PAPEETE, le 24 juillet 2017 - Vendredi, une partie du gouvernement s’est rendue sur cet atoll si particulier de l’archipel des Tuamotu. Convoité pour son phosphate par Colin Randall, un Australien qui travaille dans l’industrie minière depuis plus de 40 ans, Makatea déchaîne les passions. Faut-il ou non accepter la demande de concession minière de cet investisseur australien ? Le gouvernement devrait bientôt lancer une enquête publique. La population est divisée sur la question.
« L’aurore aux doigts de rose » tire doucement de leur sommeil Makatea et ses habitants. 5h30, en ce vendredi du mois de juillet. Le Tahiti Nui transperce les flots et file tout droit vers cet atoll des Tuamotu, vierge de tout aérodrome. La mer en est l’unique voie d’accès. Devant le navire de la flottille administrative, la lumière du jour dévoile peu à peu les falaises de cet atoll soulevé. Résultat d’un « phénomène géologique exceptionnel », les îles comme Makatea, 28 kilomètres carré et 68 habitants sont rares dans le monde.
A quelques mètres face au navire, le modeste quai apparaît. Les premières voitures surgissent de la pénombre. Elles viennent attendre leurs passagers de la journée. Le Tahiti Nui, affrété par le Pays, stoppe et débarque ses voyageurs. Une « visite technique » a été organisée par le gouvernement sur l’île de Makatea. Le président, Edouard Fritch, accompagné d’une partie de ses ministres, vient à la rencontre du conseil municipal de Rangiroa, dont Makatea est une commune associée, et de Colin Randall, homme d’affaires australien. Objet de la visite : les discussions autour de la reprise de l’exploitation de phosphate sur l’île par ce dernier. A Makatea comme ailleurs, le sujet déchaîne les passions.
« L’aurore aux doigts de rose » tire doucement de leur sommeil Makatea et ses habitants. 5h30, en ce vendredi du mois de juillet. Le Tahiti Nui transperce les flots et file tout droit vers cet atoll des Tuamotu, vierge de tout aérodrome. La mer en est l’unique voie d’accès. Devant le navire de la flottille administrative, la lumière du jour dévoile peu à peu les falaises de cet atoll soulevé. Résultat d’un « phénomène géologique exceptionnel », les îles comme Makatea, 28 kilomètres carré et 68 habitants sont rares dans le monde.
A quelques mètres face au navire, le modeste quai apparaît. Les premières voitures surgissent de la pénombre. Elles viennent attendre leurs passagers de la journée. Le Tahiti Nui, affrété par le Pays, stoppe et débarque ses voyageurs. Une « visite technique » a été organisée par le gouvernement sur l’île de Makatea. Le président, Edouard Fritch, accompagné d’une partie de ses ministres, vient à la rencontre du conseil municipal de Rangiroa, dont Makatea est une commune associée, et de Colin Randall, homme d’affaires australien. Objet de la visite : les discussions autour de la reprise de l’exploitation de phosphate sur l’île par ce dernier. A Makatea comme ailleurs, le sujet déchaîne les passions.
LE TEMPS S’EST ARRÊTÉ
Le moteur de la baleinière rugit. Le petit bateau vogue vers le quai. Arrivés à bon port, l’exécutif embarque dans les pick-ups. Direction : la maison de Julien Mai, tavana de Makatea, qui tient aussi une pension de famille. Le chemin est jonché de vestiges du passé, comme si le temps s’était arrêté il y a plus de 50 ans. La nature, verdoyante et sauvage, y a repris ses droits mais laisse apparaître par endroits les témoignages d’une folle industrie minière. Locomotive à vapeur, réservoirs d’eau et rails de chemin de fer, les stigmates sont toujours présents.
La route mène jusqu’à l’unique village de l’île. En face de la mairie, au pied de l’antenne relais, un comité d’accueil attend le président et les ministres. Ils sont une quinzaine à brandir des pancartes. Dessus, ils y ont inscrit leur désarroi, leur colère ou leurs inquiétudes. « On veut garder le site naturel. On ne veut pas une deuxième exploitation. Pourquoi en faire une autre alors que la première a été catastrophique ?, s’inquiète Raoul Nouveau, un ayant droit, installé depuis peu à Makatea. On a discuté hier avec Randall. Il veut la réhabilitation mais il ne parle pas de ce qu’il va se passer avant cette phase, avec l’extraction. C’est tout un chamboulement dans la vie des gens qui va avoir lieu. Ce ne sera plus une vie pour eux. » La délégation continue sa route.
Colin Randall présente son projet en détails au président et aux ministres. Il revient sur la genèse, le processus et ses objectifs. « Je fais aujourd’hui une demande d’enquête publique au gouvernement, lance Colin Randall, dans sa langue maternelle. C’était mon projet au départ, c’est maintenant celui de la population. » L’Australien travaille sur Makatea depuis huit ans. Il a réalisé plusieurs campagnes de prélèvements et réalisé de nombreuses recherches. La Sas Avenir Makatea projette d’exploiter 600 hectares de l’ancienne zone d’exploitation. Sur les 26 années d’exploitation, l’extraction porte sur environ 6 millions de tonnes, sachant que durant les deux premières années le promoteur prévoit d’exporter 35 000 tonnes par an.
Dans le nord de l’île, les recherches ont montré que les trous étaient trop profonds. La réhabilitation est impossible. Pour les autres parcelles qui seront réhabilitées, Colin Randall les rendra ensuite à leurs propriétaires après les travaux. Pendant toute la durée de l’exploitation, les ayants droit recevront 60 000 francs par an et par hectare. « En plus de ce loyer, ils percevront aussi une commission suivant le cours du phosphate pour les propriétaires des terres où sera basée l’exploitation », assure l’Australien.
