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Bodyboard – Tahurai Henry échappe à la mort à Teahupo’o : le récit


La vague qui aurait pu lui prendre la vie
La vague qui aurait pu lui prendre la vie
TEAHUPO’O, le 28 août 2014. Nous avions déjà interviewé Tahurai Henry au début de l’année 2013 pour avoir pris en bodyboard la vague de l’année 2012 à Teahupo’o, faisant la ‘une’ du magasine australien ‘Riptide’. Ce grand gaillard aux yeux bleus est aussi gentil que déterminé. Alors que les surfeurs locaux peinent à être reconnus, il est un des rares à réussir à vivre de sa passion.
 
Lundi matin, juste avant ce qui allait être la plus belle journée de compétition de tous les temps, il décide de profiter de l’heure avant le démarrage de la Billabong Pro pour venir prendre des ‘bombes’ avec son bodyboard. Le 2ème semestre 2013 et le 1er semestre 2014 n’ont pas proposé de conditions propices. La dernière grosse session pour le ‘free surf’ date du 1er juin 2013. Et là, enfin, les vagues sont là, pile pendant la ‘waiting period’ de la Billabong Pro Tahiti.

Tahurai avec John John après l'accident
Tahurai avec John John après l'accident
Tahurai Henry, au micro de Tahiti Infos :
 
« Je m’appelle Tahurai Henry, j’ai 23 ans, j’habite à Teahupo’o où j’ai grandi. Je suis bodyboarder professionnel depuis deux ans. Je surfe pour des marques australiennes, américaines et locales : Toys Bodyboards, Unite Clothing, 662 Mob, Churchill Fins, Atika Wetsuits, Noni Energy Drinks… Je suis ambassadeur pour Air Tahiti Nui. Je prépare également un contrat avec Vodafone. Mon truc c’est les grosses vagues et le ‘free surf’. »
 
Lundi, le ‘plan’ c’était de profiter du spot avant le début de la compétition ?
 
« J’ai sauté à l’eau dans le noir vers 5H30. Cette vague est arrivée et tout le monde a tourné les yeux vers Simon et moi. Je pense que ce n’était pas possible en surf donc c’était un peu ‘les boys, c’est à vous’…J’ai décidé d’y aller, cela faisait vingt minutes que l’on attendait. J’étais incertain car Simon s’était tourné en même temps que moi. J’ai nagé tête baissée, j’ai eu une petite hésitation et il m’a dit ‘vas-y’. Cela a été la seconde de trop, certainement. J’ai décidé de partir en ‘take off air’ puis j’ai essayé de ‘replaquer’ contre la vague, j’ai réussi, je ne sais pas comment. Après le ‘bottom turn’ j’étais bien à l’intérieur, c’était bien sombre et quand le ‘lip’ est tombé je n’ai rien compris »
 
« J’ai fait un grand tour avec la lèvre, ‘boum’, et sur la 2ème fois j’ai tapé l’arrière de la tête. J’étais dos à la montagne, mon corps a été plié. La puissance de la vague me compressait vers le récif, je ne pouvais pas bouger. J’ai essayé de me retourner mais c’était tellement fort qu’il fallait juste accepter. J’ai attendu que cela se calme, la vague m’a repris une 3ème fois et m’a remonté. Je saignais pas mal, mon copain Domenic Mosqueira, qui était en train de prendre des photos pas loin, m’a ramassé et m’a sorti de la zone d’impact. Le père de Kolohe Andino, Dino, était là en jet et il est venu me chercher. Il m’a emmené à la pointe. »
 
Quel est le verdict des médecins ?
 
« Cela aurait pu être pire. J’ai eu 5 points de suture à la tête. J’ai ma nuque et mes épaules bien égratignées. Et j’ai mon dos qui a été bien plié en deux. Au niveau des os cela a l’air intact mais le docteur pense que c’est au niveau des disques entre les vertèbres. J’ai dû me compresser un ou deux disques au milieu de la colonne vertébrale. Je pense que c’est au niveau du cartilage entre les vertèbres. »
 
Cela donne à réfléchir ce genre d’accident ou encore celui de Kevin Bourez ?
 
« Oui. Déjà en 2011 j’avais tapé la tête dans une vague, pas aussi grosse mais j’avais tapé plus fort. J’avais complètement perdu connaissance sous l’eau. On m’a repêché, c’était assez grave. Kevin qui se blesse il y a deux semaines…Taumata qui tape la tête pendant la compet’… En 2011 cela m’était passé par la tête de mettre un casque, au final je n’ai pas essayé, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Là, c’est peut être une façon de me dire ‘il serait peut être temps de mettre ton casque car à 23 ans tu as encore des années devant toi pour surfer les vagues de Teahupo’o’…»
 
Tu avais ta combinaison heureusement ?
 
« J’ai tapé tellement fort au niveau de ma nuque et du haut de mon dos que ma combinaison, qui est assez épaisse, s’est déchirée. En l’enlevant à la pointe j’ai retrouvé deux gros morceaux de corail à l’intérieur, de la moitié d’un pouce ! Je me suis dit, ‘wow, j’ai vraiment dû bien taper pour avoir de si gros morceaux à l’intérieur de la combi’. »
 
Comment t-es-tu senti arrivé à la pointe ?
 
« Quand je suis arrivé sur terre et que je me suis levé, j’ai commencé à sentir comme une courbature. Le mal est venu petit à petit, mon dos a commencé vraiment à me faire mal dans la demi heure qui a suivi. Un grand merci à mon ami Domenic et à Dino Andino, sans eux j’aurai été très mal. Merci aux docteurs du staff de la Billabong, mon copain Ben, le chiropracteur et les secouristes locaux. Il y a eu un peu d’attente mais quand tu te blesses tu es toujours en train de te plaindre ! Ca va, plus de peur que de mal, un grand merci à tout le monde. » SB

© Thanks to Tim Mc Kenna
© Thanks to Tim Mc Kenna

Rédigé par SB le Jeudi 28 Août 2014 à 12:25 | Lu 6021 fois