L'Arafenua s'était échoué le 1er juin 2014 et n'avait pas pu être remorqué. L'épave a finalement été "découpée" sur place quelques mois plus tard et le site de l'accident, dépollué avec le soutien logistique d'une barge du Pays.
PAPEETE, le 8 septembre 2015. En juin 2014, l'échouement sur l'atoll désert de Tikei, dans les Tuamotu, du patrouilleur Arafenua privait les services douaniers polynésiens de leur unique vedette rapide d'intervention en mer. Plus d'un an plus tard, on ne parle plus de renouvellement de ce patrouilleur mais de "mutualisation des moyens" avec la gendarmerie maritime et la marine nationale.
La demande aux autorités françaises en vue du remplacement du patrouiller des douanes était récurrente. Depuis plus d'un an, les autorités locales mais plus particulièrement, la députée Maina Sage n'ont eu de cesse de demander des informations quant au remplacement de ce moyen maritime essentiel à la surveillance et aux interventions sur les 5 millions de km2 d'espace marin de la Polynésie. Question écrite au gouvernement, question orale, la parlementaire polynésienne a usé de tous ses moyens pour être entendue. Mais jusqu'ici la réponse était invariablement la même : le remplacement de cette vedette des douanes affectée depuis plus de 25 ans en Polynésie était "à la réflexion" principalement auprès du ministère du budget à Bercy.
Il faut dire qu'une vedette rapide de patrouille en mer, capable de naviguer de Tahiti aux Marquises ou bien jusqu'aux extrêmes limites sud de la vaste zone économique exclusive de la Polynésie nécessite un budget colossal. Le coût d'un tel navire est estimé à 1,3 milliard de Fcfp. On peut comprendre que l'Etat y réfléchisse à deux fois avant d'armer de nouveau un bâtiment du même acabit. Face aux arguments d'économie de gestion de l'Etat –qui vient par exemple de supprimer la brigade de la gendarmerie maritime de la base navale de Papeete-, Maina Sage a déployé au moins à trois reprises ses efforts pour obtenir que des fonds soient débloqués pour l'armement d'un nouveau navire des douanes.
Selon Maina Sage "L'Arafenua opérait des missions de surveillance douanière, de contrôle des bateaux de plaisance, de pêche, de commerce, mais assurait aussi un service redéployé des douanes, essentiellement dans les îles éloignées en venant en relais pour des actions douanières à terre, des actions de surveillance au profit de notre environnement, des actions de sauvetage en mer. Très concrètement, nous sommes passés de 150 jours de surveillance en mer à 80 jours" expose-t-elle devant le ministre des finances en janvier 2015. Elle ajoute que la vedette des douanes avait également un rôle d'appui important pour les opérations de sauvetage en mer assumées en Polynésie française par la Fédération d'entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM), une association de droit privé. On espèrait alors retrouver rapidement un bâtiment hauturier d'une trentaine de mètres, avec un équipage d'une douzaine de personnes, "l'acquisition d'un nouveau patrouilleur constitue une priorité absolue" avait plaidé la députée polynésienne devant le gouvernement français lors d'une séance de questions orales à l'assemblée nationale en février 2015.
MUTUALISATION DES MOYENS
Quelques semaines après cette intervention, la réponse de la ministre de la fonction publique laissait encore quelques options ouvertes, avec une "réflexion en cours". Une réunion sur ce sujet avait eu lieu au secrétariat général de la mer. "Plusieurs options sont en cours d'évaluation, qui concernent le développement du renseignement maritime afin d'exercer es contrôles plus ciblés, la redéfinition de l'emploi des moyens de l'Etat sur zone et l'exploitation d'images satellitaires. La solution identifiée pourra naturellement faire l'objet d'un échange avec les collectivités concernées" promettait alors Marylise Lebranchu.
Le gouvernement français, interrogé de nouveau, en juin dernier, presque un an jour pour jour après la perte définitive de l'Arafenua, déclare avoir fait le choix de ne pas remplacer immédiatement le patrouilleur échoué. La réponse du secrétaire d'Etat en charge du budget est sans appel. En gestionnaire des deniers publics, Christian Eckert avance immédiatement la solution de la "mutualisation des moyens" préconisée par le Secrétariat général de la mer, placé sous l'autorité directe du premier ministre. Il déclare même : "Certains reprochent aux douaniers d’assurer des missions de sauvetage, d’autres reprochent aux gendarmes de collaborer avec les douanes : nous avons décidé, en ce qui nous concerne, suite à l’accident que vous connaissez, et qui était dû à une erreur humaine – disons-le ainsi –, de renforcer la mutualisation des moyens maritimes".
