Le taux de décès dû aux maladies cardiovasculaires est 2,3 fois plus élevé en Polynésie française où elles sont responsables d'un peu plus d'un décès sur quatre.
PARIS, le 5 avril 2016. Les décès dus aux maladies cardiovasculaires sont 2.3 fois plus importants en Polynésie qu'en métropole et dans les DOM. Depuis 30 ans, le taux de mortalité baisse, mais la situation sanitaire au fenua " comparée à la France, demeure préoccupante, en particulier pour les pathologies liées à des comportements à risque", souligne une publication de l'Institut nationale de veille sanitaire.
"La situation sanitaire en Polynésie française, comparée à la France demeure préoccupante, en particulier pour les pathologies liées à des comportements à risque". C'est la conclusion de l'article qui vient de paraître dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut national de veille sanitaire. Laure Yen Kai Sun, de la Direction de la santé à Papeete, Walid Ghosn et Grégoire Rey, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont épluché toutes les causes de décès en Polynésie française de 2005 à 2010 et ont étudié l'évolution de ces causes depuis 1984.
Cette recherche permet de connaitre les principales causes de décès en Polynésie française et de les comparer avec celles de France métropolitaine et des DOM. Jusqu'ici aucune étude approfondie n'avait été réalisée ou publiée sur les causes de décès au fenua.
Sur la période 2005-2010, les maladies cardiovasculaires, les tumeurs et les causes externes de blessure (accident de transport, suicide, noyades…) ont été responsables de 6 décès sur 10. Les tumeurs étaient les premières responsables d’une mortalité prématurée importante (46% des décès avant l’âge de 65 ans) et les morts violentes ont fait perdre le plus d’années de vie potentielle (AVPP) (33% des AVPP totales).
Les taux de mortalité par maladies infectieuses et maladies cardiovasculaires ont diminué significativement entre 1984 et 2010 (respectivement -4,5% et -1,8% en moyenne par an), tandis que celui par tumeurs a augmenté de 0,8% par an.
LES MALADIES CARDIOVASCULAIRES, PREMIÈRES CAUSES DE DÉCÈS
La plus grande différence de taux avec la France métropolitaine et les DOM est observée pour les décès par maladies cardiovasculaires. Le taux est 2,3 fois plus élevé en Polynésie française où elles sont responsables d'un peu plus d'un décès sur quatre (voir graphique ci-dessous).
"Les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, pour une grande part évitables (habitudes alimentaires, sédentarité, obésité, tabagisme, alcoolisme) sont d’une prévalence particulièrement alarmante en Polynésie", mettent en avant les trois chercheurs. "La prise en charge de ces maladies représente des enjeux importants tant elles affectent la qualité de vie et la productivité des personnes et engendrent des coûts élevés en termes d’assurance maladie."
Les tumeurs, deuxième cause de décès, étaient responsables d’un décès sur quatre. Les causes externes de blessure et d’empoisonnement représentaient la troisième cause de décès, avec 1 décès sur 10. Les accidents à eux seuls ont tué 81 personnes par an sur cette période (65% de cette catégorie de cause) et, parmi eux, quatre accidents sur 10 étaient des accidents de transports. Les suicides et les noyades représentaient respectivement 26% et 15% des décès par causes externes de traumatisme.
"La situation sanitaire en Polynésie française, comparée à la France demeure préoccupante, en particulier pour les pathologies liées à des comportements à risque". C'est la conclusion de l'article qui vient de paraître dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut national de veille sanitaire. Laure Yen Kai Sun, de la Direction de la santé à Papeete, Walid Ghosn et Grégoire Rey, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont épluché toutes les causes de décès en Polynésie française de 2005 à 2010 et ont étudié l'évolution de ces causes depuis 1984.
Cette recherche permet de connaitre les principales causes de décès en Polynésie française et de les comparer avec celles de France métropolitaine et des DOM. Jusqu'ici aucune étude approfondie n'avait été réalisée ou publiée sur les causes de décès au fenua.
