Ce sont les courses au supermarché qui tirent le plus le coût de la vie en Polynésie, avec le coût du logement. La vie chère ce n'est pas dans la tête
PAPEETE, le 24 juin 2016 - Une nouvelle étude publiée par l'ISPF met des chiffres sur la vie chère. En mars 2016, le niveau général des prix à la consommation en Polynésie française était supérieur de 39% à celui de la métropole… un écart qui a beaucoup augmenté depuis 2010.
On le dit souvent, la vie est chère en Polynésie, mais il est souvent difficile de quantifier ce sentiment. Un document publié par l'Institut de la statistique de la Polynésie française ce vendredi aide cependant à mettre des chiffres sur le coût de la vie.
La conclusion du travail de l'institut c'est qu'en Polynésie la vie est 38,5% plus chère qu'en Métropole. En 2010, l'écart était déjà de 25,9% et il s'est encore creusé ces dernières années, alors même que les prix ont augmenté aussi vite à Tahiti qu'en Métropole.
Ce paradoxe s'explique parce que les métropolitains et les Polynésiens ne consomment pas les mêmes choses.
Ainsi, les produits habituels de métropole sont bien plus chers au fenua, et un français venant s'installer en Polynésie mais gardant ses mêmes habitudes de consommation verrait son coût de la vie exploser de 55% (contre 51% en 2010) !
Par comparaison, un ménage tahitien qui s'installe en métropole mais qui vivrait là-bas exactement comme à Tahiti n'y ferait des économies que de 19% (seulement 5% en 2010).
LA NOURRITURE TIRE LA DIFFÉRENCE DE PRIX
25% du budget des Polynésiens est consacré à l'alimentation. Or, les produits alimentaires consommés par les Tahitiens ne sont pas beaucoup moins chers en métropole : -18% en moyenne. Mais l'écart a rapidement augmenté depuis 2010. Pour les autres dépenses, un ménage parti s'installer dans l'hexagone ferait de grosses économies sur les alcools, les télécoms et les services, par contre les prix seraient sensiblement les mêmes qu'à Tahiti pour la santé, l'éducation, les transports ou les vêtements.
En métropole, les ménages ne consacrent que 15% de leur budget à s'alimenter, mais doivent prévoir plus pour leur santé : les remboursements sont moins généreux qu'à Tahiti et il y a plus de médecins non conventionnés. Du coup notre ménage de farani venu découvrir le Pacifique ne paierait que 18% plus cher pour sa santé.
C'est pour équilibrer ces différences de consommation que l'ISPF utilise un indice mélangeant ces deux profils (le "métro" vivant à Tahiti et le Polynésien dans l'hexagone) nommé "indice de Fisher". Selon cet indice, la différence de prix atteint 38,5% entre la Polynésie et la métropole. En utilisant l'indice de Fisher, il apparait que les plus grosses différences dans le budget global d'un ménage porteront sur les biens et services divers (qui augmenteront le budget global du ménage de 9 points), suivis par l'alimentaire (7 points), le logement (5 points), l'alcool et le tabac (4 points) puis la communication et les loisirs (à 3 points chacun).
POUR UN TOURISTE, C'EST BIEN PIRE
Maintenant imaginons un simple visiteur, qui n'aura pas à se préoccuper du coût de l'éducation, de la santé, du logement ou des meubles… C'est en hôtels, billets d'avion et nourriture qu'il dépensera son argent. Et là, il aura vraiment l'impression que tout est deux fois plus cher en Polynésie. Les boissons non alcoolisées et la nourriture vont coûter 81% de plus à notre touriste venant de métropole. L'alcool va le faire tiquer : la différence de prix est de 142%. Hôtels, cafés et restaurants sont 58% plus chers…
C'est d'ailleurs aussi ce qui renforce la sensation de vie chère dans la population polynésienne. Quand on compare nos prix à ceux de la métropole, personne ne pense à comparer le prix de l'éducation (identique) ou celui de la santé. C'est le caddie des courses qui fait l'opinion, et lui, il fait mal.
On le dit souvent, la vie est chère en Polynésie, mais il est souvent difficile de quantifier ce sentiment. Un document publié par l'Institut de la statistique de la Polynésie française ce vendredi aide cependant à mettre des chiffres sur le coût de la vie.
La conclusion du travail de l'institut c'est qu'en Polynésie la vie est 38,5% plus chère qu'en Métropole. En 2010, l'écart était déjà de 25,9% et il s'est encore creusé ces dernières années, alors même que les prix ont augmenté aussi vite à Tahiti qu'en Métropole.
Ce paradoxe s'explique parce que les métropolitains et les Polynésiens ne consomment pas les mêmes choses.
Ainsi, les produits habituels de métropole sont bien plus chers au fenua, et un français venant s'installer en Polynésie mais gardant ses mêmes habitudes de consommation verrait son coût de la vie exploser de 55% (contre 51% en 2010) !
Par comparaison, un ménage tahitien qui s'installe en métropole mais qui vivrait là-bas exactement comme à Tahiti n'y ferait des économies que de 19% (seulement 5% en 2010).
