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Défusion Hitia'a o te ra : l'enquête publique démarre lundi


Le commissaire-enquêteur a rencontré les élus du conseil municipal de Hitia'a o te ra, ce matin
Le commissaire-enquêteur a rencontré les élus du conseil municipal de Hitia'a o te ra, ce matin
HITIA'A O TE RA - Durant deux mois, la population de Hitia'a o te Ra sera entendue par le commissaire-enquêteur choisi par le Haut-commissariat. Quelle est la position des administrés sur ce projet de défusion ? Quel est l'avis des acteurs économiques présents dans la commune ? Le travail de Jean-Pierre Voisin ne sera pas de tout repos. Ce matin, il a rencontré les élus du conseil municipal afin de recueillir leurs dernières interrogations avant le jour J.

Le rendez-vous a été donné à 9 heures ce matin, dans la salle du conseil municipal de la mairie centrale de Tiarei. La plupart des membres du conseil municipal étaient présents pour entendre les missions du commissaire-enquêteur mais aussi pour qu'il apporte quelques éclaircissements sur certains détails.

Une première rencontre qui s'est tenue dans une ambiance conviviale où chacun a pu s'exprimer librement. "Nos interrogations étaient des interrogations de détail, sur la façon dont les expressions pourront être transmises. On veut éviter que les gens racontent leur vie, on veut simplement que les gens donnent leur point de vue sur la séparation des communes", souligne Jacqui Drollet, maire délégué de Hitia'a.

Quel âge auront les personnes qui seront interrogées ou encore quel public sera réellement visé ? Autant de questions qui ont été soulevées par Henri Flohr et Jacqui Drollet, ce matin. Ne sachant pas trop quelles réponses apporter, le commissaire-enquêteur a joint le Haut-commissariat, mais a déclaré : "Je vais être obligé de trancher parce que je n'ai pas eu la réponse du Haut-commissariat. Ce qui serait logique, c’est que ce soient des gens des communes concernées et des propriétaires terriens sur les communes. Je vois mal une personne de Papeete donner son avis", explique Jean-Pierre Voisin.

L'enquête publique démarre donc lundi à 8 heures, elle durera jusqu'au 9 mai prochain.

QUELLE SERA LA PROCÉDURE ?

Selon l'arrêté du haut-commissaire publié le 5 février dernier au Journal officiel : "Le public pourra consulter les pièces du dossier et présenter des observations sur les registres pendant toute la durée de l'enquête, du lundi au vendredi de 8 heures à 12 heures, dans les différentes mairies. Les observations consignées sur les registres d'enquête pourront être formulées en langue tahitienne. Elles seront signées des déclarants ou certifiées conformes à la déposition orale, pour ceux qui ne savent pas écrire."

Le commissaire-enquêteur rencontrera également les acteurs économiques et certains acteurs extérieurs. "J'ai simplement à recueillir les avis de la population, de voir éventuellement s'il y a un problème économique qui va se poser… De rencontrer, par exemple, la protection civile, parce qu'il va falloir voir si les communes pourront répondre aux problèmes des populations (ordures ménagères, distribution d'eau, écoles…). Cela va sûrement poser des problèmes, il va falloir voir dans quelles mesures cela pourra se faire ou pas", argumente-t-il, "c'est très large, parce qu'il faut considérer une défusion comme un divorce. Donc quelles sont les modalités de divorce qu'il faut appliquer ? Est-ce que tout le monde est d'accord pour divorcer et quels sont les problèmes que cela va apporter à la population ? Voilà en fin de compte en quoi cela consiste."

LE MAIRE DE HITIA'A O TE RA N'EST PAS TRÈS EMBALLE

Durant cette rencontre avec le commissaire-enquêteur, si Jacqui Drollet et Henri Flohr avaient l'air intéressés et bien ce n'était pas vraiment le cas de Dauphin Domingo.
"Les centimes additionnels de Marama Nui partent à Fa'a'a avec EDT. Il n'y a que la taxe de Marama Nui qui rentre dans la caisse de la commune. Sur Tiarei, il n'y a que deux magasins, à Mahaena, il y a un magasin. Marama Nui est à Papeno'o, Hitia'a a son barrage mais à Tiarei et Mahaena, nous n'avons rien, c'est ce qui m'inquiète un peu. Si cela est partagé pour les quatre communes, il n'y a aucun problème", explique-t-il.

