PAPEETE, 30 mai 2015 - "Une personne de valeur qui a eu à plusieurs reprises l’occasion de montrer ses capacités et sa force de travail – et pour vous dire qu’il est bon : c’est Gaston Flosse qui l’a repéré !" Le Président Fritch a qualifié, mercredi, Teva Rohfritsch en ces termes avant de présenter un remaniement ministériel où il est donné à la tête d’"un portefeuille cohérent axé sur le développement économique de notre pays".
Il incarne à 40 ans le geste d’ouverture opéré par Edouard Fritch vers l’opposition autonomiste à l’Assemblée, pour consolider à Tarahoi les appuis à son gouvernement alors que le Tahoera’a déclare officiellement qu’il ne le soutiendra plus.
Mais Teva Rohfritsch est loin d'être un petit nouveau du paysage polynésien, malgré son jeune âge en politique. Né à Tahiti le 3 février 1975, père de deux enfants, il participe à son premier gouvernement en 2003 à l’âge de 28 ans. Après des études universitaires à Paris, où il passe une maîtrise de management puis le grade d’ingénieur maître avant d’obtenir un DESS en aménagement du territoire et développement économique local, Teva Rohfritsch devient, en 2003, ministre du Tourisme du gouvernement de Gaston Flosse. Il sera ministre à quatre reprises dans plusieurs gouvernements de 2003 à 2008 (Economie, Finances, Emploi, Dialogue social). Il prend les Ressources de la mer en 2009 puis le ministère de l’Economie, en charge du numérique et des technologies vertes en 2010. Poste dont il démissionne avant de créer le mouvement O Hiva puis de prendre en 2013 le leadership du parti A Ti’a Porinetia (ATP), crédité, trois mois après sa création, d’un quart des suffrages aux élections territoriales de mai 2013.
C’est justice aujourd’hui pour vous que les 35000 suffrages de A Ti’a Porinetia en mai 2013 voient parvenir à l’exécutif un de leurs représentants ?
Teva Rohfritsch : Je pense en tous cas que c’est démocratique. On ne peut négliger 25% de l’électorat, comme ça a été le cas depuis deux ans. Je crois qu’il y a un temps pour le combat électoral et puis un temps pour la construction. Nous avons montré que nous sommes constructifs, depuis le début. Même avec le gouvernement Flosse. Et pourtant… Donc, oui je suis ravi qu’enfin nos électeurs puissent se reconnaitre dans l’exécutif du Pays. Ce sont des Polynésiens aussi. Pendant deux ans il y a eu les bons polynésiens qui avaient voté pour le Tahoera’a et les autres. Nous sommes tous Polynésiens et je crois que l’on doit tous se donner la main pour faire avancer le pays.
Serez-vous l’homme d’une application stricte du programme interventionniste du Tahoera’a en matière de relance économique, ou de celui que vous défendiez en 2013 appelant "à redonner de la place au secteur privé, parce que c’est dans le privé que l’on crée de l’emploi" ?
Teva Rohfritsch : Je serai le ministre de l’activité. La rareté des ressources publiques fait que c’est, bien sûr, vers le secteur privé qu’il faut se tourner. Et c’est d’ailleurs ce que fait Edouard Fritch en accueillant ces investisseurs chinois, qui sont des privés. Contrairement à ce qu’envisageait l’ancien gouvernement, Edouard est en train de limiter au possible – pour parler du Mahana Beach – les investissements qui seront à la charge du public. Le remblai par exemple, et tout ce qui avait été prévu à la charge des contribuables polynésiens est transféré vers les investisseurs. Il y avait quelques milliards en jeu. Et je crois qu’il a raison. En tous cas, on se rejoint totalement sur ce point-là.