Le bureau d’étude Pae Tai Pae Uta avait pour mission d’étudier la faune, la flore et la géologie de l’île. Il a noté que les espèces endémiques, comme le Rupe ou pigeon vert, étaient revenues sur l’île, même aux endroits exploités. « Nous n’avons pas pu observer de zones de nidification », observe Steve Faaeva, chargé d’étude à Pai Tai Pae Uta. La reprise de l’extraction du phosphate dans les zones prévues n’aurait aucun impact sur la faune et la flore. « Le dossier doit être complété, intervient une personne du ministère de l’Environnement. Les espèces protégées n’ont pas été étudiées de manière suffisante. Il faut faire un inventaire plus poussé. » Colin Randall rassure : les éléments seront fournis dans les prochains jours.
La route mène jusqu’à l’unique village de l’île. En face de la mairie, au pied de l’antenne relais, un comité d’accueil attend le président et les ministres. Ils sont une quinzaine à brandir des pancartes. Dessus, ils y ont inscrit leur désarroi, leur colère ou leurs inquiétudes. « On veut garder le site naturel. On ne veut pas une deuxième exploitation. Pourquoi en faire une autre alors que la première a été catastrophique ?, s’inquiète Raoul Nouveau, un ayant droit, installé depuis peu à Makatea. On a discuté hier avec Randall. Il veut la réhabilitation mais il ne parle pas de ce qu’il va se passer avant cette phase, avec l’extraction. C’est tout un chamboulement dans la vie des gens qui va avoir lieu. Ce ne sera plus une vie pour eux. » La délégation continue sa route.
Colin Randall présente son projet en détails au président et aux ministres. Il revient sur la genèse, le processus et ses objectifs. « Je fais aujourd’hui une demande d’enquête publique au gouvernement, lance Colin Randall, dans sa langue maternelle. C’était mon projet au départ, c’est maintenant celui de la population. » L’Australien travaille sur Makatea depuis huit ans. Il a réalisé plusieurs campagnes de prélèvements et réalisé de nombreuses recherches. La Sas Avenir Makatea projette d’exploiter 600 hectares de l’ancienne zone d’exploitation. Sur les 26 années d’exploitation, l’extraction porte sur environ 6 millions de tonnes, sachant que durant les deux premières années le promoteur prévoit d’exporter 35 000 tonnes par an.
Dans le nord de l’île, les recherches ont montré que les trous étaient trop profonds. La réhabilitation est impossible. Pour les autres parcelles qui seront réhabilitées, Colin Randall les rendra ensuite à leurs propriétaires après les travaux. Pendant toute la durée de l’exploitation, les ayants droit recevront 60 000 francs par an et par hectare. « En plus de ce loyer, ils percevront aussi une commission suivant le cours du phosphate pour les propriétaires des terres où sera basée l’exploitation », assure l’Australien.
Le bureau d’étude Pae Tai Pae Uta avait pour mission d’étudier la faune, la flore et la géologie de l’île. Il a noté que les espèces endémiques, comme le Rupe ou pigeon vert, étaient revenues sur l’île, même aux endroits exploités. « Nous n’avons pas pu observer de zones de nidification », observe Steve Faaeva, chargé d’étude à Pai Tai Pae Uta. La reprise de l’extraction du phosphate dans les zones prévues n’aurait aucun impact sur la faune et la flore. « Le dossier doit être complété, intervient une personne du ministère de l’Environnement. Les espèces protégées n’ont pas été étudiées de manière suffisante. Il faut faire un inventaire plus poussé. » Colin Randall rassure : les éléments seront fournis dans les prochains jours.
LES FANTÔMES DU PASSÉ REFONT SURFACE
La visite continue. Les manifestants sont toujours présents avec leurs pancartes, plus hautes qu’auparavant. « On est contre le projet, ce projet il fait trop rêver », affirme Heidy, 25 ans, habitante de Makatea. La veille, Colin Randall est venu à la rencontre des habitants. Certains ont obtenu leur réponse et ont été rassurés. D’autres, en revanche, n’ont pas obtenu ce qu’ils souhaitaient. « Son traducteur n’a pas répondu à ma question. Aujourd’hui, je vais reposer les mêmes questions. Le jour où le projet se fera, est-ce que l’on pourra stopper le projet s’il ne respecte pas ce qui a été dit ? », reprend Heidy.
La majorité des opposants au projet ont peur de replonger dans le passé, comme lors de la première exploitation minière. Pour le maire et le gouvernement, il en est hors de question. Désormais, le Pays est aux commandes et peut s’appuyer sur un code minier. « Aujourd’hui, c’est le Pays qui est maître du jeu, avec la commune. Nous allons donner les autorisations, nous allons écrire le cahier des charges, c’est nous qui allons dire à l’investisseur ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire », assure Edouard Fritch.
Difficile de se défaire du passé à Makatea, les blessures y sont encore tellement visibles. En contrebas du village, les constructions qui datent de plus d’un demi-siècle se dressent au milieu de la jungle. Les grands murs de pierre semblent indestructibles. Les rails des tapis roulants ont été jetés dans un coin, comme si le départ s’était fait à la hâte. Personne ne semble avoir voulu les emporter. C’est par ici que passait le minerai extrait plus haut dans l’île. Grâce à ce cheminement gigantesque, le phosphate arrivait directement dans les navires en attente de leur cargaison.
A quelques mètres de là, les rails de l’ancien chemin de fer sont encore posés à même le sol. A les suivre, les curieux se perdent dans une forêt de végétation épaisse. « Vestiges industriels » indique un panneau, accompagné d’une flèche. Le chemin tracé mène jusqu’à l’ancien four et à la centrale électrique de l’île, moteurs des extractions. Il ne reste aujourd’hui que des machines en décrépitude. Le maire Julien Mai souhaite nettoyer le site et le conserver. Témoignage de la frénésie industrielle qu’a connue Makatea, l’édile compte en faire une sorte de musée à ciel ouvert. La visite est de courte durée. La délégation remonte à bord des pickups et laisse derrière elle la végétation luxuriante.
