Crédit : ISS - Thomas Pesquet.
PAPEETE, le 30 juin 2017 - Storisk, le projet de recherche qui s'intéresse aux petites îles face au changement climatique, avance. Virginie Duvat la coordinatrice vient de passer trois nouvelles semaines en Polynésie pour récolter des données et préparer leur restitution aux acteurs locaux. Elle est formelle : l'élévation du niveau de la mer n'est pas le danger principal qui menace les atolls.
Au vu des premiers résultats de Storisk, l'élévation du niveau de la mer n'est pas le plus grand danger qui pèse sur les atolls. "Les atolls ne vont pas mourir, ils ne vont pas disparaitre", confirme Virginie Duvat, coordinatrice du projet. Pas dans l'immédiat, tout au moins. "La mer monte en moyenne de 2,2 millimètres par an dans les atolls, en comparant des images aériennes anciennes, datant des années 1960 et des images actuelles, on constate que pour 77% d'entre eux, la surface est maintenue, elle grandit pour 17% d'entre eux."
"Alors pas de panique", insiste Virginie Duvat qui ajoute sans attendre "qu'il faut s'occuper des vrais problèmes, de ceux qui pèsent aujourd'hui. Il faut penser un développement plus durable pour ne pas ajouter de pression anthropique supplémentaire à ces milieux fragiles". Concrètement cela implique une meilleure gestion des déchets et des eaux usées pour ne pas polluer et donc perturber les récifs. Il faut éviter l'extraction massive de sable pour ne pas désorganiser la structure des atolls.
Six îles étudiées
Storisk est un projet de l'Agence national de la recherche (ANR) qui s'inscrit dans le thème : les sociétés face aux changements climatiques environnementaux. Il réunit un certain nombre de laboratoires et de chercheurs de métropole et de Polynésie. Il porte, pour l'instant sur Tubuai, Mataiva, Rangiroa, Tikehau, Takapoto et Takaroa auxquels vont venir s'ajouter : Fakarava, Ahe et Hikueru.
Ces îles ont été retenues car elles diffèrent par leur taille, leur urbanisation, l'organisation de l'atoll, les activités pratiquées, la croissance. Rangiroa par exemple, avec ses 2 600 habitants, est un atoll considéré comme urbain, tandis que Takapoto et ses 380 habitants, est rural.
Prévu sur 48 mois, Storisk vise : "à développer et à appliquer un protocole méthodologique transdisciplinaire permettant d’améliorer la connaissance et la compréhension de la vulnérabilité et de la capacité d’adaptation des sociétés des petites îles tropicales aux événements extrêmes d’origine climatique (cyclones tropicaux, houles distantes, phénomène ENSO) et aux changements graduels dus au réchauffement du climat (élévation du niveau marin et augmentation des températures océaniques) et à l’acidification des océans".
Virginie Duvat résume, avec ses mots : "on dresse la liste des risques et on essaie de comprendre comment ils se sont mis en place au fil du temps. On établit ainsi ce qu'on appelle une trajectoire de risques". En étudiant le passé, Storisk entend prédire l'avenir. Grâce à des modèles, il sera possible d'imaginer l'évolution des risques pour demain, en Polynésie mais aussi dans le Pacifique. Les îles retenues sont représentatives.
"Il faut du temps pour produire de la donnée"
Les premiers relevés ont eu lieu en 2013, "mais il faut du temps pour produire de la donnée", justifie Virginie Duvat. Les déplacements continuent. Pour cette mission, elle a travaillé avec Lucile Stahl, avocate au barreau de Valence, juriste de l'environnement. "J'ai passé deux semaines à Rangiroa", explique cette dernière. "J'y ai rencontré les acteurs du privé, les administrations… pour mieux connaître le droit et réfléchir à de nouveaux outils juridiques dans le cadre du changement climatique." Difficile aujourd'hui de savoir quels seront les besoins des hommes dans un siècle, quels seront leurs dispositifs technologiques, matériaux de construction… Toutefois, la prise de conscience est nécessaire.
"Par exemple", illustre Lucile Stahl, "dans le cadre de la réforme d'un plan d'aménagement, faut-il ou ne faut-il pas placer des zones constructibles en bord de mer alors qu'elles pourraient être submergées dans quelques années?". Les outils juridiques de demain sont à inventer aujourd'hui. Ce sont eux qui protègeront la population et ses biens.
Les conclusions de Storisk sont livrées aux acteurs locaux, habitants des atolls, tavana, responsables d'aménagement au fil du temps et fonction des besoins respectifs de chacun, mais aussi aux structures publiques et privées du pays. Si les chercheurs n'ont pas à intervenir dans la gestion du pays ni dans la prise de décision politique, ils sont des référents techniques sur lesquels les décideurs se reposent.