Sur la période 2005-2010, les maladies cardiovasculaires, les tumeurs et les causes externes de blessure (accident de transport, suicide, noyades…) ont été responsables de 6 décès sur 10. Les tumeurs étaient les premières responsables d’une mortalité prématurée importante (46% des décès avant l’âge de 65 ans) et les morts violentes ont fait perdre le plus d’années de vie potentielle (AVPP) (33% des AVPP totales).
Les taux de mortalité par maladies infectieuses et maladies cardiovasculaires ont diminué significativement entre 1984 et 2010 (respectivement -4,5% et -1,8% en moyenne par an), tandis que celui par tumeurs a augmenté de 0,8% par an.
LES MALADIES CARDIOVASCULAIRES, PREMIÈRES CAUSES DE DÉCÈS
La plus grande différence de taux avec la France métropolitaine et les DOM est observée pour les décès par maladies cardiovasculaires. Le taux est 2,3 fois plus élevé en Polynésie française où elles sont responsables d'un peu plus d'un décès sur quatre (voir graphique ci-dessous).
"Les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, pour une grande part évitables (habitudes alimentaires, sédentarité, obésité, tabagisme, alcoolisme) sont d’une prévalence particulièrement alarmante en Polynésie", mettent en avant les trois chercheurs. "La prise en charge de ces maladies représente des enjeux importants tant elles affectent la qualité de vie et la productivité des personnes et engendrent des coûts élevés en termes d’assurance maladie."
Les tumeurs, deuxième cause de décès, étaient responsables d’un décès sur quatre. Les causes externes de blessure et d’empoisonnement représentaient la troisième cause de décès, avec 1 décès sur 10. Les accidents à eux seuls ont tué 81 personnes par an sur cette période (65% de cette catégorie de cause) et, parmi eux, quatre accidents sur 10 étaient des accidents de transports. Les suicides et les noyades représentaient respectivement 26% et 15% des décès par causes externes de traumatisme.
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité au fenua. Les causes de ces maladies sont pour une grande part évitables (habitudes alimentaires, sédentarité, obésité, tabagisme, alcoolisme).
Peu de cas de sida
La hiérarchie des trois principales causes de décès en Polynésie française était identique à celle de Guyane et de La Réunion : maladies de l’appareil circulatoire, suivies des tumeurs et des causes externes de blessure. En métropole, en Guadeloupe et Martinique, ce sont les tumeurs qui occupaient le premier rang des causes de décès, suivies des maladies cardiovasculaires et des causes externes de traumatisme.
Le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires au fenua était très significativement supérieur à ceux de la France métropolitaine et des DOM, en particulier pour les femmes chez lesquelles il était 2,5 fois supérieur aux taux métropolitain et martiniquais. Pour les hommes, il était 1.94 fois supérieur au taux métropolitain et 2,3 fois supérieur au taux de Martinique.
Le taux de décès dû au cancer au fenua chez l'homme (156 pour 100 000 habitants) est sensiblement le même qu'en France métropolitaine (158) et à La Réunion (143) mais le taux de mortalité par tumeur chez les femmes polynésiennes (111,4) était significativement plus élevé que celui observé en France métropolitaine (80,8) et dans les DOM (Guadeloupe : 70,6, Martinique : 65,2, Guyane : 62,5, Réunion : 67,1).
Il y a quand même quelques chiffres positifs dans ce rapport. Trois causes de mortalité sont inférieures à la métropole ou aux DOM : les taux de décès par sida sont largement inférieurs et l’abus d’alcool tuait significativement plus en Guadeloupe chez les hommes et à La Réunion qu’au fenua. Enfin, les taux de décès par maladies chroniques du foie étaient significativement supérieurs à La Réunion chez l’homme et la femme par rapport à la Polynésie française.
