PAPEETE, le 25 octobre 2017- A l ‘heure des grands débats budgétaires, Tahiti Infos explore secteur par secteur les grandes stratégies des ministres pour 2018. Après avoir balayé avec Teva Rohfritsch les orientations du pays en matière d’économie et de finances, nous avons questionné Nicole Bouteau sur ses stratégies pour développer le tourisme en Polynésie.
A la veille du 3ème forum des formations et des métiers du tourisme qui se tiendra à la Présidence et en plein débat d’orientation budgétaire, la ministre du tourisme Nicole Bouteau répond en toute transparence et sans langue de bois à l’ensemble de nos questions. Le tourisme tient une place primordiale dans l’éco-système de la Polynésie, Nicole Bouteau le sait et se consacre pleinement à sa mission. Constat, bilan, mais surtout stratégies…
Le tourisme représente un secteur primordial pour la santé économique du fenua. Après de longues années de fébrilité, les indicateurs semblent de nouveau positifs et les perspectives prometteuses, mais nous sommes encore loin des résultats d’une destination comme Fidji par exemple, selon vous quelles en sont les raisons fondamentale?
Effectivement, la fréquentation et les retombées économiques liées au tourisme sont en croissance constante depuis plusieurs années maintenant, et non seulement les indicateurs statistiques sont positifs, mais la stabilité et la constance des engagements et des stratégies de développement touristique sont également des signes de cohérence et de cohésion de la communauté des acteurs du tourisme.
S’agissant de Fidji, il faut comparer l’ensemble des données. Leur surface terrestre est presque 5 fois plus importante que la nôtre et leur population est plus de 3 fois plus nombreuse. Leurs marchés principaux sont australiens, néo-zélandais et asiatiques, notamment chinois, liés à leur proximité géographique. S’agissant des dépenses touristiques, l’Organisation Mondiale du Tourisme, en 2015, estimait à un revenu de 1 112 dollars par habitant à Fidji contre 1 820 dollars par habitant en Polynésie. Donc des retombées économiques supérieures de plus de 60%. On ne peut regarder seulement le volume de fréquentation, de manière brute, sans comparer l’ensemble des données.
Quel est selon vous le principal handicap de la Polynésie pour devenir une destination de masse ?
Quelles solutions pour y remédier ?
Les dernières expressions de la société civile, que ce soit au travers des Etats Généraux, du COST ou lors de l’élaboration de la Stratégie de développement du tourisme 2015-2020, ou encore récemment lors des ateliers du SAGE vont toutes dans le même sens : la Polynésie française n’a pas choisi de devenir une destination de masse. C’est donc un choix quel que soit le gouvernement en place. D’ailleurs, Fidji n’est pas non plus une destination de masse. Le nombre de visiteurs par rapport au nombre d’habitants est à moins de 1 pour Fidji ou pour nous, alors que pour Rapa Nui (l’île de Pâques), il est de 20 visiteurs/habitants. Là nous pouvons parler de destination de masse. Sur Hawaii (8,9 millions de visiteurs pour 1,4 millions d’habitants) : ils sont à 6,3 visiteurs par habitants.
Maintenant, oui, nous pouvons encore progresser. Et nous devons parvenir à générer une nouvelle dynamique de croissance significative pour notre fréquentation touristique. Nous sommes dans une situation où notre offre d’hébergement s’équilibre avec notre offre de sièges dans le transport aérien international. Il faut donc que l’un et l’autre puissent évoluer à la hausse, stimuler les investissements et la création de nouvelles offres, en diversifiant les marchés — ce serait un risque irresponsable par exemple de tout miser sur le marché nord-américain, ce serait un choix à très court terme et nous exposerait à subir de plein fouet la moindre crise politique, économique ou monétaire. Nous devons renforcer les marchés, et donc diversifier la provenance de nos visiteurs.
La Nouvelle-Zélande, notre voisin, invité d’honneur à l’occasion du 3° forum de la formation aux métiers du tourisme, a parfaitement compris ces enjeux, et sa stratégie est très claire et efficace, année après année, vis-à-vis des marchés.
