L’association 193 a manifesté mercredi matin devant la présidence à Papeete pour dénoncer des pressions faites par le Pays pour forcer la livraison aux Gambier de 122 mètres cubes de gravier en provenance de Hao.
PAPEETE, 2 novembre 2016 - L’association 193 manifestait mercredi matin devant la présidence pour dénoncer des pressions exercées par le Pays sur les élus des Gambier, pour forcer la livraison de graviers en provenance de Hao. Le maire de l’archipel dément en affirmant que la population des Gambier est majoritairement favorable à l’opération. Sur place les graviers sont bloqués à quai par des opposants.
Il y a quelques semaines déjà, 84 mètres cubes de gravier ont été livrés à Rikitea, Mangareva, en provenance de Hao. Acheminés à bord du navire Nukuhau, ces matériaux étaient conditionnés en sacs d’un mètre cube de type "big bag". Vendredi dernier, 122 nouveaux sacs ont été débarqués sur l’île des Gambier, dans la nuit. Deux jours plus tôt, mercredi 26 octobre, Vai Gooding, le maire de cette île archipel assurerait pourtant qu’il refuserait de recevoir ce chargement affrété par le Pays, "pour éviter qu’il y ait une bagarre à l’arrivée du Nukuhau. Je n’ai pas envie que mon peuple se querelle".
Depuis quelques jours, sur place la section locale de l’association 193 avait reçu le renfort du frère Maxime et faisait campagne pour sensibiliser la population sur la présence possible dans ces graviers de polluants d’origine industrielle de type polychlorobiphényles (PCB), hydrocarbures aromatiques polycycliques et métaux lourds.
La crainte n’est pas nouvelle. Une étude sanitaire, menée par l'Institut Malardé en partenariat avec des chercheurs de l'université Laval de Québec, est actuellement en cours sur l’atoll de Hao pour évaluer l’imprégnation de la population de cet atoll aux polluants industriels après trente années d’activités militaro-industrielles sur cette ancienne base arrière du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP).
Comment, dans ce contexte polémique, la municipalité de Mangareva a-t-elle décidé, vendredi dans la nuit, de décharger les 122 mètres cubes livrés par le Nukuhau ?
L’association 193 assure que le Pays aurait exercé un chantage sur les élus de l’île pour forcer le déchargement de ces matériaux. D’où la manifestation organisée mercredi matin, devant la présidence à Papeete. "L’information nous vient d’élus du conseil municipal", assure le frère Maxime. "Ils se sont réunis lundi soir (31 octobre, NDLR). Le maire a annoncé qu’il était "pris à la gorge", après avoir été menacé, dans l’après-midi, du rejet par la DDC (Délégation pour le développement communal, NDLR) de quatre projets communaux".
"Tout est faux", clame de son côté le tavana Vai Gooding, contacté mercredi matin. Il l'assure : "Si nous avons rencontré des soucis au niveau de nos demandes devant la DDC, c’est parce qu’il manque encore des pièces à fournir aux dossiers : c’est notamment le cas pour la demande de groupe électrogène". L’élu de Mangareva confirme une réunion du conseil municipal, lundi soir : "Nous sommes tous d’accord pour continuer les travaux et terminer cette section d’un kilomètre de route. Dès lors qu’il n’y a aucune preuve que ces graviers sont contaminés, les travaux continueront", assure-t-il aujourd’hui en certifiant que sur place la "majorité des habitants de l’île souhaite que ces travaux aillent jusqu’au bout".
"Le Pays n'a qu'à acheminer une concasseuse à Rikitea", suggère Paeamara Horst, un représentant de la section "Anauga Maareva noo Taiti" de l'association 193. "Des cailloux on en a suffisamment sur place pour ce chantier". Il interroge : "Qu'est-ce qu'on dirait si tout ce gravier était livré à Motu Uta ?"
Un kilomètre de route
Les 122 mètres cubes débarqués vendredi devaient être livrés dès mercredi sur le chantier de travaux publics auxquels ils sont destinés. "Je ne crois pas", a affirmé dans la matinée le frère Maxime : "Il y aura de l’opposition : une bonne partie de la population est contre. Si le maire ne se considère pas solidaire avec ceux de ses administrés qui se sentent agressés, c’est dommage".
