PAPEETE, le 22 décembre 2016 - Avec Histoire & Légendes des temps anciens de Tahiti et des îles, Emy-Louis Dufour balaie les différents archipels polynésiens et en recense les légendes emblématiques. Déjà publiées en 1967 dans la collection Contes et légendes de Nathan, cette réédition d’Au vent des îles augmente et enrichie l’ouvrage grâce aux nombreuses illustrations de Patrice Cablat. Un témoignage précieux où les Dieux et les Hommes se côtoient encore, et où la tradition perdure malgré la mouvance des temps modernes…
Si la majorité des légendes racontées dans cet ouvrage sont extraites de deux ouvrages de référence en la matière, Tahiti aux temps anciens de Teuira Henry Société des océanistes), et Océania, de la Société des études océaniennes, le travail de documentation souligne la rigueur dans la démarche de l’auteur, véritable passionné décrit comme un « ramasseur de vieilles histoires, entasseur d’insolite, coureur de lune et raconteur d’avant », des Gambier aux Marquises, de Tupai à Rurutu en passant par les Tuamotu, jusqu’à Tahiti et sa presqu’île. Le rapporteur et l’illustrateur de ces légendes scellent de leurs plumes un ouvrage phare, avant que les légendes ne deviennent alors des mythes, que les histoires ne perdent en exactitude et ne soient trop amplifiées, déformées… ou pis, oubliées.
"On dira peut-être que se sont glissées des inexactitudes, des libertés avec les textes originels. Peut-être bien… Quelle part d’authenticité et quelle part de rêve y a-t-il dans une légende ?" questionne l’auteur. Nostalgique dans l’âme, doux rêveur d’une Polynésie d’antan, hors du temps et de l’espace, Emy-Louis Dufour est opiniâtre et en tout point curieux dans sa démarche. Plongé dans les ouvrages les plus anciens, conservés dans les musées et les bibliothèques, au hasard des rencontres et des collections privées, il n’hésite pas non plus à recueillir des témoignages sur le terrain, dans le murmure des confessions et des anecdotes de ceux qui savent, ceux qui se souviennent. Tel un susurrement entre les feuilles au plus profond des vallées…
De la tradition orale aux mythes
Car il y a l’Histoire qui raconte les hommes, et il y a les histoires que les hommes racontent. Chacun à sa manière, à ses mots, à ses images, à ses gestes, à son rythme. Et quand ces histoires survivent à leur conteur, elles deviennent légendes, âme et souffle d’une famille, d’une île, d’un pays. Vives en mémoire ou ensablées par le temps, mystérieuses, gaies ou mélancoliques, elles répondent aux grandes interrogations humaines : pourquoi et comment ? De la naissance du monde, avec le dieu premier Ta’aroa, qui créa la voûte céleste, les montagnes, la terre, les arbres, la lune, la mer, les rivières, les nuages, à l’enfant premier de la déesse Atea, empli du mana de Ta’aroa : le premier homme. Naissent ainsi des dieux et des héros, dont les actes sont tantôt divins, tantôt communs, mais toujours magiques et extraordinaires, à l’image de Hiro ou encore Tane.
Des légendes toujours vivantes
Ces mythes fondateurs font souvent référence à une généalogie commune aux dieux, aux semi-dieux et aux hommes, ainsi qu’au rapport sacré de la plupart des être vivants et minéraux aux divinités traditionnelles. A travers la symbolique forte et le côté métaphorique des récits, on retrouve l’aspect moralisateur si propre au genre, sans rien enlever au merveilleux. Car on recense de nombreux attributs humains dans les comportements des dieux et des héros, souvent confrontés à leurs désirs et à leurs passions, dans le bonheur comme dans la haine.
Le quotidien de ces protagonistes mythologiques est tissé d’intrigues et d’aventures, souvent amoureuses, parfois revanchardes, mais toujours guidées par l’appel de la Vie, de l’ombre à la lumière, sous les rayons de la lune comme du soleil. Une forme de sensibilité pleine de délicatesse se dégage de ces récits, tout en étant emplis de vigueur et de force, chargés de mana, ce qu’a su capter à la perfection Patrice Cablat avec la vingtaine d’illustrations qui exaltent les textes. Au-delà de la nostalgie de cette époque narrée entre les pages de l’histoire, la force d’une réminiscence d’une Polynésie intemporelle est palpable tout au long des pages de ce recueil, vibrant, puissant et en tout point, respectueux d’une tradition orale qui cherche à se perpétuer.
