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La Fose “en colère” contre la ministre des Solidarités


Tahiti, le 3 mai 2024 – La Fédération des organismes socio-éducatifs (Fose) est “en colère” et se sent insultée par la réponse faite jeudi dernier à l'assemblée par la ministre des Solidarités à la question orale de Nicole Sanquer. Interrogée sur la raison du retard pris au niveau du versement des subventions aux établissements médicoéducatifs et socio-éducatifs, Chantal Galenon a remis en cause “la légalité de certaines pratiques sur l'utilisation des fonds publics”.
 
“On est en colère.” C'est ainsi qu'Eddy Cowan, vice-président de la Fédération des organismes socio-éducatifs (Fose) a accueilli les médias conviés ce vendredi matin dans les locaux de SOS Village d'enfants. Accompagné de Manutea Gay et de Véronique Mercadal – “Rien à voir avec le ministre”, précise-t-elle de l'association “Emauta pour redonner de l'espoir”, ils ont tenu à exprimer leur courroux après la réponse apportée jeudi dernier à l'assemblée par la ministre des Solidarités à la représentante Ahip. Nicole Sanquer venait de demander à Chantal Galenon pourquoi les établissements médicoéducatifs et socio-éducatifs n'avaient toujours pas reçu leurs subventions à quasiment la moitié de l'année.
 
Ce retard qui contraint ces structures à mettre leurs projets en “stand-by” car elles manquent de visibilité sur la ventilation des 3,3 milliards de francs promis par la ministre pour 2024 : “On ne sait pas à quoi ça correspond. Tant qu'on n'a pas le détail on est dans l'expectative”, explique Manutea Gay, trésorier de la Fose. “Idéalement, c'est en décembre que les conventions de financement sont établies ce qui nous permet d'avoir une feuille de route. On est en mai et rien n'est signé. On n'a aucune boussole pour fonctionner en 2024”, appuie Eddy Cowan qui demande notamment à doter la DSFE de davantage de moyens.
 
Manque de respect “inadmissible”
 
Mais ce sont surtout les termes utilisés par la ministre dans sa réponse qui ont fait bondir la Fose. Chantal Galenon a notamment remis en cause “la légalité de certaines pratiques sur l'utilisation des fonds publics et sur la bonne réalisation des projets et objectifs médico-sociaux et socio-éducatifs”. Une manière à peine voilée d'accuser ces structures, qui s'occupent de personnes vulnérables et fragiles, de “détourner de l'argent”.
 
“Inadmissible”, pour Manutea Gay. “On ne va pas aller dans la rue pour manifester non plus mais on fait savoir que nous avons été écorchés par ce discours parce que c'est un manque de respect”, poursuit-il. Et c'est l'effet “ricochet” qui les fâche encore davantage. Car la Fose représente quand même huit associations gérant 14 foyers d'hébergement dans le milieu socio-éducatif et employant 238 salariés aidés par 89 bénévoles.
 
Pas de calendrier fixé
 
Autrement dit, ce sont tous ces salariés, ces bénévoles, mais aussi les donateurs ainsi que toutes les personnes accueillies qui “se posent des questions aujourd'hui” sur la probité des présidents d'associations. “Ce n'est pas admissible. C'est gratuit”, s'insurge Manutea Gay qui préside par ailleurs l'association “Emauta pour redonner de l'espoir” depuis plus de 30 ans maintenant.
 
Il regrette par ailleurs que la ministre mette tout le monde dans le même panier, qu'il s'agisse des établissements socio-éducatifs ou médicoéducatifs. “Il y a peut-être certaines associations qui ont des soucis [...] mais ça se règle au cas par cas. On ne va pas jeter comme ça l'opprobre sur tout le monde.” Eddy Cowan tient à préciser de son côté que “tous les comptes sont certifiés par les commissaires aux comptes” et qu'ils sont “transparents”. “On ne fait pas de bénéfices dans une association ! On ne vend rien. Si les budgets ne sont pas consommés, on explique pourquoi et c'est le Pays qui récupère ensuite”, s'insurge quant à lui Manutea Gay. Tous deux s'inquiètent que ce type de discours ne décourage les futurs bénévoles dont l'engagement est déjà “ingrat et inconsidéré”.
 
Ils attendent maintenant d'être “convoqués” par la ministre qui a indiqué jeudi à l'assemblée que les conventions de financement étaient “en cours d'élaboration” et que leur signature “dans les jours à venir” ferait l'objet “d'une rencontre avec tous les présidents d'associations”. Interrogés sur ce point, ils ne disposent d'aucun calendrier et aucune date ne leur a été fixée pour le moment.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 3 Mai 2024 à 13:28 | Lu 3414 fois