Mon autre souci est de faire en sorte que ces investissements étrangers attendus devront d’abord tourner un maximum dans l’économie locale. Nos investisseurs locaux, le tissu des entreprises, ne doivent pas être oubliés. Je crois en des partenariats, pas simplement public-privé mais aussi privé-privé entre investisseurs locaux et étrangers. Il ne faut pas oublier tous ceux qui ont fait notre économie depuis toutes ces années. L’objectif premier, c’est qu’ils puissent recréer de l’emploi. C’est en travaillant avec eux et avec tout le monde que l’on pourra y arriver. Donc pour répondre à votre question, je crois qu’Edouard a fait un pas significatif vers le secteur privé. ATP l’a toujours souhaité. On se rejoint complètement.
C’est le message que vous comptez défendre dans la promotion des investissements auprès des acteurs étrangers ?
Teva Rohfritsch : Absolument. Et je ne suis pas non plus pour dérouler les tapis rouges et tout lâcher. Ce qui est important c’est que les investissements étrangers produisent des retombées significatives dans l’économie locale. Bien sûr nous aurons un rôle de facilitateur. Mais ces investisseurs doivent avoir conscience que nous ne faisons pas simplement tout cela pour leur plaire ; mais parce que l’on veut créer de l’emploi localement et percevoir des ressources fiscales afin de permettre au Pays de financer d’autres choses. Je serai donc très attentif à tout cela.
La négociation risque d’être âpre. On se doute que les investisseurs attendent le moins de contraintes possibles.
Teva Rohfritsch : C’est sûr qu’ils ne viendront pas dépenser de l’argent s’ils n’espèrent pas en gagner. C’est pour cela que le gouvernement doit jouer pleinement son rôle et je crois qu’avec ATP on a été clairs sur ce point, y compris sur Hao. J’ai toujours été sceptique sur ce projet. Je crois qu’il faut que l’on fasse un maximum de choses pour protéger nos lagons. Je suis pour la création d’activité, mais je serai très vigilant sur la protection de nos ressources marines et de cet environnement. Je viendrai donc avec cette double lecture, à la fois économique mais aussi en matière de développement durable.
C’est ce que vous avez expliqué au Président, lors qu’il vous a confié la charge du ministère de l’Economie bleue ?
Teva Rohfritsch : En tous cas j’ai été clair avec lui. Je lui ai expliqué mes préoccupations. Il m’a avoué qu’il partageait ces mêmes préoccupations et c’est notamment pour cela qu’il m’a confié ce volet de la mer. Je sais qu’Edouard a toujours été proche des archipels et notamment des Tuamotu : il ne souhaite pas qu’il y ait une catastrophe écologique derrière.
Quelles sont vos ambitions pour l’Economie numérique ?
Teva Rohfritsch : Sur le numérique, j’entends poursuivre ce que j’avais engagé avec l’ouverture à la concurrence. Je suis chargé de la politique numérique mais pas de la tutelle de l’OPT, ce qui permet de bien dissocier les rôles, parce que souvent le mélange des genres avait pu prêter à confusion. Je vais avec les acteurs poursuivre ce qui avait été entamé : l’évolution de notre réglementation sur les télécoms ; faire en sorte que les services puissent s’exercer pleinement mais qu’en même temps on puisse continuer à investir dans des infrastructures nécessaires au développement numérique (fibre optique, projet de second câble…). Tous ces projets qui avaient été évoqués lors des états généraux du numérique que j’avais initiés en 2010-2011.
Le Pays a-t-il une vraie carte à jouer au plan international à ce niveau-là ?
Teva Rohfritsch : Pour moi, la problématique est différente : je crois on ne peut pas être absents, parce qu’il y a des autoroutes de l’information qui sont en train de se faire en dehors de la Polynésie. On est sur la route Asie-Amériques, mais si on n’est pas actifs tout cela nous passera au-dessus et je ne souhaite pas que la partie francophone du Pacifique soit absente de ces autoroutes.
Un des messages défendus par ATP en 2013 était la lutte contre la vie chère. Le dispositif législatif imaginé pour favoriser la concurrence vous semble-t-il pertinent ? Aurez-vous une attitude volontaire pour sa mise en application rapide ?
