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Dernière escale pour le P400 « La Tapageuse » - Carnet de voyage


Dernière escale pour le P400 « La Tapageuse » - Carnet de voyage
Après avoir parcouru 14000 milles nautiques depuis les passes de Papeete qu’elle a franchies le 14 mai 2012, « La Tapageuse » est arrivée à Brest le lundi 30 juillet 2012 pour le dernier accostage de son histoire commencée 25 ans plus tôt.

Récit du lieutenant de vaisseau Thibault Lavernhe, dernier commandant de « La Tapageuse »….

Après une brève pause technique à Nuku Hiva, Honolulu a été la première étape du périple retour de « La Tapageuse ». Accueillie par son bâtiment hôte, l’USS « Chung Hoon » (DDGH 93) (une manière de rendre la pareille à l’équipage qui avait déjà accueilli le « Chung Hoon » à Papeete fin 2011), l’indispensable ravitaillement en gazole pour poursuivre la traversée a permis à l’équipage, après une semaine sous les assauts des vents alizés, de se ressourcer et d’apprécier les charmes de Waikiki et le gigantisme de la consommation américaine.
C’est aussi l’occasion, en ce week-end du « Memorial Day », de participer aux cérémonies organisées au cimetière national du Pacifique sur le site du Punchbowl et de visiter la base navale de Pearl Harbor, le mémorial de l’USS « Arizona » (un des 8 cuirassés détruits le 7 décembre 1941) et l’USS « Missouri », le fameux navire de ligne sur lequel fût signée la capitulation japonaise en baie de Tokyo.

Dernière escale pour le P400 « La Tapageuse » - Carnet de voyage
Soutes pleines et esprit reposé, « La Tapageuse » et son équipage poursuivent alors leur aventure en direction de San Francisco, pour une escale commune avec le « Prairial », qui lui longe les côtes américaines depuis quelques semaines au cours de sa mission 2012.1.

Un dernier passage sous le Golden Gate Bridge et « La Tapageuse » prend ensuite le cap sud pour faire route vers des eaux plus chaudes. Accompagnée d’une météo clémente et de bancs de dauphins, « La Tapageuse » longe la Californie et le Mexique. C’est une fois le Cabo San Lucas (le cap terminant la Baja California) doublé, que « La Tapageuse » infléchit sa route vers la station balnéaire de Puerto Vallarta, lieu de villégiature prisé des touristes américains et des canadiens. En moins de 24h, la température de l’air passe de 22°C à 35°C, tandis que celle de l’eau fait un bond de 20°C à 32°C !
Accosté au quai des bateaux de croisière dans le « Nuevo Vallarta », l’équipage profite de la vieille ville mexicaine aux rues pavées dans lesquelles circulent encore de nombreuses coccinelles.


Après ces quelques jours de reconditionnement du navire et de l’équipage, « La Tapageuse » appareille en direction d’Acapulco, avec trois marins mexicains à son bord : une opportunité exceptionnelle accordée à ces marins de découvrir notre marine, mais aussi une expérience enrichissante pour l’équipage de « La Tapageuse » qui peut ainsi mieux connaître l’Armada mexicaine et pratiquer l’espagnol.
La courte traversée entre Puerto Vallarta et Acapulco permet de montrer notre savoir-faire aux marins mexicains et de profiter de leur connaissance de la zone, en particulier pour la manœuvre d’accostage à Acapulco afin de ravitailler « La Tapageuse » en carburant avant de poursuivre sa route vers Panama.

Le franchissement du canal de Panama, annonce la prochaine étape de « La Tapageuse » en Amérique du Sud et plus particulièrement la mythique ville fortifiée de Carthagène, en Colombie. Franchissant les passes de la « Baia de Cartagena » entre deux forts datant de la colonisation espagnole, « La Tapageuse » y découvre un paysage surprenant, où se côtoient grands immeubles modernes et vielle ville fortifiée.
Cette citée, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est marquée par une histoire tumultueuse, symbolisée par des remparts destinés à protéger ses trésors. Il est fort à parier que cette ville vivante, riche d’une culture haute en couleurs, restera parmi les meilleurs souvenirs de la mission.

« La Tapageuse » longe ensuite les côtes colombiennes et vénézuéliennes pour se protéger d’une mer d’est bien formée, avant d’obliquer vers l’arc antillais et toucher les côtes martiniquaises le 5 juillet après une traversée éprouvante. Accostée à Fort-de-France, au pied du Fort Saint-Louis, non loin du bâtiment de transport léger « Dumont d’Urville », ancien frère d’armes de la Polynésie qui basé en Martinique depuis 2010, « La Tapageuse » profite du soutien de la base navale française pour reconditionner le bâtiment.

« La Tapageuse » remonte alors vers le nord pour une ultime escale dans la petite ville de Saint George aux Bermudes, avant sa dernière grande traversée océanique. Il lui faut ensuite 7 sept jours pour toucher les archipels volcaniques des Açores.
Dernière des neuf escales de la mission « Na Te Moana », Ponta del Gada offert un peu de repos à l’équipage, en prévision de son dernier transit vers la Bretagne. Dans les coursives, l’excitation de l’arrivée, des retrouvailles avec les familles et du retour en France est déjà palpable.


Dernière escale pour le P400 « La Tapageuse » - Carnet de voyage
Ne reste plus alors qu’à rejoindre les côtes bretonnes, où « La Tapageuse » mouillera dans un premier temps dans l’anse de Bertheaume, afin d’accueillir les six premiers Tomana du bâtiment. Avec émotion, ces derniers retrouvent là les formes du P400 qui n’a pas pris une ride après 23 années de service en Polynésie française et échangent anecdotes et souvenirs en effectuant les quelques nautiques de navigation restant avant d’accoster à Brest.
Le lundi 30 juillet 2012, « Terminé barre et machines » retenti en passerelle. Le quai s’approche, sous le regard des familles venues nombreuses pour accueillir l’équipage. La mission « Na Te Moana » est terminée. Cet accostage marque la fin de la vie opérationnelle de « La Tapageuse ».

Construite en 1985 aux Chantiers Mécaniques de Normandie, la « dernière » de la série des P400 aura navigué quelques années au large des côtes métropolitaines avant d’être affectée à Papeete en 1989. Durant sa présence en Polynésie française, elle aura visité l’ensemble des îles de Polynésie et participé à de nombreuses missions de police des pêches.

Rédigé par COMSUP le Mardi 7 Août 2012 à 16:25 | Lu 1584 fois