PAPEETE, le 22 septembre 2017 - Le conseil des femmes de Polynésie fête ses 35 ans cette année. A l'occasion de la présentation des festivités, la présidente, Minarii Galenon, a insisté sur l'importance de retrouver un ministère délégué à la condition féminine.
L'incompréhension est totale au conseil des femmes. Depuis le remaniement ministériel de janvier, il n'y a plus de portefeuille ministériel de la condition féminine à part entière mais celui-ci a été intégré dans les attributions du ministre des solidarités et de la santé, en charge de la réforme de la protection sociale généralisée, de la prévention et de la famille. "J'ai demandé au président de la Polynésie française de remettre le ministère délégué à la condition féminine le 8 mars, journée internationale des droits de la femme. Je trouve que l'avoir supprimé n'a pas beaucoup de sens, à un moment où nous faisions des progrès. Nous avons l'impression d'avoir régressé en ce qui concerne la condition féminine", s'insurge Minarii Chantal Galenon, présidente du conseil des femmes.
"J'en ai parlé la dernière fois à l'assemblée, j'ai adressé une question écrite au gouvernement. On m'a ri au nez. Je n'ai pas eu beaucoup de soutien", regrette-t-elle. L'actualité judiciaire a démontré que les violences intrafamiliales et en particulier celles faites aux femmes, sont encore très présentes au fenua. Au cours de cette dernière session d'assises, deux hommes ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur leur concubine.
L'incompréhension est totale au conseil des femmes. Depuis le remaniement ministériel de janvier, il n'y a plus de portefeuille ministériel de la condition féminine à part entière mais celui-ci a été intégré dans les attributions du ministre des solidarités et de la santé, en charge de la réforme de la protection sociale généralisée, de la prévention et de la famille. "J'ai demandé au président de la Polynésie française de remettre le ministère délégué à la condition féminine le 8 mars, journée internationale des droits de la femme. Je trouve que l'avoir supprimé n'a pas beaucoup de sens, à un moment où nous faisions des progrès. Nous avons l'impression d'avoir régressé en ce qui concerne la condition féminine", s'insurge Minarii Chantal Galenon, présidente du conseil des femmes.
"J'en ai parlé la dernière fois à l'assemblée, j'ai adressé une question écrite au gouvernement. On m'a ri au nez. Je n'ai pas eu beaucoup de soutien", regrette-t-elle. L'actualité judiciaire a démontré que les violences intrafamiliales et en particulier celles faites aux femmes, sont encore très présentes au fenua. Au cours de cette dernière session d'assises, deux hommes ont été reconnus coupables de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur leur concubine.
UN CONSEIL DES HOMMES, L'IMPOSSIBLE?
Dans cette idée, la présidente du conseil des femmes, souhaite aller plus loin. Pour l'élue indépendantiste, le problème ne se cantonne pas seulement aux femmes. Il est général. "Les femmes se font aider aujourd'hui avec les associations. Mais il faut aussi que les hommes se prennent en charge. Pourquoi ne pas faire un conseil des hommes? Pourquoi ne pas avoir un ministère délégué à la condition masculine? Bien sûr, quand je dis ça, les hommes rigolent…", s'agace Minarii Galenon.
Pour cette dernière, la lutte contre les violences commence par le bien-être des hommes et des femmes. La société change rapidement. L'adaptation à la vie moderne n'est pas évidente pour tout le monde. "La violence découle souvent des problèmes d'emploi, d'alcool et de drogue. Il y a tout un suivi à mettre en place pour arrêter ça."
Minarii Galenon estime que le ministère délégué à la condition féminine à un vrai rôle à jouer dans la société d'aujourd'hui. Il doit permettre la mise en place d'actions destinées à aider les femmes dans leur quotidien et à lutter contre les violences. En l'espace d'un an, les autorités ont pris plusieurs dispositions pour venir en aide aux femmes battues. Un téléphone grand danger et une page Facebook permettent aux victimes de signaler les problèmes. La présidente salue cette initiative mais exprime quelques doutes : "Je pense que cela n'aide qu'une partie des femmes. Par exemple, prenons un cas que nous venons de voir aux assises. Une femme à Takaroa, aux Tuamotu, il faut déjà qu'elle ait un téléphone. Il faut ensuite que ce téléphone capte. Et puis, quand on se fait taper, c'est compliqué…"
Si la présidente estime essentiel la remise en place du ministère, elle sait qu'il ne pourra pas tout résoudre. Le problème est global. La solution doit l'être aussi. Toutes les énergies doivent converger pour permettre aux Polynésiens le mieux vivre ensemble. La présidente du conseil des femmes conclut : "Il faut qu'il y ait une véritable prise de conscience sur ce qui se passe dans notre société. J'ai envie que tout le monde soit uni pour combattre toutes les formes de violences."
