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CESC : Tourisme et énergie doivent se mettre au vert


Le SWAC de l'Intercontinental de Bora Bora (photo de Jean Hourçourigaray)
Le SWAC de l'Intercontinental de Bora Bora (photo de Jean Hourçourigaray)
PAPEETE, le 9 février 2015 - Le CESC a publié un rapport très complet sur notre patrimoine marin et sa gouvernance. Aujourd'hui nous en retirons les principaux enseignements concernant le tourisme, les infrastructures portuaires et les énergies renouvelables.

Nous avons commencé en janvier l'analyse du rapport très complet du CESC sur notre patrimoine marin. Nous avons parlé de la perle, des ressources minières et de l'aquaculture, mais le document est bien plus vaste. Il s'attarde ainsi sur un sujet bien connu, le tourisme, mais aussi sur nos ports et sur les ressources énergétiques que renferment nos lagons et océans.

La clim à l'eau de mer pour éviter le gaspillage

Aujourd'hui la Polynésie est dépendante à 90% des énergies fossiles, en particulier pour le transport. L'électricité elle-même n'est qu'à 30 - 40% produite à base d'énergies renouvelables, principalement l'hydro-électricité des barrages de Tahiti. Le gouvernement a pour objectif de faire passer cette proportion à 50% en 2020, et pourrait y arriver simplement en construisant le barrage de la Vaiha.

Mais le rapport présente aussi d'autres pistes, dont la principale est le refroidissement par l'eau de mer profonde : en installant un SWAC au CHPF la consommation électrique de la Polynésie pourrait être diminuée de 5% assure le document. Il insiste sur le fait que cette technologie doit être étendue aux administrations, entreprises et habitats collectifs de Papeete. Dans les hôtels et administrations, la climatisation représente jusqu'à 50% de la facture électrique…

Une autre technologie a attiré l'œil de Patrick Galenon, rédacteur du rapport : l'ETM. En produisant de l'électricité à partir des différences de température entre eaux de surface et eaux profondes, cette technologie encore en cours de développement assure une énergie peu chère et très stable. Le problème est l'investissement considérable qui est nécessaire au départ. La Polynésie avait un projet, en partenariat avec des entreprises privées et l'État, qui aurait pu voir le jour. Mais le manque de soutien politique l'a coulé, et les financements français et européens vont finalement profiter à la Martinique.

Les infrastructures portuaires en attente de vision politique

Les deux principaux acteurs portuaires de Polynésie sont le Port Autonome, qui gère 76 hectares de lagon et de terrain dans le grand Papeete, et la direction de l'Équipement qui s'occupe des 200 ports, embarcadères et quais dans les îles.

Le CESC regrette les gros retards pris dans la validation du "schéma directeur du Port autonome 2012-2022". Il devait déterminer les grands investissements à réaliser et l'avenir du port de Faratea à la Presqu'île. Autres enjeux qui attendent des avals politiques : l'élargissement du quai "Bounty" à Papeete pour accueillir plus de yachts de luxe dans de meilleures conditions et l'augmentation du nombre de places d'amarrage dans la baie de Phaéton à Taravao. Il faudra aussi éclaircir les orientations en termes de sécurité pour Motu Uta et le plan d'eau.

Pour les infrastructures dans les îles, le CESC reconnait l'opposition d'une partie de la population de Tubuai à l'élargissement du chenal de leur lagon, et recommande une étude d'impact et des consultations publiques (alors que les travaux ont déjà commencé). Le conseil recommande aussi que l'étude de tous les projets sensibles soit confiée à des organismes indépendants. Malgré tout, le développement des infrastructures portuaires dans des zones à fort potentiel, comme les Marquises pour la pêche et les Australes pour le tourisme, est encouragé dans le rapport.

L'hôtel the Brando de Tetiaroa surfe sur le concept de tourisme durable
L'hôtel the Brando de Tetiaroa surfe sur le concept de tourisme durable
Le tourisme doit se mettre au vert

Partant du constat de la dégringolade de notre tourisme depuis 2001, le rapport explore plusieurs niches importantes qui restent à développer : la croisière de romance, le nautisme, la plongée sous-marine (15 à 20% de nos touristes sont des plongeurs, sans que jamais aucun effort particulier n'ait été fait) et la plaisance.

D'autres niches sont à fort potentiel mais à construire pratiquement de zéro : les randonnées, l'éco-tourisme, les sports nautiques et la culture. "L'émergence d'un nouveau type de tourisme écologique respectueux du patrimoine marin local est nécessaire" assure le rapport. "Mais il restera ralenti par la non-compétitivité de la Polynésie face à d'autres destinations proposant des offres similaires. Le coût prohibitif des transports aériens en est essentiellement la cause."

Pour aider ce secteur, le CESC est ambitieux : il demande la mise en place d'une politique de soutien avec tous les outils disponibles (défiscalisation, aides à l'emploi, etc.) en faveur de tous les acteurs touristiques et notamment ceux spécialisés dans l'éco-tourisme.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 9 Février 2015 à 15:36 | Lu 1146 fois