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120 élus des Tuamotu-Gambier en séminaire jusqu'à vendredi


Le congrès biannuel des Tuamotu-Gambier a ouvert ses portes mercredi matin, au lycée hôtelier de Punaauia.
Le congrès biannuel des Tuamotu-Gambier a ouvert ses portes mercredi matin, au lycée hôtelier de Punaauia.
PUNAAUIA, le 25/10/2017 - Organisé par le Syndicat à vocations multiples des Tuamotu-Gambier, ce congrès biannuel permettra aux représentants communaux de faire un bilan des actions menées par leur syndicat. Mais ce sera surtout l'occasion de parler de leurs divers problèmes, et de voir comment le Pays et l’État pourraient les accompagner.

Comment améliorer le transport aérien et maritime ? Comment mieux développer leur archipel ? Que faire pour sauvegarder leurs cocoteraies ? Autant de questions que se posent aujourd'hui les maires des Tuamotu-Gambier.

Durant trois jours, ils échangeront avec les différents services du Pays et de l’État pour tenter de trouver des réponses à leurs questions.

Ce congrès biannuel est organisé par le Syndicat intercommunal à vocations multiples des Tuamotu-Gambier (SIVMTG), au lycée hôtelier de Punaauia, 120 élus de cet archipel y ont été conviés. L'ouverture a été faite ce mercredi matin en présence des autorités du Pays et de l’État. Et d'entrée, le président du SIVMTG a montré la couleur en mettant en avant dans son discours, leurs attentes pour ces prochaines années.

REPOUSSER LA DATE BUTOIR DU CGCT

Le Code général des collectivités territoriales (CGCT) oblige les communes à fournir de l'eau potable à leurs administrés avant 2024, pareil pour la gestion des déchets et l'assainissement. Mais voilà, pour le président du SIVMTG, Ernest Teagai, ce délai ne suffira pas pour répondre aux obligations formulées par le CGCT. Il souhaiterait que ce délai soit repoussé jusqu'en 2050.

"Les communes de Tahiti seront prêtes pour 2024 parce que toute l'administration et les entreprises se trouvent ici. Par contre, pour les 24 communes associées, ce qui représente plus de 40 communes des Tuamotu-Gambier, nous ne serons pas prêts. Parce que nous sommes obligés de chercher des fonds pour payer un bureau d'études pour qu'il vienne chez nous, et les études durent en général 6 mois à un an. C'est la raison pour laquelle, je dis que nous ne serons pas prêts."

Pour le représentant de l'Etat, le délai peut être respecté. "Nous sommes en 2017 et dans certains domaines, on peut espérer un achèvement notamment pour l'eau potable aux Tuamotu en 2024. Pour les déchets, un nouveau texte va être présenté à l'assemblée par le gouvernement qui permet la création de centre d'enfouissement simplifié, et on peut espérer aussi des résultats probants et plus rapides pour les communes. Donc, avant de reparler de repousser les échéances, je pense qu'il est important de s'employer à fond pour faire progresser toutes les communes sur ces champs-là, puisque nous ne sommes qu'en 2017 et il y a encore du temps devant nous", explique Denis Mauvais, chef de la subdivision des Tuamotu-Gambier.

"Dans ce cas-là qu'il nous donne les fonds nécessaires pour qu'on puisse se mettre aux normes. Parce que lorsque l'on dépose une demande d'aide, il y a beaucoup de papiers à fournir pour que le dossier soit complet. Ensuite, la demande passe en commission, mais si elle est refoulée, il va falloir encore attendre un an plus tard pour reformuler ta demande. Mais, nous qui vivons dans les atolls, nous savons que nous ne serions pas prêts pour 2024. Il y a deux raisons principales qui font que ce ne sera pas possible : la raison économique et l'éloignement de nos atolls", rétorque Ernest Teagai, président du SIVMTG.

Qu'adviendra-t-il de cette demande du président du SIVMTG ? Réponse à l'issue du congrès, vendredi.