A la veille du 3ème forum des formations et des métiers du tourisme qui se tiendra à la Présidence et en plein débat d’orientation budgétaire, la ministre du tourisme Nicole Bouteau répond en toute transparence et sans langue de bois à l’ensemble de nos questions. Le tourisme tient une place primordiale dans l’éco-système de la Polynésie, Nicole Bouteau le sait et se consacre pleinement à sa mission. Constat, bilan, mais surtout stratégies…
Le tourisme représente un secteur primordial pour la santé économique du fenua. Après de longues années de fébrilité, les indicateurs semblent de nouveau positifs et les perspectives prometteuses, mais nous sommes encore loin des résultats d’une destination comme Fidji par exemple, selon vous quelles en sont les raisons fondamentale?
Effectivement, la fréquentation et les retombées économiques liées au tourisme sont en croissance constante depuis plusieurs années maintenant, et non seulement les indicateurs statistiques sont positifs, mais la stabilité et la constance des engagements et des stratégies de développement touristique sont également des signes de cohérence et de cohésion de la communauté des acteurs du tourisme.
S’agissant de Fidji, il faut comparer l’ensemble des données. Leur surface terrestre est presque 5 fois plus importante que la nôtre et leur population est plus de 3 fois plus nombreuse. Leurs marchés principaux sont australiens, néo-zélandais et asiatiques, notamment chinois, liés à leur proximité géographique. S’agissant des dépenses touristiques, l’Organisation Mondiale du Tourisme, en 2015, estimait à un revenu de 1 112 dollars par habitant à Fidji contre 1 820 dollars par habitant en Polynésie. Donc des retombées économiques supérieures de plus de 60%. On ne peut regarder seulement le volume de fréquentation, de manière brute, sans comparer l’ensemble des données.
Quel est selon vous le principal handicap de la Polynésie pour devenir une destination de masse ?
Quelles solutions pour y remédier ?
Les dernières expressions de la société civile, que ce soit au travers des Etats Généraux, du COST ou lors de l’élaboration de la Stratégie de développement du tourisme 2015-2020, ou encore récemment lors des ateliers du SAGE vont toutes dans le même sens : la Polynésie française n’a pas choisi de devenir une destination de masse. C’est donc un choix quel que soit le gouvernement en place. D’ailleurs, Fidji n’est pas non plus une destination de masse. Le nombre de visiteurs par rapport au nombre d’habitants est à moins de 1 pour Fidji ou pour nous, alors que pour Rapa Nui (l’île de Pâques), il est de 20 visiteurs/habitants. Là nous pouvons parler de destination de masse. Sur Hawaii (8,9 millions de visiteurs pour 1,4 millions d’habitants) : ils sont à 6,3 visiteurs par habitants.
Maintenant, oui, nous pouvons encore progresser. Et nous devons parvenir à générer une nouvelle dynamique de croissance significative pour notre fréquentation touristique. Nous sommes dans une situation où notre offre d’hébergement s’équilibre avec notre offre de sièges dans le transport aérien international. Il faut donc que l’un et l’autre puissent évoluer à la hausse, stimuler les investissements et la création de nouvelles offres, en diversifiant les marchés — ce serait un risque irresponsable par exemple de tout miser sur le marché nord-américain, ce serait un choix à très court terme et nous exposerait à subir de plein fouet la moindre crise politique, économique ou monétaire. Nous devons renforcer les marchés, et donc diversifier la provenance de nos visiteurs.
La Nouvelle-Zélande, notre voisin, invité d’honneur à l’occasion du 3° forum de la formation aux métiers du tourisme, a parfaitement compris ces enjeux, et sa stratégie est très claire et efficace, année après année, vis-à-vis des marchés.
Je souhaite aussi mettre l’accent sur la structuration du tourisme culturel et du tourisme vert.
Pensez-vous que le tourisme de niche comme le tourisme écolo, le tourisme médical, gay, sportif…soit une piste à développer ?
