PUNAAUIA, lundi 4 novembre 2013. Cet atoll lointain et inhabité du Pacifique n’est pas géographiquement intégré à la Polynésie française, pourtant il est administré par le Haut commissariat de Papeete ! Il est surtout un lieu de recherches passionnantes. Deux géographes de l’Université de Polynésie française se penchent régulièrement sur son cas.
A Clipperton, l’administration française sur cet atoll inhabité situé à 4 000 km des Marquises se résume en réalité à peu de choses : octroi d’autorisations d’accès, suivi des accords de pêches, ou co-financement de recherches scientifiques, comme ce fut le cas en début de cette année pour deux enseignants de l’Université de Polynésie française. Au titre de la souveraineté, une frégate de l’armée française se rend sur place une fois par an –il lui faut 8 jours depuis les Marquises- pour rejoindre Clipperton. C’est à cette occasion que deux géographes de l’Université de Polynésie française, Christian Jost et Jean Morschel, ont pu mener sur place une mission d’une dizaine de jours entre février et mars 2013.
Le premier a déjà effectué (chose rare) trois séjours à l’île de Clipperton depuis la fin des années 1990 et mène des recherches sur l’atoll depuis une vingtaine d’années. Visiblement, le sujet est passionnant voire même addictif. «Les enjeux de cette île sont multiples, car ils relèvent autant de l’évolution et de la gestion de l’environnement que des ressources économiques et des enjeux géostratégiques. Afin d’en assurer la protection et la surveillance, il est urgent de prendre des mesures, voire que la France l’occupe» précise Christian Jost. Il en va notamment de la protection de la ressource très importante en thonidés sur un espace maritime de 435 000 km2, pillée par des flottes étrangères. Autre ressource dont l’importance est toutefois encore mal connue, les nodules polymétalliques que plusieurs sondages ont révélés abondants sur les fonds marins lors d’une campagne océanographique mexicaine. Pas étonnant, puisque l’atoll est placé à l’Est du «grand champ de nodules polymétalliques du Pacifique qui s’étend entre Hawaii et Clipperton» précise Christian Jost. Pour autant, un inventaire précis n’a pas encore pu être réalisé par la France et l’éloignement de l’atoll place, pour l’heure, toute exploitation de ces minerais dans le domaine du futur.
En tout cas pour les géographes, l’île de Clipperton apparaît comme un laboratoire à ciel ouvert de diverses disciplines. Une fois n’est pas coutume, «du point de vue des écosystèmes, cette île a déjà démontré l’impact positif indirect de l’homme sur l’écosystème» car, c’est la présence humaine qui au début du 20e siècle a modifié considérablement l’aspect de l’atoll. Au début du 20e siècle, une garnison de Mexicains avec femmes et enfants fut envoyée sur place pour l’exploitation du guano. A leur arrivée, ces Mexicains plantent deux cocotiers et introduisent les porcs dans l’île qui vont favoriser le développement d’une couverture végétale. Presque un siècle plus tard, Christian Jost dénombrera 674 cocotiers. Pendant longtemps également, si les fous masqués sont les rois des airs autour de l’atoll avec 110 000 individus recensés, sur la bande de terre de Clipperton (170 hectares) ce sont les crabes qui règnent en maître. Ils y seront jusqu’à 11 millions d’individus en 1968 ! Puis l’apparition des rats en 2000 à la suite d’un naufrage rompt à nouveau l’équilibre de l’écosystème terrestre. «C’est véritablement un laboratoire à ciel ouvert pour l’étude de l’évolution très rapide des écosystèmes qui sont très fragiles» appuie encore Christian Jost.
Son collègue Jean Morschel est, lui, plus intéressé par la géomorphologie de l’île. Clipperton, comme tous les atolls a des côtes extrêmement fluctuantes en fonction de l’érosion, de l’ensablement. Au cours de l’expédition sur place en début d’année, sa mission a été de faire de multiples relevés topographiques (600 ont été effectués). Il s’agit maintenant de traiter ces données de terrain et de les entrer dans un logiciel cartographique «pour suivre l’évolution du trait de côte et de comparer avec les données précédentes, des images satellites et même d’anciennes photographies de l’atoll du début du 20e siècle». On sait déjà que les deux anciennes passes qui permettaient à la fin du 19e siècle d’entrer dans le lagon ont été complètement refermées par un ensablement naturel. Toutefois, le recul progressif du cordon littoral à proximité de ces deux anciennes passes a été observé. Au nord de l’île, la bande littorale sableuse qui était de 100 m environ de large en 1968, selon les observations des missions Bougainville de la marine française a été réduite par endroit des trois quarts ! A l’inverse du discours écologiste de certains explorateurs comme Jean-Louis Etienne qui a mené une mission entre 2004 et 2005 sur l’île de Clipperton et souhaiterait laisser l’île vivre sa vie hors de toute interférence humaine, les deux géographes de l’Université de Polynésie française plaident, eux, pour que l’atoll soit protégé et ses ressources gérées, ce qui passe par une installation humaine pour contrer les occupations sauvages et la pêche illégale. Sous quelle forme ? La question n’est d’autant pas réglée qu’il s’agirait d’une décision politique qui n’est pas à l’ordre du jour.
