Dans son bureau à l'assemblée qu'il quittera prochainement pour le tout nouveau siège du parti, Gaston Flosse revient sur le projet du Mahana beach
PAPEETE, le 5 octobre 2017- A la veille de l’anniversaire des 40 ans du Tahoera’a Huiraatira’a, Gaston Flosse nous a reçu dans son bureau de l’assemblée. L’homme qui a démarré sa carrière politique en 1957 se livre sur un parcours semé de gloires mais aussi d’embûches, de victoires, mais aussi de déceptions.
Dans le bureau de l’Assemblée qu’il occupe pour quelques jours encore avant de rejoindre le nouveau siège du Tahoeraa situé au coeur de la ville, à deux pas du marché, entouré des photos, des objets et tableaux qui lui sont chers, Gaston Flosse est disposé à un long entretien. L’homme va se montrer tantôt passionné, tantôt stratège, tantôt ému aux larmes. Le Tahoera’a Huiraatira fête ses quarante ans aujourd’hui. L’histoire de ce parti est intimement liée à celle d’un homme, Gaston Flosse. Qu’on l’admire, qu’on le craigne ou qu’on le déteste, une chose est incontestable : il ne laisse pas indifférent et marque à l’encre indélébile l’histoire moderne de la Polynésie française.
Dans le bureau de l’Assemblée qu’il occupe pour quelques jours encore avant de rejoindre le nouveau siège du Tahoeraa situé au coeur de la ville, à deux pas du marché, entouré des photos, des objets et tableaux qui lui sont chers, Gaston Flosse est disposé à un long entretien. L’homme va se montrer tantôt passionné, tantôt stratège, tantôt ému aux larmes. Le Tahoera’a Huiraatira fête ses quarante ans aujourd’hui. L’histoire de ce parti est intimement liée à celle d’un homme, Gaston Flosse. Qu’on l’admire, qu’on le craigne ou qu’on le déteste, une chose est incontestable : il ne laisse pas indifférent et marque à l’encre indélébile l’histoire moderne de la Polynésie française.
40 ans du Tahoera’a, pour vous c’est 60 ans de politique…
C’est ça, car je me suis présenté aux élections à l’assemblée en 1957 alors que j’étais instituteur. A cette époque je disais, « je suis instituteur et je mourrai instituteur », et la politique ça ne m’intéressait pas du tout. Mais le Président de l’assemblée de l’époque, Monsieur Walter Grand était un bon ami à mon père et j’ai cédé. Je me suis engagé sur la liste France-Tahiti. J’étais 5ème sur la liste, nous avons fait une grosse campagne. Après la réunion publique nous allions à l’assemblée qui se trouvait alors sur le port. Il nous servait un petit sandwich et il nous disait « asseyez-vous dans vos fauteuils », du coup on était remonté. Les élections eurent lieu. Ce fut un échec cuisant : aucun élu de notre liste. Mais c’est cette défaite qui m’a donné envie de relever le défi, de me lancer.
C’est ça, car je me suis présenté aux élections à l’assemblée en 1957 alors que j’étais instituteur. A cette époque je disais, « je suis instituteur et je mourrai instituteur », et la politique ça ne m’intéressait pas du tout. Mais le Président de l’assemblée de l’époque, Monsieur Walter Grand était un bon ami à mon père et j’ai cédé. Je me suis engagé sur la liste France-Tahiti. J’étais 5ème sur la liste, nous avons fait une grosse campagne. Après la réunion publique nous allions à l’assemblée qui se trouvait alors sur le port. Il nous servait un petit sandwich et il nous disait « asseyez-vous dans vos fauteuils », du coup on était remonté. Les élections eurent lieu. Ce fut un échec cuisant : aucun élu de notre liste. Mais c’est cette défaite qui m’a donné envie de relever le défi, de me lancer.
A la veille de cet anniversaire des 40 ans, quel a été selon vous le moteur de la machine Tahoera’a. Qu’est ce qui en fait le succès, la force ?
Le succès nous le devons à notre travail. Je veux que nos représentants soient vraiment au service des populations, que les représentant restent en contact avec la population depuis le jour de leur élection jusqu’au jour du renouvellement et non pas simplement deux mois avant les élections. C’est vrai que je suis sévère, la place sur la liste va dépendre du travail de chacun. Pour moi c’est le mérite qui compte, et non pas les diplômes.
