La petite bourgade d’Adamstown, à Pitcairn, où Joshua Hill régna sans partage de 1832 à 1837.
PITCAIRN, le 6 août 2016. Il est des îles de la vaste Océanie qui semblent attirer à elles les caractères et personnalités hors normes. La minuscule Pitcairn, au sud-est des Gambier, avait d’abord recueilli les naufragés de la HMS Bounty. En 1832, un dictateur quelque peu mégalomane et mythomane, Joshua Hill, prit en main le devenir de cette petite colonie, profitant d’une relative anarchie. Très vite, il s’autoproclama président, pasteur, enseignant et moraliste, venu pour rétablir l’ordre. Avant de finir par être chassé…
Le dimanche 28 octobre 1832, un très curieux personnage, déjà âgé de 59 ans, débarqua à Pitcairn, arrivant de Tahiti. Précédemment, l’homme avait séjourné à Hawaii. Ce n’est pas le hasard qui amenait M. Hill sur cette île minuscule de seulement 47 km2 de terres émergées, mais bien le désir de la dominer de son autorité. Hill avait de la chance, en quelque sorte, puisque lui, le maniaque de la discipline et de la morale, trouva la petite communauté peuplant Pitcairn en grand désordre. L’alcoolisme était le principal fléau, et même un Anglais du nom de George Hunn Nobbs, supposé être le pasteur à Adamstown, semblait être sous l’emprise de la boisson. “Shocking” !
Aucune accréditation officielle
Il n’en fallait pas plus à Hill pour rondement mener sa prise de possession de l’île : première affirmation, il n’arrivait pas là par hasard, mais envoyé par la Grande Bretagne. Seconde affirmation, au moins un navire de guerre anglais croisait au large, prêt à envoyer la troupe si la petite colonie refusait de lui obéir.
Certes, Hill avait approché, à Londres, la London Missionnary Society pour être envoyé sur place ; de même, il avait tenté de se faire entendre du gouvernement britannique pour recevoir un ordre de mission officiel. Mais des deux côtés, il avait fait chou blanc.
Fasciné par l’histoire des révoltés de la HMS Bounty installés sur ce caillou loin des routes maritimes classiques, il avait donc décidé de se passer de toute accréditation pour se rendre maître de cette communauté. Les habitants étaient revenus, peu de temps auparavant, à Pitcairn, après avoir fui l’île en 1831 pour s’installer à Tahiti. Là, une très forte mortalité (une douzaine de décès), une non moins forte nostalgie firent qu’au bout de six mois, les survivants demandèrent à être ramenés chez eux, ce que fit le capitaine américain William Driver.
La religion et la morale d’abord
Tout cela, Joshua Hill le savait, et il savait aussi que la petite communauté déboussolée était à sa portée ; ainsi en devint-il rapidement le pasteur, le maître d’école et même le président, ce qui lui valut son surnom de “roi de Pitcairn”. Sous sa férule, les règles de vie changèrent très vite : l’alcool fut prohibé, la religion redevint la priorité de chacun, la morale fut érigée en valeur suprême.
A l’époque, Pitcairn, il faut le noter, n’avait pas encore de statut : l’île ne devint une colonie anglaise qu’en 1838, après le départ de Hill. Rien ne l’empêchait donc de gouverner, de légiférer, de sanctionner, pourvu que sa garde rapprochée lui soit fidèle. Futé, Hill se la constitua de la manière suivante : il nomma d’abord quatre hommes comme “aînés“ de la communauté, puis trois “sous aînés” et quatre “cadets”. En clair, Hill disposait d’une police de onze gaillards pour faire appliquer ses directives.
Fouetté en place publique
Au début, tout alla plutôt bien ; la petite colonie avait la nostalgie de la période de John Adams, dernier survivant de la mutinerie de la HMS Bounty, qui avait su faire régner l’ordre et la tempérance sur l’île et les excès qui suivirent sa mort en 1829 n’étaient, en définitive, regrettés par personne.
Curieusement, le révérend George Hunn Nobbs, de même que deux autres Anglais vivant sur l’île, Buffet et Evans, ne bronchèrent pas en voyant ce compatriote prendre les commandes ; l’application des nouvelles règles de vie ne souffrait aucune faiblesse et c’est ainsi qu’un beau matin, Buffet lui-même se retrouva attaché en place publique et fouetté comme le dernier des derniers.
