MOOREA, le 8 novembre 2016 - Une cinquantaine de techniciens ou agriculteurs bio de toute la région Pacifique étaient à Moorea pour des ateliers très pratiques la semaine dernière. Comment lutter contre les ravageurs ? Comment produire un engrais bio ? L'expertise des fermes pilotes de Polynésie française a été précieuse.
Les deux fermes pilotes de Moorea ont accueilli la semaine dernière, du 29 octobre au 4 novembre, les deuxièmes "Ateliers régionaux sur l'agriculture biologique". On y a parlé agriculture bio dans nos environnements polynésiens, et surtout des solutions trouvées par chacun pour résoudre nos problèmes spécifiques, et aussi pour utiliser les connaissances accumulées par les organisations internationales, que ce soit en Europe ou même au niveau de l'ONU. Cinquante techniciens et producteurs de cinq pays du Pacifique étaient présents.
Les ateliers ont porté sur des problèmes très techniques, comme la façon d'assurer la fertilité du sol, les techniques de création de compost, les auxiliaires de culture pour lutter contre les maladies et ravageurs qui attaquent nos îles, les bonnes pratiques de culture (rotation des cultures, paillage, lutte physique…)…
C'était aussi l'occasion de faire le point sur les problèmes restants. Par exemple la difficulté à introduire certains auxiliaires de culture en Polynésie, au nom de la protection bio-sanitaire ; ou encore le problème des semences traitées chimiquement avant importation pour, encore une fois, des raisons bio-sanitaires. La production de semences en Polynésie serait une solution évoquée.
"LE BIO, C'EST BIEN PLUS COMPLIQUÉ QUE LE CONVENTIONNEL"
Finalement, un consensus a tout de même émergé : "L'agriculture bio, c'est globalement bien plus compliqué que le conventionnel." Et aussi certaines évidences, particulièrement sur la difficulté de cultiver en bio les espèces étrangères : "C'est plus facile ici de faire du 'uru ou du taro bio que des tomates ou des concombres bio…"
Rassemblement international oblige, c'était également le moment de discuter de notre propre norme "Agriculture biologique" océanienne, nommée Bio Pasifika. Qui décide de la norme ? Qui effectue les contrôles ? Toute une gouvernance est encore à mettre en place.
Les deux fermes pilotes de Moorea ont accueilli la semaine dernière, du 29 octobre au 4 novembre, les deuxièmes "Ateliers régionaux sur l'agriculture biologique". On y a parlé agriculture bio dans nos environnements polynésiens, et surtout des solutions trouvées par chacun pour résoudre nos problèmes spécifiques, et aussi pour utiliser les connaissances accumulées par les organisations internationales, que ce soit en Europe ou même au niveau de l'ONU. Cinquante techniciens et producteurs de cinq pays du Pacifique étaient présents.
Les ateliers ont porté sur des problèmes très techniques, comme la façon d'assurer la fertilité du sol, les techniques de création de compost, les auxiliaires de culture pour lutter contre les maladies et ravageurs qui attaquent nos îles, les bonnes pratiques de culture (rotation des cultures, paillage, lutte physique…)…
C'était aussi l'occasion de faire le point sur les problèmes restants. Par exemple la difficulté à introduire certains auxiliaires de culture en Polynésie, au nom de la protection bio-sanitaire ; ou encore le problème des semences traitées chimiquement avant importation pour, encore une fois, des raisons bio-sanitaires. La production de semences en Polynésie serait une solution évoquée.
"LE BIO, C'EST BIEN PLUS COMPLIQUÉ QUE LE CONVENTIONNEL"
Finalement, un consensus a tout de même émergé : "L'agriculture bio, c'est globalement bien plus compliqué que le conventionnel." Et aussi certaines évidences, particulièrement sur la difficulté de cultiver en bio les espèces étrangères : "C'est plus facile ici de faire du 'uru ou du taro bio que des tomates ou des concombres bio…"
Rassemblement international oblige, c'était également le moment de discuter de notre propre norme "Agriculture biologique" océanienne, nommée Bio Pasifika. Qui décide de la norme ? Qui effectue les contrôles ? Toute une gouvernance est encore à mettre en place.
Les participants aux deuxièmes Ateliers régionaux sur l'agriculture biologique venaient de tout le Pacifique. Ils ont découvert les deux fermes pilotes à Moorea.
Les participants ont aussi pu visiter les deux fermes pilotes de Moorea, une au lycée agricole de Opunohu à Moorea et une ferme privée, dans la même vallée, où le Pays intervient en termes financiers dans le cadre d'expérimentations pilotes. Des fermes qui aident déjà énormément la quinzaine d'agriculteurs bio de nos îles (déjà 1% de la production, soit 100 tonnes par an) à mettre au point les techniques spécifiques de ce que sera l'agriculture biologique polynésienne de demain. Des recherches qui utilisent également les savoirs traditionnels. Le responsable de la filière bio au Service du développement rural (voir encadré) expliquait ainsi aux participants que "si seulement quinze agriculteurs sont certifiés bio, une grande partie des bananes, cocos, tous les taros de Rurutu, sont déjà sans pesticides et pourrait se labelliser bio."