Cette diversification aussi est essentielle. Bien entendu. Ce ne sont pas seulement des « niches » à développer. Cette démarche est au cœur de la stratégie marketing du Pays. D’abord, depuis 10 ans, c’est le tourisme bleu qui s’est structuré et qui continue d’afficher des courbes de croissance très encourageante. Beaucoup reste à accomplir mais nous sommes sur la bonne voie. Ensuite, nous souhaitons que le tourisme culturel devienne également un pilier de notre offre touristique, nous pensons disposer des atouts pour cela, mais il faut disposer d’infrastructures nouvelles et emblématiques, et que l’ensemble de la filière puisse se projeter et proposer une stratégie de développement qui soit coordonnée. En parallèle, le tourisme vert est aussi à développer. Dans l’immédiat, que ce soit le Fare Natura, les dispositifs de formations proposés localement — qui sont essentiels —, la levée des problématique foncière pour la mise en place de sentiers, le développement de jardins botaniques, par exemple, nous travaillons sur les bases, la structuration.
Sur le tourisme sportif, nous travaillons étroitement avec le ministère des sports sur ce point. Plusieurs avancées, là aussi, régulières, avec méthode même, peuvent être constatées ces dernières années. Nos événements sportifs accueillent de plus en plus de touristes extérieurs. Et nos sportifs locaux ont aujourd’hui une visibilité plus importante à l’international. Nous avions un socle important avec le vaa et le surf. Aujourd’hui c’est aussi le cas dans plusieurs arts martiaux, le cyclisme, la voile et plusieurs activités nautiques.
Nous sommes déjà une destination arc-en-ciel, même si nous ne le mettons pas en avant d’un point de vue marketing. L’autre aspect, c’est le numérique, et pouvoir avancer sur les bases et possibilités de développer peu à peu l’aspect « smart destination ».
En regardant notre offre, la motivation des voyageurs et visiteurs, vous pourrez le constater rapidement, le bungalow sur l’eau n’est plus depuis plusieurs années le positionnement central de notre destination. D’où aussi la campagne déployée par le Tahiti Tourisme à l’international autour des îles du Mana et de la pluralité d’expériences que nous pouvons proposer localement.
Le forum de la formation aux métiers du tourisme se tiendra à la Présidence jeudi prochain, pensez-vous que le développement touristique passe par une meilleure formation ?
Les professionnels du tourisme polynésien passent-ils selon vous à coté de certaines opportunités par manque de formation et d’information ?
Le tourisme est un secteur qui évolue en permanence. Les standards internationaux, les attentes de nos visiteurs, les modes de consommation, les exigences multiples de sécurité, les nouvelles technologies et donc la distribution commerciale du tourisme, subissent une perpétuelle remise en cause. Il faut se former, non seulement sur les bases, par la formation initiale, mais il faut accompagner et encourager nos acteurs à se former régulièrement tout au long de leur carrière. On voit par ailleurs que les filières s’organisent pour cela. Les pensions viennent de lancer un programme de formation, avec des outils numériques dédiés, que nous soutenons. Et également la CCISM va lancer dans les prochaines semaines un accompagnement personnalisé pour les prestataires d’activités, auquel nous nous associons également. Tout ceci s’inscrivant dans la stratégie du Pays, et donc avec une garantie de cohérence. L’organisation de ce forum s’inscrit dans cette dynamique.
Les stratégies de Tahiti tourisme ont-elles selon vous été satisfaisantes jusqu’à aujourd’hui ? Qu’attendez vous de cet organisme ? quels moyens devrait, selon vous, développer le Pays pour réellement atteindre des objectifs de fréquentation satisfaisant ?
Ce que je veux dire d’abord, c’est que ces 7 dernières années, Tahiti Tourisme est un organisme qui a connu une révolution interne radicale. Je ne suis pas certaine qu’il y ait un autre organisme ou établissement du Pays qui ait dû ainsi remettre en cause fondamentalement son organisation, ses moyens d’actions, ses cadres, ses représentations sur les marchés. Tahiti Tourisme et l’ensemble de ses salariés ont traversé tout cela, tout en renforçant l’exigence sur le travail de promotion à l’international, avec des résultats probants puisque nous avons une croissance constante du flux depuis 5 ans. Maintenant la promotion seule ne peut suffire. Nous devons d’une part mieux structurer et accompagner nos acteurs locaux, travailler par filière et par territoire, dans les îles ou groupes d’îles. Il ne vous a pas échappé que les comités du tourisme se multiplient, que les communautés d’acteurs échangent, débattent, se réapproprient les enjeux et les opportunités de développement locales. Nous constatons également que les communes vers lesquelles nous allons, souhaitent de plus en plus s’investir dans le développement touristique de leur territoire. Et même si cela prend un peu de temps, c’est un travail fondamental pour parvenir à la dispersion des flux touristiques jusque dans les archipels qui sont en marge du flux principal. Sans cela, une augmentation brutale de la fréquentation finirait par créer un sentiment d’asphyxie et un mal être, plutôt qu’une dynamique économique au service d’un développement raisonné, construit, de notre Pays. C’est pour cela également que nous devons poursuivre nos efforts de sensibilisation auprès de la population, pour qu’elle se sente associée, moteur, totalement au centre de ce développement.
