PAPEETE, le 25 juillet 2016 - À mi-chemin entre la fable et le mythe traditionnel polynésien, cet ouvrage de Valérie Gobrait, traductrice et auteure attachée à la sauvegarde du reo ma’ohi, mêle une légende polynésienne à une mésaventure du quotidien : la rencontre extraordinaire entre la déesse Hina et un petit garçon.
Dans les mythes traditionnels polynésiens, dont le panthéon des dieux et déesses n’a rien à envier à l’Olympe, Hina est sans conteste l’une des principales divinités. La légende raconte que jadis, dans une époque très ancienne qui remonte aux confins de l’origine du monde, la déesse Hina se dédiait à la fabrication du tapa. Assidue à la tâche, elle réalisait pourtant son labeur trop bruyamment, ce qui -en plus de son tempérament obstiné et de son fort caractère- lui valut de s’attirer les foudres du dieu Ta’aroa. Celui-ci décida de la punir en l’envoyant sur la lune, d’où elle devait assurer la protection des hommes. De là est née, dans l’imaginaire de Valérie Gobrait, une suite au mythe populaire, associant la divinité féminine Hina à un animal aussi symbolique que l’oiseau, dans un charmant conte pour enfants.
‘U’upa a hina, la femme-oiseau
Alors que le crépuscule s’éteint à l’horizon, l’ambiance est à la bringue traditionnelle, les rythmes enjoués des guitares et des ukulele faisant vibrer leurs cordes pour entonner une chanson pourtant méconnue : "la chanson parlait de Hina te Manu, Hina la femme-oiseau", une chanson féérique et envoûtante en son honneur.
Rere te manu ia Hina, Vole l’oiseau Hina
Rere te manu ia ‘U’upa, Vole l’oiseau ‘U’upa
‘U’upa te manu o Hina, ‘U’upa l’oiseau de Hina
Tau te manu, ma’ue te manu, Se pose puis reprend son envol
Ta’i te manu, ta’i’o Hina, Chante l’oiseau, chante Hina
Reva te manu, i te ara roa, Puis s’envole l’oiseau au lointain
Mais solitaire et contrainte de vivre isolée sur la lune, la déesse décida alors de se transformer en oiseau, un splendide ‘u’upa au plumage d’un vert chatoyant, afin de prendre son envol et de voyager par-delà la voûte céleste. Elle voulait descendre sur terre visiter les hommes et partager leur quotidien, avant que ne tombe la nuit. Au cours de son voyage, elle rencontre un petit garçon qui, comme elle, se morfond de solitude et d’ennui. De cette rencontre naît une amitié fantastique et onirique, où les soirs de pleine lune deviennent des moments de complicité entre Hina et le petit garçon.
Un album bilingue tout en couleurs
Original de par son sujet et délicat grâce aux remarquables illustrations de Jonathan Mencarelli, ce livre jeunesse (à partir de 3 ans) séduira aussi bien les enfants que les adultes, charmés par le savant mélange des cultures et des langues, où le tahitien se mêle au français et vice-versa au travers de mots, des expressions et chansons. Un lexique détaillant toutes les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer en Polynésie, est proposé en fin d’ouvrage.
La singularité des illustrations de Mencarelli (par ailleurs professeur d'arts plastiques et sculpteur sur pierres provenant des rivières de Moorea) rehaussent l’inspiration fantastique et lyrique du récit. Ainsi, la belle Hina se métamorphose en ‘u’upa sous le talent de ses traits et l’union subtile des couleurs aux tons doux, telles des étoiles tombées des cieux et diluées sur la feuille comme des gouttes d’eau. Si ses aquarelles ne peuvent que rappeler les toiles du célèbre artiste aux mille facettes Bobby Holcomb, c’est qu’il représente une source d’inspiration majeure pour Mencarelli, qui lui dédia sa collection de sculptures en 2015.
La rencontre de son pinceau avec la plume de Valérie Gobrait nous offre ainsi ce magnifique mythe moderne, pour le plus grand plaisir des petits comme des grands, à lire, à écouter, à chanter, à contempler…
Dans les mythes traditionnels polynésiens, dont le panthéon des dieux et déesses n’a rien à envier à l’Olympe, Hina est sans conteste l’une des principales divinités. La légende raconte que jadis, dans une époque très ancienne qui remonte aux confins de l’origine du monde, la déesse Hina se dédiait à la fabrication du tapa. Assidue à la tâche, elle réalisait pourtant son labeur trop bruyamment, ce qui -en plus de son tempérament obstiné et de son fort caractère- lui valut de s’attirer les foudres du dieu Ta’aroa. Celui-ci décida de la punir en l’envoyant sur la lune, d’où elle devait assurer la protection des hommes. De là est née, dans l’imaginaire de Valérie Gobrait, une suite au mythe populaire, associant la divinité féminine Hina à un animal aussi symbolique que l’oiseau, dans un charmant conte pour enfants.
