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Des apps et des robots pour apprendre à l'école


Lors de sa visite en Polynésie, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a découvert à Huahine l'école numérique la plus avancée de Polynésie. Les projets testés là-bas vont rapidement se généraliser.
Lors de sa visite en Polynésie, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a découvert à Huahine l'école numérique la plus avancée de Polynésie. Les projets testés là-bas vont rapidement se généraliser.
PAPEETE, le 21 novembre 2016 - Le numérique est entré discrètement dans l'école polynésienne avec quelques projets pilotes soutenus par les autorités. Il est maintenant temps de passer à la deuxième étape : échanger les bonnes pratiques, former les enseignants et équiper les établissements. En route vers l'École numérique !

L'école se modernise de plus en plus, en particulier au niveau du numérique. En Polynésie, les enseignants ont déjà lancé de nombreuses initiatives avec l'aide du Pays et du vice-rectorat, et il est maintenant temps de partager ces premières expériences numériques avec toute la communauté enseignante.

C'est dans ce but que les référents numériques de toutes les écoles et circonscriptions étaient rassemblés en ce début de semaine pour le premier Séminaire numérique de l'Éducation. Au programme : discours d'orientation de la ministre et du vice-recteur ; présentation du "monsieur numérique" de l'Éducation nationale (l'inspecteur général Gilles Braun venu de métropole spécialement pour le séminaire) ; et surtout la présentation d'une petite dizaine de projets numériques lancés dans les établissements du Territoire.

Ces premières initiatives sont très diverses et utilisent aussi bien des tablettes, des ordinateurs portables, des robots... Ainsi ce projet d'utilisation de petits robots en école primaire pour enseigner les rudiments du code aux tout-petits, testé cette année dans une classe de CE1. La DGEE s'est équipée d'une salle de télé-enseignement, pour l'instant utilisée pour la formation des enseignants des îles mais qui a été testé pour l'enseignement. D'autres tests ont concerné un programme pour apprendre la lecture aux enfants, ou encore une application de tablette pour entraîner les collégiens au calcul mental… Des outils venus de métropole ou parfois développés localement en collaboration entre les enseignants et les équipes d'informaticiens de l'administration.

PETITS ROBOTS, TABLETTES ET HAUT DÉBIT

Ceux qui en parlent le mieux sont Jean-Louis Laflaquière et Éric Sigward, les responsables Numérique de l'éducation polynésienne (le premier pour le Pays, le second pour l'État, en vertu de notre statut d'Autonomie qui a partagé cette compétence) et organisateurs de ce séminaire numérique. Éric Sigward souligne que "les projets présentés ont été testés dans les classes. Donc nous avons un recul et l'expérience des enseignants qui les ont expérimentés. La majorité a été expérimentée dans les écoles primaires, mais nous avons fait notre possible pour que ces projets soient extensibles aux cycles supérieurs." Les premières matières concernées sont les mathématiques et la technologie, mais beaucoup des solutions utilisées ont la capacité d'être également utilisées dans d'autres domaines.

Jean-Louis Laflaquière assure que "nous ne sommes pas obligés de tout recréer ici, heureusement. Il y a énormément d'applications nationales très bien faites que l'on réutilise ici, et nous commençons à stocker des ressources à mettre à la disposition des établissements. Les enseignants doivent souvent créer eux-mêmes le contenu pédagogique, mais ça ils savent faire."

La Polynésie serait d'ailleurs dans le peloton de tête au niveau national sur cette transition numérique de l'École. Deux facteurs : un ministère de l'Éducation local très proactif et beaucoup de jeunes enseignants qui agissent en véritables "passeurs" dans leurs établissements.