Teva Rohfritsch : Au-delà de la lutte contre la vie chère – qui est une des priorités –, je pense qu’il faut redonner du pouvoir d’achat à nos ménages. Et cela passe par la création d’emplois. C’est ma grande priorité. Mais bien sûr, nous allons mettre en application les textes votés. Mais je suis un libéral. Je souhaite que l’économie soit le résultat de l’activité du secteur privé et que des ajustements puissent s’opérer dans le cadre des règles de concurrence établies.
Il faut bien qu'une autorité arbitre tout cela.
Teva Rohfritsch : Oui, et c’est le rôle de cette autorité de la concurrence et je la mettrai en place.
Quand ?
Teva Rohfritsch : Ecoutez, je viens à peine de reprendre ces dossiers. C’est en cours. Je sais que le futur président a été identifié par Jean-Christophe Bouissou, comme il me l’a annoncé lors de la passation, jeudi. Je dois encore rencontrer ce monsieur et ceux qui ont travaillé sur ce sujet. Mais l’objectif c’est une mise en place de l’autorité de la concurrence dès 2015.
Politiquement, pensez-vous que l’avenir du mouvement autonomiste passe nécessairement par ce partenariat Tapura-ATP ?
Teva Rohfritsch : Je crois en tous cas que ce partenariat ouvre la porte à l’espoir d’une recomposition de la famille autonomiste, afin de proposer une véritable alternative à tous nos électeurs. Nous sommes partis divisés mais nous savons pourquoi : c’est l’œuvre de Gaston Flosse. Le rassemblement a été souhaité par Edouard Fritch. J’en suis très heureux. Et je suis très confiant dans ce que nous sommes en train de faire.
Souhaitez-vous qu’à terme, tous les anciens Tahoera’a que vous êtes se retrouvent au sein d’un seul et même parti politique ?
Teva Rohfritsch : Je souhaite que toutes les bonnes volontés se retrouvent, parmi les anciens Tahoera’a mais également ceux qui m’ont accompagné, dans le mouvement ATP. Certains n’ont jamais été Tahoera’a. Je pense à Philip Schyle, à Rony Tumahai… Des élus qui ont leur indépendance, mais qui sont autonomistes convaincus. Je pense qu’il y a matière, là, à se rassembler et à faire quelque chose.
Dans un nouveau parti politique ?
Teva Rohfritsch : L’avenir nous le dira. Nous n’avons pas abordé ces questions-là avec Edouard Fritch. Mais au-delà des questions de structure – parce qu’il faudra bien se structurer –, l'actualité prouve à Gaston Flosse qu’en dehors de lui des choses peuvent se faire, et de bonnes choses.
Gaston Flosse vous a porté à la lumière en 2003, mais vous êtes très critique à son égard aujourd’hui. Son œuvre est-elle si négative ?
Teva Rohfritsch : Je ne juge pas son œuvre. J’estime que le comportement qu’il a depuis 2004 est très décevant pour l’ensemble des Polynésiens. Je le lui ai dit à plusieurs reprises, en face. Je trouve malheureux qu’il ait de tels agissements sur la fin de sa carrière alors que tout cela ne pourra qu’assombrir les bonnes choses qu’il a pu faire durant sa vie politique.
Je reste respectueux de l’homme ; mais je trouve que pour sa fin de vie politique, au cours de ces dernières années, Gaston Flosse a changé de comportement. J’ai l’impression qu’il a lui-même quitté le Tahoera’a et qu’il est en train de le saborder aujourd’hui.
J’en ai démissionné en 2009 et cela me donne du coup un regard extérieur et peut-être un peu plus critique ; mais j’ai le courage de mes convictions et je lui ai rendu mon siège. Je ne dois plus rien à Gaston Flosse aujourd’hui. Certes il m’a porté à la lumière, mais j’ai contribué à ses côtés à ce qu’il a tenté de construire à l’époque.
