PAPEETE, le 20 février 2015 - La réunion de crise entre Gaston Flosse et Edouard Fritch s'est étalée de 10h à 17h, ce vendredi à l'Assemblée, en présence des élus de la majorité et des membres du gouvernement. Une mise au point, après 5 mois de silence entre les deux hommes, nécessaire de l'aveu du porte parole du gouvernement et du président de l'Assemblée, de laquelle surgit la promesse de "nouvelles rencontres".
"On s'est beaucoup parlé. Edouard Fritch a dit tout ce qu'il avait sur le cœur depuis l’installation de son gouvernement. Des questions liées à la confiance, qui pouvaient subsister, ont été évoquées. On sait que souvent, les problèmes viennent de l’absence de dialogue", a déclaré vers 17 heures ce vendredi Jean-Christophe Bouissou, après que sept heures durant la salle des commissions Sonia Agnieray-Thunot de l'Assemblée ait servi d'écrin au psychodrame de la majorité orange.
Les deux leaders du Tahoera'a Huira'atira n'ont fait aucune déclaration à la presse. Mais tout au long de la journée, les sms en provenance de ce conclave parlaient de "guerre 14-18", d'éclats de voix, de tensions, de mises au point...
"Cette réunion s’est terminée avec le cœur léger", assure cependant le porte parole du gouvernement qui annonce : "Nous allons nous rencontrer de nouveau. Peut-être la semaine prochaine".
"Cette rencontre aurait dû avoir lieu plus tôt. Retenons simplement qu’elle a eu lieu", s'est exprimé de son côté Marcel Tuihani vendredi après midi. Il confirme : "Nous voulons travailler avec le gouvernement. Participer à ces rencontres. (...) Avec la quantité de sujets que nous devions aborder, on ne peut imaginer que tout soit réglé en une seule rencontre. La volonté est portée par les deux hommes, M. Gaston Flosse et M. Edouard Fritch, d’organiser de nouvelles rencontres".
Etrange spectacle que celui d'une majorité Tahoera'a dont le parti a réussi le tour de force de voir élu parmi les siens les cinq parlementaires polynésiens. Spectacle paradoxal d'un mouvement politique qui, sur le papier, dispose d'une confortable majorité de représentants, tient les rênes de l'exécutif ; mais qui donne aujourd'hui plus que jamais l'impression d'être au bord de l'effondrement.
Le manque d'entente entre le président du Tahoera'a, Gaston Flosse et celui du Pays, son "fils spirituel", aura fait des dégâts.
Depuis le 5 septembre 2014 et la perte par Gaston Flosse de tous ses mandats électifs, après une condamnation définitive dans l'affaire de détournement de fonds publics dite des emplois fictifs, l'ambiance s'est lentement dégradée pour finir par exposer au grand jour la profonde division entre pro-Flosse et pro-Fritch.
Question de leadership
Les deux hommes ne s'étaient plus adressé la parole depuis le 9 septembre 2014. Et les cinq mois qui viennent de s'écouler ont été ponctués d'événement propres à creuser la fracture entre les deux clans.
Depuis le 17 septembre et l'annonce par Edouard Fritch d'un gouvernement entièrement remanié, qui laissait au bord du chemin Béatrice Chansin, Michel Le boucher, Manolita Ly… une dualité jamais vue s'est installée entre l'Assemblée et le gouvernement : motion Tahoera'a demandant l'indemnisation des conséquences environnementales du nucléaire, adoptée grâce au soutien de l'opposition indépendantiste, le 27 novembre 2014 ; budget voté dans une ambiance de guerre froide le 6 décembre ; affaire de la vaisselle ; polémiques sur les indemnités du président du Pays ; proposition de résolution pour le toilettage du statut...
