PAPEETE, le 1er février 2017 - Prévu pour février, le numéro trois d’Échappée Pacifique a pris un peu de retard. Son auteure, Christine Perez, enseignante chercheuse à la retraite assure toujours des cours à l’université de Polynésie française, elle est sollicitée pour animer des conférences grand public.
Retraitée depuis 2015, Christine Perez continue à assurer des cours à l’Université de Polynésie française notamment sur l’histoire de l’Océanie, elle poursuit ses recherches (voir une vie de recherche). Elle anime aussi des conférences auprès du grand public sur des thèmes variés comme le tatouage ou le fait religieux. Et, quand elle trouve le temps, elle écrit. "Normalement, le numéro 3 d’Échappée Pacifique devait sortir chez l’Harmattan ce mois de février, mais j’ai un peu de retard", reconnaît-elle.
Les Échappées Pacifiques sont des recueils qui invitent au voyage dans des sphères religieuses, politiques, sociales et culturelles du Pacifique oriental, délimité au triangle polynésien. Ces recueils parlent d’ancêtres, d’esclaves Polynésiens au Perou, d’éducation… "Honnêtement, je ne pensais pas être rappelée un jour à l’université" confie Christine Perez, ravie. Elle sourit. Son regard, à peine dissimulé par une mèche blonde, confirme. Son savoir a besoin de grandir et de se répandre.
Pendant 22 ans, Christine Perez a travaillé pour le Centre national de recherche scientifique (CNRS) au sein de l’unité Analyse des formations sociales de l’Antiquité. Elle vivait en famille en Franche Comté. "Nous avions tout ce qu’il fallait pour être bien, une grande maison, des boulots que nous aimions". À l’époque, elle intervenait à la fois dans le secteur esclavage/dépendance et dans celui du fonctionnement du pouvoir dans les sociétés anciennes. Et puis, un jour, l’envie a disparu. "Ça m’a pris en septembre, au moment où on devait fermer les fenêtres et les portes".
Elle poursuit : "En Franche comté, on dit qu’il pleut une fois dans l’année, ça commence en septembre et ça s’arrête en mai." L’hiver se profilait, "j’avais besoin de soleil et de fleurs, j’allais au boulot à reculons, j’ai demandé à mon mari : ‘ça ne te dirait pas d’aller voir ailleurs ?’". Lequel a accepté. Christine Perez a monté un dossier pour gagner la Polynésie.
"Au début des années 1990, le ministère de l’Éducation nationale et de la recherche a voulu donner la possibilité aux chercheurs d’enseigner et aux enseignants de chercher." Son dossier a passé une première sélection, lui donnant un ticket d’entrée pour une séance d’entretiens. "Je voulais me rendre en Polynésie française dans cette université qui venait naître, celle du Pacifique réunissant Tahiti et la Calédonie."
Christine Perez a obtenu ce qu’elle voulait. "J’ai eu cette chance inouï de pouvoir venir m’installer au fenua en 1992". Elle était détachée pour cinq ans. "Au bout d’un an on m’a demandé si je voulais rentrer. J’avais du temps pour donner ma réponse définitive mais déjà je savais qu’on ne rentrerait pas. On était trop bien ! J’avais du temps pour ma recherche, je n’avais plus à travailler le soir et les week-ends. Je pouvais profiter de ma famille en continuant à bosser". L’envie était revenue.
Depuis, elle privilégie les travaux sur des thématiques qui sont les siennes : les formes de pouvoir, les moyens de contrôle idéologique qui permettent aux uns de légitimer leur domination, aux autres de l'intégrer comme telle.
Retraitée depuis 2015, Christine Perez continue à assurer des cours à l’Université de Polynésie française notamment sur l’histoire de l’Océanie, elle poursuit ses recherches (voir une vie de recherche). Elle anime aussi des conférences auprès du grand public sur des thèmes variés comme le tatouage ou le fait religieux. Et, quand elle trouve le temps, elle écrit. "Normalement, le numéro 3 d’Échappée Pacifique devait sortir chez l’Harmattan ce mois de février, mais j’ai un peu de retard", reconnaît-elle.
Les Échappées Pacifiques sont des recueils qui invitent au voyage dans des sphères religieuses, politiques, sociales et culturelles du Pacifique oriental, délimité au triangle polynésien. Ces recueils parlent d’ancêtres, d’esclaves Polynésiens au Perou, d’éducation… "Honnêtement, je ne pensais pas être rappelée un jour à l’université" confie Christine Perez, ravie. Elle sourit. Son regard, à peine dissimulé par une mèche blonde, confirme. Son savoir a besoin de grandir et de se répandre.