La majorité des opposants au projet ont peur de replonger dans le passé, comme lors de la première exploitation minière. Pour le maire et le gouvernement, il en est hors de question. Désormais, le Pays est aux commandes et peut s’appuyer sur un code minier. « Aujourd’hui, c’est le Pays qui est maître du jeu, avec la commune. Nous allons donner les autorisations, nous allons écrire le cahier des charges, c’est nous qui allons dire à l’investisseur ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire », assure Edouard Fritch.
Difficile de se défaire du passé à Makatea, les blessures y sont encore tellement visibles. En contrebas du village, les constructions qui datent de plus d’un demi-siècle se dressent au milieu de la jungle. Les grands murs de pierre semblent indestructibles. Les rails des tapis roulants ont été jetés dans un coin, comme si le départ s’était fait à la hâte. Personne ne semble avoir voulu les emporter. C’est par ici que passait le minerai extrait plus haut dans l’île. Grâce à ce cheminement gigantesque, le phosphate arrivait directement dans les navires en attente de leur cargaison.
A quelques mètres de là, les rails de l’ancien chemin de fer sont encore posés à même le sol. A les suivre, les curieux se perdent dans une forêt de végétation épaisse. « Vestiges industriels » indique un panneau, accompagné d’une flèche. Le chemin tracé mène jusqu’à l’ancien four et à la centrale électrique de l’île, moteurs des extractions. Il ne reste aujourd’hui que des machines en décrépitude. Le maire Julien Mai souhaite nettoyer le site et le conserver. Témoignage de la frénésie industrielle qu’a connue Makatea, l’édile compte en faire une sorte de musée à ciel ouvert. La visite est de courte durée. La délégation remonte à bord des pickups et laisse derrière elle la végétation luxuriante.
UNE REPRISE QUI FAIT DÉBAT
Changement de décor. Sur le haut de l’atoll, de part et d’autre d’une route tracée, des arbres sortent d’immenses trous formés à coup de pelle et de pioche. C’est là que se trouvait le minerai tant convoité. « Ce sont ces parties là que Colin Randall souhaite réhabiliter. Il va creuser à six mètres, prendre le phosphate qu’il reste, concasser le reste de la matière et remplir avec cela les trous pour tout mettre à la même hauteur », indique un connaisseur du dossier.
Après cette visite de l’île, une réunion publique prend place à l’école entre l’exécutif et les habitants. Le président Edouard Fritch s’exprime en premier : « On ne peut pas laisser la terre comme cela à nos enfants ! Il n’y a que des trous… » Dans l’assemblée, les opposants étaient au rendez-vous. Ils ont à nouveau exprimé leurs craintes. Des inquiétudes auxquelles le maire de Rangiroa, Teina Maraeura, a rétorqué : « C’est facile pour toi de parler, tu as du travail dans l’administration ! »
Les jeunes manifestants ont ensuite interpellé le gouvernement sur leur manière de vivre à Makatea. « Tout le monde parle de Makatea, sans jamais venir sur le terrain ! Ici, on vit du coprah, du kaveu (NDLR : crabe des cocotiers), du poisson et je suis fier de ça ! », lance avec ferveur l’un d’entre eux, avant de reprendre : « Une terre a toujours sa dignité ! Makatea, c’est l’abondance tous les jours, il ne faut pas casser notre île ! »
Dans l’assemblée, une nouvelle voix s’élève. Il s’agit d’une des mamans de Makatea. Pour elle, au contraire, ce projet est le bienvenu. « Ceux qui sont contre le projet sont ceux qui n’habitent pas à Tahiti. Ce projet, il est fait pour nos enfants. C’est bien pour leur donner du travail. Il faut qu’ils aient un travail », s’exclame-t-elle. Des applaudissements retentissent. Colin Randall prévoit d’exploiter la zone pour 26 ans et de créer, ainsi, 73 emplois directs.
Comme cette maman, plusieurs habitants de l’île soutiennent le projet de Colin Randall. Ils y voient une opportunité de développer l’île et d’assurer un avenir à leurs enfants. «La pêche n’est pas l’avenir ! Il faut leur redonner du travail ! », renchérit un autre habitant.
15 heures, après à peine plus d’une heure de réunion, l’édile de Rangiroa annonce la fin de la séance. La navette pour rejoindre son île s’apprête à partir. L’investisseur australien embarque avec lui. Colin Randall rencontrera dans les prochains jours d’autres ayants droit sur les îles de Rangiroa et Mataiva.
Pour le gouvernement, il s’agit maintenant de laisser la population décider. L’enquête publique devrait être lancée d’ici à un mois. C’est aux habitants de choisir l’avenir de l’atoll de Makatea et sous quel jour l’aurore aux doigts de rose retrouvera l’île.
Après cette visite de l’île, une réunion publique prend place à l’école entre l’exécutif et les habitants. Le président Edouard Fritch s’exprime en premier : « On ne peut pas laisser la terre comme cela à nos enfants ! Il n’y a que des trous… » Dans l’assemblée, les opposants étaient au rendez-vous. Ils ont à nouveau exprimé leurs craintes. Des inquiétudes auxquelles le maire de Rangiroa, Teina Maraeura, a rétorqué : « C’est facile pour toi de parler, tu as du travail dans l’administration ! »
Les jeunes manifestants ont ensuite interpellé le gouvernement sur leur manière de vivre à Makatea. « Tout le monde parle de Makatea, sans jamais venir sur le terrain ! Ici, on vit du coprah, du kaveu (NDLR : crabe des cocotiers), du poisson et je suis fier de ça ! », lance avec ferveur l’un d’entre eux, avant de reprendre : « Une terre a toujours sa dignité ! Makatea, c’est l’abondance tous les jours, il ne faut pas casser notre île ! »
Dans l’assemblée, une nouvelle voix s’élève. Il s’agit d’une des mamans de Makatea. Pour elle, au contraire, ce projet est le bienvenu. « Ceux qui sont contre le projet sont ceux qui n’habitent pas à Tahiti. Ce projet, il est fait pour nos enfants. C’est bien pour leur donner du travail. Il faut qu’ils aient un travail », s’exclame-t-elle. Des applaudissements retentissent. Colin Randall prévoit d’exploiter la zone pour 26 ans et de créer, ainsi, 73 emplois directs.
