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Assemblée : une institution en perpétuel mouvement


Les 70 ans de l'assemblée en présence de nombreux invités ce vendredi à Taraho'i.
Les 70 ans de l'assemblée en présence de nombreux invités ce vendredi à Taraho'i.
PAPEETE, le 11 mars 2016. 11 mars 1946-11 mars 2016 : 70 années séparent ces deux dates. Entre temps, l'assemblée a changé régulièrement de statut, passant de représentative à territoriale jusqu'à devenir l'assemblée de Polynésie française qu'elle est aujourd'hui. Une prochaine évolution est attendue dans les prochains mois avec des mesures de "toilettage du statut".

Et si, pour fêter les 70 ans d'existence de l'assemblée de Polynésie française, on parlait d'avenir? Car, si l'Histoire doit nous apprendre d'où l'on vient, son intérêt est clairement dans le présent et même dans les projections pour l'avenir. Dans son discours d'ouverture pour cet anniversaire prononcé ce vendredi matin à la tribune de Taraho'i, Marcel Tuihani s'est d'abord tourné vers le passé. "Certains d'entre vous se souviennent peut-être qu'à deux reprises, lors de discours solennels, j'ai eu l'occasion de saluer les présidents de notre Pays encore parmi nous, puis les présidents de notre assemblée. Il est rare que nous rendions hommage à nos prédécesseurs. Pourtant cette démarche me semblait devoir être une évidence tant nous sommes inscrits dans une forme de continuité. Je m'étais alors engagé à leur rendre un hommage tout particulier à l'occasion des 70 ans de l'assemblée : ce jour est arrivé et je les remercie chaleureusement de nous faire l'honneur de leur présence (…) C'est un demi-siècle de notre histoire qui se trouve réunie parmi nous. Vous tous ici présents -et ceux qui ne sont pas là- avez fait la Polynésie moderne, chacun à sa manière".

Mais, c'est bien entendu vers l'avenir que celui qui est actuellement le plus jeune président de l'assemblée polynésienne veut s'inscrire. "Il était important pour moi de s'approprier l'histoire et l'évolution institutionnelle de la Polynésie. En devenant président de cette assemblée, j'ai découvert comment cette assemblée avait agi sur l'évolution de notre pays (…) J'estime que c'est une institution vivante et qui est appelée encore à évoluer dans le cadre des relations partenariales avec l'Etat français" nous déclare-t-il quelques instant plus tard alors que les invités découvrent les panneaux de l'exposition sur l'histoire de l'institution dans le hall de l'assemblée. "Le statut de la Polynésie française est une boîte à outils à partir de laquelle nous définissons le cadre dans lequel nous travaillons avec le gouvernement central". Marcel Tuihani estime donc que les compétences du Pays pourraient s'élargir. "Pour prendre en main véritablement notre destin, il y a des compétences qui sont partagées avec l'Etat qui doivent évoluer. Par exemple, ne serait-ce que les visas, voire même la capacité pour le Pays d'aller négocier avec des établissements bancaires dans le monde… "

UNE NOUVELLE RÉVISION STATUTAIRE AVANT LA FIN DE L'ANNÉE

Et justement, le toilettage du statut de la Polynésie française, dont on parle depuis de longs mois, où en est-on exactement ? "Nous sommes en train de discuter sous forme de séances de travail avec des responsables de l'Etat et j'espère qu'en mai prochain nous aurons fait tout le tour de cette question. Il s'agit, en ce qui nous concerne, seulement d'un toilettage pas d'une révision institutionnelle, pour rendre cet outil un peu plus efficient" précise Edouard Fritch, le président polynésien, qui espère pouvoir proposer un projet abouti "au gouvernement central" d'ici le mois de mai afin que le texte puisse être présenté avant la fin de l'année au parlement français.

Le Haut commissaire, Lionel Beffre précise que l'un des thèmes en cours de discussion porte sur "les recours devant le conseil d'Etat dont on a vu parfois que les délais pouvaient être importants et notamment sur les lois du Pays, ces recours sont suspensifs. La question se pose s'il faut les maintenir suspensifs ou pas, puisque pendant ce temps-là la loi ne s'applique pas ce qui peut poser problème pour les lois de nature économique. C'est un exemple de ce que l'on peut faire évoluer". Selon nos informations, ce projet de révision du statut de la Polynésie française pourrait comporter au total une modification sur une soixantaine d'articles de la loi organique de 2004 qui organise les compétences actuelles du Pays.



Bienvenue à l'assemblée nationale de Maohi Nui proclame la banderole.
Bienvenue à l'assemblée nationale de Maohi Nui proclame la banderole.
La "surprise" d'Oscar Temaru

Ce vendredi matin, à l'ouverture des festivités prévues dans l'hémicycle, les invités présents ont pu s'étonner, durant le premier quart d'heure, de l'absence des élus du groupe UPLD. Avec Oscar Temaru, les représentants UPLD ont fini par entrer dans l'hémicycle en passant directement par la tribune "présidentielle" jusque avant que Marcel Tuihani se positionne pour prononcer son discours. Une entrée remarquée sous les yeux de tous les invités et du Haut commissaire Lionel Beffre, une banderole "Bienvenue à l'assemblée nationale de Maohi Nui" a été déployée.

Cette manifestation était symbolique mais elle affirme une fois de plus s'il le fallait, dans quelle direction marche l'UPLD. "Cela va faire 70 ans que cette assemblée existe alors je pose la question : à quel âge devenons-nous matures ou adultes. On sait très bien ce qui se passe. C'est vrai que c'est l'assemblée qui délibère mais toutes les lois que nous appelons lois du Pays ne sont que des actes administratifs et réglementaires. Nous sommes un pays, nous avons une histoire, nous avons tout ce qu'il faut pour être un état souverain, comme tous les autres pays du Pacifique, comme tous les pays de la planète, comme tous les peuples de la planète… Nous avions décidé en 1982 d'utiliser les institutions pour faire avancer nos idées et c'est ce qui se passe" commentait Oscar Temaru.

Un peu d'histoire

L'assemblée polynésienne est créée par un décret du 31 août 1945. Joseph Quesnot est élu président de l'assemblée représentative le 11 mars 1946. Depuis, cette date 25 présidents de cette assemblée se sont succédé à Tarahoi, dont une présidente, Lucette Taero du 17 mai 2001 au 3 juin 2004.

Pour en savoir plus, une exposition est à découvrir jusqu'au dimanche 27 mars dans le hall de l'assemblée permet de suivre les différentes évolutions en fonction des différents statuts de la Polynésie française ou bien le site internet sur l'histoire de l'assemblée de Polynésie : CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 11 Mars 2016 à 15:49 | Lu 1407 fois