Charles Christian, le fils de Fletcher Christian, vint à son secours, au risque de subir le même traitement, et lui épargna la totalité de la peine, mais cet épisode montre, s’il le fallait, que, petit à petit, Hill imposait un régime digne d’un dictateur à ses administrés. Ceux-ci, conscients de la dérive de leur leader, finirent quand même par renâcler.
Les Anglais expulsés !
Lors d’une parodie de jugement concernant deux femmes à qui il était reproché d’avoir médit sur le compte de Hill, celui-ci, au nom de Dieu, prononça un jugement qui devait être logiquement terminé par un “amen” général. Ce jour-là, il avait sans doute passé la mesure en termes de sévérité, et d’amen, il n’y eut point. Les habitants de l’île firent silence pour montrer leur désapprobation, malgré la présence des onze sbires de Hill, assistant à ce procès.
Il était clair que l’île se scindait alors en deux camps : ceux qui soutenaient encore leur maître et ceux qui ne voulait plus de cette autorité. Dès lors, les querelles ne cessèrent et les conflits s’envenimèrent. Hill était encore le plus fort et il fit porter la responsabilité de la remise en cause de son autorité aux trois autres Anglais, Nobbs, Evans et Buffet. Pour eux, la vie devint infernale, entre punitions et mesures de rétorsion, au point que Hill parvint à les séparer de leurs familles à Pitcairn, pour les faire embarquer, de force plus que de gré, sur une goélette.
Arrivés à Tahiti, ils se dépêchèrent de repartir à Pitcairn où ils regroupèrent leur petite famille pour venir s’installer aux Gambier pour ce qui concerne Nobbs et Evans, Buffet rentrant à Tahiti.
Sous la coupe d’un tyran
A Pitcairn, l’injustice de ces expulsions ne fit qu’accroître le ressentiment contre Hill ; ceux-là même qui lui obéissaient au doigt et à l’œil commencèrent à se poser des questions : l’injustice et l’oppression passaient de plus en plus mal. Ils étaient bien, tous, sous la coupe d’un tyran. D’avoir laissé Nobbs, Buffet et Evans se faire chasser fit naître une grande honte et des remords dans l’esprit des exécuteurs des basses œuvres de Hill. Il fallait faire revenir les bannis…
Alors que le dictateur de Pitcairn ne mesurait pas réellement la montée du ressentiment contre lui, une goélette, l’Olivia, arriva à l’île ; informé de la situation, le capitaine décida de ramener les exilés. Il se rendit aux Gambier et récupéra les deux familles, alors que de son côté, Buffet était, lui aussi, revenu à peu près à la même période.
Buffet et les siens étaient en pleine forme, mais les deux autres familles revenaient très affaiblies, la nourriture ayant été rare à Mangareva. Tous furent, bien entendu, accueillis à bras ouverts. Sur un air de révolte joyeuse, il était clair que l’autorité sans partage de Hill était remise en cause et que le temps de la dictature était compté.
La mort pour des patates ?
Une affaire de patates douces volées enflamma les esprits : Hill voulait que celui qu’il accusait de vol subisse une sentence exemplaire (selon lui, il méritait même la mort) ; la famille de l’accusé refusa toute peine, le père, tout particulièrement, tenant fermement tête à Hill. Celui-ci devint fou de rage ; l’affaire se prolongea au domicile du père. Hill, armé d’un sabre, ivre de rage aurait sans doute tué quelqu’un sans l’intervention d’autres personnes. Il fut désarmé, non sans avoir blessé un protagoniste de la bagarre, et dès lors neutralisé et mis au ban de la petite société de Pitcairn.
Nobbs, Buffet et Evans avaient eu le temps d’expliquer à tous que, pendant leur exil, ils avaient rédigé des lettres de protestation destinées au gouvernement anglais ; celles-ci avaient transité par Valparaiso et la situation fut jugée suffisamment préoccupante pour que la marine envoie sur place, en 1836, la HMS Actaeon, commandé par Lord Edward Russelll.