LA NOURRITURE TIRE LA DIFFÉRENCE DE PRIX
25% du budget des Polynésiens est consacré à l'alimentation. Or, les produits alimentaires consommés par les Tahitiens ne sont pas beaucoup moins chers en métropole : -18% en moyenne. Mais l'écart a rapidement augmenté depuis 2010. Pour les autres dépenses, un ménage parti s'installer dans l'hexagone ferait de grosses économies sur les alcools, les télécoms et les services, par contre les prix seraient sensiblement les mêmes qu'à Tahiti pour la santé, l'éducation, les transports ou les vêtements.
En métropole, les ménages ne consacrent que 15% de leur budget à s'alimenter, mais doivent prévoir plus pour leur santé : les remboursements sont moins généreux qu'à Tahiti et il y a plus de médecins non conventionnés. Du coup notre ménage de farani venu découvrir le Pacifique ne paierait que 18% plus cher pour sa santé.
C'est pour équilibrer ces différences de consommation que l'ISPF utilise un indice mélangeant ces deux profils (le "métro" vivant à Tahiti et le Polynésien dans l'hexagone) nommé "indice de Fisher". Selon cet indice, la différence de prix atteint 38,5% entre la Polynésie et la métropole. En utilisant l'indice de Fisher, il apparait que les plus grosses différences dans le budget global d'un ménage porteront sur les biens et services divers (qui augmenteront le budget global du ménage de 9 points), suivis par l'alimentaire (7 points), le logement (5 points), l'alcool et le tabac (4 points) puis la communication et les loisirs (à 3 points chacun).
POUR UN TOURISTE, C'EST BIEN PIRE
Maintenant imaginons un simple visiteur, qui n'aura pas à se préoccuper du coût de l'éducation, de la santé, du logement ou des meubles… C'est en hôtels, billets d'avion et nourriture qu'il dépensera son argent. Et là, il aura vraiment l'impression que tout est deux fois plus cher en Polynésie. Les boissons non alcoolisées et la nourriture vont coûter 81% de plus à notre touriste venant de métropole. L'alcool va le faire tiquer : la différence de prix est de 142%. Hôtels, cafés et restaurants sont 58% plus chers…
C'est d'ailleurs aussi ce qui renforce la sensation de vie chère dans la population polynésienne. Quand on compare nos prix à ceux de la métropole, personne ne pense à comparer le prix de l'éducation (identique) ou celui de la santé. C'est le caddie des courses qui fait l'opinion, et lui, il fait mal.
La vie chère ce n'est pas dans la tête
Comme le note l'ISPF dans son étude, "Les achats les plus fréquents concernent l’alimentaire, quelle que soit la zone géographique où l’on se trouve. C’est pourquoi, l’évolution des prix des produits de l’alimentation sert souvent de prisme pour la perception de l’écart global des prix." Du coup, on comprend pourquoi tout semble deux fois plus cher à Tahiti : "la comparaison spatiale de 2016 montre qu’un métropolitain qui souhaiterait consommer en Polynésie française les mêmes produits alimentaires qu’en métropole devrait augmenter son budget de 80 % (75 % en 2010)."
Et même pour les Polynésiens, l'impression que tout augmente, alors même que l'inflation est négative depuis deux ans, n'est pas une illusion : "l’évolution de l’indice ouvrier en Polynésie française montre que le renforcement de la vie chère pour les ménages à bas revenus est réel. Contrairement à l’indice général qui baisse, l’indice ouvrier progresse, essentiellement en lien avec la hausse des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées."
Les prix de la nourriture augmentent dans le monde entier, et en Polynésie les taxes sur le sucre, le tabac et l'alcool de ces dernières années ont encore plus augmenté le coût de ces produits. Or, ce sont les ménages les plus pauvres qui ressentent le plus ces augmentations de prix : "plus les revenus d’un ménage augmentent, plus la part de leur dépense en alimentation diminue (25 % en moyenne, 30 % pour un ménage dont le chef de ménage est ouvrier). Ainsi la perception de la vie chère est plus forte chez les ménages à plus bas revenus." Donc non seulement la vie devient plus chère pour les pauvres, mais comme ce sont leurs courses qui augmentent, ils le ressentent d'autant plus douloureusement.
Et même pour les Polynésiens, l'impression que tout augmente, alors même que l'inflation est négative depuis deux ans, n'est pas une illusion : "l’évolution de l’indice ouvrier en Polynésie française montre que le renforcement de la vie chère pour les ménages à bas revenus est réel. Contrairement à l’indice général qui baisse, l’indice ouvrier progresse, essentiellement en lien avec la hausse des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées."
Les prix de la nourriture augmentent dans le monde entier, et en Polynésie les taxes sur le sucre, le tabac et l'alcool de ces dernières années ont encore plus augmenté le coût de ces produits. Or, ce sont les ménages les plus pauvres qui ressentent le plus ces augmentations de prix : "plus les revenus d’un ménage augmentent, plus la part de leur dépense en alimentation diminue (25 % en moyenne, 30 % pour un ménage dont le chef de ménage est ouvrier). Ainsi la perception de la vie chère est plus forte chez les ménages à plus bas revenus." Donc non seulement la vie devient plus chère pour les pauvres, mais comme ce sont leurs courses qui augmentent, ils le ressentent d'autant plus douloureusement.