PAPEETE, le 20 août 2014. En 2016, les communes de Polynésie seront tenues, par la loi, de fournir de l’eau potable à leurs habitants. Or, à un an et demi de cette échéance, seulement 9 des 48 communes polynésiennes ont atteint cet objectif. Trouver de l’eau potable est devenu une véritable chasse au trésor. Cela peut paraître un paradoxe, mais la Polynésie française qui vend le mythe touristique tahitien sous une cascade d’eau fraîche et dans les eaux turquoise de ses lagons a une problématique qui n’a pas trouvé de solution depuis des décennies : fournir de l’eau potable aux robinets de ses 270 000 habitants. La dernière étude du service d’hygiène et de salubrité publique dans son rapport 2013 publié en avril dernier indique que seul un Polynésien sur trois a aujourd’hui accès à l’eau potable dans sa maison. On est donc loin du compte. Même là où l’eau ne manque pas en quantité, sur les îles hautes, grâce à de nombreuses sources, rivières ou nappes phréatiques, c’est la qualité qui n’est pas garantie. Alors, que dire de la situation des atolls des Tuamotu ? Ces îles, sans relief, ne disposent en eau que celle qui tombe du ciel, parfois en trop faible quantité, pour satisfaire les besoins d’une population grandissante.
Après des décennies de réflexion et de valse-hésitation sur cette problématique, les maires des 48 communes polynésiennes et notamment des 39 qui ne fournissent pas encore d’eau potable à leurs administrés se retrouvent un peu le couteau sous la gorge. Dans 18 mois, l’obligation légale de l’ordonnance de 2007 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) leur incombe et implique leur responsabilité en cas de problème. Et on sait bien que d’ici le 1er janvier 2016, la problématique n’aura pas trouvé de solution alors qu’une eau potable c’est aussi la garantie d’une bonne santé. C’est de cette exigence notamment dont il est beaucoup discuté depuis deux jours au Forum sur la sécurisation sanitaire des eaux dans le Pacifique qui réunit de nombreux maires polynésiens à l’Hôtel Radisson.
Mais, même dans les communes exemplaires, comme Bora Bora qui fournit depuis 20 ans de l’eau potable à sa population et à ses touristes, on sait combien cette exigence d’une eau de qualité est difficile à tenir. «À Bora, on croyait que la ressource naturelle en eau était inépuisable, puis nous avons eu des épisodes climatiques dus à El Nino et il a fallu trouver d’autres solutions» détaille Gaston Tong Sang, le maire de la perle du Pacifique. La construction d’usines de dessalement d’eau de mer par osmose inverse a permis à Bora Bora, dès le début des années 2000, de faire face à ce besoin vital. Dans ces années-là, les sécheresses à répétition auraient rendu l’eau naturelle trop rare pour assurer les besoins de la population de l’île, alors que dire des milliers de touristes qui fréquentent les établissements hôteliers. Mais cette technique de l’osmose inverse a un coût important –en raison de l’énergie nécessaire à ce dessalement- qui la rend difficile à envisager sérieusement pour venir en aide à l’ensemble des communes des Tuamotu Gambier qui n’ont pas de sources.
Sur ce point élu et technicien se rejoignent. «Le dessalement de l’eau de mer par osmose inverse n’est pas une solution pour les communes des atolls : le système est trop complexe et trop coûteux» affirme Vincent Sturny, chef des opérations dans les îles pour la Polynésienne des eaux qui sait toute la maintenance qu’il y a à effectuer sur des installations de ce type. «Je connais le coût de l’osmose inverse, aucun habitant des Tuamotu ne pourra faire face à cela» renchérit de son côté le maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang. À Bora, l’eau du robinet est l’une des plus chères de Polynésie (de 65 Fcfp le m3 pour la tranche sociale jusqu’à 10 m3, puis 164 Fcfp au-delà des dix premiers m3 et même 800 à 900 Fcfp pour les très gros consommateurs, les hôtels). Car, c’est l’autre volet de la réglementation à venir au 1er janvier 2016 sur l’eau : le coût de fonctionnement de la distribution de l’eau potable devra être assuré par les paiements des redevances des administrés. En Polynésie où la facturation du service fourni de l’eau dans les maisons est encore peu développée, il y a donc un énorme travail à réaliser.