Sévérité, rudesse et tyrannie
Celui-ci, avec humour, instruisit l’affaire et organisa un grand déballage public des griefs que les uns avaient contre les autres ; le clan de Hill se réduisait quasiment à lui-même et il devint évident, aux yeux du capitaine britannique, que Joshua Hill devait être chassé de Pitcairn. Il n’en avait pas le pouvoir, aussi fit-il son rapport en préconisant cette solution. Et en 1837, un autre navire anglais, la HMS Imogen, ancra devant Pitcairn pour y embarquer le président déchu.
Celui-ci, sans insister, sans résister, fit ses bagages et accepta de monter à bord du bateau qui l’éloignerait à jamais de la petite terre sur laquelle il avait voulu régner en maître absolu. Au nom d’une prétendue justice, il avait instauré sévérité, rudesse et tyrannie sur une île qui avait, dans ses gênes, de ne pas aimer l’autorité…
Daniel Pardon
Le dimanche 28 octobre 1832, un très curieux personnage, déjà âgé de 59 ans, débarqua à Pitcairn, arrivant de Tahiti. Précédemment, l’homme avait séjourné à Hawaii. Ce n’est pas le hasard qui amenait M. Hill sur cette île minuscule de seulement 47 km2 de terres émergées, mais bien le désir de la dominer de son autorité. Hill avait de la chance, en quelque sorte, puisque lui, le maniaque de la discipline et de la morale, trouva la petite communauté peuplant Pitcairn en grand désordre. L’alcoolisme était le principal fléau, et même un Anglais du nom de George Hunn Nobbs, supposé être le pasteur à Adamstown, semblait être sous l’emprise de la boisson. “Shocking” !
Aucune accréditation officielle
Il n’en fallait pas plus à Hill pour rondement mener sa prise de possession de l’île : première affirmation, il n’arrivait pas là par hasard, mais envoyé par la Grande Bretagne. Seconde affirmation, au moins un navire de guerre anglais croisait au large, prêt à envoyer la troupe si la petite colonie refusait de lui obéir.
Certes, Hill avait approché, à Londres, la London Missionnary Society pour être envoyé sur place ; de même, il avait tenté de se faire entendre du gouvernement britannique pour recevoir un ordre de mission officiel. Mais des deux côtés, il avait fait chou blanc.
Fasciné par l’histoire des révoltés de la HMS Bounty installés sur ce caillou loin des routes maritimes classiques, il avait donc décidé de se passer de toute accréditation pour se rendre maître de cette communauté. Les habitants étaient revenus, peu de temps auparavant, à Pitcairn, après avoir fui l’île en 1831 pour s’installer à Tahiti. Là, une très forte mortalité (une douzaine de décès), une non moins forte nostalgie firent qu’au bout de six mois, les survivants demandèrent à être ramenés chez eux, ce que fit le capitaine américain William Driver.
La religion et la morale d’abord
Tout cela, Joshua Hill le savait, et il savait aussi que la petite communauté déboussolée était à sa portée ; ainsi en devint-il rapidement le pasteur, le maître d’école et même le président, ce qui lui valut son surnom de “roi de Pitcairn”. Sous sa férule, les règles de vie changèrent très vite : l’alcool fut prohibé, la religion redevint la priorité de chacun, la morale fut érigée en valeur suprême.
A l’époque, Pitcairn, il faut le noter, n’avait pas encore de statut : l’île ne devint une colonie anglaise qu’en 1838, après le départ de Hill. Rien ne l’empêchait donc de gouverner, de légiférer, de sanctionner, pourvu que sa garde rapprochée lui soit fidèle. Futé, Hill se la constitua de la manière suivante : il nomma d’abord quatre hommes comme “aînés“ de la communauté, puis trois “sous aînés” et quatre “cadets”. En clair, Hill disposait d’une police de onze gaillards pour faire appliquer ses directives.
Fouetté en place publique
Au début, tout alla plutôt bien ; la petite colonie avait la nostalgie de la période de John Adams, dernier survivant de la mutinerie de la HMS Bounty, qui avait su faire régner l’ordre et la tempérance sur l’île et les excès qui suivirent sa mort en 1829 n’étaient, en définitive, regrettés par personne.