Depuis j’ai fondé mon propre foyer, avec d’autres élus on a créé A Ti’a Porinetia, et ce franc parler je l’ai obtenu de la légitimité des électeurs qui ont voté pour nous. Ça, il a du mal à l’accepter de même que le fait que quiconque puisse exister en dehors de lui. C’est dommage.
Il incarne à 40 ans le geste d’ouverture opéré par Edouard Fritch vers l’opposition autonomiste à l’Assemblée, pour consolider à Tarahoi les appuis à son gouvernement alors que le Tahoera’a déclare officiellement qu’il ne le soutiendra plus.
Mais Teva Rohfritsch est loin d'être un petit nouveau du paysage polynésien, malgré son jeune âge en politique. Né à Tahiti le 3 février 1975, père de deux enfants, il participe à son premier gouvernement en 2003 à l’âge de 28 ans. Après des études universitaires à Paris, où il passe une maîtrise de management puis le grade d’ingénieur maître avant d’obtenir un DESS en aménagement du territoire et développement économique local, Teva Rohfritsch devient, en 2003, ministre du Tourisme du gouvernement de Gaston Flosse. Il sera ministre à quatre reprises dans plusieurs gouvernements de 2003 à 2008 (Economie, Finances, Emploi, Dialogue social). Il prend les Ressources de la mer en 2009 puis le ministère de l’Economie, en charge du numérique et des technologies vertes en 2010. Poste dont il démissionne avant de créer le mouvement O Hiva puis de prendre en 2013 le leadership du parti A Ti’a Porinetia (ATP), crédité, trois mois après sa création, d’un quart des suffrages aux élections territoriales de mai 2013.
C’est justice aujourd’hui pour vous que les 35000 suffrages de A Ti’a Porinetia en mai 2013 voient parvenir à l’exécutif un de leurs représentants ?
Teva Rohfritsch : Je pense en tous cas que c’est démocratique. On ne peut négliger 25% de l’électorat, comme ça a été le cas depuis deux ans. Je crois qu’il y a un temps pour le combat électoral et puis un temps pour la construction. Nous avons montré que nous sommes constructifs, depuis le début. Même avec le gouvernement Flosse. Et pourtant… Donc, oui je suis ravi qu’enfin nos électeurs puissent se reconnaitre dans l’exécutif du Pays. Ce sont des Polynésiens aussi. Pendant deux ans il y a eu les bons polynésiens qui avaient voté pour le Tahoera’a et les autres. Nous sommes tous Polynésiens et je crois que l’on doit tous se donner la main pour faire avancer le pays.
Serez-vous l’homme d’une application stricte du programme interventionniste du Tahoera’a en matière de relance économique, ou de celui que vous défendiez en 2013 appelant "à redonner de la place au secteur privé, parce que c’est dans le privé que l’on crée de l’emploi" ?
Teva Rohfritsch : Je serai le ministre de l’activité. La rareté des ressources publiques fait que c’est, bien sûr, vers le secteur privé qu’il faut se tourner. Et c’est d’ailleurs ce que fait Edouard Fritch en accueillant ces investisseurs chinois, qui sont des privés. Contrairement à ce qu’envisageait l’ancien gouvernement, Edouard est en train de limiter au possible – pour parler du Mahana Beach – les investissements qui seront à la charge du public. Le remblai par exemple, et tout ce qui avait été prévu à la charge des contribuables polynésiens est transféré vers les investisseurs. Il y avait quelques milliards en jeu. Et je crois qu’il a raison. En tous cas, on se rejoint totalement sur ce point-là.
Mon autre souci est de faire en sorte que ces investissements étrangers attendus devront d’abord tourner un maximum dans l’économie locale. Nos investisseurs locaux, le tissu des entreprises, ne doivent pas être oubliés. Je crois en des partenariats, pas simplement public-privé mais aussi privé-privé entre investisseurs locaux et étrangers. Il ne faut pas oublier tous ceux qui ont fait notre économie depuis toutes ces années. L’objectif premier, c’est qu’ils puissent recréer de l’emploi. C’est en travaillant avec eux et avec tout le monde que l’on pourra y arriver. Donc pour répondre à votre question, je crois qu’Edouard a fait un pas significatif vers le secteur privé. ATP l’a toujours souhaité. On se rejoint complètement.