La piste d'une nouvelle vedette des douanes s'éloigne donc progressivement en Polynésie française, la dissolution administrative de la brigade des gardes-côtes est même à l'ordre du jour, elle sera sans doute entérinée avant la fin de l'année : les douaniers-marins de l'ex Arafenua ayant été réaffectés aux bureaux de l'aéroport et du port. La mutualisation des moyens avec la gendarmerie maritime ou la marine nationale devient la norme, et c'est à bord du patrouilleur le Jasmin de la gendarmerie maritime ou de l'Arago de la marine nationale que la surveillance en mer des douanes sur l'ensemble de la ZEE de la Polynésie est désormais assurée.
La demande aux autorités françaises en vue du remplacement du patrouiller des douanes était récurrente. Depuis plus d'un an, les autorités locales mais plus particulièrement, la députée Maina Sage n'ont eu de cesse de demander des informations quant au remplacement de ce moyen maritime essentiel à la surveillance et aux interventions sur les 5 millions de km2 d'espace marin de la Polynésie. Question écrite au gouvernement, question orale, la parlementaire polynésienne a usé de tous ses moyens pour être entendue. Mais jusqu'ici la réponse était invariablement la même : le remplacement de cette vedette des douanes affectée depuis plus de 25 ans en Polynésie était "à la réflexion" principalement auprès du ministère du budget à Bercy.
Il faut dire qu'une vedette rapide de patrouille en mer, capable de naviguer de Tahiti aux Marquises ou bien jusqu'aux extrêmes limites sud de la vaste zone économique exclusive de la Polynésie nécessite un budget colossal. Le coût d'un tel navire est estimé à 1,3 milliard de Fcfp. On peut comprendre que l'Etat y réfléchisse à deux fois avant d'armer de nouveau un bâtiment du même acabit. Face aux arguments d'économie de gestion de l'Etat –qui vient par exemple de supprimer la brigade de la gendarmerie maritime de la base navale de Papeete-, Maina Sage a déployé au moins à trois reprises ses efforts pour obtenir que des fonds soient débloqués pour l'armement d'un nouveau navire des douanes.
Selon Maina Sage "L'Arafenua opérait des missions de surveillance douanière, de contrôle des bateaux de plaisance, de pêche, de commerce, mais assurait aussi un service redéployé des douanes, essentiellement dans les îles éloignées en venant en relais pour des actions douanières à terre, des actions de surveillance au profit de notre environnement, des actions de sauvetage en mer. Très concrètement, nous sommes passés de 150 jours de surveillance en mer à 80 jours" expose-t-elle devant le ministre des finances en janvier 2015. Elle ajoute que la vedette des douanes avait également un rôle d'appui important pour les opérations de sauvetage en mer assumées en Polynésie française par la Fédération d'entraide polynésienne de sauvetage en mer (FEPSM), une association de droit privé. On espèrait alors retrouver rapidement un bâtiment hauturier d'une trentaine de mètres, avec un équipage d'une douzaine de personnes, "l'acquisition d'un nouveau patrouilleur constitue une priorité absolue" avait plaidé la députée polynésienne devant le gouvernement français lors d'une séance de questions orales à l'assemblée nationale en février 2015.
MUTUALISATION DES MOYENS
Quelques semaines après cette intervention, la réponse de la ministre de la fonction publique laissait encore quelques options ouvertes, avec une "réflexion en cours". Une réunion sur ce sujet avait eu lieu au secrétariat général de la mer. "Plusieurs options sont en cours d'évaluation, qui concernent le développement du renseignement maritime afin d'exercer es contrôles plus ciblés, la redéfinition de l'emploi des moyens de l'Etat sur zone et l'exploitation d'images satellitaires. La solution identifiée pourra naturellement faire l'objet d'un échange avec les collectivités concernées" promettait alors Marylise Lebranchu.