Par ailleurs, je suis totalement en phase avec le travail de promotion mené par Tahiti Tourisme, et notamment les campagnes qui sont déployées.
L’aéroport de Tahiti Faa’a a accueilli samedi un vol Hainan airlines, il y a quelques semaines, le Président recevait des dirigeants du groupe French Blue, la Polynésie est-elle en train d’accroître sa capacité d’accueil ? quels sont les projets entrepris dans ce sens ?
Le ciel polynésien est ouvert. Le Pays en effet est pro-actif depuis plusieurs années pour renforcer nos opportunités et capacités de dessertes qui, je le rappelle, doivent aussi être en phase avec nos capacités d’hébergement. La structuration et les capacités commerciales et réceptives de notre hébergement sont centrales si nous souhaitons que l’aérien puisse se développer. Nous n’écartons aucune hypothèse, en veillant à nous projeter à moyen et long termes. Une nouvelle desserte pour quelques mois n’aurait aucun sens et ferait plus de mal que de bien. En revanche, si nous avons les assurances que c’est un partenariat durable qui nous est proposé alors c’est avec enthousiasme que nous apporterons tout notre soutien. Que ce soit donc la desserte sur l’Asie, la Chine particulièrement, sur le bassin océanien, l’Europe ou le continent américain, nous sommes sensibles et vigilants à étudier et exploiter chaque opportunité, à encourager chaque proposition qui nous paraît sérieuse.
Le Village tahitien mettra quelques années à se concrétiser, En ouvrant des capacités aériennes supplémentaires, nous allons accroitre les flux. L’offre hôtelière est-elle capable aujourd’hui d’accueillir ces touristes supplémentaires ? quelles solutions d’hébergement envisage-t-on en attendant ?
Le premier point, je l’ai évoqué, c’est la dispersion des flux. Nous avons une offre d’hébergement existante sur laquelle il reste encore des marges de progression. C’est l’urgence et l’enjeu actuel. Le second moyen relativement rapide d’action, c’est le développement de la croisière, avec un positionnement en tête de ligne, qui génère du flux aérien, renforce nos prestataires d’activités dans les îles, soutient l’activité économique des transporteurs terrestres, des artisans, des commerçants, des musées, etc.
A moyen terme, il faut permettre aux pensions de famille d’intégrer les grands réseaux de commercialisation, nous avons un réservoir de chambre à exploiter.
Enfin, au-delà de 2020, il faut des mécanismes renouvelés pour encourager les investisseurs et entrepreneurs à ouvrir de nouveaux hôtels, et de nouvelles chambres. Là aussi, que ce soit sur Tahiti ou dans les autres archipels, il y a des projets qu’il faut regarder et soutenir avec méthode. La réalisation du programme du Village Tahitien peut devenir un marqueur fort pour la destination, et entrainer cette phase de croissance significative que nous souhaitons atteindre.
Il semble que certains touristes repartent « déçus » de leur séjour en Polynésie en raison d’un manque d’attractions, d’offre de loisirs, les plages sont peu équipées, les commerces ferment tôt, les rues de la capitale sont vides le soir et le dimanche, il n’y a aucune attraction dans les hôtels le soir, en particulier dans les îles, beaucoup de touristes disent « s’ennuyer », existe-t-il une politique générale, en concertation avec les professionnels du tourisme et les commerçants pour améliorer cette situation ?
