées dont un samedi matin, ils se disent "oui, je peux arriver à trouver ça sur mon temps". C'est la magie de ce format que d'arriver à rassembler des gens qu'on a du mal à se faire rencontrer.
Comment fonctionne concrètement le format du hackathon ?
En fait on joue beaucoup avec le temps. J'en ai organisé beaucoup en France, et j'ai été mentor d'autres organisés par des tiers. Donc quelques conseils, déjà c'est de communiquer sa feuille de route avec l'heure d'arrivée des participants, ce qu'on attend d'eux et les heures auxquelles on attend de grandes choses.
Dans les hackathon on travaille aussi beaucoup sur l'aspect informel, sur le moment où les choses vont se passer. C'est comme ça que là j'ai réussi à avoir OPEN pour sponsoriser le goûter et le café. Ça aurait été encore mieux d'avoir le budget pour un ma'a complet, parce que ça aide vraiment les gens à se rencontrer, à parler, à créer un esprit de groupe rapidement. Les gens ne se connaissaient pas le matin, mais il faut que le soir ils aient des projets ensemble.
Là vous étiez une quinzaine de personnes, combien de projets peuvent émerger en seulement deux demi-journées ?
Nous avons 7 projets, dont certains ne nécessitent pas énormément de budget. On n'est pas obligé de faire de grosses équipes, c'est souvent plus efficace avec des équipes de trois ou quatre plutôt que des équipes à six personnes. Une personne peut participer à plusieurs équipes…
On a aussi pu utiliser des ressources extérieures, des personnes qui n'étaient pas présentes mais veulent aider, peuvent faire des devis, etc. Après, dans les hackathon on va généralement essayer d'avoir directement toutes les ressources nécessaires à disposition. Parfois ce sont des objets, par exemple pour un hackathon sur les objets connectés, il faut fournir beaucoup d'électronique, d'objets divers et les profils qu'il faut.
On ne sait jamais en avance ce qu'on aura à la fin d'un hackathon ?
C'est vraiment le gros doute, avant l'événement on est un petit peu en période de stress, en se dit "j'espère qu'il va y avoir quelque chose d'intéressant qui va émerger de tout ça !" Mais comme dirait Julien Dorra, un enfant de la Polynésie qui travaille à créer des hackathons dans les musées à travers le monde, "c'est la magie du format, et à un moment ça émerge."