Cette enquête publique est tout de même importante pour Dauphin Domingo. "On saura bientôt ce que pense la population de cette défusion. Jacqui Drollet a toujours voulu la défusion, s'il est prêt pour Hitia’a, eh bien nous aussi nous sommes prêts."

Un autre souci est également présent, celui du budget de la commune qui est déficitaire. Mais Dauphin Domingo a assuré que ce problème sera résolu en 2017. Pour lui, si la procédure de défusion avait été mise en place une fois les comptes de la commune excédentaires, cela aurait été plus juste. "Mais bon, le maire délégué de Hitia'a a voulu précipiter les choses donc le conseil municipal a suivi son avis. Ce qui m'inquiète, c'est le devenir de nos populations."

Une fois l'enquête terminée, le commissaire-enquêteur aura jusqu'au 8 juin 2016, pour rendre ses conclusions au haut-commissaire, en précisant si elles sont favorables ou non au projet de défusion. Une copie de ce rapport sera adressée au maire de Hitia'a o te Ra pour être immédiatement mise à la disposition du public pendant un an. Le dossier sera ensuite transmis aux commissions chargées de donner leur avis sur le projet de défusion, dès qu'elles auront été constituées dans chaque commune associée.

Ces documents seront, par la suite, communiqués pour avis au conseil municipal de la commune de Hitia'a o te Ra et au conseil des ministres.

PLANNING DU COMMISSAIRE-ENQUÊTEUR

Des réunions publiques seront organisées :
- jeudi 31 mars à 18h30 à la salle de sport de Tiarei ;
- vendredi 1er avril à 18h30 sous le préau de l'école Faretai de Mahaena ;
- mardi 5 avril à 18h30 au complexe sportif de Papeno'o ;
- vendredi 8 avril 2016 à 18h30 sous le préau de l'école Momo'a à Hitia'a.

Jean-Pierre Voisin, commissaire-enquêteur

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez été nommé ?
"J'étais un peu surpris mais comme je suis un retraité eh bien je me suis dit que ça allait me faire une occupation sympathique… Je ne savais pas, par contre, que cela donnait un travail important. Mais je trouve que c'est très intéressant, dans le sens où il y a une communication avec la population. Vous avez pu voir que la réunion que nous venons d'avoir avec le conseil municipal était très sympathique. J'ai travaillé avec quelques-uns que je connais, donc je crois que cela va très bien se passer. Il n'y a pas de problèmes politiques…"

Rédiger un rapport sera facile pour vous ?
"Oui, il ne faut pas oublier que j'ai été avant, plusieurs fois président de la CPS, donc j'ai quand même une connaissance pour rédiger un rapport et puis éventuellement, je demanderai les avis à droite et à gauche."

Vous avez postulé pour décrocher ce poste ?
"Non pas du tout, mais comme je connais le haut-commissaire, ils ont peut-être cherché des personnes disponibles, donc je me suis retrouvé engagé dans cette affaire. Je suis depuis plus de 50 ans en Polynésie, j'ai une connaissance des gens."

Vous serez payé par le conseil municipal ?
"C'est ce que j'ai appris."

LA PAROLE À LA POPULATION

Rodolphe, habitant de Tiarei
"Ça ne m'inspire pas du tout parce que s'ils veulent séparer les communes, il va falloir trouver un budget de fonctionnement. Sur Hitia'a par exemple, concernant la sécurité, il va falloir ramener alors les employés de Tiarei ainsi que les engins et qu'ils embauchent leur personnel et qu'ils achètent leurs engins."

Manina, habitante de Tiarei
"Je préfère que l'on reste comme cela parce que je ne vois pas de problèmes et de différences, malgré le fait que nos maires ne soient jamais là. Mais diviser ? Non, je ne veux pas, parce qu'après, qu'est-ce qu'on va devenir ? Après, ça va être chacun pour soi et nous n'allons plus nous entendre plus tard."

Alphonse Faufau, habitant de Papeno'o
"C'est une bonne chose. J'étais dans le conseil municipal en 1991 et nous avions proposé cela mais selon les textes, ce n'était pas faisable et quand j'ai entendu les informations de Jacqui Drollet, eh bien il faut suivre cette loi. On n'a pas besoin de qui que ce soit pour avancer, il suffit de se lever et de travailler pour faire avancer les choses dans sa commune."



le Vendredi 4 Mars 2016 à 16:39 | Lu 1310 fois