LES TRANSPORTS AÉRIENS ET MARITIMES


Parmi les difficultés soulevées par les élus des Tuamotu-Gambier, on retrouve celui des transports aériens et maritimes. Pour eux, la cherté des billets d'avion et du fret est un frein au développement économique de leur archipel, notamment dans le secteur touristique. "Le fret est trop lourd sur le budget des ménages", déclare Ernest Teagai.

Si cette vision est partagée par tous les tāvana, il ne sera pas évident pour le pays, de répondre favorablement à leur demande.

"Nous sommes prêts à accompagner au fur et à mesure. Nous avons construit beaucoup d'aéroports et de ports, il faut maintenant regarder comment les échanges peuvent être améliorés en fonction de ce que souhaite les maires, en termes d'activités économiques", indique Jean-Christophe Bouissou, porte-parole du gouvernement.

Le ministre des Transports intérieurs est plus direct : "C'est le taux de remplissage qui peut faire jouer le niveau des prix pratiqués", explique Luc Faatau. Les vols à perte ne sont donc pas recommandés, surtout que la compagnie aérienne locale a dû fermer certaines dessertes jugées non rentables.

Et Jean-Christophe Bouissou de rajouter : "J'ai parlé du schéma d'aménagement qui va aider à la mise en œuvre de ces plans stratégiques de développement des archipels. Je crois qu'il faut intégrer dans le cadre de ce congrès, cette nécessité d'être assez précis sur le plan de développement qui est souhaité."

DÉVELOPPER LA CULTURE DE LA VANILLE AUX TUAMOTU

Autre attente des élus pa'umotu et ma'areva, le développement de la culture de vanille dans leur archipel. "Ce sera un surplus pour nous. Nos jeunes ne veulent plus trop se lancer dans le coprah. Donc, en tant que maire, nous faisons de notre mieux pour trouver les solutions qu'il faut pour intéresser nos jeunes", lâche le président du syndicat.

"Je pense que c'est possible et c'est dans ce sens-là que le gouvernement va présenter bientôt des mesures de soutien au développement de l'agriculture dans l'ensemble des archipels. Et la vanillerie pourrait s'installer aux Tuamotu", répond le porte-parole du gouvernement.

Mais la priorité des élus de cet archipel, est de sauvegarder leurs cocoteraies. "Le coprah est une de nos premières ressources et nous entendons que la filière est en grande difficulté aujourd'hui. Parce que les coprahculteurs ont décidé de faire d'autres activités à côté, comme la fabrication du mitihue, la vente de l'eau de coco ou encore la fabrication de l'huile de coco, qui sont plus rentables. Pour le coprah, ils gagnent 140 fcs par kilo, alors que ces activités peuvent leur rapporter entre 250 et 700 francs", prévient Ernest Teagai.

Autre souci qui n'est pas des moindres, un virus qui décime les cocotiers. "Aujourd'hui, le SDR dit que sept atolls sont touchés par cette maladie et d'autres devraient aussi être infectés bientôt. Et si le pays ne fait rien, nous allons tout perdre", regrette Ernest Teagai. Ce sujet sera débattu ce jeudi avec les autorités compétentes dans ce domaine. Mais le président du SIVMTG veut y croire. "Les maires aimeraient que les cocoteraies soient régénérées pour que nos populations restent sur leurs atolls et ne viennent pas s'entasser à Tahiti, sans aucun emploi."

Il y a aussi les problèmes dans le secteur touristique qui ont été soulevés, dans le monde perlicole également… Les élus des Tuamotu-Gambier débattront jusqu'à vendredi de leurs attentes. Les conclusions seront transmises par la suite au Pays et à l'Etat.

Aujourd'hui, les communes de ce vaste archipel se sont réunies au sein de leur syndicat. Le budget annuel qui y est alloué est de 110 millions de francs.




Denis Mauvais
Chef de subdivision des Tuamotu-Gambier

Quel bilan tirez-vous des actions du SIVMTG ?