Il aura fallu une décision du conseil constitutionnel, le 6 février dernier, pour sonner la trêve. L'annulation, par l'Etat, des opérations électorales du 28 septembre place aujourd'hui Gaston Flosse dans une situation inconfortable. Depuis cinq mois, le Vieux Lion a entrepris sur le terrain une restructuration favorable à ses ambitions des sections du Tahoera'a jusque dans les fiefs tenus par le parti à Papeete, Pirae, Mataiaea, Taiarapu-Est, Moorea, Paea. Et ce faisant, il a froissé nombre de grands électeurs pro-Fritch dont le parti sollicite aujourd'hui le soutien pour les sénatoriales partielles qui se dérouleront, selon toute vraisemblance, début mai.
Aussi, sur le terrain aujourd'hui, la question de la candidature à ces sénatoriales de l'avocat Vincent Dubois, gendre de Gaston Flosse, est-elle décriée par nombre de grands électeurs du Tahoara'a qui lui préféreraient volontiers un élu, si possible venu des îles.
A l'assemblée de Polynésie, où 15 représentants ont rejoint le clan Fritch, on tente aujourd'hui de recoller les morceaux alors qu'il était encore question, début janvier, dans l'organigramme du Tahoera'a, de ne pas réélire Edouard Fritch au poste de président délégué lors du prochain congrès du parti, sans cesse repoussé.
Dans ce climat d'apaisement, tout le monde s'entend aujourd'hui pour déclarer, parmi les pro-Flosse, qu'Edouard Fritch restera président du Pays jusqu'à la fin de son mandat en mai 2018. Mais politiquement Gaston Flosse affirme son ambition d'être, à presque 87 ans, candidat aux territoriales de mai 2018. Le pourra-t-il seulement ?
L'appel de l'affaire OPT qui doit être évoqué sur le fond en avril prochain donnera le diapason de son avenir. Rien n'assure que le Vieux Lion ne sera pas dès 2017 condamné à une nouvelle peine d'inéligibilité dans ce dossier de corruption.
Il reste que les tensions dans le leadership perturbent aujourd'hui le fonctionnement institutionnel du Pays et handicapent la bonne fin du chantier du redressement économique de la collectivité. L'enjeu affiché de la réunion de vendredi, et des prochaines qui sont annoncées, est de mettre un terme à la mésentente entre les deux hommes ; de renouer avec l'unité, la cohésion du parti orange.
Mais, dans ce contexte, la question du leadership devra bien être tranchée un jour : ce n'est pas à un peuple de marins que l'on apprendra qu'une pirogue ne peut avoir qu'un seul barreur à la fois.
"On s'est beaucoup parlé. Edouard Fritch a dit tout ce qu'il avait sur le cœur depuis l’installation de son gouvernement. Des questions liées à la confiance, qui pouvaient subsister, ont été évoquées. On sait que souvent, les problèmes viennent de l’absence de dialogue", a déclaré vers 17 heures ce vendredi Jean-Christophe Bouissou, après que sept heures durant la salle des commissions Sonia Agnieray-Thunot de l'Assemblée ait servi d'écrin au psychodrame de la majorité orange.
Les deux leaders du Tahoera'a Huira'atira n'ont fait aucune déclaration à la presse. Mais tout au long de la journée, les sms en provenance de ce conclave parlaient de "guerre 14-18", d'éclats de voix, de tensions, de mises au point...
"Cette réunion s’est terminée avec le cœur léger", assure cependant le porte parole du gouvernement qui annonce : "Nous allons nous rencontrer de nouveau. Peut-être la semaine prochaine".
"Cette rencontre aurait dû avoir lieu plus tôt. Retenons simplement qu’elle a eu lieu", s'est exprimé de son côté Marcel Tuihani vendredi après midi. Il confirme : "Nous voulons travailler avec le gouvernement. Participer à ces rencontres. (...) Avec la quantité de sujets que nous devions aborder, on ne peut imaginer que tout soit réglé en une seule rencontre. La volonté est portée par les deux hommes, M. Gaston Flosse et M. Edouard Fritch, d’organiser de nouvelles rencontres".
Etrange spectacle que celui d'une majorité Tahoera'a dont le parti a réussi le tour de force de voir élu parmi les siens les cinq parlementaires polynésiens. Spectacle paradoxal d'un mouvement politique qui, sur le papier, dispose d'une confortable majorité de représentants, tient les rênes de l'exécutif ; mais qui donne aujourd'hui plus que jamais l'impression d'être au bord de l'effondrement.
