Patrick Bagur, conseiller au CESC représentant le Medef, rapporteur du schéma directeur du numérique
PAPEETE, le 21 mars 2017 - Le Schéma directeur d'aménagement numérique de la Polynésie française dresse la stratégie numérique des prochaines décennies pour les pouvoirs publics. Augmentation de la concurrence, e-administration, école du code et télémédecine… Ce schéma montre quelles sont les priorités numériques du Pays.
Le CESC examinait le Schéma directeur d'aménagement numérique de la Polynésie française ce mardi 21 mars. Les conseillers ont approuvé le texte à 34 voix pour et une abstention. Comme l'explique l'un des deux rapporteurs du texte, Patrick Bagur, il n'y avait pas beaucoup de controverses en séance puisque le schéma directeur n'inclut aucun chiffre précis sur les financements des investissements, les effets économiques et sociaux escomptés ou d'agenda précis de la mise en œuvre de ces mesures. "On ne peut qu'être favorable au Schéma directeur, c'est juste une feuille de route pour les 25 à 30 prochaines années, ensuite viendront d'autres documents pour préciser les aspects techniques et financiers."
Le teste est approuvé, mais les représentants de la société civile restent critiques de la politique numérique des gouvernements de la dernière décennie : "Le CESC note qu'il est regrettable que certaines de nos observations faites en 2007 n'aient pas été prises en compte, notamment lors de la pose du câble Honotua. Ça nous aurait fait économiser pas mal d'argent aujourd'hui et internet auraient pu être beaucoup moins cher. Honotua serait passé par les Marquises et par Rangiroa pour 2,5 milliards de plus. Et aujourd'hui ça nous aurait évité les sept milliards qui sont engagés pour construire le câble domestique ! Et nous aimerions que le câble qui devait aller du Chili à la Chine soit pris en compte dans ce schéma directeur, puisqu'il nous aurait coûté très peu d'argent et aurait été très important pour le développement" précise le rapporteur.
Notons que le Schéma directeur est une base nécessaire pour l'obtention de nombreux fonds, qu'ils viennent de l'État, de la Caisse des dépôts et consignations ou d'autres instruments financiers. Notamment pour le financement de Natitua, le câble domestique à 7 milliards de francs…
LES DÉTAILS DU SCHÉMA DIRECTEUR DU NUMÉRIQUE
Le document fait près de 200 pages, mais le CESC en fait un très bon résumé dans son avis : "La transition numérique de la Polynésie est certes amorcée (…), mais se trouve bridée par le coût jugé souvent excessif des services de télécommunications. On notera cependant la forte appétence et des attentes de plus en plus directement exprimées par les citoyens. Beaucoup reste à faire même si le territoire affiche de réelles avancées."
Justement, le Schéma directeur prévoit la création d'une Agence Numérique, qui pourrait avoir plus de moyens que la DGEN pour accompagner et réguler le marché (on pense aux opérateurs). Mais le CESC regrette que le Schéma soit volontairement vague sur le sujet de la régulation des télécoms et exhorte les pouvoirs publics à "mettre en place les conditions d'une séparation entre les fonctions d'opérateur et de régulateur du secteur." Le ministre lui a répondu lors des interviews avec la presse : "Moi je crois moins dans la capacité des textes que la capacité des hommes. Je viens d'être nommé ministre du Numérique et j'ai une approche qui est de favoriser la concurrence dans le pays. Et je suis, en tant que ministre du Numérique, le régulateur du secteur en charge de la direction de l'économie numérique, la DGEN. Je pense que la concurrence doit jouer en faveur des usagers pour faire baisser les prix."
Outre ce point de dissension classique entre le gouvernement et le CESC, le schéma directeur couvre de nombreux sujets. Il prévoit également de réduire la fracture numérique, renforcer les infrastructures, faire baisser les coûts d'accès, mobiliser la commande publique pour développer le haut débit, favoriser les entreprises innovantes, développer la télémédecine, enseigner le numérique à l'école, l'administration numérique…
Beaucoup de ces objectifs peuvent être rattachés à des ambitions déjà exprimées par le ministère du Numérique. L'enseignement du code à l'école et la création d'une filière de développeurs par exemple. L'installation de la fibre optique dans toutes les administrations. Ou encore le fameux troisième câble vers le Chili qui, pour une fois, aurait une vraie rentabilité économique.
Le CESC examinait le Schéma directeur d'aménagement numérique de la Polynésie française ce mardi 21 mars. Les conseillers ont approuvé le texte à 34 voix pour et une abstention. Comme l'explique l'un des deux rapporteurs du texte, Patrick Bagur, il n'y avait pas beaucoup de controverses en séance puisque le schéma directeur n'inclut aucun chiffre précis sur les financements des investissements, les effets économiques et sociaux escomptés ou d'agenda précis de la mise en œuvre de ces mesures. "On ne peut qu'être favorable au Schéma directeur, c'est juste une feuille de route pour les 25 à 30 prochaines années, ensuite viendront d'autres documents pour préciser les aspects techniques et financiers."
Le teste est approuvé, mais les représentants de la société civile restent critiques de la politique numérique des gouvernements de la dernière décennie : "Le CESC note qu'il est regrettable que certaines de nos observations faites en 2007 n'aient pas été prises en compte, notamment lors de la pose du câble Honotua. Ça nous aurait fait économiser pas mal d'argent aujourd'hui et internet auraient pu être beaucoup moins cher. Honotua serait passé par les Marquises et par Rangiroa pour 2,5 milliards de plus. Et aujourd'hui ça nous aurait évité les sept milliards qui sont engagés pour construire le câble domestique ! Et nous aimerions que le câble qui devait aller du Chili à la Chine soit pris en compte dans ce schéma directeur, puisqu'il nous aurait coûté très peu d'argent et aurait été très important pour le développement" précise le rapporteur.