Pendant 22 ans, Christine Perez a travaillé pour le Centre national de recherche scientifique (CNRS) au sein de l’unité Analyse des formations sociales de l’Antiquité. Elle vivait en famille en Franche Comté. "Nous avions tout ce qu’il fallait pour être bien, une grande maison, des boulots que nous aimions". À l’époque, elle intervenait à la fois dans le secteur esclavage/dépendance et dans celui du fonctionnement du pouvoir dans les sociétés anciennes. Et puis, un jour, l’envie a disparu. "Ça m’a pris en septembre, au moment où on devait fermer les fenêtres et les portes".
Elle poursuit : "En Franche comté, on dit qu’il pleut une fois dans l’année, ça commence en septembre et ça s’arrête en mai." L’hiver se profilait, "j’avais besoin de soleil et de fleurs, j’allais au boulot à reculons, j’ai demandé à mon mari : ‘ça ne te dirait pas d’aller voir ailleurs ?’". Lequel a accepté. Christine Perez a monté un dossier pour gagner la Polynésie.
"Au début des années 1990, le ministère de l’Éducation nationale et de la recherche a voulu donner la possibilité aux chercheurs d’enseigner et aux enseignants de chercher." Son dossier a passé une première sélection, lui donnant un ticket d’entrée pour une séance d’entretiens. "Je voulais me rendre en Polynésie française dans cette université qui venait naître, celle du Pacifique réunissant Tahiti et la Calédonie."
Christine Perez a obtenu ce qu’elle voulait. "J’ai eu cette chance inouï de pouvoir venir m’installer au fenua en 1992". Elle était détachée pour cinq ans. "Au bout d’un an on m’a demandé si je voulais rentrer. J’avais du temps pour donner ma réponse définitive mais déjà je savais qu’on ne rentrerait pas. On était trop bien ! J’avais du temps pour ma recherche, je n’avais plus à travailler le soir et les week-ends. Je pouvais profiter de ma famille en continuant à bosser". L’envie était revenue.
Depuis, elle privilégie les travaux sur des thématiques qui sont les siennes : les formes de pouvoir, les moyens de contrôle idéologique qui permettent aux uns de légitimer leur domination, aux autres de l'intégrer comme telle.
Une vie de recherche
Depuis 1970, Christine Perez lit, traduit des textes de grec et de latin, consulte des archives, interviewe, croise les données récoltées, compare, rédige elle-même pour publication. Aujourd’hui encore, sa soif n’est pas étanchée. Elle fait partie de l’équipe d’accueil sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie (EASTCO). Dirigée par Bruno Saura, cette équipe s’intéresse aux cultures et sociétés polynésiennes via quatre axes intitulés :
- "fondements culturels", qui réunit des linguistes et spécialistes de langues, d’ethnologie et de civilisations polynésiennes. Leur problématique commune est la saisie de la constitution historique de ces sociétés à travers l’étude des mythes et des religions anciennes.
- "rencontres", qui regroupe les travaux relatifs aux premiers contacts avec l’Occident, de la fin du XVIII siècle au XIXème, sous de formes diverses, avec la christianisation et la colonisation. Le XXème siècle étant marqué par la contestation du nouvel ordre politique (et parfois de l’ordre religieux) mis en place au siècle précédent.
- "écritures", qui aborde les littératures occidentales et océaniennes, les différentes expressions littéraires anglophones, hispanophones, francophones et mêmes germanophones, au sujet de l’Océanie. En amont de l’écriture ‘’matérialisée’’ se situent les littératures orales autochtones, porteuse de riches perspectives, ainsi que l’étude du lien entre oralité et expression écrite.
- "transmissions" qui a trait aux questions d’éducation et culture en contexte océanien contemporain, contexte marqué par une valorisation croissante (éthique, scientifique, politique) de l’enseignement des langues et cultures autochtones, et des spécificités de l’enseignement dans un milieu non-occidental.
Depuis 1970, Christine Perez lit, traduit des textes de grec et de latin, consulte des archives, interviewe, croise les données récoltées, compare, rédige elle-même pour publication. Aujourd’hui encore, sa soif n’est pas étanchée. Elle fait partie de l’équipe d’accueil sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie (EASTCO). Dirigée par Bruno Saura, cette équipe s’intéresse aux cultures et sociétés polynésiennes via quatre axes intitulés :
- "fondements culturels", qui réunit des linguistes et spécialistes de langues, d’ethnologie et de civilisations polynésiennes. Leur problématique commune est la saisie de la constitution historique de ces sociétés à travers l’étude des mythes et des religions anciennes.