Comme cette maman, plusieurs habitants de l’île soutiennent le projet de Colin Randall. Ils y voient une opportunité de développer l’île et d’assurer un avenir à leurs enfants. «La pêche n’est pas l’avenir ! Il faut leur redonner du travail ! », renchérit un autre habitant.
15 heures, après à peine plus d’une heure de réunion, l’édile de Rangiroa annonce la fin de la séance. La navette pour rejoindre son île s’apprête à partir. L’investisseur australien embarque avec lui. Colin Randall rencontrera dans les prochains jours d’autres ayants droit sur les îles de Rangiroa et Mataiva.
Pour le gouvernement, il s’agit maintenant de laisser la population décider. L’enquête publique devrait être lancée d’ici à un mois. C’est aux habitants de choisir l’avenir de l’atoll de Makatea et sous quel jour l’aurore aux doigts de rose retrouvera l’île.
« Le projet est le bienvenu par la plupart des propriétaires »
Colin Randall est à l’origine du projet d’exploitation du phosphate de Makatea. A presque 70 ans, l’Australien entend faire de Makatea son dernier projet. Il espère avoir le soutien de la population.
Vous avez plus de 40 ans de carrière dans l’industrie minière, notamment en Australie. Pourquoi avoir choisi Makatea pour votre dernier projet ?
Mon histoire avec Makatea a commencé il y a 23 ans. Je travaillais pour des Japonais qui cherchaient à l’époque un endroit où déposer les cendres du charbon de leurs centrales. Nous avions trouvé que Makatea serait un bon endroit pour le faire. Finalement, les Japonais ont décidé d’augmenter leur production d’électricité via le nucléaire et donc, ils ont arrêté le développement de leurs centrales à charbon. Ils n’avaient plus besoin d’un endroit où mettre leurs cendres. Mais je n’ai jamais oublié Makatea… C’est une île incroyablement belle qui a été détruite et abandonnée par les Français. Pendant 50 ans, ici, rien n’a été fait. Personne n’a rien fait et cette île était en train de mourir. Un jour, ma femme m’a dit : « Colin, tu en parles depuis des années, fais quelque chose. » C’est ce que j’ai fait en 2010. Nous avons engagé une campagne de recherche pour comprendre la géologie et la géographie de l’île. Comme vous l’avez entendu aujourd’hui, nous avons fait beaucoup de missions pour comprendre cette île, son environnement, tous les aspects qui font de Makatea un site unique.
Combien de temps et d’argent avez-vous investi pour ce projet ?
Comme tout projet de cette importance, cela prend normalement huit à 10 ans. Pour le succès de projet, cela avait besoin de ce niveau d’investissement. Donc je travaille sur le projet depuis maintenant huit ans. Trois millions de dollars australiens, c’est beaucoup d’argent. Mais Makatea un lieu très difficile notamment en ce qui concerne l’accès.
Qu’attendez-vous de l’enquête publique demandée au gouvernement ?
Cette enquête publique est une obligation établie par le code minier. Il demande qu’un livre soit ouvert pour un mois à au moins six endroits : deux à Papeete, un à Rangiroa, Tikehau, Mataiva et Makatea. C’est une opportunité pour la population de voter oui ou non pour ce projet. Ce n’est pas que pour les ayants droit, c’est aussi pour la population de ces îles. C’est-à-dire que même si les gens de Makatea disent oui mais que dans d’autres îles les gens disent non, et qu’ils sont en plus grand nombre, le projet n’aura pas lieu.
Comprenez-vous les réticences de certaines personnes ?
J’ai parlé à beaucoup de monde sur une période d'au moins cinq ans. Les gens sont inquiets car c’est une peur de l’avenir. Ils ont peur du changement et c’est normal. Les gens veulent comprendre ce qu’est le changement. C’est pourquoi nous avons organisé une exposition pour laquelle 1500 personnes se sont déplacées. Je comprends leurs inquiétudes mais compte tenu du nombre d’encouragements que nous avons eu de la part de la grande majorité des ayants droit de l’ile de Makatea, cela montre bien que le projet est le bienvenu par la plupart des propriétaires.
Est-ce que Makatea est une porte d’entrée pour vous, vers la Polynésie française ? Planifiez-vous d’aller voir d’autres îles ?
Pas du tout. Pour moi, Makatea est le seul endroit. Encore une fois, j’ai 70 ans, c’est mon dernier projet. C’est le plus difficile et le plus compliqué des projets que j’ai menés. Dans tous les projets où j’ai été impliqué, j’ai rencontré les mêmes problématiques : environnementales et ce que l’on appelle « une licence sociale ». Si vous ne l’avez pas, vous ne pouvez pas mener à bien votre projet. Une licence sociale en Polynésie française signifie : acceptation par la population en général et accord avec chacun des ayants droit. C’est que nous avons fait avec l’exposition l’année dernière et maintenant, en rencontrant les ayants droit. A l’heure où je vous parle, nous en avons rencontré plus de 50 % qui ont des terres dans la zone que nous souhaitons exploiter. Durant le mois prochain, nous allons probablement en rencontrer 25% de plus. J’espère que pour le mois d’octobre, nous aurons rencontré 90 % des propriétaires.
Vous avez plus de 40 ans de carrière dans l’industrie minière, notamment en Australie. Pourquoi avoir choisi Makatea pour votre dernier projet ?
