Tahiti Infos

Grève Air Tahiti : le gouvernement ne s'impliquera pas dans le conflit


Le ministre des transports s'est exprimé longuement ce jeudi matin sur le conflit avec Air Tahiti.
Le ministre des transports s'est exprimé longuement ce jeudi matin sur le conflit avec Air Tahiti.
PAPEETE, le 26 mai 2016. Le ministre des transports, Albert Solia s'est exprimé ce jeudi matin à la tribune gouvernementale sur le conflit social au sein de la compagnie aérienne Air Tahiti à la suite de deux questions orales posées par des représentants de l'assemblée polynésienne. Sa réponse est claire, : "Il n’est pas question pour le gouvernement de s’impliquer dans un conflit qui concerne une entreprise privée".

Interrogé tour à tour en ouverture de la 4e séance de la session administrative par Joseph Ah-Scha, du groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste, et par Gilda Vaiho, du groupe Tahoeraa Huiraatira, le ministre des transports a expliqué longuement les raisons du conflit à Air Tahiti. A la fois structurelles avec la dénonciation depuis trois ans de la convention collective, et des causes conjoncturelles liées à la mise en place de réduction du temps de travail des personnels des îles où le niveau d’activité a lui-même baissé sur plusieurs années.

Au sujet des négociations engagées depuis trois ans sur la convention collective, le ministre des transport a indiqué qu'il y avait eu plus de 60 réunions avec les 13 syndicats maison, sans accord atteint. "La direction de la société a constaté une surenchère de la part des partenaires sociaux et a en conséquence décidé de cristalliser ses positions".

La cause conjoncturelle de ce conflit concerne la réduction du temps de travail des agents de certaines îles "avec une baisse parfois de plus de 30% de l’activité, certaines îles ont vu leur fréquence de rotation baisser. Le temps de travail de presque tous les agents de ces escales étant proportionnel au nombre de touchées, il était impératif de faire évoluer la durée contractuelle
des personnels concernés
". Un plan qui n'est pas anodin puisqu'il touche 160 agents sur 280 affectés dans les îles. "Il a été discuté sur plus d’une année et présenté au comité d’entreprise pour avis et a finalement fait l’objet d’un accord de mise en application signé de la majorité des syndicats. Sa pertinence et son objectif d’équité ne sont pas contestables" souligne Albert Solia qui précise que sa mise en oeuvre est progressive sur deux ans.

Le gouvernement polynésien indique suivre le mouvement et rester en contact permanent avec les dirigeants de la société Air Tahiti, "conformément à l’appel au dialogue responsable entre les partenaires sociaux lancé par le Président du Pays le soir de son départ pour Paris". La direction de la compagnie a le soutien du gouvernement "dans leurs objectifs de consolider la santé de l'entreprise encore très fragile. En effet, malgré des résultats très encourageants, les capitaux propres sont encore loin du niveau précédant la crise de 2008 et le report à nouveau reste en fin 2015 négatif".

Toutefois, "Il n’est cependant pas question pour le gouvernement de s’impliquer dans un conflit qui concerne une entreprise privée". Le Pays est effectivement en position très minoritaire dans le capital de la société Air Tahiti avec seulement 14% des parts. Le 24 mai dernier le conseil d'administration a soutenu "de façon unanime la direction générale dans ses options fondamentales de maîtrise des coûts, options indispensables au redressement de la société".


LES CONSEQUENCES DE LA GREVE

Albert Solia a détaillé enfin toutes les conséquences de ce conflit social sur les activités de la plateforme aéroportuaire de Tahiti Faa'a mais aussi dans les îles.

Sur le réseau domestique

La corporation des PNC (hôtesses et stewards) est l’origine principale de modifications à la baisse des programmes de vols qui doivent être opérés avec 2 PNC à bord. Ainsi, 4 ATR sur 9 ont pu être armés les premiers jours ; depuis le mardi 23 mai, ce sont 7 appareils qui ont pu être armés, grâce au retour de quelques grévistes.

La grève des personnels au sol empêche encore totalement 11 escales d’être desservies. Il s’agit des iles : ARUTUA, KATIU, KAUEHI, AHE, ANAA, FANGATAU, HAO, TUREIA, REAO, TAKAPOTO, UA-POU et UA-HUKA.

Les autres îles sont toutes desservies mais certaines comme RAIVAVAE, TUBUAI, RURUTU,RIMATARA, MANIHI et NUKU HIVA le sont à des fréquences bien inférieures au programme habituel.

Les quelques cas d’urgences médicales avérées ont été pris en compte par AIR ARCHIPELS dans le cadre du contrat passé avec la CPS. La reprise du travail se fait cependant progressivement (Gambier, Navettes de Bora Bora, Papeete, etc.).

Les lignes à fort trafic et mobilisant moins de temps d’équipages, ont été préservées ; celles-ci desservent en général des îles contribuant fortement à l’activité économique du Pays ; pour autant les autres îles ne sont pas négligées et les vols y sont programmés quand cela est possible.

Dans la situation actuelle et selon les jours, 75 à 85% des voyageurs sont donc transportés quelquefois avec des retards par rapport aux horaires annoncés. Enfin les réservations à brève échéance sont en forte baisse.

Sur l’escale internationale

Air Tahiti, titulaire de cette activité par délégation d’Aéroport de Tahiti (ADT), a demandé aux compagnies touchant la Polynésie (Air Tahiti Nui, Air France, Air New Zealand, etc.) de suppléer au manque de personnel pour l’ensemble des opérations (enregistrement passagers, pistes, nettoyages et préparation, chargement etc.).

L’organisation de substitution qui est mise en place permet le traitement des avions sans répercussion majeure sur les passagers. L’effort de ces compagnies et de leurs sous-traitants est à souligner.

Si les conséquences sur l’activité touristique en général ont pu être atténuées par les mesures provisoires mises en œuvre par Air Tahiti et toutes les entités intervenant dans la chaîne touristique (compagnies internationales, agences de voyages, agence réceptives, sous- traitants divers, etc.), les coûts supportés par l’ensemble du secteur économique sont très lourds.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 26 Mai 2016 à 10:34 | Lu 3864 fois