L'éponge Leucetta chagosensis vit essentiellement sur les pentes externes des îles de la Société et des Tuamotu. ©IRD/B. Bourgeois
PAPEETE, le 26 novembre 2014. Des chercheurs du fenua ont étudié l'éponge Leucetta chagosensis. Celle-ci lutte contre les bactéries en les empêchant de communiquer entre elles. En décidant de ne pas les tuer, elle méthode évite de les rendre résistantes. Ce procédé pourrait être utilisé dans la médecine humaine.
Les antibiotiques de demain viendront-ils de la mer ? C'est bien ce que laissent présager les recherches menées par Cécile Debitus, directeur de recherche à l'Institut de recherche et de développement (IRD), situé à Arue. Dans le cadre du projet Pomare, elle travaille avec des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Ces scientifiques ont parcouru les fonds marins de Polynésie pour répertorier dans un premier temps les éponges du fenua. « Cent quatre-vingts espèces différentes d'éponges ont été répertoriées», explique Cécile Debitus. « On en a recensé 40 % de très rares. »
Les chercheurs ont étudié en particulier l'éponge qui s'appelle Leucetta chagosensis. C'est une éponge jaune fluo que vous avez peut-être déjà croisée sous l'eau lors de plongées. Elle vit essentiellement sur les pentes externes des îles de la Société et des Tuamotu. « Les organismes marins comme les éponges qui exposent une large surface à la mer doivent se défendre contre le fouling (les salissures) », expose Cécile Debitus. « Pour cela, elles utilisent soit des défenses physiques soit des défenses chimiques. On a misé sur les défenses chimiques. » « Le fouling commence par la formation d'un biofilm, une surface de bactéries qui recouvre l'éponge », décrit la scientifique. La formation de ce biofilm est contrôlée par le quorum sensing, mécanisme qui permet la communication entre les bactéries. « Quand les bactéries vont trouver une surface pour s’installer, elles vont communiquer ensemble pour former le biofilm, c'est ce qui contrôle aussi la pathogénicité (mécanisme par lequel la bactérie rend malade) », décrypte Cécile Debitus.
« Les éponges ne tuent pas la bactérie »
Les recherches ont permis de montrer que les éponges se défendent « contre ces agressions en stoppant la communication entre les bactéries, mais sans les tuer. C'est très important car comme on ne les tue pas il n'y a pas de phénomènes de résistances qui apparaissent », souligne la scientifique.
Les antibiotiques ont permis de faire considérablement reculer la mortalité associée aux maladies infectieuses au cours du XXe siècle. Mais, leur utilisation massive et répétée a conduit à l’apparition de bactéries résistantes à ces médicaments. Or, ces substances isolées des éponges ne « tuent pas la bactérie. On l'empêche de s'exprimer, on la rend muette. Elle ne va pas exprimer de substance toxique et va continuer à vivre. » Les inhibiteurs de quorum sensing pourraient ainsi servir dans la médecine humaine notamment pour le soin des infections urinaires.
Mais il faudra encore quelques années de travail avant de voir la molécule des éponges dans les rayons des pharmacies. « On va passer aux tests in vivo sur le poisson en particulier. Après il va falloir trouver une méthode de production de la molécule », précise Cécile Debitus. "Il y a encore quelques années de travail avant d'aboutir à un produit final.»
Au-delà de la médecine humaine, cette molécule pourrait aussi être utilisée comme « comme antifouling sur les coques de bateau par exemple », note la scientifique. Ce procédé aurait l'avantage de ne pas être toxique sur l'environnement.
Les aquaculteurs observent également de manière attentive ces recherches car elles pourraient permettre de lutter contre la bactérie à l'origine d'un taux de mortalité important dans les élevages de platax (parapehue).
Les antibiotiques de demain viendront-ils de la mer ? C'est bien ce que laissent présager les recherches menées par Cécile Debitus, directeur de recherche à l'Institut de recherche et de développement (IRD), situé à Arue. Dans le cadre du projet Pomare, elle travaille avec des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Ces scientifiques ont parcouru les fonds marins de Polynésie pour répertorier dans un premier temps les éponges du fenua. « Cent quatre-vingts espèces différentes d'éponges ont été répertoriées», explique Cécile Debitus. « On en a recensé 40 % de très rares. »
Les chercheurs ont étudié en particulier l'éponge qui s'appelle Leucetta chagosensis. C'est une éponge jaune fluo que vous avez peut-être déjà croisée sous l'eau lors de plongées. Elle vit essentiellement sur les pentes externes des îles de la Société et des Tuamotu. « Les organismes marins comme les éponges qui exposent une large surface à la mer doivent se défendre contre le fouling (les salissures) », expose Cécile Debitus. « Pour cela, elles utilisent soit des défenses physiques soit des défenses chimiques. On a misé sur les défenses chimiques. » « Le fouling commence par la formation d'un biofilm, une surface de bactéries qui recouvre l'éponge », décrit la scientifique. La formation de ce biofilm est contrôlée par le quorum sensing, mécanisme qui permet la communication entre les bactéries. « Quand les bactéries vont trouver une surface pour s’installer, elles vont communiquer ensemble pour former le biofilm, c'est ce qui contrôle aussi la pathogénicité (mécanisme par lequel la bactérie rend malade) », décrypte Cécile Debitus.
« Les éponges ne tuent pas la bactérie »
Les recherches ont permis de montrer que les éponges se défendent « contre ces agressions en stoppant la communication entre les bactéries, mais sans les tuer. C'est très important car comme on ne les tue pas il n'y a pas de phénomènes de résistances qui apparaissent », souligne la scientifique.
Les antibiotiques ont permis de faire considérablement reculer la mortalité associée aux maladies infectieuses au cours du XXe siècle. Mais, leur utilisation massive et répétée a conduit à l’apparition de bactéries résistantes à ces médicaments. Or, ces substances isolées des éponges ne « tuent pas la bactérie. On l'empêche de s'exprimer, on la rend muette. Elle ne va pas exprimer de substance toxique et va continuer à vivre. » Les inhibiteurs de quorum sensing pourraient ainsi servir dans la médecine humaine notamment pour le soin des infections urinaires.
Mais il faudra encore quelques années de travail avant de voir la molécule des éponges dans les rayons des pharmacies. « On va passer aux tests in vivo sur le poisson en particulier. Après il va falloir trouver une méthode de production de la molécule », précise Cécile Debitus. "Il y a encore quelques années de travail avant d'aboutir à un produit final.»
Au-delà de la médecine humaine, cette molécule pourrait aussi être utilisée comme « comme antifouling sur les coques de bateau par exemple », note la scientifique. Ce procédé aurait l'avantage de ne pas être toxique sur l'environnement.
Les aquaculteurs observent également de manière attentive ces recherches car elles pourraient permettre de lutter contre la bactérie à l'origine d'un taux de mortalité important dans les élevages de platax (parapehue).
« Cent quatre-vingts espèces différentes d'éponges ont été répertoriées en Polynésie française», explique Cécile Debitus, directeur de recherche à l'Institut de recherche et de développement (IRD). « On en a répertorié 40 % de très rares. » ©IRD/S. Petek