UN PLAN CANCER EST "PRIORITAIRE"
A travers ce rapport, les auteurs tirent des conclusions qui pourront servir aux décideurs pour l'élaboration des prochains plans santé. Depuis 2004, le cancer est devenu la première cause de décès en métropole. "On peut envisager une évolution semblable en Polynésie française, en tenant compte de l’évolution du mode de vie", notent les trois scientifiques. "L’état des lieux de la prise en charge des cancers en 2012 a souligné la nécessité d’une analyse des évolutions tendancielles et des caractéristiques épidémiologiques de la mortalité par cancer en Polynésie française", souligne l'article. "L’augmentation des taux de décès par cancer de 1984 à 2010 et la mortalité prématurée, due pour 25% aux cancers en 2005-2010, confirment le caractère prioritaire quant à la mise en place d’un plan cancer comme en France métropolitaine."
Entre 2005 et 2010, les tumeurs les plus fréquentes au fenua étaient le poumon (26% des décès par cancer), le sein (10%), les tissus lymphatiques et hématopoïétiques (9%) et la prostate (6%).
Peu de cas de sida
La hiérarchie des trois principales causes de décès en Polynésie française était identique à celle de Guyane et de La Réunion : maladies de l’appareil circulatoire, suivies des tumeurs et des causes externes de blessure. En métropole, en Guadeloupe et Martinique, ce sont les tumeurs qui occupaient le premier rang des causes de décès, suivies des maladies cardiovasculaires et des causes externes de traumatisme.
Le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires au fenua était très significativement supérieur à ceux de la France métropolitaine et des DOM, en particulier pour les femmes chez lesquelles il était 2,5 fois supérieur aux taux métropolitain et martiniquais. Pour les hommes, il était 1.94 fois supérieur au taux métropolitain et 2,3 fois supérieur au taux de Martinique.
Le taux de décès dû au cancer au fenua chez l'homme (156 pour 100 000 habitants) est sensiblement le même qu'en France métropolitaine (158) et à La Réunion (143) mais le taux de mortalité par tumeur chez les femmes polynésiennes (111,4) était significativement plus élevé que celui observé en France métropolitaine (80,8) et dans les DOM (Guadeloupe : 70,6, Martinique : 65,2, Guyane : 62,5, Réunion : 67,1).
Il y a quand même quelques chiffres positifs dans ce rapport. Trois causes de mortalité sont inférieures à la métropole ou aux DOM : les taux de décès par sida sont largement inférieurs et l’abus d’alcool tuait significativement plus en Guadeloupe chez les hommes et à La Réunion qu’au fenua. Enfin, les taux de décès par maladies chroniques du foie étaient significativement supérieurs à La Réunion chez l’homme et la femme par rapport à la Polynésie française.
UN PLAN CANCER EST "PRIORITAIRE"
A travers ce rapport, les auteurs tirent des conclusions qui pourront servir aux décideurs pour l'élaboration des prochains plans santé. Depuis 2004, le cancer est devenu la première cause de décès en métropole. "On peut envisager une évolution semblable en Polynésie française, en tenant compte de l’évolution du mode de vie", notent les trois scientifiques. "L’état des lieux de la prise en charge des cancers en 2012 a souligné la nécessité d’une analyse des évolutions tendancielles et des caractéristiques épidémiologiques de la mortalité par cancer en Polynésie française", souligne l'article. "L’augmentation des taux de décès par cancer de 1984 à 2010 et la mortalité prématurée, due pour 25% aux cancers en 2005-2010, confirment le caractère prioritaire quant à la mise en place d’un plan cancer comme en France métropolitaine."
Entre 2005 et 2010, les tumeurs les plus fréquentes au fenua étaient le poumon (26% des décès par cancer), le sein (10%), les tissus lymphatiques et hématopoïétiques (9%) et la prostate (6%).
Des problèmes liés aux modes de vie
L’état de santé de la population polynésienne est marqué par la prédominance des problèmes de santé liés aux modes de vie. "Les facteurs de risque tels que les mauvaises habitudes alimentaires, l’obésité (40% de la population), l’alcoolisme (43% des hommes et 27% des femmes consomment plus de 5 verres en une seule occasion), le tabagisme (41% de la population), sont alarmants", souligne l'article de Laure Yen Kai Sun, de la Direction de la santé à Papeete, Walid Ghosn et Grégoire Rey, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, paru dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut national de veille sanitaire.