Le gouvernement français, interrogé de nouveau, en juin dernier, presque un an jour pour jour après la perte définitive de l'Arafenua, déclare avoir fait le choix de ne pas remplacer immédiatement le patrouilleur échoué. La réponse du secrétaire d'Etat en charge du budget est sans appel. En gestionnaire des deniers publics, Christian Eckert avance immédiatement la solution de la "mutualisation des moyens" préconisée par le Secrétariat général de la mer, placé sous l'autorité directe du premier ministre. Il déclare même : "Certains reprochent aux douaniers d’assurer des missions de sauvetage, d’autres reprochent aux gendarmes de collaborer avec les douanes : nous avons décidé, en ce qui nous concerne, suite à l’accident que vous connaissez, et qui était dû à une erreur humaine – disons-le ainsi –, de renforcer la mutualisation des moyens maritimes".
La piste d'une nouvelle vedette des douanes s'éloigne donc progressivement en Polynésie française, la dissolution administrative de la brigade des gardes-côtes est même à l'ordre du jour, elle sera sans doute entérinée avant la fin de l'année : les douaniers-marins de l'ex Arafenua ayant été réaffectés aux bureaux de l'aéroport et du port. La mutualisation des moyens avec la gendarmerie maritime ou la marine nationale devient la norme, et c'est à bord du patrouilleur le Jasmin de la gendarmerie maritime ou de l'Arago de la marine nationale que la surveillance en mer des douanes sur l'ensemble de la ZEE de la Polynésie est désormais assurée.
la position réelle de l’île se situe 1500 m plus au nord que celle indiquée sur la cartographie MaxSea. À l’échelle de la carte papier 6689 utilisée, ces 1500 m représentent 2,5 mm.
La carte marine de cette zone des Tuamotu était imprécise
Quelles sont les causes de l'échouement du patrouilleur des douanes le 1er juin 2014 sur le récif de l'atoll inhabité de Tikei ? Le rapport d'enquête technique du Bureau enquête accident des événements de mer (BEA Mer), comme souvent en cas d'accident, note plusieurs raisons. Premièrement l'atoll de Tikei où les douaniers se sont échoués, vers 4 heures du matin le 1er juin 2014, était la destination du patrouilleur qui était partie depuis deux jours des Marquises. L’objectif des douaniers était "d’arriver à l’aube pour surprendre d’éventuels trafiquants". L'équipage de ce patrouilleur douanier est composé d'un commandant, de trois chefs de quarts, de trois mécaniciens et de quatre marins, tous recrutés par concours local et ayant effectué la très grande majorité de leur carrière sur ce patrouilleur Arafaenua.
La nuit où l'échouement se produit, la météo est instable, il pleut beaucoup, la mer est agitée. "Le chef de quart a déclaré que la pluie s’était tellement intensifiée qu’elle l’empêchait de déterminer avec précision la position de l’île sur le radar". Pourtant c'est seulement avec le pilote automatique que l'approche de l'atoll est effectuée. L'équipage sait parfaitement que l'atoll de Tikei est inhabité et non balisé. "Il est difficile d’y débarquer car l’île est entourée de toutes parts d’un récif qui se compose d’une première barrière à fleur d’eau puis d’un platier couvert de 20 cm d’eau". Avant de quitter les Marquises, deux jours plus tôt, le capitaine avait réuni une partie de l'équipage pour exposer la mission, tracer la route sur l'ordinateur de bord et la reporter sur les cartes papier.
La première erreur de l'équipage a été de se laisser guider uniquement par la carte marine en version numérique. La route tracée par le capitaine passe à peine à 1mm de l'îlot de Tikei (soit moins de 600 mètres) alors que c'est la première fois que l'Arafenua s'approche de cet atoll. "La facilité d’emploi du logiciel de cartographie et l’illusion de précision donnée par la carte électronique ont fait oublier les règles de prudence élémentaire. En particulier le doute constructif avec lequel on doit exploiter les aides à la navigation" note le rapport du BEA Mer. Au final, l'échouement se produit alors que la navire vogue encore à 14 nœuds, l'équipage certain d'être encore à distance de l'atoll, l'Arafenua "monte entièrement sur le platier". L'analyse du BEA indique "la position réelle de l'île se situe 1500 m plus au nord que celle indiquée sur la cartographie numérique".
Après tout cet îlot inhabité n'avait été cartographié qu'avec des relevés de géodésie astronomique en 1948 et en 2001 par GPS. "La position de l’île sur la minute topographique se trouve à 1 mille plus au sud vraisemblablement due à une erreur de transcription lors de l’élaboration de ce document", un décalage que l'on retrouve sur toutes les cartes marines papier et même sur la version électronique. Bien entendu, cet accident a permis de corriger ce décalage.