Les retours et études dont nous disposons témoignent pourtant d’un taux de satisfaction vraiment très important de nos visiteurs. Les critiques se portent parfois sur le rapport qualité/prix plutôt que sur le niveau d’équipement. Et chaque fois, il est signalé l’accueil et la bienveillance comme une force toujours vive de notre destination, grâce à notre population.
En dehors de l’offre de loisirs, ce que vous mentionnez, ce sont plutôt les résidents qui s’en plaignent, davantage que les visiteurs. Pour l’offre de loisirs, oui, il faut agir. Nous avons lancé cette année à la fois un appel à projets et également les « Trophées du tourisme » qui seront dévoilés en fin d’année. Pour que de nouvelles offres se développent, il faut que le flux le permette et que ces initiatives puissent être rentables et s’inscrire dans la durée.
Maintenant, oui, il faut mettre pleinement en adéquation notre destination, dont nous faisons la promotion en tant que les « îles du Mana », et notre capacité à proposer à nos visiteurs des possibilités d’expériences variées, originales, mémorables. Cela rejoint le travail sur les différentes filières touristiques que nous avons évoqué.
Pour conclure, quelles sont vos objectifs et vos priorités pour 2018 ?
Nos objectifs s’inscrivent dans la continuité de ce qui a été initié lors de l’adoption de la Stratégie de développement du tourisme 2015-2020. Un important volet de refonte et d’actualisation de la réglementation a été réalisé cette année, nous devons le poursuivre. Nous souhaitons également que les mécanismes d’accompagnement et de proximité, au plus proche des acteurs, soient simplifiés et réellement accessibles au plus grand nombre d’entre eux. Ce qui est important, c’est que la communauté des acteurs du tourisme soit soudée. Cette dynamique est au cœur du projet. Nous aurons en 2018, par exemple, la meilleure année de fréquentation croisière depuis près de 15 ans. Il faut que notre accueil, notre structuration soit pleinement au rendez-vous.
Je souhaite aussi mettre l’accent sur la structuration du tourisme culturel et du tourisme vert.
Cette diversification aussi est essentielle. Bien entendu. Ce ne sont pas seulement des « niches » à développer. Cette démarche est au cœur de la stratégie marketing du Pays. D’abord, depuis 10 ans, c’est le tourisme bleu qui s’est structuré et qui continue d’afficher des courbes de croissance très encourageante. Beaucoup reste à accomplir mais nous sommes sur la bonne voie. Ensuite, nous souhaitons que le tourisme culturel devienne également un pilier de notre offre touristique, nous pensons disposer des atouts pour cela, mais il faut disposer d’infrastructures nouvelles et emblématiques, et que l’ensemble de la filière puisse se projeter et proposer une stratégie de développement qui soit coordonnée. En parallèle, le tourisme vert est aussi à développer. Dans l’immédiat, que ce soit le Fare Natura, les dispositifs de formations proposés localement — qui sont essentiels —, la levée des problématique foncière pour la mise en place de sentiers, le développement de jardins botaniques, par exemple, nous travaillons sur les bases, la structuration.
Sur le tourisme sportif, nous travaillons étroitement avec le ministère des sports sur ce point. Plusieurs avancées, là aussi, régulières, avec méthode même, peuvent être constatées ces dernières années. Nos événements sportifs accueillent de plus en plus de touristes extérieurs. Et nos sportifs locaux ont aujourd’hui une visibilité plus importante à l’international. Nous avions un socle important avec le vaa et le surf. Aujourd’hui c’est aussi le cas dans plusieurs arts martiaux, le cyclisme, la voile et plusieurs activités nautiques.
Nous sommes déjà une destination arc-en-ciel, même si nous ne le mettons pas en avant d’un point de vue marketing. L’autre aspect, c’est le numérique, et pouvoir avancer sur les bases et possibilités de développer peu à peu l’aspect « smart destination ».
En regardant notre offre, la motivation des voyageurs et visiteurs, vous pourrez le constater rapidement, le bungalow sur l’eau n’est plus depuis plusieurs années le positionnement central de notre destination. D’où aussi la campagne déployée par le Tahiti Tourisme à l’international autour des îles du Mana et de la pluralité d’expériences que nous pouvons proposer localement.
Le forum de la formation aux métiers du tourisme se tiendra à la Présidence jeudi prochain, pensez-vous que le développement touristique passe par une meilleure formation ?
