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Dans certaines situations, le chikungunya ne doit pas être pris à la légère


55 personnes sont hospitalisées actuellement au CHPF en raison du chikungunya. La moitié sont des femmes en fin de grossesse.
55 personnes sont hospitalisées actuellement au CHPF en raison du chikungunya. La moitié sont des femmes en fin de grossesse.
PAPEETE, le 26 novembre 2014. Les deux nouveaux décès enregistrés au cours la semaine dernière en Polynésie française "des suites du chikungunya" dont celui d'un nourrisson de huit jours, rendus publics ce mardi soir à l'issue de la réunion de la cellule de coordination de la lutte contre le chikungunya, viennent rappeler brutalement que ce virus n'est pas toujours bénin. Dans certaines situations, prudence et surveillance s'imposent.

Pour la plus grande majorité des personnes, le chikungunya est certes une maladie invalidante avec fièvre élevée et douleurs articulaires, mais elle n'est pas grave. En quelques jours, les malades se remettent sur pied. C'est essentiellement sur cette description bénigne de ce nouveau type d'épidémie que toute la communication officielle a été basée au cours des premières semaines de circulation du virus.
Les messages de prévention se sont bornés à rappeler les opérations de dégitage à mener autour de sa maison et à la protection contre les piqures de moustiques par l'utilisation de répulsifs, de moustiquaires, le port de vêtements couvrants.

A plusieurs reprises on a pu entendre alors, sur les plateaux de télévision notamment, des autorités médicales ou gouvernementales déclarer que "le chikungunya, ce n'est pas mortel". Ce n'est qu'avec l'annonce officielle, le 18 novembre, des deux premiers décès en lien avec le chikungunya, que les situations "à risques" de ce virus sont plus clairement exposées au grand public. On explique alors que le chikungunya est à surveiller de près lorsqu'il touche les personnes âgées, les patients atteints de longues maladies (insuffisance rénale, pathologies respiratoires ou cardiaques), et les femmes enceintes en fin de grossesse en raison du fort risque de transmission à l'accouchement. Actuellement d'ailleurs, sur les 55 hospitalisations en cours au Centre hospitalier du Taaone, la moitié concerne des femmes en fin de grossesse, placées sous surveillance.

En Polynésie française, ces pathologies lourdes "à risques" pour le chikungunya sont particulièrement répandues. On compte en effet 40% de la population en situation d'obésité (71% en surpoids) avec pour certains du diabète et/ou une insuffisance rénale chronique. Par ailleurs 26,7% des Polynésiens souffrent d'hypertension artérielle. On devait nécessairement se douter que les situations "à risques" seraient donc assez nombreuses à Tahiti avec l'explosion de l'épidémie de chikungunya.
Avec les deux décès enregistrés la semaine dernière, ceux d'un homme de 80 ans en insuffisance rénale chronique et d'un nourrisson de huit jours, le bilan est aujourd'hui de quatre morts à Tahiti, en lien avec le chikungunya, en cinq semaines à peine d'épidémie sur une estimation d'environ 11 200 cas suspects.



138 morts en Antilles-Guyane

Le dernier bilan de l'Institut national de la veille sanitaire (INVS) sur l'épidémie de chikungunya aux Antilles et en Guyane françaises publié le 20 novembre dernier fait état de 165 000 cas suspects et de 138 personnes "mortes de la conjonction du chikungunya et d’autres pathologies qui les avaient affaiblies". Un an après le début de l'épidémie aux Antilles, 15% de la population de ces départements et territoires français ont été atteints par le virus.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 26 Novembre 2014 à 16:47 | Lu 2131 fois