Curieusement, le révérend George Hunn Nobbs, de même que deux autres Anglais vivant sur l’île, Buffet et Evans, ne bronchèrent pas en voyant ce compatriote prendre les commandes ; l’application des nouvelles règles de vie ne souffrait aucune faiblesse et c’est ainsi qu’un beau matin, Buffet lui-même se retrouva attaché en place publique et fouetté comme le dernier des derniers.
Charles Christian, le fils de Fletcher Christian, vint à son secours, au risque de subir le même traitement, et lui épargna la totalité de la peine, mais cet épisode montre, s’il le fallait, que, petit à petit, Hill imposait un régime digne d’un dictateur à ses administrés. Ceux-ci, conscients de la dérive de leur leader, finirent quand même par renâcler.
Les Anglais expulsés !
Lors d’une parodie de jugement concernant deux femmes à qui il était reproché d’avoir médit sur le compte de Hill, celui-ci, au nom de Dieu, prononça un jugement qui devait être logiquement terminé par un “amen” général. Ce jour-là, il avait sans doute passé la mesure en termes de sévérité, et d’amen, il n’y eut point. Les habitants de l’île firent silence pour montrer leur désapprobation, malgré la présence des onze sbires de Hill, assistant à ce procès.
Il était clair que l’île se scindait alors en deux camps : ceux qui soutenaient encore leur maître et ceux qui ne voulait plus de cette autorité. Dès lors, les querelles ne cessèrent et les conflits s’envenimèrent. Hill était encore le plus fort et il fit porter la responsabilité de la remise en cause de son autorité aux trois autres Anglais, Nobbs, Evans et Buffet. Pour eux, la vie devint infernale, entre punitions et mesures de rétorsion, au point que Hill parvint à les séparer de leurs familles à Pitcairn, pour les faire embarquer, de force plus que de gré, sur une goélette.
Arrivés à Tahiti, ils se dépêchèrent de repartir à Pitcairn où ils regroupèrent leur petite famille pour venir s’installer aux Gambier pour ce qui concerne Nobbs et Evans, Buffet rentrant à Tahiti.
Sous la coupe d’un tyran
A Pitcairn, l’injustice de ces expulsions ne fit qu’accroître le ressentiment contre Hill ; ceux-là même qui lui obéissaient au doigt et à l’œil commencèrent à se poser des questions : l’injustice et l’oppression passaient de plus en plus mal. Ils étaient bien, tous, sous la coupe d’un tyran. D’avoir laissé Nobbs, Buffet et Evans se faire chasser fit naître une grande honte et des remords dans l’esprit des exécuteurs des basses œuvres de Hill. Il fallait faire revenir les bannis…
Alors que le dictateur de Pitcairn ne mesurait pas réellement la montée du ressentiment contre lui, une goélette, l’Olivia, arriva à l’île ; informé de la situation, le capitaine décida de ramener les exilés. Il se rendit aux Gambier et récupéra les deux familles, alors que de son côté, Buffet était, lui aussi, revenu à peu près à la même période.
Buffet et les siens étaient en pleine forme, mais les deux autres familles revenaient très affaiblies, la nourriture ayant été rare à Mangareva. Tous furent, bien entendu, accueillis à bras ouverts. Sur un air de révolte joyeuse, il était clair que l’autorité sans partage de Hill était remise en cause et que le temps de la dictature était compté.
La mort pour des patates ?
Une affaire de patates douces volées enflamma les esprits : Hill voulait que celui qu’il accusait de vol subisse une sentence exemplaire (selon lui, il méritait même la mort) ; la famille de l’accusé refusa toute peine, le père, tout particulièrement, tenant fermement tête à Hill. Celui-ci devint fou de rage ; l’affaire se prolongea au domicile du père. Hill, armé d’un sabre, ivre de rage aurait sans doute tué quelqu’un sans l’intervention d’autres personnes. Il fut désarmé, non sans avoir blessé un protagoniste de la bagarre, et dès lors neutralisé et mis au ban de la petite société de Pitcairn.
Nobbs, Buffet et Evans avaient eu le temps d’expliquer à tous que, pendant leur exil, ils avaient rédigé des lettres de protestation destinées au gouvernement anglais ; celles-ci avaient transité par Valparaiso et la situation fut jugée suffisamment préoccupante pour que la marine envoie sur place, en 1836, la HMS Actaeon, commandé par Lord Edward Russelll.