Un Président de section est élu par les adhérents de la section, il n’est pas désigné par le président de fédération. Il est responsable de son secteur. Ce sont les présidents de sections qui élisent le président de fédération. Et c’est les présidents de fédérations deviennent représentants du Tahoeraa dans ce secteur.
Le travail sur le terrain est indiqué par le nombre de sections que chacun crée. Ils vont à la rencontre de la population, posent des questions, présentent les valeurs du parti, l’autonomie de la Polynésie à l’intérieur de la France… et s’ils sont d’accord avec ces principes, ils signent.
Le succès nous le devons à notre travail. Je veux que nos représentants soient vraiment au service des populations, que les représentant restent en contact avec la population depuis le jour de leur élection jusqu’au jour du renouvellement et non pas simplement deux mois avant les élections. C’est vrai que je suis sévère, la place sur la liste va dépendre du travail de chacun. Pour moi c’est le mérite qui compte, et non pas les diplômes.
Un Président de section est élu par les adhérents de la section, il n’est pas désigné par le président de fédération. Il est responsable de son secteur. Ce sont les présidents de sections qui élisent le président de fédération. Et c’est les présidents de fédérations deviennent représentants du Tahoeraa dans ce secteur.
Le travail sur le terrain est indiqué par le nombre de sections que chacun crée. Ils vont à la rencontre de la population, posent des questions, présentent les valeurs du parti, l’autonomie de la Polynésie à l’intérieur de la France… et s’ils sont d’accord avec ces principes, ils signent.
"Avec Jacques Chirac, nous avions de longues discussions, à propos du statut d'autonomie bien souvent"
Vous venez de parler de la France, on vous a vu défendre depuis très longtemps la France et le statut de l’autonomie que vous avez vous même installé, mais depuis 2014, on a l’impression que le ton a changé, on sent une certaine rancœur lorsque vous parlez de statut de Pays associé.
Non, pas du tout, le Pays associé est un statut qui a pour base l’autonomie que nous avons créé en 1984, il y a plus de trente ans. Nous pensons que ce statut d’autonomie est dépassé aujourd’hui. Et plus grave : nous pensons que ce statut d’autonomie voté en 2004 a été modifié à sept reprises par le Parlement français à la suite du vote de sept lois organiques qui ont modifié ce statut. Et qui nous imposait par exemple le nombre de ministres dans un gouvernement. Nous ne sommes pas des enfants, nous savons de combien de ministres nous avons besoin… C’est notre responsabilité. Ce sont des décisions comme cela qui ont été prise et l’avis de l’assemblée n’a pas été pris en considération. Le statut de Pays associé est un statut d’autonomie plus évolué que celui de 2004. Et ce qui nous a poussé à cela c’est le fait que sept lois organiques successives sont venues complètement dénaturer le statut de 2004 qui nous avait été octroyé par Jacques Chirac. Les discussions avec Jacques Chirac étaient difficiles. D’ailleurs, Edouard Fritch estime qu’il faut revoir ce statut, le modifier, le raccommoder. Nous, nous pensons qu’il faut passer à un autre statut, le statut de Pays associé, et non pas Etat associé. Pour être un Etat associé il faut être indépendant. Nous ne voulons pas de l’indépendance. Que fait Oscar Temaru ? Il sait que par un scrutin d’auto-détermination il est battu. Alors il prend la voie détournée et il va aux Nations Unies. Il explique que tous les pays qui nous entourent sont indépendants et il réclame l’indépendance. Il dit que nous sommes colonisés – là il n’a pas tout à fait tort. Je dis non. Nous nous disons, « seul le peuple polynésien décidera de notre avenir. Il n’est pas question que ce soit l’ONU qui nous dise ce que nous devons faire. C’est déjà dans la Constitution, mais nous avons voulu réaffirmer notre volonté de rester Français. Là, il n’y a aucun doute là-dessus.
Ce sont nos adversaires qui disent que « Pays associé » c’est l’indépendance. Non. Mais c’est vrai que nous demandons davantage d’échanges avec le Parlement. Par exemple, nous disons que le parlement français ne pourra plus nous imposer ses décisions. Il faut qu’il y ait des négociations dans les domaines qui sont de compétences de l’Etat. Il n’est pas question pour nous de l’indépendance.
Ils peuvent me mettre en prison autant qu’ils veulent ce n’est pas pour ça que je changerai. Ils veulent me faire payer 343 millions pour des emplois fictifs, mais c’est faux, ces personnes-là ont travaillé...