Ces mauvaises habitudes sont à l'origine de nombreux maux : maladies cardiovasculaires, diabète, cancers liés à la consommation d’alcool et de tabac…. Celles-ci "se développent de façon inquiétante" soulignent les trois chercheurs.
Les problèmes économiques et l'absence de travail qui touchent de nombreuses familles risquent eux aussi d'avoir des impacts sur la santé des Polynésiens. L'environnement et sa dégradation aussi pourra avoir un rôle majeur sur la santé dans les prochaines années : "toxicomanie, précarisation, fragilisation de la solidarité traditionnelle du tissu familial et social, santé environnementale insuffisamment maîtrisée représentent des problématiques de plus en plus importantes", souligne l'article.
Ces mauvaises habitudes sont à l'origine de nombreux maux : maladies cardiovasculaires, diabète, cancers liés à la consommation d’alcool et de tabac…. Celles-ci "se développent de façon inquiétante" soulignent les trois chercheurs.
Les problèmes économiques et l'absence de travail qui touchent de nombreuses familles risquent eux aussi d'avoir des impacts sur la santé des Polynésiens. L'environnement et sa dégradation aussi pourra avoir un rôle majeur sur la santé dans les prochaines années : "toxicomanie, précarisation, fragilisation de la solidarité traditionnelle du tissu familial et social, santé environnementale insuffisamment maîtrisée représentent des problématiques de plus en plus importantes", souligne l'article.
Alcool, tabac… : le mauvais cocktail masculin
Les chercheurs ont observé une surmortalité masculine en 2005-2010 pour les pathologies à risque confirmant ainsi l’existence de conduites à risque masculines. "En effet, l’alcoolisme en Polynésie française est important et majoritairement masculin. Ainsi, si la surmortalité masculine par accident de transports est élevée, la Direction de la sécurité publique en Polynésie a confirmé le poids de ce fléau où l’alcool est impliqué dans la moitié des cas", souligne l'article paru le bulletin épidémiologique. "Par ailleurs, à structure d’âge égale, les accidents de la circulation tuent deux fois plus au fenua qu’en France où, par contre, la vitesse excessive est la principale responsable."
Si la prévalence plus élevée du tabagisme féminin par rapport au tabagisme masculin est une spécificité polynésienne, en revanche la quantité et le type de tabac consommés sont en défaveur des hommes. Le tabac, reconnu comme facteur de risque majeur du cancer du poumon, peut expliquer la surmortalité masculine par cancer du poumon. Malgré cela, pour la femme, le cancer du poumon est la deuxième cause des décès par cancer après le cancer du sein. De plus, le taux de mortalité par cancer du poumon chez la femme est significativement plus élevé que celui de la métropole (deux fois plus) et des DOM.
Les chercheurs ont également constaté la plus forte surmortalité masculine était observée pour les décès par causes externes de blessure et d’empoisonnement. Elle était particulièrement importante parmi les morts violentes : décès par noyade, suicide et accident de transports.
De même les cirrhoses du foie, l’infarctus du myocarde et les cardiopathies ischémiques chroniques ont touché plus spécifiquement les hommes.
Si la prévalence plus élevée du tabagisme féminin par rapport au tabagisme masculin est une spécificité polynésienne, en revanche la quantité et le type de tabac consommés sont en défaveur des hommes. Le tabac, reconnu comme facteur de risque majeur du cancer du poumon, peut expliquer la surmortalité masculine par cancer du poumon. Malgré cela, pour la femme, le cancer du poumon est la deuxième cause des décès par cancer après le cancer du sein. De plus, le taux de mortalité par cancer du poumon chez la femme est significativement plus élevé que celui de la métropole (deux fois plus) et des DOM.
Les chercheurs ont également constaté la plus forte surmortalité masculine était observée pour les décès par causes externes de blessure et d’empoisonnement. Elle était particulièrement importante parmi les morts violentes : décès par noyade, suicide et accident de transports.
De même les cirrhoses du foie, l’infarctus du myocarde et les cardiopathies ischémiques chroniques ont touché plus spécifiquement les hommes.