L'avenir semble donc radieux pour l'École numérique, avec tout de même un gros frein à lever noté par tous les intervenants : la vitesse des connections internet, surtout dans les îles…



Parole à : Nicole Sanquer-Fareata, ministre de l'Éducation

"Le numérique peut nous aider à mieux traiter la difficulté scolaire et à former les citoyens de demain"

"Aujourd'hui nous avons rassemblé tous les référents numériques de nos établissements scolaires et tous ceux du premier degré. Il y a aussi des chefs d'établissements… En fait il y a tous les acteurs qui développent aujourd'hui le numérique dans nos établissements. Nous avons aussi le plaisir de recevoir M. Braun, qui est l'inspecteur général du numérique en métropole, qui va nous apporter son expertise et nous aider à poursuivre notre politique de développement du numérique, déjà bien avancée sur le Territoire.

Car depuis deux ans nous avons incité à l'usage du numérique dans les écoles. Au niveau du ministère nous avons accompagné les établissements sur le plan de l'équipement. Aujourd'hui ce séminaire du numérique à l'école permet de faire un point d'étape sur ce qu'il s'est passé en deux ans, les expériences vécues par les établissements et d'impulser la politique du Numérique qui est inscrite dans la nouvelle Convention de l'éducation signée avec l'État.

Le Pays a surtout investi dans des tablettes et des ordinateurs portables, principalement afin de différencier les enseignements dans les classes. Nous avons visité une classe à Huahine avec la ministre Najat Vallaud-Belkacem où l'enseignante utilise le numérique pour travailler par groupes de niveau. Les élèves les plus avancés continuent à travailler grâce à des exercices sur les tablettes pendant que l'enseignante se concentre sur les élèves en difficulté. Elle a ainsi plus de temps pour leur apprendre la leçon. Donc nous travaillons vraiment sur l'utilisation de l'outil numérique pour le travail en groupe dans les classes. Et comme les professeurs ne sont pas forcément des "pros" en numérique, depuis deux ans nous développons également les formations avec l'ESPE.

Ce séminaire permet d'avoir un point d'étape pour proposer de nouveaux outils. Par exemple pour l'éducation musicale, l'EPS, les mathématiques, le français… Il y a un tel choix, il faut d'abord que les enseignants se l'approprient. Et la convention signée avec l'État permet de mettre en commun nos ressources, et donc de bénéficier de tout ce qui est développé au niveau national."


Parole à : Jean-Louis Baglan, vice-recteur

"La Polynésie avance vite sur l'École numérique, il y a une vraie volonté locale"

"En pratique, la plupart des collèges sont aujourd'hui équipés de tablettes numériques, grâce à une dotation de l'État et du Pays. Les formations sont mises en places et d'autres arrivent. Voilà où nous en sommes aujourd'hui au niveau de base. Mais certaines équipes avancent plus vite que d'autres. Des enseignants montent des projets et nous demandent une assistance technique. Par exemple pour construire des outils de géométrie continus entre le CM2 et la 6ème, des enseignants ont travaillé sur la pédagogie et ont eu besoin de notre assistance technique pour le développer.

Une fois qu'on a fait ça, il faut aussi pouvoir dire à l'ensemble des autres enseignants que ces outils existent. Donc avec ce séminaire on veut montrer aux référents qu'ils peuvent devenir porteurs de projets avec leurs collègues, et que de nouveaux outils développés ici sont disponibles.

Vient ensuite le problème de la connexion. Elle n'est pas idéale sur Tahiti, mais c'est dans les archipels qu'il y a un gros problème pour l'égalité réelle ! Nous avons de grosses difficultés aux Tuamotu par exemple. Et donc le fruit du voyage de madame Vallaud-Belkacem c'est qu'elle est en train de faire reconnaitre par le premier ministre la Polynésie comme un territoire qui devrait être éligible aux fonds du Plan d'accès au haut-débit, avec donc à des financements nationaux très importants. Et malgré ce retard, on voit que la Polynésie avance vite dans le numérique, il y a une vraie volonté locale."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 21 Novembre 2016 à 16:05 | Lu 1206 fois