Présent en marge de la manifestation, mercredi matin, Roland Oldham apportait le soutien solidaire de Moruroa e Tatou aux activistes de l’association 193. Il estime qu'"avant d’envoyer ce gravier en urgence, le gouvernement aurait pu communiquer un peu mieux, en rencontrant les associations et la population. (…) Au lieu de cela, il y aurait eu des pressions faites sur le maire... Je ne peux pas être d’accord. Quand je vois tout ça, même si Flosse n’est plus là, j’ai l’impression qu’il reste des séquelles et que la démocratie s’est égarée en chemin".
En toile de fond de toute cette polémique, la rénovation en cours d’une section routière de 1000 mètres à la sortie du village de Rikitea. En l’absence d’une concasseuse opérationnelle sur place, le chantier nécessite l’apport de 1300 mètres cubes de graviers venant de l’extérieur pour être finalisé. Et c’est dans ce contexte que la direction de l’équipement s’est tournée vers l’important gisement de graviers entreposés sur l’atoll de Hao. Ces matériaux sont issus du concassage des gravats de démolition de l’ancienne base militaire de l’île. Le gisement est immense. Plusieurs milliers de mètres cubes. Mais sa présence à Hao est encombrante dans la perspective prochaine de l’installation de la grande ferme aquacole Tahiti Nui Ocean Foods, avec le concours de capitaux chinois.
Autant dire que de nouvelles livraisons sont à prévoir sur Rikitea. "Nous manifesterons à chaque fois qu’une livraison de gravier de Hao sera organisée", menace le frère Maxime. "C’est ça la détermination de l’association 193. Sinon nous ne serions pas crédibles. Il n’y a aucune preuve que ces terres ne soient pas polluées".
Devant le portail de la présidence, mercredi matin, une soixantaine de militants étaient rassemblés à l’appel de son association pour dénoncer des pressions que conteste le maire de l’île. L’association a fait la demande "urgente" lundi, d’une audience avec Edouard Fritch. Les manifestants ont été reçus par Albert Solia, en fin de matinée, le président étant en déplacement dans les îles Sous-le-vent pour assister à la première étape de la course de pirogues Hawaiki Nui va’a.
Il y a quelques semaines déjà, 84 mètres cubes de gravier ont été livrés à Rikitea, Mangareva, en provenance de Hao. Acheminés à bord du navire Nukuhau, ces matériaux étaient conditionnés en sacs d’un mètre cube de type "big bag". Vendredi dernier, 122 nouveaux sacs ont été débarqués sur l’île des Gambier, dans la nuit. Deux jours plus tôt, mercredi 26 octobre, Vai Gooding, le maire de cette île archipel assurerait pourtant qu’il refuserait de recevoir ce chargement affrété par le Pays, "pour éviter qu’il y ait une bagarre à l’arrivée du Nukuhau. Je n’ai pas envie que mon peuple se querelle".
Depuis quelques jours, sur place la section locale de l’association 193 avait reçu le renfort du frère Maxime et faisait campagne pour sensibiliser la population sur la présence possible dans ces graviers de polluants d’origine industrielle de type polychlorobiphényles (PCB), hydrocarbures aromatiques polycycliques et métaux lourds.
La crainte n’est pas nouvelle. Une étude sanitaire, menée par l'Institut Malardé en partenariat avec des chercheurs de l'université Laval de Québec, est actuellement en cours sur l’atoll de Hao pour évaluer l’imprégnation de la population de cet atoll aux polluants industriels après trente années d’activités militaro-industrielles sur cette ancienne base arrière du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP).
Comment, dans ce contexte polémique, la municipalité de Mangareva a-t-elle décidé, vendredi dans la nuit, de décharger les 122 mètres cubes livrés par le Nukuhau ?