Après des décennies de réflexion et de valse-hésitation sur cette problématique, les maires des 48 communes polynésiennes et notamment des 39 qui ne fournissent pas encore d’eau potable à leurs administrés se retrouvent un peu le couteau sous la gorge. Dans 18 mois, l’obligation légale de l’ordonnance de 2007 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) leur incombe et implique leur responsabilité en cas de problème. Et on sait bien que d’ici le 1er janvier 2016, la problématique n’aura pas trouvé de solution alors qu’une eau potable c’est aussi la garantie d’une bonne santé. C’est de cette exigence notamment dont il est beaucoup discuté depuis deux jours au Forum sur la sécurisation sanitaire des eaux dans le Pacifique qui réunit de nombreux maires polynésiens à l’Hôtel Radisson.
Mais, même dans les communes exemplaires, comme Bora Bora qui fournit depuis 20 ans de l’eau potable à sa population et à ses touristes, on sait combien cette exigence d’une eau de qualité est difficile à tenir. «À Bora, on croyait que la ressource naturelle en eau était inépuisable, puis nous avons eu des épisodes climatiques dus à El Nino et il a fallu trouver d’autres solutions» détaille Gaston Tong Sang, le maire de la perle du Pacifique. La construction d’usines de dessalement d’eau de mer par osmose inverse a permis à Bora Bora, dès le début des années 2000, de faire face à ce besoin vital. Dans ces années-là, les sécheresses à répétition auraient rendu l’eau naturelle trop rare pour assurer les besoins de la population de l’île, alors que dire des milliers de touristes qui fréquentent les établissements hôteliers. Mais cette technique de l’osmose inverse a un coût important –en raison de l’énergie nécessaire à ce dessalement- qui la rend difficile à envisager sérieusement pour venir en aide à l’ensemble des communes des Tuamotu Gambier qui n’ont pas de sources.
Sur ce point élu et technicien se rejoignent. «Le dessalement de l’eau de mer par osmose inverse n’est pas une solution pour les communes des atolls : le système est trop complexe et trop coûteux» affirme Vincent Sturny, chef des opérations dans les îles pour la Polynésienne des eaux qui sait toute la maintenance qu’il y a à effectuer sur des installations de ce type. «Je connais le coût de l’osmose inverse, aucun habitant des Tuamotu ne pourra faire face à cela» renchérit de son côté le maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang. À Bora, l’eau du robinet est l’une des plus chères de Polynésie (de 65 Fcfp le m3 pour la tranche sociale jusqu’à 10 m3, puis 164 Fcfp au-delà des dix premiers m3 et même 800 à 900 Fcfp pour les très gros consommateurs, les hôtels). Car, c’est l’autre volet de la réglementation à venir au 1er janvier 2016 sur l’eau : le coût de fonctionnement de la distribution de l’eau potable devra être assuré par les paiements des redevances des administrés. En Polynésie où la facturation du service fourni de l’eau dans les maisons est encore peu développée, il y a donc un énorme travail à réaliser.
Gaston Tong Sang voudrait que l’eau soit au même prix dans toute la Polynésie
Le maire de Bora Bora a depuis longtemps en tête une idée folle : pourquoi ne pourrait-on pas vendre l’eau au même prix partout en Polynésie alors que l’on y parvient très bien pour l’essence ? «Dessaler l’eau de mer, avec des osmoseurs, est beaucoup trop cher, alors quand on sait que la ressource naturelle en eau est très inégalement répartie sur le territoire, la seule vraie solution pour fournir de l’eau potable à tous les habitants et à un prix raisonnable, passe nécessairement par une solution institutionnelle. Il faut fédérer les 48 communes polynésiennes pour mutualiser les moyens et les ressources. À mon avis, cette solution coûterait même moins cher au Pays ou à l’État qui versent des subventions ou des aides pour équiper telle ou telle commune avec des osmoseurs, pour un résultat bien meilleur. Je suis convaincu qu’un jour on passera par cette solution grâce à la prise de conscience des élus que car cela assurera une eau potable et de qualité pour ses administrés».