Si la majorité des légendes racontées dans cet ouvrage sont extraites de deux ouvrages de référence en la matière, Tahiti aux temps anciens de Teuira Henry Société des océanistes), et Océania, de la Société des études océaniennes, le travail de documentation souligne la rigueur dans la démarche de l’auteur, véritable passionné décrit comme un « ramasseur de vieilles histoires, entasseur d’insolite, coureur de lune et raconteur d’avant », des Gambier aux Marquises, de Tupai à Rurutu en passant par les Tuamotu, jusqu’à Tahiti et sa presqu’île. Le rapporteur et l’illustrateur de ces légendes scellent de leurs plumes un ouvrage phare, avant que les légendes ne deviennent alors des mythes, que les histoires ne perdent en exactitude et ne soient trop amplifiées, déformées… ou pis, oubliées.
"On dira peut-être que se sont glissées des inexactitudes, des libertés avec les textes originels. Peut-être bien… Quelle part d’authenticité et quelle part de rêve y a-t-il dans une légende ?" questionne l’auteur. Nostalgique dans l’âme, doux rêveur d’une Polynésie d’antan, hors du temps et de l’espace, Emy-Louis Dufour est opiniâtre et en tout point curieux dans sa démarche. Plongé dans les ouvrages les plus anciens, conservés dans les musées et les bibliothèques, au hasard des rencontres et des collections privées, il n’hésite pas non plus à recueillir des témoignages sur le terrain, dans le murmure des confessions et des anecdotes de ceux qui savent, ceux qui se souviennent. Tel un susurrement entre les feuilles au plus profond des vallées…
De la tradition orale aux mythes
Car il y a l’Histoire qui raconte les hommes, et il y a les histoires que les hommes racontent. Chacun à sa manière, à ses mots, à ses images, à ses gestes, à son rythme. Et quand ces histoires survivent à leur conteur, elles deviennent légendes, âme et souffle d’une famille, d’une île, d’un pays. Vives en mémoire ou ensablées par le temps, mystérieuses, gaies ou mélancoliques, elles répondent aux grandes interrogations humaines : pourquoi et comment ? De la naissance du monde, avec le dieu premier Ta’aroa, qui créa la voûte céleste, les montagnes, la terre, les arbres, la lune, la mer, les rivières, les nuages, à l’enfant premier de la déesse Atea, empli du mana de Ta’aroa : le premier homme. Naissent ainsi des dieux et des héros, dont les actes sont tantôt divins, tantôt communs, mais toujours magiques et extraordinaires, à l’image de Hiro ou encore Tane.
Des légendes toujours vivantes
Ces mythes fondateurs font souvent référence à une généalogie commune aux dieux, aux semi-dieux et aux hommes, ainsi qu’au rapport sacré de la plupart des être vivants et minéraux aux divinités traditionnelles. A travers la symbolique forte et le côté métaphorique des récits, on retrouve l’aspect moralisateur si propre au genre, sans rien enlever au merveilleux. Car on recense de nombreux attributs humains dans les comportements des dieux et des héros, souvent confrontés à leurs désirs et à leurs passions, dans le bonheur comme dans la haine.
Le quotidien de ces protagonistes mythologiques est tissé d’intrigues et d’aventures, souvent amoureuses, parfois revanchardes, mais toujours guidées par l’appel de la Vie, de l’ombre à la lumière, sous les rayons de la lune comme du soleil. Une forme de sensibilité pleine de délicatesse se dégage de ces récits, tout en étant emplis de vigueur et de force, chargés de mana, ce qu’a su capter à la perfection Patrice Cablat avec la vingtaine d’illustrations qui exaltent les textes. Au-delà de la nostalgie de cette époque narrée entre les pages de l’histoire, la force d’une réminiscence d’une Polynésie intemporelle est palpable tout au long des pages de ce recueil, vibrant, puissant et en tout point, respectueux d’une tradition orale qui cherche à se perpétuer.
Extrait de La grotte ténébreuse, page 123 (d’après Océania)
"La tempête s’est abattue sur le grand gardénia,
et toutes les branches ont été secouées ;
le vent a cassé les fleurs et les boutons,
et la plus belle fleur entre toutes,
la plus parfumée et la plus merveilleuse,
a été arrachée par le vent,
emportée dans l’espace, vers la mer, ce pays redoutable,
quelle tristesse !
Maintenant le grand arbre pleure,
les racines chuchotent leur plainte,
les branches et les rameaux gémissent,
qui donc retrouvera ma petite fleur ?"
"La tempête s’est abattue sur le grand gardénia,
et toutes les branches ont été secouées ;
le vent a cassé les fleurs et les boutons,
et la plus belle fleur entre toutes,
la plus parfumée et la plus merveilleuse,
a été arrachée par le vent,
emportée dans l’espace, vers la mer, ce pays redoutable,
quelle tristesse !
Maintenant le grand arbre pleure,
les racines chuchotent leur plainte,
les branches et les rameaux gémissent,
qui donc retrouvera ma petite fleur ?"