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Handicap : “Il y a encore beaucoup à faire”


Tahiti, le 23 avril 2024 – Ce mardi marquait le début des journées polynésiennes du handicap. Organisées par les fédérations Te niu o te huma et Sport adapté et handisport, ces quatre journées ont, certes, pour objectif de réunir les personnes en situation de handicap, mais également les différents acteurs, publics et privés, afin de discuter des problématiques encore nombreuses autour du sujet.   
 
Elles sont là, discrètes, malgré le fait qu'elles nécessitent une attention toute particulière. En effet, les personnes en situation de handicap continuent de mener leur combat vers la reconnaissance et la considération, mais toujours avec dignité : “Ces journées polynésiennes du handicap nous permettent aussi de montrer les différents travaux réalisés par des personnes en situation de handicap, un travail qui a la même valeur que celui d'une personne valide”, déclare Henriette Kamia, présidente de la fédération Te niu o te huma. “Lorsque vous venez acheter un produit, vous l'achetez uniquement s'il vous convient. Nous ne voulons pas que les gens achètent nos produits uniquement parce que nous sommes handicapés, au contraire, nous voulons qu'ils achètent car le travail et la qualité sont au rendez-vous.”
 
Une vision et un discours qui donnent le ton pour les quatre journées polynésiennes du handicap qui se dérouleront du 23 au 26 avril prochain au parc Aora'i tini hau. Un événement unique, festif, où l'inclusion prime sur tout le reste. En témoigne la présence de certains acteurs dédiés à cette problématique : “Nous représentons la Commission territoriale de l'éducation spéciale (CTES), qui reconnaît si un élève s'insère dans le champ du handicap ou pas”, témoigne Laura Lacrosse. “Si l'élève est reconnu en situation de handicap, la CTES va pouvoir proposer des compensations, qu'elles soient d'ordre financier ou, en fonction du profil et des besoins de l'élève, d'ordre humain avec les agents d'éducation pour élèves en situation de handicap (AEESH) dédiés à l'accueil et la scolarisation des enfants ou adolescents en situation de handicap sensoriel, cognitif, psychique ou encore moteur.” Et les compensations peuvent également être de nature matérielle, à l'exemple d'appareils auditifs pour compenser certains problèmes de surdité.
 
Sensibiliser le grand public
 
Et lorsque l'inclusion n'est plus possible au sein d'un établissement scolaire ordinaire, d'autres structures prennent le relais. Également présent à ces journées polynésiennes du handicap, l'Institut d'insertion médico-éducatif (IIME) de Taravao profite de l'occasion pour sensibiliser le grand public : “Pour 200 enfants accueillis, nous disposons aujourd'hui d'une équipe d'une centaine de professionnels, de la maîtresse de maison au chauffeur, en passant bien évidemment par les éducateurs spécialisés ou encore les médecins. Ce qui représente un taux d'encadrement important” assure Marie Perrard, directrice de l'établissement. “Aujourd'hui, hélas, nous sommes dans un secteur à flux tendu au niveau du recrutement, notamment autour des métiers éducatifs. Ce ne sont pas des métiers qui attirent, d'où le fait que nous essayons d'être attractifs en présentant à ces journées polynésiennes du handicap la chance de travailler avec ces enfants.”
 
Et le manque d'intérêt pour ces professions spécialisées n'est pas le seul problème qui se dresse devant les structures d'accueil et les associations : “D'un point de vue politique, il y a encore énormément de choses à faire”, fustige Henriette Kamia. “Il y a le code du handicap, la déconjugalisation des revenus, les établissements ou services d'aide par le travail (Esat). Il y a un gros travail à faire quant à la législation, puisqu’encore aujourd'hui, nous ne disposons pas de statuts officiels par rapport à nos structures. Tout ça, c'est aussi pour nous protéger. Qu'on ne vienne pas nous dire que nous travaillons au noir et donc que nous sommes dans l'illégalité.” Un chantier de plus pour le nouveau gouvernement qui, une fois encore, assure être sur le coup…

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 23 Avril 2024 à 18:17 | Lu 1295 fois