Les professionnels du tourisme polynésien passent-ils selon vous à coté de certaines opportunités par manque de formation et d’information ?
Le tourisme est un secteur qui évolue en permanence. Les standards internationaux, les attentes de nos visiteurs, les modes de consommation, les exigences multiples de sécurité, les nouvelles technologies et donc la distribution commerciale du tourisme, subissent une perpétuelle remise en cause. Il faut se former, non seulement sur les bases, par la formation initiale, mais il faut accompagner et encourager nos acteurs à se former régulièrement tout au long de leur carrière. On voit par ailleurs que les filières s’organisent pour cela. Les pensions viennent de lancer un programme de formation, avec des outils numériques dédiés, que nous soutenons. Et également la CCISM va lancer dans les prochaines semaines un accompagnement personnalisé pour les prestataires d’activités, auquel nous nous associons également. Tout ceci s’inscrivant dans la stratégie du Pays, et donc avec une garantie de cohérence. L’organisation de ce forum s’inscrit dans cette dynamique.
Les stratégies de Tahiti tourisme ont-elles selon vous été satisfaisantes jusqu’à aujourd’hui ? Qu’attendez vous de cet organisme ? quels moyens devrait, selon vous, développer le Pays pour réellement atteindre des objectifs de fréquentation satisfaisant ?
Ce que je veux dire d’abord, c’est que ces 7 dernières années, Tahiti Tourisme est un organisme qui a connu une révolution interne radicale. Je ne suis pas certaine qu’il y ait un autre organisme ou établissement du Pays qui ait dû ainsi remettre en cause fondamentalement son organisation, ses moyens d’actions, ses cadres, ses représentations sur les marchés. Tahiti Tourisme et l’ensemble de ses salariés ont traversé tout cela, tout en renforçant l’exigence sur le travail de promotion à l’international, avec des résultats probants puisque nous avons une croissance constante du flux depuis 5 ans. Maintenant la promotion seule ne peut suffire. Nous devons d’une part mieux structurer et accompagner nos acteurs locaux, travailler par filière et par territoire, dans les îles ou groupes d’îles. Il ne vous a pas échappé que les comités du tourisme se multiplient, que les communautés d’acteurs échangent, débattent, se réapproprient les enjeux et les opportunités de développement locales. Nous constatons également que les communes vers lesquelles nous allons, souhaitent de plus en plus s’investir dans le développement touristique de leur territoire. Et même si cela prend un peu de temps, c’est un travail fondamental pour parvenir à la dispersion des flux touristiques jusque dans les archipels qui sont en marge du flux principal. Sans cela, une augmentation brutale de la fréquentation finirait par créer un sentiment d’asphyxie et un mal être, plutôt qu’une dynamique économique au service d’un développement raisonné, construit, de notre Pays. C’est pour cela également que nous devons poursuivre nos efforts de sensibilisation auprès de la population, pour qu’elle se sente associée, moteur, totalement au centre de ce développement.
Par ailleurs, je suis totalement en phase avec le travail de promotion mené par Tahiti Tourisme, et notamment les campagnes qui sont déployées.
L’aéroport de Tahiti Faa’a a accueilli samedi un vol Hainan airlines, il y a quelques semaines, le Président recevait des dirigeants du groupe French Blue, la Polynésie est-elle en train d’accroître sa capacité d’accueil ? quels sont les projets entrepris dans ce sens ?
Le ciel polynésien est ouvert. Le Pays en effet est pro-actif depuis plusieurs années pour renforcer nos opportunités et capacités de dessertes qui, je le rappelle, doivent aussi être en phase avec nos capacités d’hébergement. La structuration et les capacités commerciales et réceptives de notre hébergement sont centrales si nous souhaitons que l’aérien puisse se développer. Nous n’écartons aucune hypothèse, en veillant à nous projeter à moyen et long termes. Une nouvelle desserte pour quelques mois n’aurait aucun sens et ferait plus de mal que de bien. En revanche, si nous avons les assurances que c’est un partenariat durable qui nous est proposé alors c’est avec enthousiasme que nous apporterons tout notre soutien. Que ce soit donc la desserte sur l’Asie, la Chine particulièrement, sur le bassin océanien, l’Europe ou le continent américain, nous sommes sensibles et vigilants à étudier et exploiter chaque opportunité, à encourager chaque proposition qui nous paraît sérieuse.