Quelles sont les causes de l'échouement du patrouilleur des douanes le 1er juin 2014 sur le récif de l'atoll inhabité de Tikei ? Le rapport d'enquête technique du Bureau enquête accident des événements de mer (BEA Mer), comme souvent en cas d'accident, note plusieurs raisons. Premièrement l'atoll de Tikei où les douaniers se sont échoués, vers 4 heures du matin le 1er juin 2014, était la destination du patrouilleur qui était partie depuis deux jours des Marquises. L’objectif des douaniers était "d’arriver à l’aube pour surprendre d’éventuels trafiquants". L'équipage de ce patrouilleur douanier est composé d'un commandant, de trois chefs de quarts, de trois mécaniciens et de quatre marins, tous recrutés par concours local et ayant effectué la très grande majorité de leur carrière sur ce patrouilleur Arafaenua.
La nuit où l'échouement se produit, la météo est instable, il pleut beaucoup, la mer est agitée. "Le chef de quart a déclaré que la pluie s’était tellement intensifiée qu’elle l’empêchait de déterminer avec précision la position de l’île sur le radar". Pourtant c'est seulement avec le pilote automatique que l'approche de l'atoll est effectuée. L'équipage sait parfaitement que l'atoll de Tikei est inhabité et non balisé. "Il est difficile d’y débarquer car l’île est entourée de toutes parts d’un récif qui se compose d’une première barrière à fleur d’eau puis d’un platier couvert de 20 cm d’eau". Avant de quitter les Marquises, deux jours plus tôt, le capitaine avait réuni une partie de l'équipage pour exposer la mission, tracer la route sur l'ordinateur de bord et la reporter sur les cartes papier.
La première erreur de l'équipage a été de se laisser guider uniquement par la carte marine en version numérique. La route tracée par le capitaine passe à peine à 1mm de l'îlot de Tikei (soit moins de 600 mètres) alors que c'est la première fois que l'Arafenua s'approche de cet atoll. "La facilité d’emploi du logiciel de cartographie et l’illusion de précision donnée par la carte électronique ont fait oublier les règles de prudence élémentaire. En particulier le doute constructif avec lequel on doit exploiter les aides à la navigation" note le rapport du BEA Mer. Au final, l'échouement se produit alors que la navire vogue encore à 14 nœuds, l'équipage certain d'être encore à distance de l'atoll, l'Arafenua "monte entièrement sur le platier". L'analyse du BEA indique "la position réelle de l'île se situe 1500 m plus au nord que celle indiquée sur la cartographie numérique".
Après tout cet îlot inhabité n'avait été cartographié qu'avec des relevés de géodésie astronomique en 1948 et en 2001 par GPS. "La position de l’île sur la minute topographique se trouve à 1 mille plus au sud vraisemblablement due à une erreur de transcription lors de l’élaboration de ce document", un décalage que l'on retrouve sur toutes les cartes marines papier et même sur la version électronique. Bien entendu, cet accident a permis de corriger ce décalage.
Accident et sur-accident
Preuve néanmoins de la difficulté d'accoster sur cet atoll de Tikei, trois jours après l'échouement de l'Arafenua, un autre échouement se produit, au même endroit, le 4 juin 2014. Il s'agit cette fois d'une baleinière de la marine nationale venue porter secours justement aux douaniers naufragés et tenter de déséchouer l'Arafenua ! Bilan des courses, la baleinière est elle aussi totalement disloquée sur le récif, mais surtout quatre personnes sont blessées. Un des "baleiniers" est blessé gravement, son pied écrasé par le bateau à fond plat lors d'un train de vagues plus fortes que normalement, le capitaine de l'Arafenua est également légèrement blessé.
Preuve néanmoins de la difficulté d'accoster sur cet atoll de Tikei, trois jours après l'échouement de l'Arafenua, un autre échouement se produit, au même endroit, le 4 juin 2014. Il s'agit cette fois d'une baleinière de la marine nationale venue porter secours justement aux douaniers naufragés et tenter de déséchouer l'Arafenua ! Bilan des courses, la baleinière est elle aussi totalement disloquée sur le récif, mais surtout quatre personnes sont blessées. Un des "baleiniers" est blessé gravement, son pied écrasé par le bateau à fond plat lors d'un train de vagues plus fortes que normalement, le capitaine de l'Arafenua est également légèrement blessé.