La troisième édition de ces ateliers régionaux aura lieu à Wallis et Futuna en 2017.
La troisième édition de ces ateliers régionaux aura lieu à Wallis et Futuna en 2017.
"Le mouvement est lancé et ne va pas s'arrêter "
Parole à : Philippe Couraud, ingénieur agricole, responsable de la filière agriculture biologique au service du Développement rural (SDR)
Qui organisait ces ateliers la semaine dernière ?
"Ce sont les deux Chambre de l'agriculture calédonienne et polynésienne qui ont co-financé les rencontres, le SDR est maître d'œuvre. Il y avait des agriculteurs calédoniens et polynésiens, mais aussi des représentants et agriculteurs des îles Salomon, de Vanuatu et de Fiji."
De quoi avez-vous parlé ?
"Nous avons parlé de techniques de production pendant trois jours. Ensuite pendant une journée nous avons beaucoup parlé de contrôle et du fonctionnement de la norme bio océanienne, Bio Pasifika, où il y a beaucoup de problèmes."
À Tahiti, le bio commence à se développer.
"C'est encore petit, mais l'agriculture bio commence à se développer avec 1% des surfaces cultivées qui sont certifiées bio. Il y a une forte demande des consommateurs pour des produits bio, et dans le même temps des agriculteurs optent pour ce mode de production pour différentes raisons."
La transition vers le bio est-elle facile pour un agriculteur à Tahiti ?
"Ce n'est jamais facile. Quand on est engagé dans l'agriculture conventionnelle, c'est un changement assez radical. C'est une manière de travailler qui n'est pas la même, un mode d'appréhension de l'exploitation agricole différent…
On a deux catégories de producteurs qui passent au bio. Il y a les jeunes, voilà c'est dans l'ère du temps, et il y a des motifs économique parce que le bio se vend plus facilement, ça c'est sûr. Si on maitrise la technique, on a moins de difficulté à accéder au marché, sur des produits parfois plus rémunérateurs. En France en tout cas, c’est très nettement des motivations économiques qui attirent les agriculteurs. Donc il y a ce public, mais il y a aussi des agriculteurs plus expérimentés, qui ont parfois eu des problèmes de santé eux-mêmes et qui se sont aperçus des dégâts que peuvent causer les techniques de l'agriculture conventionnelle et qui ont décidé de changer."
Quels conseils donnez-vous aux agriculteurs qui viennent vous voir pour passer au bio ? D'abord venir vous voir ?
"C'est impossible de résumer cela en deux phrases. Déjà, venir nous voir n'est pas incontournable, nous n'avons pas la solution à tout et il a plusieurs manières de procéder. Mais effectivement si on ne connait pas il faut trouver de quoi s'informer. Il y a toute une littérature qui existe, des documents publiés par les organisations internationales. Par exemple, nous avons distribué lors de ces ateliers un guide publié l'année dernière par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) qui est vraiment adapté aux petits exploitants agricoles et qui donne tous les principes de base. Il y a aussi des formations que l'on est en train de mettre en place."
Combien de temps faut-il, techniquement, pour créer une exploitation bio ?
"Tout dépend d'où on part, vraiment. Disons que lancer une exploitation, qu'elle soit bio ou pas, peut prendre quelques mois. Et pour le bio ça met un peu plus de temps parce qu'il faut trouver des équilibres. Il faut un pool d'espèces, il faut souvent avoir recours à des engrais verts… A Moorea sur la ferme pilote, il a fallu trois à quatre mois. Ça peut prendre six mois pour avoir les premières récoltes."
On voit que chez les jeunes agriculteurs, la grande mode est la permaculture. Est-ce mieux que le bio ?
"Alors a priori, la permaculture est déjà forcément bio. C'est un mot à la mode qui soulève parfois des polémiques parce qu'en réalité il n'y a pas de normes de permaculture. C'est un souci d'aménagement du terrain, avant tout un souci de bien faire. C'est un concept nouveau, qui combine le bio avec des techniques d'aménagement du terrain."
Serait-il possible de nourrir la Polynésie en bio ?
"Pourrait-on nourrir la planète en bio ? C'est difficile de répondre. Aujourd'hui en Polynésie, le bio c'est moins de 1% de la production, donc on n'y est vraiment pas. De toute manière, c'est un mode de production qui répond à un besoin, et qui est malgré tout techniquement performant. Par rapport à la surface, la production est peut être un petit peu en dessous du conventionnel… Mais le mouvement est lancé et ne va pas s'arrêter parce que la demande est croissante et il y a une vraie dynamique chez les agriculteurs. Et ces fermes pilotes permettent de trouver de vraies réponses aux problèmes qu'on rencontre en Polynésie pour l'agriculture bio, ça fait une référence et montre aux producteurs ce qui peut marcher, c'est un élément important du dispositif d'appui."
