Tahiti Infos

De nouvelles centrales solaires autorisées à s'installer


Sur le magasin  Carrefour de Taravao, l'autorisation accordée pour l'installation d'une centrale solaire photovoltaïque sur la toiture du centre commercial Maeva a été accordée en février 2013. Cette autorisation vient d'être prorogée pour une année mais la puissance autorisée est réduite à 253 kWc.
Sur le magasin Carrefour de Taravao, l'autorisation accordée pour l'installation d'une centrale solaire photovoltaïque sur la toiture du centre commercial Maeva a été accordée en février 2013. Cette autorisation vient d'être prorogée pour une année mais la puissance autorisée est réduite à 253 kWc.
PAPEETE, le 25 janvier 2016. En juin 2015, des projets d'installations de nouvelles grosses centrales solaires avaient été refusées par la commission énergie du gouvernement arguant d'une difficulté technique. Finalement, six mois plus tard, les mêmes installations sont finalement autorisées… sans changement.

L'année 2016 s'est ouverte avec une orientation visiblement plus favorable envers l'énergie solaire. C'est du moins ce qui transparaît dans les arrêtés ministériels publiés le 19 janvier dernier. Plusieurs dossiers de demande d'installation de centrales photovoltaïques, dont certaines de grands volumes, ont obtenu leur autorisation préalable d'autorisation aussi bien à Tahiti, qu'à Hao (voir en encadré). Pourtant certaines avaient été refusées sans explication très claires à peine six mois auparavant. C'est le cas notamment pour la centrale photovoltaïque de 817 kWc qui sera finalement installée, d'ici la fin de l'année, en couvrant de panneaux solaires le dernier étage du parking du centre commercial Carrefour à Arue.

Pour David Guernion, chef de projet des énergies renouvelables de la société Eco Energy (filiale du groupe Wane), la bonne nouvelle est bonne à prendre, même s'il ne comprend pas précisément ce qui a motivé l'autorisation de janvier 2016 au vu du refus sur la même installation en juin 2015 ! "On a représenté le dossier pour cette centrale solaire avec les mêmes préconisations. Sur le dossier technique rien n'a changé. On a juste rajouté au dossier déposé un document faisant le bilan de nos opérations". En tout cas le verrou bloquant a sauté et la société Eco Energy s'en réjouit.

Interrogé en septembre dernier sur les motivations de ce refus d'installation d'une centrale photovoltaïque sur le magasin Carrefour à Arue, le ministre en charge des énergies avait pourtant avancé une explication technique. A savoir : les risques de déstabilisation du réseau sur l'île de Tahiti en raison de la multiplication par vingt en dix ans de la production d'électricité solaire, par essence aléatoire. "Au-delà de 30% de production d'énergie aléatoire sur le réseau, celui-ci peut être déstabilisé. Ça ce sont les techniciens qui le disent partout dans le monde (…) On arrive aux limites" expliquait Nuihau Laurey à Tahiti Infos. Avec désormais son autorisation préalable en poche, Eco Ernegy ne va pas tarder. Les travaux pour couvrir le dernier étage du parking du magasin Carrefour de Arue en panneaux solaires auront lieu dans le courant de l'année 2016. Des travaux préparatoires importants doivent d'abord être effectués avant d'installer les panneaux solaires dont l'investissement est estimé à 200 millions de Fcfp.

LE SOLAIRE ATTEND UNE NOUVELLE ÈRE

Ce changement de cap -un refus puis finalement une autorisation- sur la même centrale photovoltaïque n'est finalement pas vraiment expliqué. Interrogé à nouveau sur le sujet, le ministre en charge des énergies est resté évasif. "Quand il s'agit de magasins de grande distribution ce sont de gros systèmes. Il y a un impact sur le dispositif d'alimentation, des postes fixes et ces systèmes ne sont pas conçus pour recevoir de l'électricité. Si l'on prend l'exemple de la zone industrielle de la Punaruu, la production d'électricité solaire est supérieure à sa consommation aujourd'hui : ça nécessite des investissements complémentaires sur les postes ressources. La question est : qui doit payer? Il appartient à la société privée qui veut réaliser cet investissement de négocier les surcoûts avec EDT ".

