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La décolonisation de la Polynésie française en discussion mardi à l'ONU


Edouard Fritch en debriefing avec François Diebolt de l'ambassade de France à New-York avant l'ouverture de la commission
Edouard Fritch en debriefing avec François Diebolt de l'ambassade de France à New-York avant l'ouverture de la commission
New-York, France | USA | lundi 02/10/2016 - Les Nations unies se pencheront mardi sur la décolonisation de la Polynésie française et écouteront deux des principaux acteurs politiques de cette collectivité d'outre-mer, le président autonomiste Edouard Fritch et le leader indépendantiste Oscar Temaru.

La quatrième commission des Nations unies, chargée des questions de décolonisation, prépare une résolution qui "réaffirme le droit inaliénable du peuple de Polynésie française à l'autodétermination".

Ce projet de résolution devrait être soumis au vote de l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre. Il demande à la France de "coopérer sans réserve aux travaux du Comité spécial" chargé des questions de décolonisation. Il "déplore" que la France n'ait pour le moment pas fourni les renseignements demandés.

Les indépendantistes, habitués au lobbying onusien, se sont rendus en nombre à New York: Oscar Temaru est entouré d'une quinzaine de "petitioners", issus de son parti ou d'associations.

Mais cette fois, l'ONU entendra aussi la voix des autonomistes, favorables au maintien de la Polynésie dans la République française. L'actuel président, Edouard Fritch, devrait souligner que la Polynésie dispose d'une très large autonomie et s'est largement émancipée du colonialisme. Il rappelle souvent que les autonomistes ont remporté toutes les élections depuis dix ans et que les Polynésiens ne sont donc pas majoritairement favorables à l'indépendance.

- Superficie maritime de la taille de l'Europe -

Pour ses adversaires, l'autodétermination n'est pas l'indépendance: c'est un choix que doivent faire les Polynésiens sur leur avenir, par référendum, au terme d'un processus d'information sur leurs droits et sur leur histoire. Ils pourraient par exemple se prononcer sur le maintien de l'autonomie actuelle, sur son renforcement à travers la départementalisation, sur l'indépendance ou encore sur un statut d'Etat associé.

Avec le soutien d'associations antinucléaires et écologiques, Oscar Temaru cherchera à démontrer mardi que l'action de la France a nui à la population polynésienne. Chacun des "petitioners" disposera de trois minutes, soit trois quarts d'heure environ de temps de parole en tout, après les dix minutes accordées au président Fritch, qui sera le seul autonomiste à s'exprimer.

Les indépendantistes veulent avant tout pousser la France à s'asseoir à la table des négociations sur l'autodétermination. "Je pense que la France, en tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU, ne peut pas rester absente de ce débat", a déclaré dimanche à l'AFP Oscar Temaru, déjà présent à New York.

Mais ce n'est pas tout: le projet de résolution, que les indépendantistes ont largement inspiré, "exhorte la puissance administrante (la France, ndlr) à garantir la souveraineté permanente du peuple de Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les matériaux sous-marins".

La Polynésie française dispose d'une surface maritime comparable à la superficie de l'Europe, dans le sud de l'océan Pacifique. Ses ressources sous-marines ne sont pour le moment pas exploitées, mais les indépendantistes craignent que la France n'en prive la Polynésie, comme elle en a la possibilité si elle juge ces matériaux stratégiques.

Fin novembre 2013, l'ex-ministre des Outre-Mer Victorin Lurel, avait refusé "de s'inscrire dans un processus international de décolonisation" de cette collectivité, engagé par l'ONU.

ml/frd/ch/kp


Serge Massau, envoyé spécial de Tahiti Infos est sur place
Serge Massau, envoyé spécial de Tahiti Infos est sur place

Rédigé par AFP le Lundi 3 Octobre 2016 à 05:25 | Lu 3860 fois