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La Polynésie française adhère à l’Agence France Locale


La Polynésie française a signé mardi un protocole d’adhésion de la Polynésie française au groupe Agence France Locale.
La Polynésie française a signé mardi un protocole d’adhésion de la Polynésie française au groupe Agence France Locale.
PAPEETE, 12 avril 2016 - Le chef de l’exécutif a signé mardi un protocole d’adhésion au capital de l’Agence France Locale (AFL) pour un montant de 720 millions Fcfp. L’AFL est la première banque française créée et pilotée par des collectivités territoriales afin de disposer d’un accès sécurisé à la liquidité financière.

La Polynésie française envisage d’acquérir l’équivalent de 720 millions Fcfp (6,03 millions d’euros) de parts au capital de l’Agence France Locale, avec la signature mardi d’un protocole d’adhésion ratifié entre le président Edouard Fritch et Yves Millardet, le président du directoire de cet établissement public spécialisé dans le financement des investissements des collectivités locales françaises.

"Ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec l’AFL nous complétons notre palette d’établissements financiers avec lesquels nous travaillons pour garantir nos besoins de financement", a observé Edouard Fritch suite à la signature de ce protocole d’adhésion. Un emprunt de 1,5 à 2 milliards Fcfp pourrait être sollicité dès 2017.

Constitué en 2013 par plusieurs collectivités territoriales métropolitaines et entièrement publique, l’AFL dispose de l’agrément pour émettre des crédits depuis janvier 2015. Les collectivités qui souhaitent y adhérer sont contrôlées financièrement avant de pouvoir rejoindre le groupe en achetant des parts à son capital. De son côté, l’AFL émet de la dette obligataire sur le marché international avec une bonne signature (notée Aa3 par Moody’s) pour offrir des taux fixes compris entre 1,2 % et 2,2 % à ses actionnaires. Par comparaison, la Polynésie emprunte aujourd’hui à un taux moyen voisin de 2,6 % et est allée jusqu’à lever des fonds au taux de 4 % lors de l’emprunt obligataire de 2014.

Le protocole d’adhésion signé mardi par le président Edouard Fritch pour le compte de la Polynésie française marque le début d’un processus d’entrée de la collectivité dans l’actionnariat de cette banque publique, où elle devrait rejoindre à terme la région métropolitaine Pays de la Loire, cinq départements, environ 80 communes et une quarantaine d’agglomérations françaises. Ce processus devrait être abouti "avant la fin de l’année", selon le ministre des Finances Nuihau Laurey.

Adhésion en projet depuis 2013

"Nous avons décidé de vérifier la solvabilité financière de toutes les collectivités qui prétendent adhérer à l’Agence France Locale", précise en préalable Yves Millardet. "Aujourd’hui, nous avons un système de notation financière qui nous permet de vérifier que celles qui souhaitent adhérer sont bien en capacité. C’est évidemment ce que nous avons fait avec la Polynésie française qui est tout à fait éligible. Pour vous donner un ordre de grandeur, environ 3 à 4 % des collectivités françaises ne peuvent pas immédiatement entrer dans l’Agence France Locale. Il y a une part d’exclusion, pas que ces collectivités soient en difficultés majeures vis-à-vis de leur dette mais parce que nous devons mettre en place un système cohérent basé sur une sélection à l’entrée. Ensuite, comme toute banque, à chaque demande de crédit nous faisons une analyse financière de la collectivité en question et nous agissons avec les règles bancaires classiques, à la différence qu’avec un actionnariat entièrement public nous avons une velléité particulière de sérieux".

L’Agence France Locale dispose aujourd’hui d’un capital de 120 millions d’euros (14,3 milliards Fcfp) et a prêté plus de 520 millions d’euros à ses actionnaires en 2015. "Les collectivités locales nous confient du capital que nous nous chargeons de gérer au mieux", souligne Yves Millardet. "Notre métier consiste à aller faire le tour des investisseurs internationaux les plus spécialisés sur ces marchés. Nous avons levé, pour une opération inaugurale en 2015, 750 millions d’euros sur une durée de 7 ans au taux de 0,42 %. Dans cette opération nous avons eu 65 investisseurs dont seulement 22 % de Français. Le monde des investisseurs est très habitué à des établissements financiers comme le nôtre, notés pratiquement comme des états souverains. Cette année nous comptons traiter environ 700 millions d’euros et lever sur les marchés obligataires environ un milliard d’euros (120 milliards Fcfp, ndlr). (…) Nous leur offrons la capacité de raisonner sur de très grosses sommes avec une forte liquidité des titres".

La Polynésie française travaille depuis 2013 à son intégration à l’AFL. Ce nouveau partenaire financier devrait intervenir prochainement aux côtés d’autres prêteurs comme l’Agence française de développement (AFD), la Caisse des dépôts et consignations (CDC) ou de banques privées telles que la BPCE, la Socredo ou la banque de Polynésie. "Avec la stabilisation de nos finances publiques, on est passé, en l’espace de trois ans, d’une situation où personne ne voulait nous voir à une situation où nous pouvons fonctionner financièrement de manière beaucoup plus flexible", s’est satisfait le grand argentier de la Polynésie française, Nuihau Laurey, à l’issue de la signature de ce protocole d’accord avec l’AFL, mardi.

Un protocole d’adhésion identique a été signé la semaine dernière par l’Agence France Locale avec la collectivité de Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais le Pays sera la première collectivité française ultramarine du Pacifique à intégrer cette banque publique.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 12 Avril 2016 à 11:59 | Lu 1286 fois