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Grande vague de "démissions d'office" au Tahoera’a


Lors du Grand conseil du 9 septembre 2014 où Edouard Fritch avait été choisi par le Tahoera'a pour accéder à la Présidence du Pays.
Lors du Grand conseil du 9 septembre 2014 où Edouard Fritch avait été choisi par le Tahoera'a pour accéder à la Présidence du Pays.
PAPEETE, 12 mai 2015 – Le Tahoera’a Huira’atira se réunit ce mardi en conseil politique pour constater la "démission d’office" des élus frondeurs qui ont rejoint le groupe Tapura Huira’atira. La question du maintien d’Edouard Fritch dans le parti sera évoquée.

Le Tahoera’a Huira’atira organise ce soir son troisième conseil politique disciplinaire en l’espace de 40 jours. Après avoir statué le 2 avril sur l’exclusion de Nuihau Laurey, Lana Tetuanui et leurs deux suppléants aux sénatoriales, puis 20 jours plus tard sur le principe de la démission d’office des élus absentéistes aux grands-messes du parti, la part du mouvement orange restée fidèle à Gaston Flosse s’apprête à constater, ce mardi, la démission d’office des 12 élus frondeurs qui ont rejoint, jeudi 7 mai, Lana Tetuanui, Teapehu Teahe et Michel Buillard dans les rangs du groupe Tapura Huiraa’tira à Tarahoi.

Inutile de créer un principe disciplinaire, comme cela avait été le cas le 22 avril dernier. Cette fois-ci, les statuts du Tahoera’a prévoient déjà le cas de figure. Il s’agira d’une simple formalité, en l’occurrence la mise en application de l’article 7 : "(…) Tout représentant qui (…) le quitte pour s’inscrire dans un autre groupe (…) sans avoir obtenu l’avis favorable du groupe du Tahoera’a Huira’atira ainsi que l’accord du conseil politique du parti est déclaré démissionnaire d’office du Tahoera’a Huira’atira par cette dernière instance".

Cette vague d’exclusions devrait concerner Joseph Ah-Sha, Dylma Aro, Virginie Bruant, Félix Faatau, Jacquie Graffe, Béatrice Lucas, Sylvana Puhetini, Maina Sage, Puta'i Taae, Jeannine Tata, Moehau Teriitahi et John Toromona. Et très prochainement Fernand Tahiata et Evans Haumani. Car les maires de Tubuai et de Moorea, aussi mal installés dans leur conseil municipal l'un que l'autre, pourraient bien rejoindre le groupe des frondeurs sous la menace d'une partie de chaises musicales qui serait cette fois-ci fatale à leur siège à l'Assemblée, en cas de remaniement ministériel.

Edouard Fritch a annoncé ce remaniement pour la troisième semaine de mai. Avec ou sans eux, le groupe Tapura Huira'atira passera de 15 à 17 représentants à Tarahoi. Car s'ils ne le rejoignent pas, ce sera en étant sortis de l'Assemblée par la descente de René Temeharo et de Frédéric Riveta, tous deux pro-Fritch. En contrepartie, le Tahoera'a passera de 23 à 21 représentants avant juin.

En attendant le Congrès

"Que voulez-vous, quand la gangrène se met dans un membre, il faut avoir le courage d’amputer. C’est le prix à payer pour sauver le reste du corps", comparait Gaston Flosse, le 8 avril dernier, après l’exclusion des quatre de la liste soutenue par le gouvernement aux sénatoriales. Le 3 mai, c'est eux qui seront finalement élus au Palais du Luxembourg, précipitant encore un peu plus la crise politique au sein du camp Flosse.

Aussi, le débat portera-t-il certainement mardi soir sur la question de l’avenir du Président Edouard Fritch dans le parti. "C’est l’instigateur de la rupture", martèle un cadre chevronné très proche de Gaston Flosse au Tahoera’a. Le Vieux Lion attendait du Président du Pays une démission ; il ne cesse au contraire de revendiquer son appartenance au Tahoera’a, même s’il affirme volontiers ne pas se "reconnaître dans la direction" du parti. Comprendre celle de Gaston Flosse.

Deux problèmes se posent cependant, pour une sentence de démission d'office d’Edouard Fritch, prononcée en conseil politique. Tout comme Gaston Flosse, président du parti, Edouard Fritch a été élu président délégué du Tahoera’a par les 7000 militants du congrès, en mars 2012. Cela donne à sa fonction au sein du parti une légitimité supérieure qu’il serait risqué de remettre en cause.

Gaston Flosse a décidé d’admettre ce principe, lors du Grand conseil du 23 avril dernier. Y contrevenir aujourd'hui ferait désordre en obligeant le leader autonomiste à se dédire.

Mais le parti pourra toujours s'appuyer sur l'article 7 des statuts qui stipule aussi que "Tout membre du Tahoera’a Huira’atira qui participe à un gouvernement ou à une majorité à l’assemblée de la Polynésie française qui n’a pas le soutien du mouvement est considéré comme démissionnaire d’office".

Le camp Flosse pourrait être tenté par la manœuvre en attendant le prochain congrès, annoncé en novembre 2014 et depuis repoussé sans cesse au point d'avoir finalement l'allure d'une Arlésienne.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 12 Mai 2015 à 12:39 | Lu 5362 fois