Mon histoire avec Makatea a commencé il y a 23 ans. Je travaillais pour des Japonais qui cherchaient à l’époque un endroit où déposer les cendres du charbon de leurs centrales. Nous avions trouvé que Makatea serait un bon endroit pour le faire. Finalement, les Japonais ont décidé d’augmenter leur production d’électricité via le nucléaire et donc, ils ont arrêté le développement de leurs centrales à charbon. Ils n’avaient plus besoin d’un endroit où mettre leurs cendres. Mais je n’ai jamais oublié Makatea… C’est une île incroyablement belle qui a été détruite et abandonnée par les Français. Pendant 50 ans, ici, rien n’a été fait. Personne n’a rien fait et cette île était en train de mourir. Un jour, ma femme m’a dit : « Colin, tu en parles depuis des années, fais quelque chose. » C’est ce que j’ai fait en 2010. Nous avons engagé une campagne de recherche pour comprendre la géologie et la géographie de l’île. Comme vous l’avez entendu aujourd’hui, nous avons fait beaucoup de missions pour comprendre cette île, son environnement, tous les aspects qui font de Makatea un site unique.
Combien de temps et d’argent avez-vous investi pour ce projet ?
Comme tout projet de cette importance, cela prend normalement huit à 10 ans. Pour le succès de projet, cela avait besoin de ce niveau d’investissement. Donc je travaille sur le projet depuis maintenant huit ans. Trois millions de dollars australiens, c’est beaucoup d’argent. Mais Makatea un lieu très difficile notamment en ce qui concerne l’accès.
Qu’attendez-vous de l’enquête publique demandée au gouvernement ?
Cette enquête publique est une obligation établie par le code minier. Il demande qu’un livre soit ouvert pour un mois à au moins six endroits : deux à Papeete, un à Rangiroa, Tikehau, Mataiva et Makatea. C’est une opportunité pour la population de voter oui ou non pour ce projet. Ce n’est pas que pour les ayants droit, c’est aussi pour la population de ces îles. C’est-à-dire que même si les gens de Makatea disent oui mais que dans d’autres îles les gens disent non, et qu’ils sont en plus grand nombre, le projet n’aura pas lieu.
Comprenez-vous les réticences de certaines personnes ?
J’ai parlé à beaucoup de monde sur une période d'au moins cinq ans. Les gens sont inquiets car c’est une peur de l’avenir. Ils ont peur du changement et c’est normal. Les gens veulent comprendre ce qu’est le changement. C’est pourquoi nous avons organisé une exposition pour laquelle 1500 personnes se sont déplacées. Je comprends leurs inquiétudes mais compte tenu du nombre d’encouragements que nous avons eu de la part de la grande majorité des ayants droit de l’ile de Makatea, cela montre bien que le projet est le bienvenu par la plupart des propriétaires.
Est-ce que Makatea est une porte d’entrée pour vous, vers la Polynésie française ? Planifiez-vous d’aller voir d’autres îles ?
Pas du tout. Pour moi, Makatea est le seul endroit. Encore une fois, j’ai 70 ans, c’est mon dernier projet. C’est le plus difficile et le plus compliqué des projets que j’ai menés. Dans tous les projets où j’ai été impliqué, j’ai rencontré les mêmes problématiques : environnementales et ce que l’on appelle « une licence sociale ». Si vous ne l’avez pas, vous ne pouvez pas mener à bien votre projet. Une licence sociale en Polynésie française signifie : acceptation par la population en général et accord avec chacun des ayants droit. C’est que nous avons fait avec l’exposition l’année dernière et maintenant, en rencontrant les ayants droit. A l’heure où je vous parle, nous en avons rencontré plus de 50 % qui ont des terres dans la zone que nous souhaitons exploiter. Durant le mois prochain, nous allons probablement en rencontrer 25% de plus. J’espère que pour le mois d’octobre, nous aurons rencontré 90 % des propriétaires.
Cinq questions à… Edouard Fritch : "La partie verte de Makatea ne sera pas touchée"
Avez-vous trouvé les réponses à vos questions en venant sur le terrain ?
J’ai un peu plus de réponses suite à cette réunion avec la population de Makatea. A entendre les échos à Tahiti, la réaction que l’on peut avoir : « c’est niet niet, on ne veut pas en entendre parler ! » Lorsqu’on vient ici, on sent quand même une préoccupation chez les gens qui vivent à Makatea pour l’avenir de leurs enfants. Ils réfléchissent à comment s’organiser de façon à ce que leurs enfants ne vivent pas que d’un peu de coprah, de pêche, de crabe. Je l’ai dit dans mon propos : je ne m’inscris pas contre ces gens qui disent non. […] Certaines de ces personnes ne veulent pas voir recommencer l’histoire des phosphates de Makatea. C’est une obsession chez eux. Mais ce n’est pas ce qu’il va se passer… Le Pays veillera.
Aujourd’hui, ceux qui sont contre proposent justement des solutions pour développer Makatea comme l’agriculture, l’apiculture…
Mais cela ne gêne en rien ! Je prêche, comme je leur ai dit, pour un rassemblement de toutes nos forces : «Vous qui êtes contre, je vous respecte mais apportez votre contribution à la réflexion avec la commune, avec le Pays et ensemble nous pourrons construire cet avenir sans que les intérêts des uns et des autres ne soient bafoués, ou réduits à néant. » Nous l’avons vu sur l’explication ce matin. L’exploitation minière va prendre 20 % ou 30 % du pays. La partie verte de Makatea ne sera pas touchée. L’investisseur, avec le maître d’œuvre en matière de protection de l’environnement, propose de protéger la zone forestière qui existe déjà aujourd’hui.
Est-ce que le Pays va pouvoir apporter son soutien aux autres projets de développement ?
Mais bien sûr ! Je crois même que le Pays n’aura plus besoin d’apporter son soutien car ce sont des gens qui auront demain des revenus et qui pourront le faire tout seul. Je vais proposer au maire de prendre une équipe à Makatea pour que l’on aille nettoyer tout ce que l’on a vu aujourd’hui. On parle beaucoup du CEP, on a un devoir de mémoire envers ces jeunes-là. Je pense de que cela mérite d’être vu. Nous avons la chance, vous avez la chance de voir ce qu’est Makatea. Mais combien de jeunes ne savent pas ce qu’est Makatea ? Nous avons fait beaucoup de bruit avec le nucléaire mais Makatea a nourri la Polynésie pendant plus de 60 ans. Il y a un vrai devoir des pouvoirs publics envers cette île qui est effectivement oubliée aujourd’hui.