- "rencontres", qui regroupe les travaux relatifs aux premiers contacts avec l’Occident, de la fin du XVIII siècle au XIXème, sous de formes diverses, avec la christianisation et la colonisation. Le XXème siècle étant marqué par la contestation du nouvel ordre politique (et parfois de l’ordre religieux) mis en place au siècle précédent.
- "écritures", qui aborde les littératures occidentales et océaniennes, les différentes expressions littéraires anglophones, hispanophones, francophones et mêmes germanophones, au sujet de l’Océanie. En amont de l’écriture ‘’matérialisée’’ se situent les littératures orales autochtones, porteuse de riches perspectives, ainsi que l’étude du lien entre oralité et expression écrite.
- "transmissions" qui a trait aux questions d’éducation et culture en contexte océanien contemporain, contexte marqué par une valorisation croissante (éthique, scientifique, politique) de l’enseignement des langues et cultures autochtones, et des spécificités de l’enseignement dans un milieu non-occidental.
L’esclavage en Polynésie
Les publications scientifiques sont souvent peu accessibles pour le grand public. Les revues sont confidentielles, les textes truffés de jargons, la rédaction souvent soumise à des codes peu commodes. Christine Perez s’emploie à vulgariser ses travaux et conclusions en participant à des émissions de télévision et de radio, en animant des conférences, en collaborant avec des magazines comme l’Homme et le sacré ou bien l’archéologue. Ainsi surgissent des pans de l’histoire peu ou mal connu comme l’esclavage au fenua.
Les Polynésiens ont été victimes de la razzia de "négriers" péruviens et emmenés en esclavage au Pérou entre 1861 et 1863, dans le cadre d’opérations dites de "blackbirding".
"Les raids des Péruviens de 1861 à 1863 dans les îles polynésiennes ont déferlé sur ces paradis comme de véritables tsunami, véritables séismes dont les épicentres se trouvaient dans le port péruvien de Callao. C’est un véritable désastre pour les îles concernées. La population est razziée, embarquée sur des navires qui abandonnent en route ces pauvres gens quand ils sont malades, dans des îles où la mort par famine est assurée, quand ils ne les jettent pas par-dessus bord. (…) Des populations insulaires entières sont totalement déstructurées, déportées dans des mondes pour lesquels elles n’étaient absolument pas préparées pour y survivre. Ce sont des milliers d’hommes et de femmes –il faut bien sûr relativiser leur nombre par rapport à l’esclavage africain- qui sont kidnappés", écrit Christine Perez dans Routes et marchés d’esclaves paru aux Presses universitaires franc-comtoises en 2002 à l’occasion du XXVIe colloque du Groupe international de recherches sur l’esclavage dans l’Antiquité (Girea) de Besançon en 2001.
Les publications scientifiques sont souvent peu accessibles pour le grand public. Les revues sont confidentielles, les textes truffés de jargons, la rédaction souvent soumise à des codes peu commodes. Christine Perez s’emploie à vulgariser ses travaux et conclusions en participant à des émissions de télévision et de radio, en animant des conférences, en collaborant avec des magazines comme l’Homme et le sacré ou bien l’archéologue. Ainsi surgissent des pans de l’histoire peu ou mal connu comme l’esclavage au fenua.
Les Polynésiens ont été victimes de la razzia de "négriers" péruviens et emmenés en esclavage au Pérou entre 1861 et 1863, dans le cadre d’opérations dites de "blackbirding".
"Les raids des Péruviens de 1861 à 1863 dans les îles polynésiennes ont déferlé sur ces paradis comme de véritables tsunami, véritables séismes dont les épicentres se trouvaient dans le port péruvien de Callao. C’est un véritable désastre pour les îles concernées. La population est razziée, embarquée sur des navires qui abandonnent en route ces pauvres gens quand ils sont malades, dans des îles où la mort par famine est assurée, quand ils ne les jettent pas par-dessus bord. (…) Des populations insulaires entières sont totalement déstructurées, déportées dans des mondes pour lesquels elles n’étaient absolument pas préparées pour y survivre. Ce sont des milliers d’hommes et de femmes –il faut bien sûr relativiser leur nombre par rapport à l’esclavage africain- qui sont kidnappés", écrit Christine Perez dans Routes et marchés d’esclaves paru aux Presses universitaires franc-comtoises en 2002 à l’occasion du XXVIe colloque du Groupe international de recherches sur l’esclavage dans l’Antiquité (Girea) de Besançon en 2001.