Non, pas du tout, le Pays associé est un statut qui a pour base l’autonomie que nous avons créé en 1984, il y a plus de trente ans. Nous pensons que ce statut d’autonomie est dépassé aujourd’hui. Et plus grave : nous pensons que ce statut d’autonomie voté en 2004 a été modifié à sept reprises par le Parlement français à la suite du vote de sept lois organiques qui ont modifié ce statut. Et qui nous imposait par exemple le nombre de ministres dans un gouvernement. Nous ne sommes pas des enfants, nous savons de combien de ministres nous avons besoin… C’est notre responsabilité. Ce sont des décisions comme cela qui ont été prise et l’avis de l’assemblée n’a pas été pris en considération. Le statut de Pays associé est un statut d’autonomie plus évolué que celui de 2004. Et ce qui nous a poussé à cela c’est le fait que sept lois organiques successives sont venues complètement dénaturer le statut de 2004 qui nous avait été octroyé par Jacques Chirac. Les discussions avec Jacques Chirac étaient difficiles. D’ailleurs, Edouard Fritch estime qu’il faut revoir ce statut, le modifier, le raccommoder. Nous, nous pensons qu’il faut passer à un autre statut, le statut de Pays associé, et non pas Etat associé. Pour être un Etat associé il faut être indépendant. Nous ne voulons pas de l’indépendance. Que fait Oscar Temaru ? Il sait que par un scrutin d’auto-détermination il est battu. Alors il prend la voie détournée et il va aux Nations Unies. Il explique que tous les pays qui nous entourent sont indépendants et il réclame l’indépendance. Il dit que nous sommes colonisés – là il n’a pas tout à fait tort. Je dis non. Nous nous disons, « seul le peuple polynésien décidera de notre avenir. Il n’est pas question que ce soit l’ONU qui nous dise ce que nous devons faire. C’est déjà dans la Constitution, mais nous avons voulu réaffirmer notre volonté de rester Français. Là, il n’y a aucun doute là-dessus.
Ce sont nos adversaires qui disent que « Pays associé » c’est l’indépendance. Non. Mais c’est vrai que nous demandons davantage d’échanges avec le Parlement. Par exemple, nous disons que le parlement français ne pourra plus nous imposer ses décisions. Il faut qu’il y ait des négociations dans les domaines qui sont de compétences de l’Etat. Il n’est pas question pour nous de l’indépendance.
Ils peuvent me mettre en prison autant qu’ils veulent ce n’est pas pour ça que je changerai. Ils veulent me faire payer 343 millions pour des emplois fictifs, mais c’est faux, ces personnes-là ont travaillé...
Vous allez poursuivre en cassation ?
Oui, nous allons aller en cassation, comme je vous disais tout à l’heure, ce pays est colonisé. Depuis Nicolas Sarkozy, la justice est à la solde du pouvoir
Vous surprenez à de nombreuses reprises en montrant une capacité à rebondir, à repartir. Où est-ce que vous trouvez cette énergie et cette motivation ?
Je me dis j’ai peut-être encore 6 ou 7 ans à vivre. Je ne vais pas rester à tailler mes bougainvilliers toute la journée. Je reste à la disposition de mon pays. Je suis là, à la disposition des élus. Je les accompagne, je fais tout cela bénévolement. J’ai ma retraite de Parlementaire…
Oui, nous allons aller en cassation, comme je vous disais tout à l’heure, ce pays est colonisé. Depuis Nicolas Sarkozy, la justice est à la solde du pouvoir
Vous surprenez à de nombreuses reprises en montrant une capacité à rebondir, à repartir. Où est-ce que vous trouvez cette énergie et cette motivation ?
Je me dis j’ai peut-être encore 6 ou 7 ans à vivre. Je ne vais pas rester à tailler mes bougainvilliers toute la journée. Je reste à la disposition de mon pays. Je suis là, à la disposition des élus. Je les accompagne, je fais tout cela bénévolement. J’ai ma retraite de Parlementaire…
Selon vous, comment va la Polynésie aujourd’hui ?
Elle va mal, très mal. Si vous écoutez les discours du président aujourd’hui, tout va bien. Mais si vous allez dans les quartiers, vous rencontrez des familles qui vous demandent du travail. Les gens m’interrogent sur le Mahana Beach, les grands travaux. Je leur explique que ça dépend du président. J’ai rencontré une mère de famille qui apprenait à ses enfants à voler. Il y a le paka, la délinquance…
Les territoriales approchent vous allez vous présenter sur la liste du Tahoeraa ?