Qu’est-ce que cela implique ? La dépollution ?
Oui, il faut dépolluer. Outre le scandale des trous sur Makatea, il y a aussi le scandale des tôles qui traînent (NDLR : pleine d’amiante). Il faut vraiment que l’on apporte une solution. Je m’occupe de la partie mémoire, il y a de quoi faire. C’est le côté un peu positif de Makatea. Une fois que l’on arrive dans les trous, c’est terminé. C’est un paysage désolant. C’est désertique. Mais on ne peut même pas y aller parce qu’on risque sa vie.
Quand allez-vous lancer l’enquête publique?
J’espère lancer l’enquête publique dans un mois. Le dossier est prêt, il reste juste quelques éléments à apporter. Je crois qu’il faut maintenant que l’on couche sur du papier ce que l’on a dire contre et ce que l’on a dire pour. Il faut surtout que nous regroupions tous les éléments qui nous permettent de prendre la bonne décision. C’est une population qui est traumatisée. Il faut en tenir compte. Mais il y a aussi les jeunes qui arrivent derrière, qu’est-ce qu’on va faire de ces gens-là demain ? Au fond de moi, j’ai envie que Makatea reprenne vie.
J’ai un peu plus de réponses suite à cette réunion avec la population de Makatea. A entendre les échos à Tahiti, la réaction que l’on peut avoir : « c’est niet niet, on ne veut pas en entendre parler ! » Lorsqu’on vient ici, on sent quand même une préoccupation chez les gens qui vivent à Makatea pour l’avenir de leurs enfants. Ils réfléchissent à comment s’organiser de façon à ce que leurs enfants ne vivent pas que d’un peu de coprah, de pêche, de crabe. Je l’ai dit dans mon propos : je ne m’inscris pas contre ces gens qui disent non. […] Certaines de ces personnes ne veulent pas voir recommencer l’histoire des phosphates de Makatea. C’est une obsession chez eux. Mais ce n’est pas ce qu’il va se passer… Le Pays veillera.
Aujourd’hui, ceux qui sont contre proposent justement des solutions pour développer Makatea comme l’agriculture, l’apiculture…
Mais cela ne gêne en rien ! Je prêche, comme je leur ai dit, pour un rassemblement de toutes nos forces : «Vous qui êtes contre, je vous respecte mais apportez votre contribution à la réflexion avec la commune, avec le Pays et ensemble nous pourrons construire cet avenir sans que les intérêts des uns et des autres ne soient bafoués, ou réduits à néant. » Nous l’avons vu sur l’explication ce matin. L’exploitation minière va prendre 20 % ou 30 % du pays. La partie verte de Makatea ne sera pas touchée. L’investisseur, avec le maître d’œuvre en matière de protection de l’environnement, propose de protéger la zone forestière qui existe déjà aujourd’hui.
Est-ce que le Pays va pouvoir apporter son soutien aux autres projets de développement ?
Mais bien sûr ! Je crois même que le Pays n’aura plus besoin d’apporter son soutien car ce sont des gens qui auront demain des revenus et qui pourront le faire tout seul. Je vais proposer au maire de prendre une équipe à Makatea pour que l’on aille nettoyer tout ce que l’on a vu aujourd’hui. On parle beaucoup du CEP, on a un devoir de mémoire envers ces jeunes-là. Je pense de que cela mérite d’être vu. Nous avons la chance, vous avez la chance de voir ce qu’est Makatea. Mais combien de jeunes ne savent pas ce qu’est Makatea ? Nous avons fait beaucoup de bruit avec le nucléaire mais Makatea a nourri la Polynésie pendant plus de 60 ans. Il y a un vrai devoir des pouvoirs publics envers cette île qui est effectivement oubliée aujourd’hui.
Qu’est-ce que cela implique ? La dépollution ?
Oui, il faut dépolluer. Outre le scandale des trous sur Makatea, il y a aussi le scandale des tôles qui traînent (NDLR : pleine d’amiante). Il faut vraiment que l’on apporte une solution. Je m’occupe de la partie mémoire, il y a de quoi faire. C’est le côté un peu positif de Makatea. Une fois que l’on arrive dans les trous, c’est terminé. C’est un paysage désolant. C’est désertique. Mais on ne peut même pas y aller parce qu’on risque sa vie.
Quand allez-vous lancer l’enquête publique?
J’espère lancer l’enquête publique dans un mois. Le dossier est prêt, il reste juste quelques éléments à apporter. Je crois qu’il faut maintenant que l’on couche sur du papier ce que l’on a dire contre et ce que l’on a dire pour. Il faut surtout que nous regroupions tous les éléments qui nous permettent de prendre la bonne décision. C’est une population qui est traumatisée. Il faut en tenir compte. Mais il y a aussi les jeunes qui arrivent derrière, qu’est-ce qu’on va faire de ces gens-là demain ? Au fond de moi, j’ai envie que Makatea reprenne vie.
Un déplacement qui interroge
Le déplacement de l’exécutif à Makatea a été annoncé la semaine dernière. Quelques jours avant d’embarquer, certains médias qui avaient fait la demande ont aussi obtenu une place.
Mais depuis, cette visite technique à Makatea suscite des interrogations. Samedi, sur sa page Facebook, le député Moetai Brotherson, du Tavini Huira’atira a ainsi posé ses questions :
« 1) Pourquoi aucune communication officielle n'a été faite EN AMONT de ce déplacement ?
2) Pourquoi aucun membre de l'APF et aucun parlementaire national n'est convié à effectuer ce déplacement ?
3) Pourquoi aucun membre des associations de propriétaires opposés au projet n'est convié à effectuer ce déplacement ?