Pour cette dernière, la lutte contre les violences commence par le bien-être des hommes et des femmes. La société change rapidement. L'adaptation à la vie moderne n'est pas évidente pour tout le monde. "La violence découle souvent des problèmes d'emploi, d'alcool et de drogue. Il y a tout un suivi à mettre en place pour arrêter ça."
Minarii Galenon estime que le ministère délégué à la condition féminine à un vrai rôle à jouer dans la société d'aujourd'hui. Il doit permettre la mise en place d'actions destinées à aider les femmes dans leur quotidien et à lutter contre les violences. En l'espace d'un an, les autorités ont pris plusieurs dispositions pour venir en aide aux femmes battues. Un téléphone grand danger et une page Facebook permettent aux victimes de signaler les problèmes. La présidente salue cette initiative mais exprime quelques doutes : "Je pense que cela n'aide qu'une partie des femmes. Par exemple, prenons un cas que nous venons de voir aux assises. Une femme à Takaroa, aux Tuamotu, il faut déjà qu'elle ait un téléphone. Il faut ensuite que ce téléphone capte. Et puis, quand on se fait taper, c'est compliqué…"
Si la présidente estime essentiel la remise en place du ministère, elle sait qu'il ne pourra pas tout résoudre. Le problème est global. La solution doit l'être aussi. Toutes les énergies doivent converger pour permettre aux Polynésiens le mieux vivre ensemble. La présidente du conseil des femmes conclut : "Il faut qu'il y ait une véritable prise de conscience sur ce qui se passe dans notre société. J'ai envie que tout le monde soit uni pour combattre toutes les formes de violences."
35 ans d'actions
Le conseil des femmes de Polynésie fête ses 35 ans cette année. Pour le célébrer, une journée de festivités est organisée le samedi 7 octobre. Un déjeuner dansant aura lieu au restaurant Gauguin à Papeari à partir de 10h30 jusqu'à 18 heures. Des discours et des animations dansantes auront lieu tout au long de la journée.
Changement de statut en cours
Depuis sa création en 1982, le conseil des femmes est une association type loi 1901. Pour ses 35 ans, la présidente souhaite changer de statut. Elle a adressé une demande au gouvernement pour devenir une association reconnue d'intérêt général. Ce changement permettra au conseil des femmes d'avoir des aides financières. Celles-ci serviront à la construction d'un centre d'accueil et d'hébergement pour aider les femmes en détresse. Il sera complémentaire à ceux qui existent déjà. A l'heure actuelle, 41 pensionnaires sont hébergées. Les femmes ont une moyenne d'âge de 40 ans. La président du conseil des femmes a noté une recrudescence du nombre d'enfants qui accompagnent leurs mères depuis trois ans.
Le conseil des femmes en trois questions
- Quand a-t-il été fondé? Le conseil des femmes a été fondé le 22 juin 1982. C'est une ONG créée sous forme de fédération régie par la loi du 1er juillet 1901. Il fête cette année ses 35 ans.
- Par qui? Six associations ont été à l'initiative du conseil des femmes : le groupement de solidarité des femmes de Tahiti, l'association Tuterai Nui, le club Soroptimist, l'association Tiare Rau, l'association Te Vahine Porinetia et la société de secours. Aujourd'hui, le conseil est composé de 13 associations.
- Pourquoi? Le but est de regrouper les associations s'occupant de la condition et des droits des femmes et des enfants polynésiens afin de : informer les femmes et les familles sur leurs droits, défendre leurs intérêts, créer et/ou gérer un ou plusieurs centres d'hébergement pour personnes en difficultés…
- Par qui? Six associations ont été à l'initiative du conseil des femmes : le groupement de solidarité des femmes de Tahiti, l'association Tuterai Nui, le club Soroptimist, l'association Tiare Rau, l'association Te Vahine Porinetia et la société de secours. Aujourd'hui, le conseil est composé de 13 associations.
- Pourquoi? Le but est de regrouper les associations s'occupant de la condition et des droits des femmes et des enfants polynésiens afin de : informer les femmes et les familles sur leurs droits, défendre leurs intérêts, créer et/ou gérer un ou plusieurs centres d'hébergement pour personnes en difficultés…
La réponse du ministre des Solidarités et de la Santé
Interpellé quant à la question de Minarii Galenon, Jacques Raynal, ministre des Solidarités et de la Santé a envoyé la réponse suivante :
" Comme je l'ai très récemment soulevé, l'inégalité est malheureusement acquise au travers des discours et attitudes qui tendent à montrer qu'une femme est inférieure à l'homme et ne peut donc accéder aux mêmes services, aux mêmes emplois, aux mêmes droits.
