Paris, France | AFP | jeudi 07/07/2016 - "Une injustice" et "un Etat de mauvaise foi" qui "joue la montre": des collectifs de défense des victimes des essais nucléaires en Polynésie ont dénoncé jeudi au Sénat le manque de reconnaissance et de réparations, cinquante ans après les premiers essais nucléaires.
"L'injustice ressentie est de plus en plus forte. Nous ressentons un grand malaise" et "une certaine forme de révolte", face à un Etat "qui nous méprise depuis si longtemps", a expliqué Roland Oldham, président de l'association "Mururoa et Tatou", lors d'une conférence de presse organisée par la sénatrice des Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud, vice-présidente de la délégation sénatoriale à l'Outre-mer.
"Il y a eu 193 essais nucléaires entre 1966 et 1974 dans les atolls de Mururoa et Fangataufa, soit une explosion tous les deux mois", qui au total représentent "900 fois la bombe d'Hiroshima", a rappelé le père Auguste, président de l'association "193". Il a indiqué qu'une pétition, réclamant la reconnaissance de l'Etat, avait recueilli 45.000 signatures, soit 1 Polynésien sur 4.
"Tant que l'Etat ne reconnaît pas qu'il y a urgence à changer de posture, nous serons là", a-t-il insisté, soulignant que "la reconnaissance passera par une demande de pardon sincère".
La ministre de la Santé Marisol Touraine a présenté mercredi à la commission de suivi des conséquences des essais nucléaires, réunie à Paris, un nouveau décret d’application de la loi Morin de 2010 sur les indemnisations des victimes, destiné à "revoir les critères d'évaluation des victimes", car "la loi n'a pas produit les effets escomptées," a-t-elle reconnu le même jour devant les députés.
Ce nouveau décret va permettre à quelques personnes supplémentaires d'être indemnisées, mais il reste insuffisant, affirment les associations, qui soulignent que depuis 2010, un millier de dossiers de demande d’indemnisation ont été déposés auprès du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), dont moins d'une centaine de dossiers polynésiens, et que seulement 20 indemnisations ont été accordées, dont seulement pour des Polynésiens, victimes de cancers, leucémie, etc.
Les autres dossiers ont été rejetés car les risques des essais nucléaires étaient considérés comme "négligeables", c'est-à-dire que les maladies ne sont pas considérées comme liées aux essais mais à d'autres facteurs.
"L'Etat n'est pas dans une période de reconnaissance , il joue la montre", a souligné Patrice Bouveret, de l'observatoire des armements. Il a regretté que la notion de risques négligeables n'ait pas été supprimée, et a déploré l'absence de reconnaissance par l'Etat du caractère transgénérationnel de la radioactivité.
caz/glr/cam
"L'injustice ressentie est de plus en plus forte. Nous ressentons un grand malaise" et "une certaine forme de révolte", face à un Etat "qui nous méprise depuis si longtemps", a expliqué Roland Oldham, président de l'association "Mururoa et Tatou", lors d'une conférence de presse organisée par la sénatrice des Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud, vice-présidente de la délégation sénatoriale à l'Outre-mer.
"Il y a eu 193 essais nucléaires entre 1966 et 1974 dans les atolls de Mururoa et Fangataufa, soit une explosion tous les deux mois", qui au total représentent "900 fois la bombe d'Hiroshima", a rappelé le père Auguste, président de l'association "193". Il a indiqué qu'une pétition, réclamant la reconnaissance de l'Etat, avait recueilli 45.000 signatures, soit 1 Polynésien sur 4.
"Tant que l'Etat ne reconnaît pas qu'il y a urgence à changer de posture, nous serons là", a-t-il insisté, soulignant que "la reconnaissance passera par une demande de pardon sincère".
La ministre de la Santé Marisol Touraine a présenté mercredi à la commission de suivi des conséquences des essais nucléaires, réunie à Paris, un nouveau décret d’application de la loi Morin de 2010 sur les indemnisations des victimes, destiné à "revoir les critères d'évaluation des victimes", car "la loi n'a pas produit les effets escomptées," a-t-elle reconnu le même jour devant les députés.
Ce nouveau décret va permettre à quelques personnes supplémentaires d'être indemnisées, mais il reste insuffisant, affirment les associations, qui soulignent que depuis 2010, un millier de dossiers de demande d’indemnisation ont été déposés auprès du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), dont moins d'une centaine de dossiers polynésiens, et que seulement 20 indemnisations ont été accordées, dont seulement pour des Polynésiens, victimes de cancers, leucémie, etc.
Les autres dossiers ont été rejetés car les risques des essais nucléaires étaient considérés comme "négligeables", c'est-à-dire que les maladies ne sont pas considérées comme liées aux essais mais à d'autres facteurs.
"L'Etat n'est pas dans une période de reconnaissance , il joue la montre", a souligné Patrice Bouveret, de l'observatoire des armements. Il a regretté que la notion de risques négligeables n'ait pas été supprimée, et a déploré l'absence de reconnaissance par l'Etat du caractère transgénérationnel de la radioactivité.
caz/glr/cam