A Clipperton, l’administration française sur cet atoll inhabité situé à 4 000 km des Marquises se résume en réalité à peu de choses : octroi d’autorisations d’accès, suivi des accords de pêches, ou co-financement de recherches scientifiques, comme ce fut le cas en début de cette année pour deux enseignants de l’Université de Polynésie française. Au titre de la souveraineté, une frégate de l’armée française se rend sur place une fois par an –il lui faut 8 jours depuis les Marquises- pour rejoindre Clipperton. C’est à cette occasion que deux géographes de l’Université de Polynésie française, Christian Jost et Jean Morschel, ont pu mener sur place une mission d’une dizaine de jours entre février et mars 2013.
Le premier a déjà effectué (chose rare) trois séjours à l’île de Clipperton depuis la fin des années 1990 et mène des recherches sur l’atoll depuis une vingtaine d’années. Visiblement, le sujet est passionnant voire même addictif. «Les enjeux de cette île sont multiples, car ils relèvent autant de l’évolution et de la gestion de l’environnement que des ressources économiques et des enjeux géostratégiques. Afin d’en assurer la protection et la surveillance, il est urgent de prendre des mesures, voire que la France l’occupe» précise Christian Jost. Il en va notamment de la protection de la ressource très importante en thonidés sur un espace maritime de 435 000 km2, pillée par des flottes étrangères. Autre ressource dont l’importance est toutefois encore mal connue, les nodules polymétalliques que plusieurs sondages ont révélés abondants sur les fonds marins lors d’une campagne océanographique mexicaine. Pas étonnant, puisque l’atoll est placé à l’Est du «grand champ de nodules polymétalliques du Pacifique qui s’étend entre Hawaii et Clipperton» précise Christian Jost. Pour autant, un inventaire précis n’a pas encore pu être réalisé par la France et l’éloignement de l’atoll place, pour l’heure, toute exploitation de ces minerais dans le domaine du futur.
En tout cas pour les géographes, l’île de Clipperton apparaît comme un laboratoire à ciel ouvert de diverses disciplines. Une fois n’est pas coutume, «du point de vue des écosystèmes, cette île a déjà démontré l’impact positif indirect de l’homme sur l’écosystème» car, c’est la présence humaine qui au début du 20e siècle a modifié considérablement l’aspect de l’atoll. Au début du 20e siècle, une garnison de Mexicains avec femmes et enfants fut envoyée sur place pour l’exploitation du guano. A leur arrivée, ces Mexicains plantent deux cocotiers et introduisent les porcs dans l’île qui vont favoriser le développement d’une couverture végétale. Presque un siècle plus tard, Christian Jost dénombrera 674 cocotiers. Pendant longtemps également, si les fous masqués sont les rois des airs autour de l’atoll avec 110 000 individus recensés, sur la bande de terre de Clipperton (170 hectares) ce sont les crabes qui règnent en maître. Ils y seront jusqu’à 11 millions d’individus en 1968 ! Puis l’apparition des rats en 2000 à la suite d’un naufrage rompt à nouveau l’équilibre de l’écosystème terrestre. «C’est véritablement un laboratoire à ciel ouvert pour l’étude de l’évolution très rapide des écosystèmes qui sont très fragiles» appuie encore Christian Jost.
Son collègue Jean Morschel est, lui, plus intéressé par la géomorphologie de l’île. Clipperton, comme tous les atolls a des côtes extrêmement fluctuantes en fonction de l’érosion, de l’ensablement. Au cours de l’expédition sur place en début d’année, sa mission a été de faire de multiples relevés topographiques (600 ont été effectués). Il s’agit maintenant de traiter ces données de terrain et de les entrer dans un logiciel cartographique «pour suivre l’évolution du trait de côte et de comparer avec les données précédentes, des images satellites et même d’anciennes photographies de l’atoll du début du 20e siècle». On sait déjà que les deux anciennes passes qui permettaient à la fin du 19e siècle d’entrer dans le lagon ont été complètement refermées par un ensablement naturel. Toutefois, le recul progressif du cordon littoral à proximité de ces deux anciennes passes a été observé. Au nord de l’île, la bande littorale sableuse qui était de 100 m environ de large en 1968, selon les observations des missions Bougainville de la marine française a été réduite par endroit des trois quarts ! A l’inverse du discours écologiste de certains explorateurs comme Jean-Louis Etienne qui a mené une mission entre 2004 et 2005 sur l’île de Clipperton et souhaiterait laisser l’île vivre sa vie hors de toute interférence humaine, les deux géographes de l’Université de Polynésie française plaident, eux, pour que l’atoll soit protégé et ses ressources gérées, ce qui passe par une installation humaine pour contrer les occupations sauvages et la pêche illégale. Sous quelle forme ? La question n’est d’autant pas réglée qu’il s’agirait d’une décision politique qui n’est pas à l’ordre du jour.
L’expédition «Passion 2013» bientôt sur Thalassa
Les dix jours de mission des deux géographes de l’Université de Polynésie française à Clipperton sera à suivre prochainement à la télévision. En effet, une équipe de l’émission de France 3, Thalassa a pu suivre le déplacement de Christian Jost et Jean Morschel en début d’année sur l’atoll en présence également d’une expédition internationale de radio-amateurs. Le reportage devrait être diffusé en janvier 2014. Il promet une belle aventure à la découverte de cette île française perdue dans le Pacifique.
Les dix jours de mission des deux géographes de l’Université de Polynésie française à Clipperton sera à suivre prochainement à la télévision. En effet, une équipe de l’émission de France 3, Thalassa a pu suivre le déplacement de Christian Jost et Jean Morschel en début d’année sur l’atoll en présence également d’une expédition internationale de radio-amateurs. Le reportage devrait être diffusé en janvier 2014. Il promet une belle aventure à la découverte de cette île française perdue dans le Pacifique.