"Ce syndicat a un intérêt, c'est que depuis Papeete, il a vocation à aider les Tuamotu-Gambier à monter administrativement leurs dossiers, à suivre la gestion de leurs communes au quotidien. Donc, c'est un véritable atout pour les communes. Il célèbre par la même occasion ses 46 ans aujourd'hui qui est un âge de maturité et de remise en question également, puisqu'il y a des enjeux nouveaux économiques, administratifs, un nouveau code des marchés auquel il faut s'accoutumer. Donc, c'est ce travail qui va être fait au cours de ces trois jours pour sensibiliser les tāvana à toutes ces problématiques."

Quels sont les moyens financiers mis en œuvre par l'Etat pour accompagner ces communes ?
"Il y a le Fonds intercommunal de péréquation qui est un outil que gère le pays et auquel contribue l'Etat. La fin du dépôt des projets pour 2018 était fixée au 20 octobre dernier. Les projets sont suivis sur le plan technique et administratif. On essaye de faire mûrir le plus grand nombre possible, pour que ces communes souvent isolées et démunies bénéficient d'écoles rénovées, d'équipements communaux basiques qui répondent à leurs besoins."

Quel est le constat pour l'année 2017 ?
"Pour 2017, nous avons multiplié par six le montant qui a été donné en 2016. C'était vraiment une année de progrès intéressante, et on va essayer de se maintenir sur le même pied, de manière à ce que les 6 % que représente la population des Tuamotu dans la Polynésie se retrouvent dans les financements apportés."

Quels sont les trois secteurs qui intéressent le plus les élus de cet archipel ?
"Les domaines dans lesquels nous intervenons dans le cadre du FIP et également dans la dotation d'équipements et territoires ruraux - où l'Etat agit seul comme levier de financement - ce sont souvent les écoles à refaire, l'adduction de l'eau potable, c'est la récupération des eaux de pluie qui est privilégiée aux Tuamotu pour s'adapter à la rareté de l'eau souterraine. Mais, nous avons aussi des dossiers originaux, comme celui du centre d'incendie et de secours de Hao, puis celui de Makemo peut-être l'année prochaine qui sera décidé par les élus. Donc, on a un tas de dossiers qui est présenté et qui est de bon augure pour le développement des Tuamotu-Gambier. Il y a des enjeux en 2024, il va falloir se doter de schéma directeur de l'eau, d'équipements en eau potable et puis un dispositif de gestion des déchets."


Ernest Teagai
Président du SIVMTG

"Nous aimerions vraiment connaitre la position du Pays et de l’État"


"Nous voulons parler de nos problèmes divers concernant l'eau, les déchets, le transport aérien et maritime, et le fret, sans oublier nos difficultés concernant le coprah. Donc, nous aimerions vraiment connaitre la position du Pays et de l'Etat. Mais, il y aussi d'autres interrogations, comme l'énergie solaire qui pourrait diminuer les dépenses des communes. Nous sommes prêts à mettre en place cette énergie chez nous, mais il nous manque le financement. Lorsqu'une petite commune demande une subvention de 300 millions de francs, la municipalité prend en charge 10 %, soit 30 millions, mais nous ne les avons pas.

En ce qui concerne la perliculture, il y a de moins en moins de perliculteurs dans nos atolls, c'est dû à la baisse du prix de la perle et beaucoup veulent se lancer ou retourner dans la cocoteraie. C'est la raison pour laquelle, nous voulons renforcer ce secteur.
"



Luc Faatau
Ministre des transports

"Une péréquation interne est appliquée par Air Tahiti"


"On oublie de dire qu'il y a quand même une péréquation interne qui est appliquée par Air Tahiti qui permet aux habitants de cet archipel d'avoir un tarif, bien sûr élevé, mais qui aurait pu être plus élevé si Air Tahiti n'avait pas joué cette péréquation. Donc, dire qu'on peut baisser encore plus, on aimerait bien, mais il faudra faire bouger le levier public, c'est-à-dire avec des financements publics, c'est quand même délicat de s'embarquer sur cette voie-là. Mais il y a vraiment cette problématique de l'isolement des îles."




le Mercredi 25 Octobre 2017 à 17:27 | Lu 2354 fois