C’est le message que vous comptez défendre dans la promotion des investissements auprès des acteurs étrangers ?
Teva Rohfritsch : Absolument. Et je ne suis pas non plus pour dérouler les tapis rouges et tout lâcher. Ce qui est important c’est que les investissements étrangers produisent des retombées significatives dans l’économie locale. Bien sûr nous aurons un rôle de facilitateur. Mais ces investisseurs doivent avoir conscience que nous ne faisons pas simplement tout cela pour leur plaire ; mais parce que l’on veut créer de l’emploi localement et percevoir des ressources fiscales afin de permettre au Pays de financer d’autres choses. Je serai donc très attentif à tout cela.
La négociation risque d’être âpre. On se doute que les investisseurs attendent le moins de contraintes possibles.
Teva Rohfritsch : C’est sûr qu’ils ne viendront pas dépenser de l’argent s’ils n’espèrent pas en gagner. C’est pour cela que le gouvernement doit jouer pleinement son rôle et je crois qu’avec ATP on a été clairs sur ce point, y compris sur Hao. J’ai toujours été sceptique sur ce projet. Je crois qu’il faut que l’on fasse un maximum de choses pour protéger nos lagons. Je suis pour la création d’activité, mais je serai très vigilant sur la protection de nos ressources marines et de cet environnement. Je viendrai donc avec cette double lecture, à la fois économique mais aussi en matière de développement durable.
C’est ce que vous avez expliqué au Président, lors qu’il vous a confié la charge du ministère de l’Economie bleue ?
Teva Rohfritsch : En tous cas j’ai été clair avec lui. Je lui ai expliqué mes préoccupations. Il m’a avoué qu’il partageait ces mêmes préoccupations et c’est notamment pour cela qu’il m’a confié ce volet de la mer. Je sais qu’Edouard a toujours été proche des archipels et notamment des Tuamotu : il ne souhaite pas qu’il y ait une catastrophe écologique derrière.
Quelles sont vos ambitions pour l’Economie numérique ?
Teva Rohfritsch : Sur le numérique, j’entends poursuivre ce que j’avais engagé avec l’ouverture à la concurrence. Je suis chargé de la politique numérique mais pas de la tutelle de l’OPT, ce qui permet de bien dissocier les rôles, parce que souvent le mélange des genres avait pu prêter à confusion. Je vais avec les acteurs poursuivre ce qui avait été entamé : l’évolution de notre réglementation sur les télécoms ; faire en sorte que les services puissent s’exercer pleinement mais qu’en même temps on puisse continuer à investir dans des infrastructures nécessaires au développement numérique (fibre optique, projet de second câble…). Tous ces projets qui avaient été évoqués lors des états généraux du numérique que j’avais initiés en 2010-2011.
Le Pays a-t-il une vraie carte à jouer au plan international à ce niveau-là ?
Teva Rohfritsch : Pour moi, la problématique est différente : je crois on ne peut pas être absents, parce qu’il y a des autoroutes de l’information qui sont en train de se faire en dehors de la Polynésie. On est sur la route Asie-Amériques, mais si on n’est pas actifs tout cela nous passera au-dessus et je ne souhaite pas que la partie francophone du Pacifique soit absente de ces autoroutes.
Un des messages défendus par ATP en 2013 était la lutte contre la vie chère. Le dispositif législatif imaginé pour favoriser la concurrence vous semble-t-il pertinent ? Aurez-vous une attitude volontaire pour sa mise en application rapide ?
Teva Rohfritsch : Au-delà de la lutte contre la vie chère – qui est une des priorités –, je pense qu’il faut redonner du pouvoir d’achat à nos ménages. Et cela passe par la création d’emplois. C’est ma grande priorité. Mais bien sûr, nous allons mettre en application les textes votés. Mais je suis un libéral. Je souhaite que l’économie soit le résultat de l’activité du secteur privé et que des ajustements puissent s’opérer dans le cadre des règles de concurrence établies.