4) Qui paye les frais d'utilisation du bateau de la flottille pour 12 personnes alors que le bateau peut en accueillir 198 ? »
Le député, qui s’oppose au projet, annonce qu’il va adresser un courrier au ministre Tearii Alpha pour obtenir des réponses.
L’association Fatu Fenua no Makatea, qui réunit les opposants au projet, s’interroge elle aussi. Certains de ses membres dont la présidente Sylvana Nordman, devaient embarquer à bord du Maris Stella mercredi 19 juillet pour se rendre à Makatea et être présents pour la visite du gouvernement. Quelques jours avant le départ, on leur a appris que le navire n’effectuerait pas le trajet jusqu’à Makatea. Il irait, à la place à Mataiva.
Le prochain voyage à Makatea aura lieu le 5 août. « Pourquoi est-ce qu’il a été annulé au dernier moment, s’interroge Sylvana Nordman. Il y a plusieurs familles de Makatea qui doivent rester deux semaines de plus à Tahiti, ce n’est pas normal… » La présidente a fait une demande pour embarquer sur le Tahiti Nui, avec le gouvernement. Demande refusée. « On nous a exclus de cette mission… »
Mais depuis, cette visite technique à Makatea suscite des interrogations. Samedi, sur sa page Facebook, le député Moetai Brotherson, du Tavini Huira’atira a ainsi posé ses questions :
« 1) Pourquoi aucune communication officielle n'a été faite EN AMONT de ce déplacement ?
2) Pourquoi aucun membre de l'APF et aucun parlementaire national n'est convié à effectuer ce déplacement ?
3) Pourquoi aucun membre des associations de propriétaires opposés au projet n'est convié à effectuer ce déplacement ?
4) Qui paye les frais d'utilisation du bateau de la flottille pour 12 personnes alors que le bateau peut en accueillir 198 ? »
Le député, qui s’oppose au projet, annonce qu’il va adresser un courrier au ministre Tearii Alpha pour obtenir des réponses.
L’association Fatu Fenua no Makatea, qui réunit les opposants au projet, s’interroge elle aussi. Certains de ses membres dont la présidente Sylvana Nordman, devaient embarquer à bord du Maris Stella mercredi 19 juillet pour se rendre à Makatea et être présents pour la visite du gouvernement. Quelques jours avant le départ, on leur a appris que le navire n’effectuerait pas le trajet jusqu’à Makatea. Il irait, à la place à Mataiva.
Le prochain voyage à Makatea aura lieu le 5 août. « Pourquoi est-ce qu’il a été annulé au dernier moment, s’interroge Sylvana Nordman. Il y a plusieurs familles de Makatea qui doivent rester deux semaines de plus à Tahiti, ce n’est pas normal… » La présidente a fait une demande pour embarquer sur le Tahiti Nui, avec le gouvernement. Demande refusée. « On nous a exclus de cette mission… »
Les opposants gardent « leur feuille de route »
Restée à quai à Tahiti, l’association Fatu Fenua no Makatea n’en est pas démotivée pour autant. Ce week-end, les membres de l’association des propriétaires terriens, présidée par Sylvana Nordman se sont réunis à Tahiti. « Ce n’est pas très rassurant les retours que nous avons eu de cette visite, concède la présidente. Les membres de l’association ont décidé de faire « une demande d’audience » au président du Pays pour évoquer l’avenir de Makatea. « Il n’y a pas de mine durable ! Il n’y a pas de mine écologique ! , s’insurge la présidente, entourée des autres militants. Les secteurs primaire et tertiaire ont été oubliés pour le développement de l’île. Or, il y a de nombreux projets à faire et certain sont déjà en cours. »
L’association ne change pas « sa feuille de route ». Pour elle, le développement de Makatea passe par un des projets durables qui n’ont aucune conséquence sur la faune, la flore et la vie des habitants. « Ce qui fait peur avec la proposition de reprendre l’exploitation minière, c’est que cela peut aggraver l’état de l’atoll, ajoute Fred Jacq, membre de l’association et ingénieur écologue. Ce projet peut rendre à la population une terre désertique, stérile et très fragile. Les gens peuvent réhabiliter eux-mêmes comme ils l’ont déjà fait par le passé. Pour cela, la commune doit s’équiper de petites unités de concassage pour remblayer la terre. Ainsi, les propriétaires gardent le même niveau de terrain… C’est un processus plus naturel. Nous aimerions que le gouvernement prenne conscience que ce projet de réhabilitation est très loin d’être validé techniquement par les scientifiques spécialisés dans ce domaine.»
Fatu Fenua no Makatea espère rencontrer le président Edouard Fritch rapidement. La demande d’audience sera envoyée cette semaine. Une conférence de presse devrait être organisée à la suite de la cette rencontre.
L’association ne change pas « sa feuille de route ». Pour elle, le développement de Makatea passe par un des projets durables qui n’ont aucune conséquence sur la faune, la flore et la vie des habitants. « Ce qui fait peur avec la proposition de reprendre l’exploitation minière, c’est que cela peut aggraver l’état de l’atoll, ajoute Fred Jacq, membre de l’association et ingénieur écologue. Ce projet peut rendre à la population une terre désertique, stérile et très fragile. Les gens peuvent réhabiliter eux-mêmes comme ils l’ont déjà fait par le passé. Pour cela, la commune doit s’équiper de petites unités de concassage pour remblayer la terre. Ainsi, les propriétaires gardent le même niveau de terrain… C’est un processus plus naturel. Nous aimerions que le gouvernement prenne conscience que ce projet de réhabilitation est très loin d’être validé techniquement par les scientifiques spécialisés dans ce domaine.»
Fatu Fenua no Makatea espère rencontrer le président Edouard Fritch rapidement. La demande d’audience sera envoyée cette semaine. Une conférence de presse devrait être organisée à la suite de la cette rencontre.