Oui. Nous préparons la campagne électorale. J’ai préparé ma liste, nous avons préparé les affiches les T-shirt. (Gaston Flosse dévoile une affiche ou il est représenté avec un slogan : Travail, famille, maison, NDLR).
Je vais proposer une liste sur laquelle je travaille en ce moment. Je vais la soumettre au Grand conseil qui va la présenter au Congrès. Et c’est le Congrès qui décidera.
Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui se lance en politique, que lui diriez-vous ?
De se baser sur un principe qui ne doit pas varier : de maintenir le partenariat avec la France. Nous ne réussirons jamais sans s’appuyer sur une grande nation. Nous avons la culture française, la langue française. Le deuxième conseil c’est d’aller vers les plus démunis : ça c’est essentiel. Il n’y a rien comme couverture sociale pour la jeunesse. Il faut leur trouver du travail. Créer de l’emploi c’est le seul moyen de remonter les comptes de la CPS (la Caisse de prévoyance sociale, NDLR). Edouard Fritch veut augmenter les cotisations il veut augmenter la part salariale mais en plus il veut créer un impôt. Nous sommes défavorable à cela. Le meilleur moyen c’est de créer de l’emploi, d’ouvrir des grands chantiers. Mais nous avons attendu un peu trop pour équilibrer les comptes. Il faut trouver 22 milliards maintenant… Et puis s’occuper des jeunes. Un jour ça va éclater. Le décrochage scolaire, l’échec scolaire… Si les enfants quittent l’école c’est qu’il y a des problèmes à la maison car le papa ne ramène pas d’argent… Notre slogan pour 2018 c’est « un travail, une maison, une famille ».
Ce qui est important, c’est créer du travail, ouvrir les grands chantiers… Le plus beau projet, c’est celui du Mahana Beach, ça je n’en démords pas. Le Président nous a dit en commission, « moi au-dessus de 150 milliards, je ne sais pas faire ». Ce projet coûte 152 milliards, mais il est très abouti.
Elle va mal, très mal. Si vous écoutez les discours du président aujourd’hui, tout va bien. Mais si vous allez dans les quartiers, vous rencontrez des familles qui vous demandent du travail. Les gens m’interrogent sur le Mahana Beach, les grands travaux. Je leur explique que ça dépend du président. J’ai rencontré une mère de famille qui apprenait à ses enfants à voler. Il y a le paka, la délinquance…
Les territoriales approchent vous allez vous présenter sur la liste du Tahoeraa ?
Oui. Nous préparons la campagne électorale. J’ai préparé ma liste, nous avons préparé les affiches les T-shirt. (Gaston Flosse dévoile une affiche ou il est représenté avec un slogan : Travail, famille, maison, NDLR).
Je vais proposer une liste sur laquelle je travaille en ce moment. Je vais la soumettre au Grand conseil qui va la présenter au Congrès. Et c’est le Congrès qui décidera.
Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui se lance en politique, que lui diriez-vous ?
De se baser sur un principe qui ne doit pas varier : de maintenir le partenariat avec la France. Nous ne réussirons jamais sans s’appuyer sur une grande nation. Nous avons la culture française, la langue française. Le deuxième conseil c’est d’aller vers les plus démunis : ça c’est essentiel. Il n’y a rien comme couverture sociale pour la jeunesse. Il faut leur trouver du travail. Créer de l’emploi c’est le seul moyen de remonter les comptes de la CPS (la Caisse de prévoyance sociale, NDLR). Edouard Fritch veut augmenter les cotisations il veut augmenter la part salariale mais en plus il veut créer un impôt. Nous sommes défavorable à cela. Le meilleur moyen c’est de créer de l’emploi, d’ouvrir des grands chantiers. Mais nous avons attendu un peu trop pour équilibrer les comptes. Il faut trouver 22 milliards maintenant… Et puis s’occuper des jeunes. Un jour ça va éclater. Le décrochage scolaire, l’échec scolaire… Si les enfants quittent l’école c’est qu’il y a des problèmes à la maison car le papa ne ramène pas d’argent… Notre slogan pour 2018 c’est « un travail, une maison, une famille ».
Ce qui est important, c’est créer du travail, ouvrir les grands chantiers… Le plus beau projet, c’est celui du Mahana Beach, ça je n’en démords pas. Le Président nous a dit en commission, « moi au-dessus de 150 milliards, je ne sais pas faire ». Ce projet coûte 152 milliards, mais il est très abouti.