On l'a compris : en raison de sa production aléatoire (rien pendant la nuit), le solaire n'est pas la panacée sur un réseau de distribution électrique qui doit fonctionner en continu. Jusqu'ici les réseaux insulaires ont toujours limité la part de production solaire à un maximum d'un tiers de la production électrique totale (maximum 35%) pour éviter la déstabilisation. "C'est un argument technique que nous comprenons. Effectivement, il y a un impact sur les installations même quand l'électricité solaire produite est autoconsommée quasi en totalité directement sur le lieu de production" détaille David Guernion de la société Eco Energy.

Pour développer davantage l'électricité solaire à Tahiti où le seuil des 30% est quasiment atteint, la solution passera par le stockage de l'énergie produite. Mais, dans cette configuration, des décisions politiques doivent être prises pour intégrer les nouvelles solutions techniques sur le stockage. Il reste aussi que le coût des batteries est pour l'instant extrêmement élevé en Polynésie française et ne favorise pas les investissements dans ce sens. "A Tahiti, je crois que de nouvelles grosses centrales solaires ne pourront plus s'installer car effectivement on arrive au seuil maximal. Dans l'avenir, c'est sûr il va falloir privilégier des installations avec stockages. Cela ouvrira une nouvelle phase du développement du solaire" espère David Guernion.


Qui compose la commission de l'énergie ?

Toute demande d'autorisation préalable d'exploiter une nouvelle installation de production d'énergie
électrique, ou considérée comme telle, d'une puissance égale ou supérieure à 100 kilowatts à Tahiti et 50 kilowatts dans les îles autres que Tahiti, ou une installation de refroidissement utilisant de l'eau froide marine doit être accompagnée d'un dossier justificatif déposé au secrétariat de la commission de l'énergie. Répondant aux exigences de la loi du pays du 23 décembre 2013 "relative aux principes directeurs de la politique énergétique de la Polynésie français", la commission de l'énergie est composée des membres suivants :
- le ministre chargé de l'énergie ou son représentant (président de la commission)
- le ministre en charge de l'économie ou son représentant (membre)
- le ministre en charge de l'équipement ou son représentant (membre)
- le ministre en charge de l'environnement ou son représentant (membre)
- un représentant désigné par l'assemblée de la Polynésie française ou son suppléant (membre).

Le secrétariat de la commission est assuré par le service en charge des énergies qui établit un compte-rendu de chaque séance. La commission se réunit sur convocation de son président qui fixe l'ordre du jour. L'avis technique du service en charge des énergies fait partie intégrante du dossier de séance.
Les avis sont émis par la commission à la majorité des membres présents ; en cas d'égalité, la voix du président est prépondérante.

A Hao une centrale de 1MWc

Avec une puissance de production de 1MWc (un méga watt crète), la future centrale solaire qui va être construite à Hao dans le cadre du projet de ferme aquacole ne sera pas la plus grande de Polynésie française. La plus grosse unité de production solaire se situe toujours sur le toit du centre commercial Carrefour de Punaauia qui dépasse de peu le mégawatt crète. La demande de cette unité de production électrique a été déposée en juillet dernier par la société CGE (Coco Group Engineering) mandatée par Tahiti Nui Ocean Foods pour la mise en place du chantier sur le site qui accueillera la ferme aquacole. Mais le solaire ne suffira pas à alimenter le chantier de construction, aussi il est prévu également une unité de production électrique thermique de 6 400 kVA. Ces unités de production électriques marquent en tout cas les premiers investissements visibles sur l'atoll de la future ferme aquacole.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 25 Janvier 2016 à 16:40 | Lu 3070 fois