Sévérité, rudesse et tyrannie
Celui-ci, avec humour, instruisit l’affaire et organisa un grand déballage public des griefs que les uns avaient contre les autres ; le clan de Hill se réduisait quasiment à lui-même et il devint évident, aux yeux du capitaine britannique, que Joshua Hill devait être chassé de Pitcairn. Il n’en avait pas le pouvoir, aussi fit-il son rapport en préconisant cette solution. Et en 1837, un autre navire anglais, la HMS Imogen, ancra devant Pitcairn pour y embarquer le président déchu.
Celui-ci, sans insister, sans résister, fit ses bagages et accepta de monter à bord du bateau qui l’éloignerait à jamais de la petite terre sur laquelle il avait voulu régner en maître absolu. Au nom d’une prétendue justice, il avait instauré sévérité, rudesse et tyrannie sur une île qui avait, dans ses gênes, de ne pas aimer l’autorité…
Daniel Pardon
Une maison de Pitcairn, à l’époque de l’installation des mutinés. On reconnaît, sur la gauche, John Adams, denier survivant de la HMS Bounty sur l’île.
Le nom polynésien de Pitcairn était Hiti Au Revareva. Avant l’installation des mutinés de la HMS Bounty, l’île avait été peuplée par des Polynésiens qui l’avaient, par la suite, abandonnée.
Joshua W. Hill, pas si mytho, pas si mégalo…
En débarquant à Pitcairn, le futur dictateur Joshua Hill avait fait état d’un CV long comme le bras. Grâce aux travaux de Tillam W. Nechtman, présentés lors d’une conférence le 20 aôut 2012 à Angwin, en Californie, on en sait un peu plus sur son extravagante biographie.
Un passé “américain” trouble
Hill affirmait être né le 15 avril 1773 dans un Etat de la côte est de l’Amérique (alors colonie anglaise). Son père, fidèle à la Couronne britannique, aurait tout perdu à l’issue de la guerre d’indépendance. Dans les fichiers de l’époque, concernant les Anglais installés aux Etats-Unis, apparaît effectivement un Joshua Hill originaire du Delaware, et qui correspond à la description de notre Hill de Pitcairn. Mais loin d’être un parfait loyaliste, il dût fuir sans doute au Canada, après avoir eu maille à partir avec les forces anglaises. Parmi ses fils, aucun ne s’appelait Joshua. Le dictateur de Pitcairn s’inspira-t-il de cet homme pour se créer un passé ? Très certainement oui.
Hill publia-t-il des articles dans les grands journaux de l’époque ? Le 7 mars 1811, parut effectivement un essai dans le Morning Post sur la marine, revendiqué par Hill, mais rien ne vient certifier qu’il en était bien l’auteur, malgré ses affirmations.
Reçu par Joséphine
Hill voyagea-t-il dans le monde entier ? Clairement oui. On trouve trace de son passage en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, comme en Asie du Sud-Est. Eut-il le privilège de dîner dans des palaces ? Oui ; on a ainsi retrouvé trace d’une soirée au Brighton Pavilion, le 23 novembre 1817, soirée donnée par le futur George IV. Le futur William IV était aussi présent ; il est donc probable que Hill les a rencontrés tous les deux. Mais de là à affirmer qu’il était de leurs amis…
Hill connaissait aussi Joseph Banks, c’est une certitude. Le célèbre botaniste l’aurait introduit à l’Institut de France. A partir de 1802, Hill aurait ainsi passé cinq années à Paris et il aurait pu être témoin du couronnement de Napoléon en 1804. C’est toujours au titre de l’Institut qu’il rencontra Joséphine de Beauharnais, peut-être au château de Malmaison.
Du côté de l’Asie, l’East India Company a bien trace d’un Joshua Hill embarqué en 1794, se rendant d’Inde en Chine.
Bref passage à Tahiti
Enfin, plus proche de nous, Hill travailla à Honolulu en 1831 ; il oeuvra en faveur des missionnaires mormons, opposés à l’installation des missionnaires catholiques. Hill arriva à Tahiti en janvier 1832. Le futur consul anglais Pritchard était alors absent, Hill se serait empressé de venir porter assistance à la reine Pomare.