Il faut bien qu'une autorité arbitre tout cela.
Teva Rohfritsch : Oui, et c’est le rôle de cette autorité de la concurrence et je la mettrai en place.
Quand ?
Teva Rohfritsch : Ecoutez, je viens à peine de reprendre ces dossiers. C’est en cours. Je sais que le futur président a été identifié par Jean-Christophe Bouissou, comme il me l’a annoncé lors de la passation, jeudi. Je dois encore rencontrer ce monsieur et ceux qui ont travaillé sur ce sujet. Mais l’objectif c’est une mise en place de l’autorité de la concurrence dès 2015.
Politiquement, pensez-vous que l’avenir du mouvement autonomiste passe nécessairement par ce partenariat Tapura-ATP ?
Teva Rohfritsch : Je crois en tous cas que ce partenariat ouvre la porte à l’espoir d’une recomposition de la famille autonomiste, afin de proposer une véritable alternative à tous nos électeurs. Nous sommes partis divisés mais nous savons pourquoi : c’est l’œuvre de Gaston Flosse. Le rassemblement a été souhaité par Edouard Fritch. J’en suis très heureux. Et je suis très confiant dans ce que nous sommes en train de faire.
Souhaitez-vous qu’à terme, tous les anciens Tahoera’a que vous êtes se retrouvent au sein d’un seul et même parti politique ?
Teva Rohfritsch : Je souhaite que toutes les bonnes volontés se retrouvent, parmi les anciens Tahoera’a mais également ceux qui m’ont accompagné, dans le mouvement ATP. Certains n’ont jamais été Tahoera’a. Je pense à Philip Schyle, à Rony Tumahai… Des élus qui ont leur indépendance, mais qui sont autonomistes convaincus. Je pense qu’il y a matière, là, à se rassembler et à faire quelque chose.
Dans un nouveau parti politique ?
Teva Rohfritsch : L’avenir nous le dira. Nous n’avons pas abordé ces questions-là avec Edouard Fritch. Mais au-delà des questions de structure – parce qu’il faudra bien se structurer –, l'actualité prouve à Gaston Flosse qu’en dehors de lui des choses peuvent se faire, et de bonnes choses.
Gaston Flosse vous a porté à la lumière en 2003, mais vous êtes très critique à son égard aujourd’hui. Son œuvre est-elle si négative ?
Teva Rohfritsch : Je ne juge pas son œuvre. J’estime que le comportement qu’il a depuis 2004 est très décevant pour l’ensemble des Polynésiens. Je le lui ai dit à plusieurs reprises, en face. Je trouve malheureux qu’il ait de tels agissements sur la fin de sa carrière alors que tout cela ne pourra qu’assombrir les bonnes choses qu’il a pu faire durant sa vie politique.
Je reste respectueux de l’homme ; mais je trouve que pour sa fin de vie politique, au cours de ces dernières années, Gaston Flosse a changé de comportement. J’ai l’impression qu’il a lui-même quitté le Tahoera’a et qu’il est en train de le saborder aujourd’hui.
J’en ai démissionné en 2009 et cela me donne du coup un regard extérieur et peut-être un peu plus critique ; mais j’ai le courage de mes convictions et je lui ai rendu mon siège. Je ne dois plus rien à Gaston Flosse aujourd’hui. Certes il m’a porté à la lumière, mais j’ai contribué à ses côtés à ce qu’il a tenté de construire à l’époque.
Depuis j’ai fondé mon propre foyer, avec d’autres élus on a créé A Ti’a Porinetia, et ce franc parler je l’ai obtenu de la légitimité des électeurs qui ont voté pour nous. Ça, il a du mal à l’accepter de même que le fait que quiconque puisse exister en dehors de lui. C’est dommage.