En laissant apparaître un ministère consacré uniquement aux femmes, nous ne faisons que contribuer à cette discrimination, induisant ainsi dans les esprits de tous les polynésiens, que les femmes ont encore besoin d'une attention particulière, contrairement aux hommes, aux enfants.
Nous serions alors encore très loin du modèle sociétal que nous souhaitons mettre en place. Mes collègues et moi-même sommes en effet convaincus que l'égalité commence dans les esprits. Nous nous devons, en tant que dirigeants d'un pays de 270 000 habitants, d'être les premiers à n'opérer aucune distinction entre les hommes et les femmes, à considérer que chacun de nos administrés, quel que soit son sexe, son âge ou sa condition, mérite toute notre attention.
Cette position que nous avons décidé de tenir, n'altère en rien le profond respect que nous avons pour le combat mené par de grandes dames pour que la condition des femmes polynésiennes ne cesse d'évoluer. Nous continuons à soutenir ardemment toutes les associations féminines qui proposent un accompagnement aux femmes victimes de violences conjugales par le biais d'un soutien financier mais également d'un accompagnement technique. Nous continuons également à impulser des actions de prévention des violences par la création d'outils pédagogiques et leur diffusion, à collaborer avec les services de l'Etat pour la mise en oeuvre d'un plan de prévention de la délinquance et enfin, nous accompagnons les porteurs de projet dans le développement de dispositifs d'accompagnement des femmes, que ce soit dans le domaine de la santé ou des violences intrafamiliales.
Certes, le portefeuille de la condition féminine n'est plus affiché comme tel, pour autant il est totalement erroné de considérer qu'il ait pu être supprimé.
Je n'en veux pour preuve que la mention figurant à l'article premier de l'arrêté : 'il encourage toute action visant à promouvoir le statut de la femme dans la société polynésienne.'
Toutefois, il en va de notre responsabilité de dirigeant de ne pas nous limiter à ne promouvoir qu'une catégorie de public, mais bien de veiller à ce qu'aucun ne soit oublié, conformément au respect de l'égalité des sexes établi par la loi républicaine."
" Comme je l'ai très récemment soulevé, l'inégalité est malheureusement acquise au travers des discours et attitudes qui tendent à montrer qu'une femme est inférieure à l'homme et ne peut donc accéder aux mêmes services, aux mêmes emplois, aux mêmes droits.
En laissant apparaître un ministère consacré uniquement aux femmes, nous ne faisons que contribuer à cette discrimination, induisant ainsi dans les esprits de tous les polynésiens, que les femmes ont encore besoin d'une attention particulière, contrairement aux hommes, aux enfants.
Nous serions alors encore très loin du modèle sociétal que nous souhaitons mettre en place. Mes collègues et moi-même sommes en effet convaincus que l'égalité commence dans les esprits. Nous nous devons, en tant que dirigeants d'un pays de 270 000 habitants, d'être les premiers à n'opérer aucune distinction entre les hommes et les femmes, à considérer que chacun de nos administrés, quel que soit son sexe, son âge ou sa condition, mérite toute notre attention.
Cette position que nous avons décidé de tenir, n'altère en rien le profond respect que nous avons pour le combat mené par de grandes dames pour que la condition des femmes polynésiennes ne cesse d'évoluer. Nous continuons à soutenir ardemment toutes les associations féminines qui proposent un accompagnement aux femmes victimes de violences conjugales par le biais d'un soutien financier mais également d'un accompagnement technique. Nous continuons également à impulser des actions de prévention des violences par la création d'outils pédagogiques et leur diffusion, à collaborer avec les services de l'Etat pour la mise en oeuvre d'un plan de prévention de la délinquance et enfin, nous accompagnons les porteurs de projet dans le développement de dispositifs d'accompagnement des femmes, que ce soit dans le domaine de la santé ou des violences intrafamiliales.
Certes, le portefeuille de la condition féminine n'est plus affiché comme tel, pour autant il est totalement erroné de considérer qu'il ait pu être supprimé.
Je n'en veux pour preuve que la mention figurant à l'article premier de l'arrêté : 'il encourage toute action visant à promouvoir le statut de la femme dans la société polynésienne.'
Toutefois, il en va de notre responsabilité de dirigeant de ne pas nous limiter à ne promouvoir qu'une catégorie de public, mais bien de veiller à ce qu'aucun ne soit oublié, conformément au respect de l'égalité des sexes établi par la loi républicaine."