Toutes les affirmations de Hill à Pitcairn, pour justifier sa prise de pouvoir, reposent donc sur un fond de vérité. Hill eut bien une vie exceptionnellement chargée, riche en expériences autant qu’en contacts. Mais sérieusement mégalomane, il n’hésita jamais à déformer cette vérité pour se donner plus d’importance qu’il n’en avait et ainsi asseoir son pouvoir sur les crédules Pitcairniens…
En débarquant à Pitcairn, le futur dictateur Joshua Hill avait fait état d’un CV long comme le bras. Grâce aux travaux de Tillam W. Nechtman, présentés lors d’une conférence le 20 aôut 2012 à Angwin, en Californie, on en sait un peu plus sur son extravagante biographie.
Un passé “américain” trouble
Hill affirmait être né le 15 avril 1773 dans un Etat de la côte est de l’Amérique (alors colonie anglaise). Son père, fidèle à la Couronne britannique, aurait tout perdu à l’issue de la guerre d’indépendance. Dans les fichiers de l’époque, concernant les Anglais installés aux Etats-Unis, apparaît effectivement un Joshua Hill originaire du Delaware, et qui correspond à la description de notre Hill de Pitcairn. Mais loin d’être un parfait loyaliste, il dût fuir sans doute au Canada, après avoir eu maille à partir avec les forces anglaises. Parmi ses fils, aucun ne s’appelait Joshua. Le dictateur de Pitcairn s’inspira-t-il de cet homme pour se créer un passé ? Très certainement oui.
Hill publia-t-il des articles dans les grands journaux de l’époque ? Le 7 mars 1811, parut effectivement un essai dans le Morning Post sur la marine, revendiqué par Hill, mais rien ne vient certifier qu’il en était bien l’auteur, malgré ses affirmations.
Reçu par Joséphine
Hill voyagea-t-il dans le monde entier ? Clairement oui. On trouve trace de son passage en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, comme en Asie du Sud-Est. Eut-il le privilège de dîner dans des palaces ? Oui ; on a ainsi retrouvé trace d’une soirée au Brighton Pavilion, le 23 novembre 1817, soirée donnée par le futur George IV. Le futur William IV était aussi présent ; il est donc probable que Hill les a rencontrés tous les deux. Mais de là à affirmer qu’il était de leurs amis…
Hill connaissait aussi Joseph Banks, c’est une certitude. Le célèbre botaniste l’aurait introduit à l’Institut de France. A partir de 1802, Hill aurait ainsi passé cinq années à Paris et il aurait pu être témoin du couronnement de Napoléon en 1804. C’est toujours au titre de l’Institut qu’il rencontra Joséphine de Beauharnais, peut-être au château de Malmaison.
Du côté de l’Asie, l’East India Company a bien trace d’un Joshua Hill embarqué en 1794, se rendant d’Inde en Chine.
Bref passage à Tahiti
Enfin, plus proche de nous, Hill travailla à Honolulu en 1831 ; il oeuvra en faveur des missionnaires mormons, opposés à l’installation des missionnaires catholiques. Hill arriva à Tahiti en janvier 1832. Le futur consul anglais Pritchard était alors absent, Hill se serait empressé de venir porter assistance à la reine Pomare.
Toutes les affirmations de Hill à Pitcairn, pour justifier sa prise de pouvoir, reposent donc sur un fond de vérité. Hill eut bien une vie exceptionnellement chargée, riche en expériences autant qu’en contacts. Mais sérieusement mégalomane, il n’hésita jamais à déformer cette vérité pour se donner plus d’importance qu’il n’en avait et ainsi asseoir son pouvoir sur les crédules Pitcairniens…
Ce timbre de Pitcairn situe l’île, au centre du Pacifique.
Les habitants de Pitcairn abandonnèrent leur île en 1831 pour Tahiti, mais y revinrent quelque mois plus tard, un peu avant l’arrivée de Joshua Hill.
Nous n’avons pas trouvé de portait de Joshua Hill, mais en revanche, il en existe un de l’une de ses victimes, le révérend George Hunn Nobbs, chassé de l’île où il enseignait, avant l’arrivée du dictateur.
L’île ne mesure que 47 km2 de surface (1045 km2 pour Tahiti) ; sa population avait perdu ses repères après la mort du dernier des mutinés de la HMS Bounty, John Adams.