L’association 193 assure que le Pays aurait exercé un chantage sur les élus de l’île pour forcer le déchargement de ces matériaux. D’où la manifestation organisée mercredi matin, devant la présidence à Papeete. "L’information nous vient d’élus du conseil municipal", assure le frère Maxime. "Ils se sont réunis lundi soir (31 octobre, NDLR). Le maire a annoncé qu’il était "pris à la gorge", après avoir été menacé, dans l’après-midi, du rejet par la DDC (Délégation pour le développement communal, NDLR) de quatre projets communaux".
"Tout est faux", clame de son côté le tavana Vai Gooding, contacté mercredi matin. Il l'assure : "Si nous avons rencontré des soucis au niveau de nos demandes devant la DDC, c’est parce qu’il manque encore des pièces à fournir aux dossiers : c’est notamment le cas pour la demande de groupe électrogène". L’élu de Mangareva confirme une réunion du conseil municipal, lundi soir : "Nous sommes tous d’accord pour continuer les travaux et terminer cette section d’un kilomètre de route. Dès lors qu’il n’y a aucune preuve que ces graviers sont contaminés, les travaux continueront", assure-t-il aujourd’hui en certifiant que sur place la "majorité des habitants de l’île souhaite que ces travaux aillent jusqu’au bout".
"Le Pays n'a qu'à acheminer une concasseuse à Rikitea", suggère Paeamara Horst, un représentant de la section "Anauga Maareva noo Taiti" de l'association 193. "Des cailloux on en a suffisamment sur place pour ce chantier". Il interroge : "Qu'est-ce qu'on dirait si tout ce gravier était livré à Motu Uta ?"
Un kilomètre de route
Les 122 mètres cubes débarqués vendredi devaient être livrés dès mercredi sur le chantier de travaux publics auxquels ils sont destinés. "Je ne crois pas", a affirmé dans la matinée le frère Maxime : "Il y aura de l’opposition : une bonne partie de la population est contre. Si le maire ne se considère pas solidaire avec ceux de ses administrés qui se sentent agressés, c’est dommage".
Présent en marge de la manifestation, mercredi matin, Roland Oldham apportait le soutien solidaire de Moruroa e Tatou aux activistes de l’association 193. Il estime qu'"avant d’envoyer ce gravier en urgence, le gouvernement aurait pu communiquer un peu mieux, en rencontrant les associations et la population. (…) Au lieu de cela, il y aurait eu des pressions faites sur le maire... Je ne peux pas être d’accord. Quand je vois tout ça, même si Flosse n’est plus là, j’ai l’impression qu’il reste des séquelles et que la démocratie s’est égarée en chemin".
En toile de fond de toute cette polémique, la rénovation en cours d’une section routière de 1000 mètres à la sortie du village de Rikitea. En l’absence d’une concasseuse opérationnelle sur place, le chantier nécessite l’apport de 1300 mètres cubes de graviers venant de l’extérieur pour être finalisé. Et c’est dans ce contexte que la direction de l’équipement s’est tournée vers l’important gisement de graviers entreposés sur l’atoll de Hao. Ces matériaux sont issus du concassage des gravats de démolition de l’ancienne base militaire de l’île. Le gisement est immense. Plusieurs milliers de mètres cubes. Mais sa présence à Hao est encombrante dans la perspective prochaine de l’installation de la grande ferme aquacole Tahiti Nui Ocean Foods, avec le concours de capitaux chinois.
Autant dire que de nouvelles livraisons sont à prévoir sur Rikitea. "Nous manifesterons à chaque fois qu’une livraison de gravier de Hao sera organisée", menace le frère Maxime. "C’est ça la détermination de l’association 193. Sinon nous ne serions pas crédibles. Il n’y a aucune preuve que ces terres ne soient pas polluées".
Devant le portail de la présidence, mercredi matin, une soixantaine de militants étaient rassemblés à l’appel de son association pour dénoncer des pressions que conteste le maire de l’île. L’association a fait la demande "urgente" lundi, d’une audience avec Edouard Fritch. Les manifestants ont été reçus par Albert Solia, en fin de matinée, le président étant en déplacement dans les îles Sous-le-vent pour assister à la première étape de la course de pirogues Hawaiki Nui va’a.