Notons que le Schéma directeur est une base nécessaire pour l'obtention de nombreux fonds, qu'ils viennent de l'État, de la Caisse des dépôts et consignations ou d'autres instruments financiers. Notamment pour le financement de Natitua, le câble domestique à 7 milliards de francs…
LES DÉTAILS DU SCHÉMA DIRECTEUR DU NUMÉRIQUE
Le document fait près de 200 pages, mais le CESC en fait un très bon résumé dans son avis : "La transition numérique de la Polynésie est certes amorcée (…), mais se trouve bridée par le coût jugé souvent excessif des services de télécommunications. On notera cependant la forte appétence et des attentes de plus en plus directement exprimées par les citoyens. Beaucoup reste à faire même si le territoire affiche de réelles avancées."
Justement, le Schéma directeur prévoit la création d'une Agence Numérique, qui pourrait avoir plus de moyens que la DGEN pour accompagner et réguler le marché (on pense aux opérateurs). Mais le CESC regrette que le Schéma soit volontairement vague sur le sujet de la régulation des télécoms et exhorte les pouvoirs publics à "mettre en place les conditions d'une séparation entre les fonctions d'opérateur et de régulateur du secteur." Le ministre lui a répondu lors des interviews avec la presse : "Moi je crois moins dans la capacité des textes que la capacité des hommes. Je viens d'être nommé ministre du Numérique et j'ai une approche qui est de favoriser la concurrence dans le pays. Et je suis, en tant que ministre du Numérique, le régulateur du secteur en charge de la direction de l'économie numérique, la DGEN. Je pense que la concurrence doit jouer en faveur des usagers pour faire baisser les prix."
Outre ce point de dissension classique entre le gouvernement et le CESC, le schéma directeur couvre de nombreux sujets. Il prévoit également de réduire la fracture numérique, renforcer les infrastructures, faire baisser les coûts d'accès, mobiliser la commande publique pour développer le haut débit, favoriser les entreprises innovantes, développer la télémédecine, enseigner le numérique à l'école, l'administration numérique…
Beaucoup de ces objectifs peuvent être rattachés à des ambitions déjà exprimées par le ministère du Numérique. L'enseignement du code à l'école et la création d'une filière de développeurs par exemple. L'installation de la fibre optique dans toutes les administrations. Ou encore le fameux troisième câble vers le Chili qui, pour une fois, aurait une vraie rentabilité économique.
Jean-Christophe Bouissou, ministre du Numérique et porte-parole du gouvernement
"Je me félicite du vote du CESC, à l'unanimité sauf une abstention. Un schéma directeur est une vision du déploiement du numérique en Polynésie, de l'architecture de ce numérique et du développement des activités liées. Rien ne sert aujourd'hui de demander combien coûterait la construction d'un câble entre le Chili, la Polynésie et la Chine, lorsqu'on sait qu'il faut des financements provenant y compris de ces Pays. Le vrai débat, c'est est-ce qu'on souhaite que la Polynésie intègre un véritable Hub ? Et je crois que le document démontre bien que c'est la stratégie.
Le SDAN détaille les investissements importants que nous allons réaliser dans les années qui viennent. Mais il aborde aussi la prochaine étape, les applications concrètes dans les secteurs qui nous intéressent, dans le public ou dans le privé. Le moment n'est-il pas venu de créer une plate-forme qui serait un portail d'entrée en Polynésie avec l'ensemble des prestations dans le tourisme, l'immobiliser, le commerce, les exportations… et qui permettrait de donner une visibilité au tissu économique de la Polynésie ? Donc on va entrer dans cette ère et je crois que mon rôle au sein du gouvernement est de soutenir toute initiative allant dans ce sens. J'ai des fonds à ma disposition et je veux vraiment aider au développement de ce secteur numérique, notamment par des formations sur le codage. Je pense que pour se projeter dans l'avenir il faut que le langage deviennent comme toute langue parlée, le tahitien, l'anglais ou le français, et que nos jeunes sortent d'école en sachant faire du code. Cette révolution doit être intégrée."
"Je me félicite du vote du CESC, à l'unanimité sauf une abstention. Un schéma directeur est une vision du déploiement du numérique en Polynésie, de l'architecture de ce numérique et du développement des activités liées. Rien ne sert aujourd'hui de demander combien coûterait la construction d'un câble entre le Chili, la Polynésie et la Chine, lorsqu'on sait qu'il faut des financements provenant y compris de ces Pays. Le vrai débat, c'est est-ce qu'on souhaite que la Polynésie intègre un véritable Hub ? Et je crois que le document démontre bien que c'est la stratégie.
Le SDAN détaille les investissements importants que nous allons réaliser dans les années qui viennent. Mais il aborde aussi la prochaine étape, les applications concrètes dans les secteurs qui nous intéressent, dans le public ou dans le privé. Le moment n'est-il pas venu de créer une plate-forme qui serait un portail d'entrée en Polynésie avec l'ensemble des prestations dans le tourisme, l'immobiliser, le commerce, les exportations… et qui permettrait de donner une visibilité au tissu économique de la Polynésie ? Donc on va entrer dans cette ère et je crois que mon rôle au sein du gouvernement est de soutenir toute initiative allant dans ce sens. J'ai des fonds à ma disposition et je veux vraiment aider au développement de ce secteur numérique, notamment par des formations sur le codage. Je pense que pour se projeter dans l'avenir il faut que le langage deviennent comme toute langue parlée, le tahitien, l'anglais ou le français, et que nos jeunes sortent d'école en sachant faire du code. Cette révolution doit être intégrée."