Le Village tahitien mettra quelques années à se concrétiser, En ouvrant des capacités aériennes supplémentaires, nous allons accroitre les flux. L’offre hôtelière est-elle capable aujourd’hui d’accueillir ces touristes supplémentaires ? quelles solutions d’hébergement envisage-t-on en attendant ?
Le premier point, je l’ai évoqué, c’est la dispersion des flux. Nous avons une offre d’hébergement existante sur laquelle il reste encore des marges de progression. C’est l’urgence et l’enjeu actuel. Le second moyen relativement rapide d’action, c’est le développement de la croisière, avec un positionnement en tête de ligne, qui génère du flux aérien, renforce nos prestataires d’activités dans les îles, soutient l’activité économique des transporteurs terrestres, des artisans, des commerçants, des musées, etc.
A moyen terme, il faut permettre aux pensions de famille d’intégrer les grands réseaux de commercialisation, nous avons un réservoir de chambre à exploiter.
Enfin, au-delà de 2020, il faut des mécanismes renouvelés pour encourager les investisseurs et entrepreneurs à ouvrir de nouveaux hôtels, et de nouvelles chambres. Là aussi, que ce soit sur Tahiti ou dans les autres archipels, il y a des projets qu’il faut regarder et soutenir avec méthode. La réalisation du programme du Village Tahitien peut devenir un marqueur fort pour la destination, et entrainer cette phase de croissance significative que nous souhaitons atteindre.
Il semble que certains touristes repartent « déçus » de leur séjour en Polynésie en raison d’un manque d’attractions, d’offre de loisirs, les plages sont peu équipées, les commerces ferment tôt, les rues de la capitale sont vides le soir et le dimanche, il n’y a aucune attraction dans les hôtels le soir, en particulier dans les îles, beaucoup de touristes disent « s’ennuyer », existe-t-il une politique générale, en concertation avec les professionnels du tourisme et les commerçants pour améliorer cette situation ?
Les retours et études dont nous disposons témoignent pourtant d’un taux de satisfaction vraiment très important de nos visiteurs. Les critiques se portent parfois sur le rapport qualité/prix plutôt que sur le niveau d’équipement. Et chaque fois, il est signalé l’accueil et la bienveillance comme une force toujours vive de notre destination, grâce à notre population.
En dehors de l’offre de loisirs, ce que vous mentionnez, ce sont plutôt les résidents qui s’en plaignent, davantage que les visiteurs. Pour l’offre de loisirs, oui, il faut agir. Nous avons lancé cette année à la fois un appel à projets et également les « Trophées du tourisme » qui seront dévoilés en fin d’année. Pour que de nouvelles offres se développent, il faut que le flux le permette et que ces initiatives puissent être rentables et s’inscrire dans la durée.
Maintenant, oui, il faut mettre pleinement en adéquation notre destination, dont nous faisons la promotion en tant que les « îles du Mana », et notre capacité à proposer à nos visiteurs des possibilités d’expériences variées, originales, mémorables. Cela rejoint le travail sur les différentes filières touristiques que nous avons évoqué.
Pour conclure, quelles sont vos objectifs et vos priorités pour 2018 ?
Nos objectifs s’inscrivent dans la continuité de ce qui a été initié lors de l’adoption de la Stratégie de développement du tourisme 2015-2020. Un important volet de refonte et d’actualisation de la réglementation a été réalisé cette année, nous devons le poursuivre. Nous souhaitons également que les mécanismes d’accompagnement et de proximité, au plus proche des acteurs, soient simplifiés et réellement accessibles au plus grand nombre d’entre eux. Ce qui est important, c’est que la communauté des acteurs du tourisme soit soudée. Cette dynamique est au cœur du projet. Nous aurons en 2018, par exemple, la meilleure année de fréquentation croisière depuis près de 15 ans. Il faut que notre accueil, notre structuration soit pleinement au rendez-vous.
Je souhaite aussi mettre l’accent sur la structuration du tourisme culturel et du tourisme vert.