Au vu des premiers résultats de Storisk, l'élévation du niveau de la mer n'est pas le plus grand danger qui pèse sur les atolls. "Les atolls ne vont pas mourir, ils ne vont pas disparaitre", confirme Virginie Duvat, coordinatrice du projet. Pas dans l'immédiat, tout au moins. "La mer monte en moyenne de 2,2 millimètres par an dans les atolls, en comparant des images aériennes anciennes, datant des années 1960 et des images actuelles, on constate que pour 77% d'entre eux, la surface est maintenue, elle grandit pour 17% d'entre eux."
"Alors pas de panique", insiste Virginie Duvat qui ajoute sans attendre "qu'il faut s'occuper des vrais problèmes, de ceux qui pèsent aujourd'hui. Il faut penser un développement plus durable pour ne pas ajouter de pression anthropique supplémentaire à ces milieux fragiles". Concrètement cela implique une meilleure gestion des déchets et des eaux usées pour ne pas polluer et donc perturber les récifs. Il faut éviter l'extraction massive de sable pour ne pas désorganiser la structure des atolls.
Six îles étudiées
Storisk est un projet de l'Agence national de la recherche (ANR) qui s'inscrit dans le thème : les sociétés face aux changements climatiques environnementaux. Il réunit un certain nombre de laboratoires et de chercheurs de métropole et de Polynésie. Il porte, pour l'instant sur Tubuai, Mataiva, Rangiroa, Tikehau, Takapoto et Takaroa auxquels vont venir s'ajouter : Fakarava, Ahe et Hikueru.
Ces îles ont été retenues car elles diffèrent par leur taille, leur urbanisation, l'organisation de l'atoll, les activités pratiquées, la croissance. Rangiroa par exemple, avec ses 2 600 habitants, est un atoll considéré comme urbain, tandis que Takapoto et ses 380 habitants, est rural.
Prévu sur 48 mois, Storisk vise : "à développer et à appliquer un protocole méthodologique transdisciplinaire permettant d’améliorer la connaissance et la compréhension de la vulnérabilité et de la capacité d’adaptation des sociétés des petites îles tropicales aux événements extrêmes d’origine climatique (cyclones tropicaux, houles distantes, phénomène ENSO) et aux changements graduels dus au réchauffement du climat (élévation du niveau marin et augmentation des températures océaniques) et à l’acidification des océans".
Virginie Duvat résume, avec ses mots : "on dresse la liste des risques et on essaie de comprendre comment ils se sont mis en place au fil du temps. On établit ainsi ce qu'on appelle une trajectoire de risques". En étudiant le passé, Storisk entend prédire l'avenir. Grâce à des modèles, il sera possible d'imaginer l'évolution des risques pour demain, en Polynésie mais aussi dans le Pacifique. Les îles retenues sont représentatives.
"Il faut du temps pour produire de la donnée"
Les premiers relevés ont eu lieu en 2013, "mais il faut du temps pour produire de la donnée", justifie Virginie Duvat. Les déplacements continuent. Pour cette mission, elle a travaillé avec Lucile Stahl, avocate au barreau de Valence, juriste de l'environnement. "J'ai passé deux semaines à Rangiroa", explique cette dernière. "J'y ai rencontré les acteurs du privé, les administrations… pour mieux connaître le droit et réfléchir à de nouveaux outils juridiques dans le cadre du changement climatique." Difficile aujourd'hui de savoir quels seront les besoins des hommes dans un siècle, quels seront leurs dispositifs technologiques, matériaux de construction… Toutefois, la prise de conscience est nécessaire.
"Par exemple", illustre Lucile Stahl, "dans le cadre de la réforme d'un plan d'aménagement, faut-il ou ne faut-il pas placer des zones constructibles en bord de mer alors qu'elles pourraient être submergées dans quelques années?". Les outils juridiques de demain sont à inventer aujourd'hui. Ce sont eux qui protègeront la population et ses biens.
Les conclusions de Storisk sont livrées aux acteurs locaux, habitants des atolls, tavana, responsables d'aménagement au fil du temps et fonction des besoins respectifs de chacun, mais aussi aux structures publiques et privées du pays. Si les chercheurs n'ont pas à intervenir dans la gestion du pays ni dans la prise de décision politique, ils sont des référents techniques sur lesquels les décideurs se reposent.
Lucile Stahl avocate au barreau de Valence, juriste de l'environnement, a participé au projet Storisk.