‘U’upa a hina, la femme-oiseau
Alors que le crépuscule s’éteint à l’horizon, l’ambiance est à la bringue traditionnelle, les rythmes enjoués des guitares et des ukulele faisant vibrer leurs cordes pour entonner une chanson pourtant méconnue : "la chanson parlait de Hina te Manu, Hina la femme-oiseau", une chanson féérique et envoûtante en son honneur.
Rere te manu ia Hina, Vole l’oiseau Hina
Rere te manu ia ‘U’upa, Vole l’oiseau ‘U’upa
‘U’upa te manu o Hina, ‘U’upa l’oiseau de Hina
Tau te manu, ma’ue te manu, Se pose puis reprend son envol
Ta’i te manu, ta’i’o Hina, Chante l’oiseau, chante Hina
Reva te manu, i te ara roa, Puis s’envole l’oiseau au lointain
Mais solitaire et contrainte de vivre isolée sur la lune, la déesse décida alors de se transformer en oiseau, un splendide ‘u’upa au plumage d’un vert chatoyant, afin de prendre son envol et de voyager par-delà la voûte céleste. Elle voulait descendre sur terre visiter les hommes et partager leur quotidien, avant que ne tombe la nuit. Au cours de son voyage, elle rencontre un petit garçon qui, comme elle, se morfond de solitude et d’ennui. De cette rencontre naît une amitié fantastique et onirique, où les soirs de pleine lune deviennent des moments de complicité entre Hina et le petit garçon.
Un album bilingue tout en couleurs
Original de par son sujet et délicat grâce aux remarquables illustrations de Jonathan Mencarelli, ce livre jeunesse (à partir de 3 ans) séduira aussi bien les enfants que les adultes, charmés par le savant mélange des cultures et des langues, où le tahitien se mêle au français et vice-versa au travers de mots, des expressions et chansons. Un lexique détaillant toutes les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer en Polynésie, est proposé en fin d’ouvrage.
La singularité des illustrations de Mencarelli (par ailleurs professeur d'arts plastiques et sculpteur sur pierres provenant des rivières de Moorea) rehaussent l’inspiration fantastique et lyrique du récit. Ainsi, la belle Hina se métamorphose en ‘u’upa sous le talent de ses traits et l’union subtile des couleurs aux tons doux, telles des étoiles tombées des cieux et diluées sur la feuille comme des gouttes d’eau. Si ses aquarelles ne peuvent que rappeler les toiles du célèbre artiste aux mille facettes Bobby Holcomb, c’est qu’il représente une source d’inspiration majeure pour Mencarelli, qui lui dédia sa collection de sculptures en 2015.
La rencontre de son pinceau avec la plume de Valérie Gobrait nous offre ainsi ce magnifique mythe moderne, pour le plus grand plaisir des petits comme des grands, à lire, à écouter, à chanter, à contempler…
Valérie Gobrait, des Fables de la Fontaine à la légende polynésienne
Originaire de Tahiti, diplômée d’une maîtrise d’ethnologie en 1989 puis d’un DEA en reo ma’ohi à l’INALCO de Paris en 1991, Valérie Gobrait est aujourd’hui professeure certifiée de tahitien-français. Elle enseigne en lycée. Depuis de nombreuses années, elle s’applique à traduire des textes de référence du français au tahitien, des Fables de La Fontaine à l’ouvrage de Bruno Saura, Pouvanaa A Oopa. Outre la traduction, elle se met à l’écriture en abordant tous les genres littéraires : du recueil de poèmes (Puhihau, lauréat du prix Henri Hiro en 2000) à la pièce de théâtre (Le partage de la terre dans l’ouvrage collectif Théâtre océanien, éditions Au Vent des îles, 2011), en passant par la jeunesse avec l’album La femme-oiseau, édité par Au Vent des îles. Sa passion pour l’écriture et le reo ma’ohi l'a amenée à produire des textes pour deux spectacles de chants et danses traditionnels à l’occasion du Heiva I Tahiti 2007. Ce qui lui vaut, une fois de plus, les honneurs du jury qui lui décerne le Prix du meilleur auteur cette année-là.
Originaire de Tahiti, diplômée d’une maîtrise d’ethnologie en 1989 puis d’un DEA en reo ma’ohi à l’INALCO de Paris en 1991, Valérie Gobrait est aujourd’hui professeure certifiée de tahitien-français. Elle enseigne en lycée. Depuis de nombreuses années, elle s’applique à traduire des textes de référence du français au tahitien, des Fables de La Fontaine à l’ouvrage de Bruno Saura, Pouvanaa A Oopa. Outre la traduction, elle se met à l’écriture en abordant tous les genres littéraires : du recueil de poèmes (Puhihau, lauréat du prix Henri Hiro en 2000) à la pièce de théâtre (Le partage de la terre dans l’ouvrage collectif Théâtre océanien, éditions Au Vent des îles, 2011), en passant par la jeunesse avec l’album La femme-oiseau, édité par Au Vent des îles. Sa passion pour l’écriture et le reo ma’ohi l'a amenée à produire des textes pour deux spectacles de chants et danses traditionnels à l’occasion du Heiva I Tahiti 2007. Ce qui lui vaut, une fois de plus, les honneurs du jury qui lui décerne le Prix du meilleur auteur cette année-là.