Gaston Tong Sang veut en effet faire revenir le Pays dans de meilleures dispositions en ce qui concerne les obligations des communes en matière de distribution d’eau potable. Car si l’eau est une obligation des communes, la santé publique est une compétence du territoire. Or, «le couple eau et santé sont étroitement liés, cela le Forum sur la sécurisation sanitaire des eaux dans le Pacifique l’a bien démontré».
Le maire de Bora Bora a depuis longtemps en tête une idée folle : pourquoi ne pourrait-on pas vendre l’eau au même prix partout en Polynésie alors que l’on y parvient très bien pour l’essence ? «Dessaler l’eau de mer, avec des osmoseurs, est beaucoup trop cher, alors quand on sait que la ressource naturelle en eau est très inégalement répartie sur le territoire, la seule vraie solution pour fournir de l’eau potable à tous les habitants et à un prix raisonnable, passe nécessairement par une solution institutionnelle. Il faut fédérer les 48 communes polynésiennes pour mutualiser les moyens et les ressources. À mon avis, cette solution coûterait même moins cher au Pays ou à l’État qui versent des subventions ou des aides pour équiper telle ou telle commune avec des osmoseurs, pour un résultat bien meilleur. Je suis convaincu qu’un jour on passera par cette solution grâce à la prise de conscience des élus que car cela assurera une eau potable et de qualité pour ses administrés».
Gaston Tong Sang veut en effet faire revenir le Pays dans de meilleures dispositions en ce qui concerne les obligations des communes en matière de distribution d’eau potable. Car si l’eau est une obligation des communes, la santé publique est une compétence du territoire. Or, «le couple eau et santé sont étroitement liés, cela le Forum sur la sécurisation sanitaire des eaux dans le Pacifique l’a bien démontré».
Dans les atolls, l’utilisation des lentilles d’eau : une idée à creuser ?
Sur les atolls coralliens sans relief et sans source naturelle, les réserves d’eau douce sont souterraines, sous forme de lentilles en équilibre avec l’eau de mer située juste en dessous. Ces poches d’eau douce plus ou moins saumâtre suivant leur disposition pourraient être utilisées pour assurer la fourniture d'une partie de l’eau potable aux populations dans les Tuamotu, assure Vincent Sturny, chef des opérations dans les îles pour la Polynésienne des Eaux. Il espère qu’une étude pourra être financée prochainement par le Pays et l’État pour affirmer ses hypothèses à l'échelle de tous les atolls polynésiens.
À Bora Bora, l’exploitation de la lentille d’eau du motu Tevairoa devrait être lancée prochainement. Elle implique un traitement physico-chimique relativement simple et surtout de protéger cette poche d’eau qui se trouve au centre du motu de toutes activités polluantes (ni agriculture ni pollution) : «la capacité de cette lentille d’eau est de 3 600m3 d’eau par jour. Nous souhaitons seulement exploiter 1 000 m3 dans un premier temps, car cette exploitation est moins onéreuse que les osmoseurs utilisés pour dessaler l’eau de mer».
Sur les atolls coralliens sans relief et sans source naturelle, les réserves d’eau douce sont souterraines, sous forme de lentilles en équilibre avec l’eau de mer située juste en dessous. Ces poches d’eau douce plus ou moins saumâtre suivant leur disposition pourraient être utilisées pour assurer la fourniture d'une partie de l’eau potable aux populations dans les Tuamotu, assure Vincent Sturny, chef des opérations dans les îles pour la Polynésienne des Eaux. Il espère qu’une étude pourra être financée prochainement par le Pays et l’État pour affirmer ses hypothèses à l'échelle de tous les atolls polynésiens.
À Bora Bora, l’exploitation de la lentille d’eau du motu Tevairoa devrait être lancée prochainement. Elle implique un traitement physico-chimique relativement simple et surtout de protéger cette poche d’eau qui se trouve au centre du motu de toutes activités polluantes (ni agriculture ni pollution) : «la capacité de cette lentille d’eau est de 3 600m3 d’eau par jour. Nous souhaitons seulement exploiter 1 000 m3 dans un premier temps, car cette exploitation est moins onéreuse que les osmoseurs utilisés pour dessaler l’eau de mer».