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Emploi : "urgent" de changer de méthode selon la CTC


En 2008, il y avait 68 159 salariés. En 2013, ce nombre a chuté à 61 092. Fin 2015, il y avait 61 621 salariés.
En 2008, il y avait 68 159 salariés. En 2013, ce nombre a chuté à 61 092. Fin 2015, il y avait 61 621 salariés.
PAPEETE, le 20 septembre 2016. La chambre territoriale des comptes a étudié avec minute la politique publique de l'emploi depuis 2007. Pour la CTC, les mesures d’aide à l’emploi sont trop orientées "vers le court terme". "Il est devenu urgent de faire évoluer les conceptions et les méthodes pour mieux répondre à la réalité du marché et des publics", met en garde la juridiction.

La chambre territoriale des comptes a examiné la politique publique du Pays de l'emploi depuis 2007. Elle constate que depuis son précédent rapport sur la période de 1998 à 2006 peu de choses ont évolué en matière de politique publique. Elle mettait déjà en avant il y a 10 ans : " les conséquences négatives de l’absence de lien entre les aides à l’emploi et la formation professionnelle". "Depuis, le lien entre les aides à l’emploi et les actions de formation professionnelle à destination des demandeurs d’emploi n’a pas connu d’avancées majeures", souligne la chambre territoriale des comptes. "Les aides à l’emploi, hormis quelques ajustements techniques bienvenus, sont restées conformes à une configuration générique associant une indemnisation pour une durée courte, souvent le temps d’un stage, à des actions de formation basées sur le volontariat. En outre, les moyens consacrés aux aides à l’emploi n’ont pas suivi l’aggravation de la crise de l’emploi (lire encadré)."

La situation est pourtant urgente : entre les départs à la retraite et les nouveaux arrivants sur le marché du travail, il faudrait créer 1300 emplois par an juste pour donner du travail aux nouveaux chercheurs d'emploi. Mais en 2015, on a créé seulement 270 postes salariés supplémentaires !
La chambre reproche aux différents gouvernements qui se sont succédé d'avoir mis en place des "mesures d’aide à l’emploi trop orientées vers le court terme".




Evolution de l'emploi depuis 1995


DES OBLIGATIONS DE FORMATION
Petit point positif, la chambre territoriale des comptes a constaté que "plusieurs mesures comportant des obligations en termes de formation" ont été mises en place depuis 2014. "Les dernières avancées réalisées dans l’organisation et de financement de la formation professionnelle des salariés, la refonte et la relance de l’apprentissage et la création d’un contrat de professionnalisation (ACT-PRO) ont commencé à faire bouger quelques lignes", souligne la juridiction.

LES JEUNES PAS ASSEZ CIBLES
La chambre territoriale des comptes a constaté que les jeunes demandeurs d'emploi n'étaient pas assez visés. Pourtant, chaque année 3 800 jeunes de moins de 25 ans s’inscrivent pour la première fois au Service de l'Emploi de la Formation et de l'Insertion professionnelles (Sefi). La plupart d'entre eux est dépourvue de formation et habite les îles de la Société pour plus des trois quart. "Les aides, les plus massives, ont continué, sous forme de stage court, à s’adresser indistinctement à toutes les catégories d’âge servant une indemnisation en échange d’un engagement à l’activité sans perspective durable", note la chambre territoriale des comptes.

Celle-ci recommande donc la politique publique propose différents dispositifs en fonction des différents publics : "Longtemps, les aides à l’emploi ont été essentiellement conçues comme des aides polyvalentes servant l’insertion professionnelle à un public de demandeurs d’emploi large et indifférencié", explique-t-elle. " Au terme d’une segmentation plus poussée des publics (les jeunes de moins de 25 ans, les actifs sans emplois sans qualification ou peu qualifiés, les actifs sans emploi qualifiés) ces aides peuvent aussi permettre plus d’adaptation des accompagnements aux besoins et au milieu de vie des bénéficiaires, en coordination avec les Affaires sociales."

Le président du Pays a répondu aux remarques de la chambre territoriale des comptes en indiquant que "pour l’année 2016, l’accent sera mis sur la réforme réglementaire des stages d’insertion avec l’instauration des parcours ciblés de formation et d’insertion, la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale et l’amélioration de la connaissance statistique et économique du marché du travail et de l’emploi. »
Le ministère du Travail prépare également une cellule de Gpec (Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences) qui permettrait d'anticiper les besoins des entreprises, les mutations économiques du Pays à venir et les profils des individus pour dégager des tendances et rapprocher l'offre et la demande à venir.
Cette cellule devrait être mise en place l'an prochain. Le Sefi et l'Institut de la statistique de la Polynésie française prépare aussi des tableaux de bord qui offriront une photographie trimestrielle des besoins en main d'œuvre et de la typologie de la main d'œuvre (notamment les 18-29 ans) et alimenteront l’élaboration des programmes de formation du Sefi.

Baisse des moyens, hausse des demandeurs d'emplois


"Entre 2007 et 2010, les dépenses totales consacrées aux dispositifs de soutien à l’emploi se sont accrues de 27%, passant de 4,5 milliards de Fcfp à 5,8 milliards de Fcfp, alors même qu’au cours de la même période, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois est lui passé de 6 298 personnes à 9 075, soit une augmentation de 44%", indique la chambre territoriale dans son rapport. "Mais dès 2011, les financements ont fortement chuté tandis que le nombre de demandeurs d’emploi augmentait de 37%."


Les recommandations de la CTC

1. Accroitre les financements après évaluation et redéploiement budgétaire ;
2. Spécialiser les aides à l’emploi en fonction d’une segmentation affinée du public des demandeurs d’emploi ;
3. Accentuer la spécificité des aides à l’insertion sociale ;
4. Coordonner les aides à l’insertion professionnelle avec les aides aux entreprises (création, développement) ;
5. Améliorer la connaissance statistique et économique du marché du travail et de l’emploi en transférant les travaux d’analyse aux statisticiens-économistes de l’ISPF ;
6. Financer, au besoin par le Contrat de Projet, des enquêtes statistiques indispensables à la conduite de la politique publique de l’emploi, notamment une enquête emploi périodique ;
7. Recentrer le SEFI sur ses missions premières, l’insertion professionnelle et l’ingénierie de la formation professionnelle.


Lire le rapport de la chambre territoriale des comptes

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 20 Septembre 2016 à 10:47 | Lu 2423 fois