Les autres projets de la population pour le développement de Makatea
Si certains habitants de Makatea sont pour la reprise de l’extraction du phosphate sur l’île, d’autres s’y opposent farouchement. Ils prônent d’autres moyens de développement pour cet atoll. Rencontre avec deux d’entre eux. Le premier a souhaité garder l’anonymat, nous l’appellerons Teva.
• Teva, la trentaine, résident de Makatea :
« Je pense que le développement de l’île passe plutôt par l’écotourisme. Je suis descendu il y a deux ans en ville pour passer une formation de guide de randonnée pédestre. La formation a duré six mois. Depuis mon retour, je vois l’évolution du tourisme ici à Makatea. Il y en a de plus en plus de touristes. Avec le projet de phosphate, ils en entendent beaucoup parler et du coup, ils sont curieux de venir voir ce qu’il se passe. Dès qu’ils arrivent à Makatea, ils ne comprennent pas que l'on puisse faire de l’exploitation sur l’atoll avec toutes les richesses que l’on a : nos grottes, nos belles vues… Les touristes trouvent l’authenticité ici. Ce n’est pas possible d’allier écotourisme et exploitation de phosphate ! »
• Jacky Ioane, né en 1962 à Makatea, ancien comptable à l’armée, il est revenu à Makatea il y a 16 ans. Il est aussi le propriétaire d’une des deux pensions de famille de l’île :
i[
« Il y a 16 ans, jamais je n’aurais pensé rester et finalement, je suis tombé amoureux de mon île. Ce qui m’a sidéré au départ, au tout début, c’est que tout le monde achetait des légumes sur le bateau. Je me suis mis à planter mes légumes et j’ai remarqué à quel point ça poussait. Ca poussait même très très bien. Donc je me suis dit qu’il fallait développer l’agriculture à Makatea. […] J’ai fait un prévisionnel : on a deux goélettes qui viennent maintenant deux fois par mois. Elles touchent 18 îles. Dans les 18 îles, j’ai 12 magasins à ravitailler. Je n’en fournis que quatre parce qu’à l’heure actuelle, il faudrait développer un peu plus l’agriculture : mettre des chambres froides, former les jeunes et avoir un peu plus de matériel premier (broyeur, pompes etc …) A savoir que Makatea a un phosphate naturel, on a sous un sous-sol très riche en eau pure. Makatea devrait déjà être au top au niveau agricole. […] Nous avons à côté un projet agricole et touristique qui peut se mettre en place. On peut aussi refaire la cocoteraie. […] Nous avons tout ce qu’il faut ici. Les jeunes sont déjà formés. Cela fait huit ans qu’ils sont avec moi. Bientôt, nous allons faire une coopérative et j’espère que nous allons réussir à nous développer. Nous avons un atout majeur, c’est vraiment la culture. Quitte à mettre en hors-sol avec du phosphate. Là, j’ai commencé à faire une serre de vanille. Nous avons le projet d’en faire plus avec une jeune femme qui travaille avec moi. Il faut qu’ils travaillent ces jeunes mais autant choisir un travail propre ! Le phosphate, quand il y en a plus, on s’en va ! Mais l’agriculture, le coprah, le tourisme ça durera tout le temps. » ]i
• Teva, la trentaine, résident de Makatea :
« Je pense que le développement de l’île passe plutôt par l’écotourisme. Je suis descendu il y a deux ans en ville pour passer une formation de guide de randonnée pédestre. La formation a duré six mois. Depuis mon retour, je vois l’évolution du tourisme ici à Makatea. Il y en a de plus en plus de touristes. Avec le projet de phosphate, ils en entendent beaucoup parler et du coup, ils sont curieux de venir voir ce qu’il se passe. Dès qu’ils arrivent à Makatea, ils ne comprennent pas que l'on puisse faire de l’exploitation sur l’atoll avec toutes les richesses que l’on a : nos grottes, nos belles vues… Les touristes trouvent l’authenticité ici. Ce n’est pas possible d’allier écotourisme et exploitation de phosphate ! »
• Jacky Ioane, né en 1962 à Makatea, ancien comptable à l’armée, il est revenu à Makatea il y a 16 ans. Il est aussi le propriétaire d’une des deux pensions de famille de l’île :
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« Il y a 16 ans, jamais je n’aurais pensé rester et finalement, je suis tombé amoureux de mon île. Ce qui m’a sidéré au départ, au tout début, c’est que tout le monde achetait des légumes sur le bateau. Je me suis mis à planter mes légumes et j’ai remarqué à quel point ça poussait. Ca poussait même très très bien. Donc je me suis dit qu’il fallait développer l’agriculture à Makatea. […] J’ai fait un prévisionnel : on a deux goélettes qui viennent maintenant deux fois par mois. Elles touchent 18 îles. Dans les 18 îles, j’ai 12 magasins à ravitailler. Je n’en fournis que quatre parce qu’à l’heure actuelle, il faudrait développer un peu plus l’agriculture : mettre des chambres froides, former les jeunes et avoir un peu plus de matériel premier (broyeur, pompes etc …) A savoir que Makatea a un phosphate naturel, on a sous un sous-sol très riche en eau pure. Makatea devrait déjà être au top au niveau agricole. […] Nous avons à côté un projet agricole et touristique qui peut se mettre en place. On peut aussi refaire la cocoteraie. […] Nous avons tout ce qu’il faut ici. Les jeunes sont déjà formés. Cela fait huit ans qu’ils sont avec moi. Bientôt, nous allons faire une coopérative et j’espère que nous allons réussir à nous développer. Nous avons un atout majeur, c’est vraiment la culture. Quitte à mettre en hors-sol avec du phosphate. Là, j’ai commencé à faire une serre de vanille. Nous avons le projet d’en faire plus avec une jeune femme qui travaille avec moi. Il faut qu’ils travaillent ces jeunes mais autant choisir un travail propre ! Le phosphate, quand il y en a plus, on s’en va ! Mais l’agriculture, le coprah, le tourisme ça durera tout le temps. » ]i