Qui organisait ces ateliers la semaine dernière ?
"Ce sont les deux Chambre de l'agriculture calédonienne et polynésienne qui ont co-financé les rencontres, le SDR est maître d'œuvre. Il y avait des agriculteurs calédoniens et polynésiens, mais aussi des représentants et agriculteurs des îles Salomon, de Vanuatu et de Fiji."
De quoi avez-vous parlé ?
"Nous avons parlé de techniques de production pendant trois jours. Ensuite pendant une journée nous avons beaucoup parlé de contrôle et du fonctionnement de la norme bio océanienne, Bio Pasifika, où il y a beaucoup de problèmes."
À Tahiti, le bio commence à se développer.
"C'est encore petit, mais l'agriculture bio commence à se développer avec 1% des surfaces cultivées qui sont certifiées bio. Il y a une forte demande des consommateurs pour des produits bio, et dans le même temps des agriculteurs optent pour ce mode de production pour différentes raisons."
La transition vers le bio est-elle facile pour un agriculteur à Tahiti ?
"Ce n'est jamais facile. Quand on est engagé dans l'agriculture conventionnelle, c'est un changement assez radical. C'est une manière de travailler qui n'est pas la même, un mode d'appréhension de l'exploitation agricole différent…
On a deux catégories de producteurs qui passent au bio. Il y a les jeunes, voilà c'est dans l'ère du temps, et il y a des motifs économique parce que le bio se vend plus facilement, ça c'est sûr. Si on maitrise la technique, on a moins de difficulté à accéder au marché, sur des produits parfois plus rémunérateurs. En France en tout cas, c’est très nettement des motivations économiques qui attirent les agriculteurs. Donc il y a ce public, mais il y a aussi des agriculteurs plus expérimentés, qui ont parfois eu des problèmes de santé eux-mêmes et qui se sont aperçus des dégâts que peuvent causer les techniques de l'agriculture conventionnelle et qui ont décidé de changer."
Quels conseils donnez-vous aux agriculteurs qui viennent vous voir pour passer au bio ? D'abord venir vous voir ?
"C'est impossible de résumer cela en deux phrases. Déjà, venir nous voir n'est pas incontournable, nous n'avons pas la solution à tout et il a plusieurs manières de procéder. Mais effectivement si on ne connait pas il faut trouver de quoi s'informer. Il y a toute une littérature qui existe, des documents publiés par les organisations internationales. Par exemple, nous avons distribué lors de ces ateliers un guide publié l'année dernière par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) qui est vraiment adapté aux petits exploitants agricoles et qui donne tous les principes de base. Il y a aussi des formations que l'on est en train de mettre en place."
Combien de temps faut-il, techniquement, pour créer une exploitation bio ?
"Tout dépend d'où on part, vraiment. Disons que lancer une exploitation, qu'elle soit bio ou pas, peut prendre quelques mois. Et pour le bio ça met un peu plus de temps parce qu'il faut trouver des équilibres. Il faut un pool d'espèces, il faut souvent avoir recours à des engrais verts… A Moorea sur la ferme pilote, il a fallu trois à quatre mois. Ça peut prendre six mois pour avoir les premières récoltes."
On voit que chez les jeunes agriculteurs, la grande mode est la permaculture. Est-ce mieux que le bio ?
"Alors a priori, la permaculture est déjà forcément bio. C'est un mot à la mode qui soulève parfois des polémiques parce qu'en réalité il n'y a pas de normes de permaculture. C'est un souci d'aménagement du terrain, avant tout un souci de bien faire. C'est un concept nouveau, qui combine le bio avec des techniques d'aménagement du terrain."
Serait-il possible de nourrir la Polynésie en bio ?
"Pourrait-on nourrir la planète en bio ? C'est difficile de répondre. Aujourd'hui en Polynésie, le bio c'est moins de 1% de la production, donc on n'y est vraiment pas. De toute manière, c'est un mode de production qui répond à un besoin, et qui est malgré tout techniquement performant. Par rapport à la surface, la production est peut être un petit peu en dessous du conventionnel… Mais le mouvement est lancé et ne va pas s'arrêter parce que la demande est croissante et il y a une vraie dynamique chez les agriculteurs. Et ces fermes pilotes permettent de trouver de vraies réponses aux problèmes qu'on rencontre en Polynésie pour l'agriculture bio, ça fait une référence et montre aux producteurs ce qui peut marcher, c'est un élément important du dispositif d'appui."