Le manque d'entente entre le président du Tahoera'a, Gaston Flosse et celui du Pays, son "fils spirituel", aura fait des dégâts.
Depuis le 5 septembre 2014 et la perte par Gaston Flosse de tous ses mandats électifs, après une condamnation définitive dans l'affaire de détournement de fonds publics dite des emplois fictifs, l'ambiance s'est lentement dégradée pour finir par exposer au grand jour la profonde division entre pro-Flosse et pro-Fritch.
Question de leadership
Les deux hommes ne s'étaient plus adressé la parole depuis le 9 septembre 2014. Et les cinq mois qui viennent de s'écouler ont été ponctués d'événement propres à creuser la fracture entre les deux clans.
Depuis le 17 septembre et l'annonce par Edouard Fritch d'un gouvernement entièrement remanié, qui laissait au bord du chemin Béatrice Chansin, Michel Le boucher, Manolita Ly… une dualité jamais vue s'est installée entre l'Assemblée et le gouvernement : motion Tahoera'a demandant l'indemnisation des conséquences environnementales du nucléaire, adoptée grâce au soutien de l'opposition indépendantiste, le 27 novembre 2014 ; budget voté dans une ambiance de guerre froide le 6 décembre ; affaire de la vaisselle ; polémiques sur les indemnités du président du Pays ; proposition de résolution pour le toilettage du statut...
Il aura fallu une décision du conseil constitutionnel, le 6 février dernier, pour sonner la trêve. L'annulation, par l'Etat, des opérations électorales du 28 septembre place aujourd'hui Gaston Flosse dans une situation inconfortable. Depuis cinq mois, le Vieux Lion a entrepris sur le terrain une restructuration favorable à ses ambitions des sections du Tahoera'a jusque dans les fiefs tenus par le parti à Papeete, Pirae, Mataiaea, Taiarapu-Est, Moorea, Paea. Et ce faisant, il a froissé nombre de grands électeurs pro-Fritch dont le parti sollicite aujourd'hui le soutien pour les sénatoriales partielles qui se dérouleront, selon toute vraisemblance, début mai.
Aussi, sur le terrain aujourd'hui, la question de la candidature à ces sénatoriales de l'avocat Vincent Dubois, gendre de Gaston Flosse, est-elle décriée par nombre de grands électeurs du Tahoara'a qui lui préféreraient volontiers un élu, si possible venu des îles.
A l'assemblée de Polynésie, où 15 représentants ont rejoint le clan Fritch, on tente aujourd'hui de recoller les morceaux alors qu'il était encore question, début janvier, dans l'organigramme du Tahoera'a, de ne pas réélire Edouard Fritch au poste de président délégué lors du prochain congrès du parti, sans cesse repoussé.
Dans ce climat d'apaisement, tout le monde s'entend aujourd'hui pour déclarer, parmi les pro-Flosse, qu'Edouard Fritch restera président du Pays jusqu'à la fin de son mandat en mai 2018. Mais politiquement Gaston Flosse affirme son ambition d'être, à presque 87 ans, candidat aux territoriales de mai 2018. Le pourra-t-il seulement ?
L'appel de l'affaire OPT qui doit être évoqué sur le fond en avril prochain donnera le diapason de son avenir. Rien n'assure que le Vieux Lion ne sera pas dès 2017 condamné à une nouvelle peine d'inéligibilité dans ce dossier de corruption.
Il reste que les tensions dans le leadership perturbent aujourd'hui le fonctionnement institutionnel du Pays et handicapent la bonne fin du chantier du redressement économique de la collectivité. L'enjeu affiché de la réunion de vendredi, et des prochaines qui sont annoncées, est de mettre un terme à la mésentente entre les deux hommes ; de renouer avec l'unité, la cohésion du parti orange.
Mais, dans ce contexte, la question du leadership devra bien être tranchée un jour : ce n'est pas à un peuple de marins que l'on apprendra qu'une pirogue ne peut avoir qu'un seul barreur à la fois.